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Études médico-légales - Psychopathia Sexualis: Troisième partie
Études médico-légales - Psychopathia Sexualis: Troisième partie
Études médico-légales - Psychopathia Sexualis: Troisième partie
Livre électronique289 pages4 heures

Études médico-légales - Psychopathia Sexualis: Troisième partie

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À propos de ce livre électronique

Une étude à visée scientifique qui a participé à vulgariser des notions fondamentales de la sexualité humaine.

POUR UN PUBLIC AVERTI. Conçu à l'origine comme un traité de psychiatrie destiné aux médecins et juristes, Psychopathia Sexualis devient rapidement un best-seller parmi les profanes, malgré le langage délibérément scientifique et des sections en latin. Cet ouvrage, qui a par ailleurs popularisé les termes de sadisme et masochisme, en référence aux œuvres du marquis de Sade et de Sacher-Masoch, a connu des éditions successives enrichies de nouveaux témoignages, écrits par des lecteurs s'étant reconnus dans les cas décrits par le psychiatre. Aujourd'hui, cette monographie présente un intérêt historique indéniable, car elle est l'un des premiers ouvrages sur la sexualité.

La troisième partie d'un traité fleuve qui jette les bases de la sexologie.

EXTRAIT

Les pages qui vont suivre, s’adressent aux hommes qui tiennent à faire des études approfondies sur les sciences naturelles ou la jurisprudence. Afin de ne pas inciter les profanes à la lecture de cet ouvrage, l’auteur lui a donné un titre compréhensible seulement des savants, et il a cru devoir se servir autant que possible de termes techniques. En outre, il a trouvé bon de n’exprimer qu’en latin certains passages qui auraient été trop choquants si on les avait écrits en langue vulgaire. Puisse cet essai éclairer le médecin et les hommes de loi sur une fonction importante de la vie. Puisse-t-il trouver un accueil bienveillant et combler une lacune dans la littérature scientifique où, sauf quelques articles et quelques discussions casuistiques, on ne possède jusqu’ici que les ouvrages complets de Moreau et de Tarnowsky.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Le docteur Richard von Krafft-Ebing (1840-1902) est un psychiatre austro-allemand. Il exerce dans plusieurs institutions psychiatriques mais choisit rapidement d'enseigner et de vulgariser sa discipline en donnant des conférences et des séances d'hypnose en public. Il publie divers ouvrages sur la criminologie, la médecine légale et la psychiatrie, mais c'est grâce à son travail de terrain, ses expertises et ses observations que naît Psychopathia Sexualis (1886), son œuvre la plus rééditée et traduite.

À PROPOS DE LA COLLECTION

Retrouvez les plus grands noms de la littérature érotique dans notre collection Grands classiques érotiques.
Autrefois poussés à la clandestinité et relégués dans « l'Enfer des bibliothèques », les auteurs de ces œuvres incontournables du genre sont aujourd'hui reconnus mondialement.
Du Marquis de Sade à Alphonse Momas et ses multiples pseudonymes, en passant par le lyrique Alfred de Musset ou la féministe Renée Dunan, les Grands classiques érotiques proposent un catalogue complet et varié qui contentera tant les novices que les connaisseurs.
LangueFrançais
Date de sortie27 mars 2018
ISBN9782512008477
Études médico-légales - Psychopathia Sexualis: Troisième partie

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    Aperçu du livre

    Études médico-légales - Psychopathia Sexualis - Dr. von Krafft-Ebing

    PRÉFACE

    Peu de personnes se rendent un compte exact de la puissante influence que la vie sexuelle exerce sur les sentiments, les pensées et les actes de la vie intellectuelle et sociale.

    Schiller, dans sa poésie : Les Sages, reconnaît ce fait et dit : « Pendant que la philosophie soutient l’édifice du monde, la faim et l’amour en forment les rouages. »

    Il est cependant bien surprenant que les philosophes n’aient prêté qu’une attention toute secondaire à la vie sexuelle.

    Schopenhauer, dans son ouvrage : Le monde comme volonté et imagination¹, trouve très étrange ce fait que l’amour n’ait servi jusqu’ici de thème qu’aux poètes et ait été dédaigné par les philosophes, si l’on excepte toutefois quelques études superficielles de Platon, Rousseau et Kant.

    Ce que Schopenhauer et, après lui, Hartmann, le philosophe de l’Inconscient, disent de l’amour, est tellement erroné, les conclusions qu’ils tirent sont si peu sérieuses que, en faisant abstraction des ouvrages de Michelet² et de Mantegazza³, qui sont des causeries spirituelles plutôt que des recherches scientifiques, on peut considérer la psychologie expérimentale et la métaphysique de la vie sexuelle comme un terrain qui n’a pas encore été exploré par la science.

    Pour le moment, on pourrait admettre que les poètes sont meilleurs psychologues que les philosophes et les psychologues de métier ; mais ils sont gens de sentiment et non pas de raisonnement ; du moins, on pourrait leur reprocher de ne voir qu’un côté de leur objet. A force de ne contempler que la lumière et les chauds rayons de l’objet dont ils se nourrissent, ils ne distinguent plus les parties ombrées. Les productions de l’art poétique de tous les pays et de toutes les époques peuvent fournir une matière inépuisable à qui voudrait écrire une monographie de la psychologie de l’amour, mais le grand problème ne saurait être résolu qu’à l’aide des sciences naturelles et particulièrement de la médecine qui étudie la question psychologique à sa source anatomique et physiologique et l’envisage à tous les points de vue.

