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Sur un plateau: Une fantaisie journalistique et criminelle
Sur un plateau: Une fantaisie journalistique et criminelle
Sur un plateau: Une fantaisie journalistique et criminelle
Livre électronique164 pages2 heures

Sur un plateau: Une fantaisie journalistique et criminelle

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À propos de ce livre électronique

Un drame morbide à la centrale de Civaux amène Achille, Anna et Emmanuelle à éclaircir ensemble les zones d'ombre de cette affaire.

Journaliste vagabond et sans le sou, Achille Evemère décroche un poste à Poitiers, dans un quotidien local. Lassé des sujets sans intérêt qui lui sont confiés, il rêve d’une enquête glorieuse pour faire décoller sa carrière. Alors qu’il traite un sujet sur la centrale nucléaire de Civaux, il met le doigt sur une affaire criminelle bien plus importante et dangereuse qu’il ne le pensait. Meurtre, cultures d’OGM douteuses, il se plonge à corps perdu dans une investigation tel un Rouletabille des temps nouveaux. Pris pour cible, comment va-t-il se sortir de cette affaire ? Son trinôme avec une étudiante d’un laboratoire et une jeune cinéaste va-t-il lui permettre de trouver la clef de l’énigme ?

Achille Evémère ne s'attendait certainement pas à s'exposer au danger en se lançant dans cette enquête... Prenez bien garde à vos désirs !

EXTRAIT

Plus que cent mètres à parcourir, malgré la nuit il voyait distinctement la grille du ­cimetière. Elle était sans doute verrouillée, mais l’angle du mur d’enceinte était à peine plus éloigné, et les arbres à l’entour offraient des obstacles et une obscurité désavantageuse pour un tireur.
À peine conscient que le sol était ­devenu ferme sous ses pieds et qu’il parcourait à présent une étendue d’herbe, Achille accéléra jusqu’à ce que ses muscles lui semblent ­éclater dans les mollets. Le changement de ­direction lui avait fait perdre Anna de vue, mais il ­entendait son souffle, quelques mètres derrière lui. Deux nouveaux coups de feu, puis le bruit d’un corps chutant, et ce souffle était absent. Il était à présent à quelques foulées du mur. Sans se retourner pour savoir ce qui était advenu de sa comparse, il le longea et se jeta à couvert dès qu’il eut atteint l’angle du cimetière.
L’endroit offrait moins d’opportunités de cachettes qu’il ne l’avait espéré. Le mur était fait de massives pierres taillées, restes de sarcophages anciens, mais à part deux d’entre elles déchaussées et adossées aux autres, ou les arbres eux-mêmes, le seul abri était une ancienne chapelle délabrée. Le temps ne fut pas suffisant pour prendre une décision, il fut interrompu par un cri, quelques mètres derrière lui, trop proche : « Stop ! »

À PROPOS DE L'AUTEUR

Hubert Duhautois
LangueFrançais
Date de sortie13 mars 2020
ISBN9791035308667
Sur un plateau: Une fantaisie journalistique et criminelle

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    Sur un plateau - Hubert Duhautois

    Couv.jpg

    Sur un plateau

    Une fantaisie

    journalistique et criminelle

    Collection dirigée par Thierry Lucas

    © 2012 – Geste éditions – 79260 La Crèche

    Tous droits réservés pour tous pays

    www.gesteditions.com

    Hubert DUHAUTOIS

    Sur un plateau

    Une fantaisie

    journalistique et criminelle

    Geste éditions

    Toute ressemblance avec des personnages ou faits réels ne serait que pure licence poétique.

    Well I got nothing against the press,

    They wouldn’t print it if it wasn’t true.

    Joe Jackson

    PROLOGUE

    Maintenant c’est le pont qui est bloqué. Quelques milliers d’habitants suffisent à créer des bouchons. Achille se rappelle avoir écrit un article sur le possible réaménagement de la circulation sur ce foutu pont à l’époque où la route était encore une nationale, la fameuse Suisse-Océan. À présent, il ne sait plus trop de quoi il s’agissait, ni si le projet est toujours d’actualité. Il a déjà perdu assez de temps ­comme ça, le rendez-vous avec le rédacteur en chef à Poitiers est dans moins d’une heure, et il sera en retard. Un bon début. Et pourtant il lui faut ce boulot, un remplacement, et l’argent qui va avec et accessoirement l’occasion de s’éloigner momentanément de la Brenne, et de la femme qui l’a mis en retard en l’engueulant tout le temps qu’il lui a fallu pour récupérer ses ­affaires dans l’appartement qu’ils ­partageaient depuis quelque temps. Ou plutôt son ­appartement à elle, qu’il squattait faute de mieux. Deuxième passage du feu au vert, et ça ne suffit toujours pas à le franchir. Les Berrichons semblent ­encore plus endormis que d’habitude, à peine quatre ou cinq voitures s’engagent sur le pont avant que le rouge ne réapparaisse.

    À la réflexion, Évémère se demande si cette femme l’attirait plus pour l’image de stabilité qu’elle lui apportait durant son séjour dans la région ou s’il avait vraiment un intérêt sentimental pour sa personne. L’appartement avait beaucoup compté au départ, ça ne fait pas de doute. Entre un lit de camp dans un bureau et le lit d’une femme, il n’y a pas vraiment de comparaison possible. Il va d’ailleurs falloir remédier à cela si l’entretien de cet après-midi se déroule comme prévu. L’hôtel est trop cher, et il n’est pas question de s’installer à Poitiers pour longtemps, il va donc falloir trouver un moyen de rendre la durée de ce remplacement vivable. Remplacer qui, d’ailleurs ? Évémère ne sait plus trop si cela a été précisé dans la discussion téléphonique de la veille.

    Le feu passe à nouveau au vert. Débrayage, première, accélération, embrayage, hoquet. Le moteur a eu le temps de chauffer durant l’attente, et la voiture s’élance pour enfin traverser la Creuse et quitter Le Blanc. Il est 14 h 10, dans le meilleur des cas Évémère peut espérer être à Poitiers avec un petit quart d’heure de retard. Il y a des quarts d’heure de retard partout. Le quart d’heure parisien, le quart d’heure berrichon, pourquoi pas le quart d’heure poitevin ? La situation n’est pas encore catastrophique. Les quatre-vingt-dix kilomètres par heure que tolère la 2 CV devraient être plus que suffisants, un PV pour excès de vitesse serait de toute façon du plus mauvais effet sur des comptes déjà largement déficitaires.

    Il s’agit maintenant de se préparer. Si seulement il se souvenait de ce qu’on lui avait dit la veille au téléphone, Évémère pourrait ­imaginer comment achever de convaincre la rédaction de Poitiers de lui refiler le boulot. Il ne se souvient même plus de la raison de son trou de mémoire. La journée précédente a été plutôt chaotique, et dans ces cas-là une nuit ­alcoolisée suffit à effacer l’essentiel des scories laissées par les heures antérieures. ­Malheureusement, ça vaut pour le bien comme pour le mal. Le single malt aidant, il se fiche maintenant de s’être engueulé avec quelques amis et une femme qu’il était censé aimer – ou quelque autre mot du même acabit – à propos de ces stupides écrevisses. Grand bien leur fasse de s’émouvoir des traumatismes écologiques que subit la région, mais qu’on ne lui demande pas de faire plus que son boulot à leur propos. Surtout quand il a déjà les mains pleines par ailleurs. Si écrire des articles ne suffit plus, si arrêter un meurtrier est moins important, il ne va tout de même pas bouffer lui-même tous les crustacés du coin. Est-ce que les écrevisses sont bien des crustacés, d’ailleurs ? Ça aussi il l’a écrit, il n’y a pas si longtemps en plus. La mémoire a ses priorités, et ces temps-ci elle se focalise plutôt sur les images les plus glauques de ces derniers mois. Un tronçon de corps par-ci, un morceau de chair par-là. Il va falloir s’assurer d’écrire sur autre chose que les faits divers, une fois à Poitiers. Pas de morts, pas d’heures d’attente au tribunal pour savoir ce qu’il adviendra d’un tortionnaire qui a envoyé sa femme au bloc opératoire, pas même les chiens écrasés. À l’opposé de ça, il y a les papiers culturels. Après tout, Poitiers est une ville vivante, une capitale de région, il doit bien y avoir matière à travailler dans ce domaine. C’est là-dessus qu’il va falloir insister à l’entretien, le fait d’avoir déjà couvert pas mal d’événements musicaux, théâtraux, tout pour qu’on ne se souvienne pas de lui comme du « mec des écrevisses », de celui qui a passé des semaines à suivre un meurtrier et à rapporter les moindres développements de l’affaire dans la presse. C’est chic pour un journaliste d’investigation, mais, pour un local comme Évémère, c’est la porte du purgatoire, être le mec vers qui tout le monde se tourne pour évacuer les histoires trop sombres, ou qui demandent trop de travail pour un résultat ­incertain. Bien sûr, le poids des mots et le choc des photos ont toujours leur public et les faits divers font vendre, mais au sein d’une rédaction il ne fait pas bon être le suppôt de cette dérive de la presse.

    Une poussée d’adrénaline. Un coup de volant vers la droite et une pression ferme sur le frein. Évémère évite de justesse d’emboutir l’abruti de première qui l’a doublé à l’entrée de Saint-Savin malgré la ligne blanche ininterrompue, avant de se rabattre précipitamment à la limite de son pare-chocs pour éviter le massif floral divisant la route en deux quelques mètres plus loin. Évémère a beau s’écraser le plat de la main sur le klaxon, il est trop tard, l’autre voiture est déjà loin et il ne tient pas à jouer les fous du volant pour la rattraper et faire connaître le fond de sa pensée à son conducteur. D’ailleurs, quand dans la ville la route nationale oblique vers la gauche, il sait qu’en empruntant l’ancien tracé qui franchit le coteau en ligne droite il gagne suffisamment de temps pour passer devant son nouvel ennemi avant de rejoindre la route principale. C’est l’affaire de deux minutes, et la même Golf noire lui colle à nouveau au cul sans la moindre considération pour les distances de sécurité et, alors que les faux plats de la route ne laissent pas l’occasion de doubler, Évémère savoure son plaisir et donne quelques coups de frein afin de contraindre le pilote de course du dimanche à ralentir et à s’écarter de lui. Évidemment, cela n’a qu’un temps et, après quelques kilomètres, l’autre trouve l’espace et le temps pour espérer doubler. Avec une pointe de culpabilité pour cet outrage au Code de la route, Évémère accélère pour empêcher la manœuvre. Malheureusement, la vengeance touche à sa fin quand la 2 CV refuse dans un hurlement métallique de dépasser les cent ­kilomètres par heure. Une vitesse bien faible, comparée à celle de la Golf qui la dépasse ­finalement en trombe. Dans ces moments-là, Évémère déteste conduire. Il se prend même à espérer l’addition d’un autoradio à la qualité spartiate de l’aménagement de sa voiture, juste histoire de se défroisser les nerfs. Un grand air d’opéra ou les Beatles, n’importe quoi pour se remplir les oreilles et oublier aussi bien les cons que l’entretien à venir.

    Quatorze heures quarante passées à l’appro-che de Chauvigny. Mi-chemin, et pas de temps à perdre. Mais cette route trop ­linéaire n’ajoute rien de bon à l’état d’esprit déjà peu reluisant d’Évémère, et il ne voit qu’une ­solution pour y remédier. En se garant à côté de l’église, il se dit que, s’il n’a pas de cancer à son âge, un défaut de plus à sa qualité de vie ne changera pas grand-chose. En traversant la rue, il pense que, le plus grave dans cet acte, c’est qu’il lui ­donnera cinq minutes de retard supplémentaire à son arrivée à Poitiers. ­Alors il suffit de ne pas perdre de temps. « Bonjour, un paquet de Peter rouges et un briquet, s’il vous plaît… Merci. » Et voilà, l’affaire est dans la poche. Retourné le plus rapidement possible à son volant, il savoure avant toute chose le plaisir d’allumer une nouvelle cigarette, si longtemps après la précédente – celle qui fut la dernière. Le plaisir du geste, autant que de la fumée inhalée elle-même. La possibilité de se concentrer sur autre chose que la ligne droite qu’il parcourt à nouveau, ou les champs monotones qui la bordent. Il y a des années de ça, il avait quitté une femme qui détestait la fumée de cigarette, mais il n’arrivait pas à se souvenir pourquoi il avait passé tout ce temps sans ­jamais fumer à nouveau. Ce n’est pas l’argument médical qui lui importe, il reconnaît avoir toujours privilégié le présent sur l’avenir, alors quoi ? Aucune idée, mais le plaisir est là en tout cas, et le temps passe plus vite, l’asphalte défile moins laborieusement, il y a quelque chose d’autre à quoi penser qu’à une femme perdue, un travail conditionnel, ou des automobilistes inconscients.

    La jauge à essence de la 2 CV réclame un plein, mais l’argent, comme le temps, manque. Il va falloir que les hypothétiques litres de pétrole stagnant au fond du réservoir suffisent à gagner la ville. Onze kilomètres restent seulement, quand Évémère aperçoit la Golf qu’il avait maudite plus tôt coincée derrière une ligne de voitures ralentissant excessivement au passage d’un radar automatique. Il savoure sa vengeance froide contre le chauffard qui n’arrivera pas à destination plus tôt que lui, en jetant sa clope consumée jusqu’au mégot par la fenêtre. Trop tard pour se dire que ce geste n’est peut-être pas très écolo, la braise est déjà mouchée par le vent et va s’éteindre sous les roues d’une voiture passant en sens inverse. Il est plus de 15 heures, le retard est maintenant officiel, et il s’agit encore de gagner le centre-ville et de trouver où se garer, mais ce simple geste a suffi à Évémère, il a ouvert un nouveau chapitre. La femme d’hier est oubliée, le travail de demain peut venir, et tant pis s’il faut dormir à l’hôtel ce soir en attendant de contacter les amis de la région pour trouver un lit accueillant.

    1

    Après avoir perdu encore quelques minutes à chercher une place de parking gratuite sans succès, Achille abandonna sa 2 CV au destin et aux éventuelles pervenches pour essayer de ne pas arriver à son rendez-vous avec plus d’une demi-heure de retard. Les bureaux du journal occupaient le seul immeuble incontestablement laid et moderne d’une rue emplie de maisons à colombage du centre-ville de Poitiers. Derrière la double porte vitrée l’attendait un quinquagénaire grisonnant du type vieux beau moins bien conservé qu’il ne voulait le laisser croire.

    – Achille Évémère, c’est bien ça ?

    – Oui, désolé pour le retard. Vous êtes le ­rédacteur en chef ?

    – André Lons. Ça vous conviendrait de ­discuter de nos affaires devant un verre, les bureaux commencent à me fatiguer ?

    – Je vous suis.

    Cinq minutes plus tard, les deux hommes étaient assis devant deux cafés sur une terrasse à l’ombre des vieilles pierres de Notre-Dame-la-Grande. Achille allumait sa seconde cigarette et se sentait prêt à défendre ses ­capacités à ­intégrer le journal :

    – Vous m’avez contacté pour un remplacement, c’est bien ça ?

    – Oui, deux de nos rédacteurs sont absents. Congés, accidents, on tourne à plein régime depuis une semaine. J’ai besoin de

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