    Peut-être la science exacte réussira-t-elle à trouver le terme moyen entre la conception désespérante des philosophes tels que Schopenhauer et Hartmann⁴ et la conception naïve et sereine des poètes.

    L’auteur n’a nullement l’intention d’apporter des matériaux pour élever l’édifice d’une psychologie de la vie sexuelle, bien que la psycho-pathologie puisse à la vérité être une source de renseignements importants pour la psychologie.

    Le but de ce traité est de faire connaître les symptômes psycho-pathologiques de la vie sexuelle, de les ramener à leur origine et de déduire les lois de leur développement et de leurs causes. Cette tâche est bien difficile et, malgré ma longue expérience d’aliéniste et de médecin légiste, je comprends que je ne pourrai donner qu’un travail incomplet.

    Cette question a une haute importance : elle est d’utilité publique et intéresse particulièrement la magistrature. Il est donc nécessaire de la soumettre à un examen scientifique.

    Seul le médecin légiste qui a été souvent appelé à donner son avis sur des êtres humains dont la vie, la liberté et l’honneur étaient en jeu, et qui, dans ces circonstances, a dû, avec un vif regret, se rendre compte de l’insuffisance de nos connaissances pathologiques, pourra apprécier le mérite et l’importance d’un essai dont le but est simplement de servir de guide pour les cas incertains.

    Chaque fois qu’il s’agit de délits sexuels, on se trouve en présence des opinions les plus erronées et l’on prononce des verdicts déplorables ; les lois pénales et l’opinion publique elles-mêmes portent l’empreinte de ces erreurs.

    Quand on fait de la psycho-pathologie de la vie sexuelle l’objet d’une étude scientifique, on se trouve en présence d’un des côtés sombres de la vie et de la misère humaine ; et, dans ces ténèbres, l’image divine créée par l’imagination des poètes, se change en un horrible masque. A cette vue on serait tenté de désespérer de la moralité et de la beauté de la créature faite « à l’image de Dieu ».

    C’est là le triste privilège de la médecine et surtout de la psychiatrie d’être obligée de ne voir que le revers de la vie : la faiblesse et la misère humaines.

    Dans sa lourde tâche elle trouve cependant une consolation : elle montre que des dispositions maladives ont donné naissance à tous les faits qui pourraient offenser le sens moral et esthétique ; et il y a là de quoi rassurer les moralistes. De plus, elle sauve l’honneur de l’humanité devant le jugement de la morale et l’honneur des individus traduits devant la justice et l’opinion publique. Enfin, en s’adonnant à ces recherches, elle n’accomplit qu’un devoir : rechercher la vérité, but suprême de toutes les sciences humaines.

    L’auteur se rallie entièrement aux paroles de Tardieu (Des attentats aux mœurs) : « Aucune misère physique ou morale, aucune plaie, quelque corrompue qu’elle soit, ne doit effrayer celui qui s’est voué à la science de l’homme, et le ministère sacré du médecin, en l’obligeant à tout voir, lui permet aussi de tout dire. »

    Les pages qui vont suivre, s’adressent aux hommes qui tiennent à faire des études approfondies sur les sciences naturelles ou la jurisprudence. Afin de ne pas inciter les profanes à la lecture de cet ouvrage, l’auteur lui a donné un titre compréhensible seulement des savants, et il a cru devoir se servir autant que possible de termes techniques. En outre, il a trouvé bon de n’exprimer qu’en latin certains passages qui auraient été trop choquants si on les avait écrits en langue vulgaire.

    Puisse cet essai éclairer le médecin et les hommes de loi sur une fonction importante de la vie. Puisse-t-il trouver un accueil bienveillant et combler une lacune dans la littérature scientifique où, sauf quelques articles et quelques discussions casuistiques, on ne possède jusqu’ici que les ouvrages incomplets de Moreau et de Tarnowsky.


    1. T. II, p. 586 et suiv.

    2. L’Amour.

    3. Physiologie de l’amour.

    4. Voici l’opinion philosophique de Hartmann sur l’amour : « L’amour, dit-il dans son volume La Philosophie de l’Inconscient (Berlin, 1869, p. 583), nous cause plus de douleurs que de plaisirs. La jouissance n’en est qu’illusoire. La raison nous ordonnerait d’éviter l’amour, si nous n’étions pas poussés par notre fatal instinct sexuel. Le meilleur parti à prendre serait donc de se faire châtrer. » La même opinion, moins la conclusion, se trouve aussi exprimée dans l’ouvrage de Schopenhauer : Le Monde comme Volonté et Imagination, t. II, p. 586.

    3 (suite)

    Neuropathologie et psychopathologie générales de la vie sexuelle

    4°. – ANDROGYNIE ET GYNANDRIE

    Il y a une transition à peine sensible entre le groupe précédent et les cas d’inversion sexuelle où non seulement le caractère et toutes les sensations du sens sexuel anormal coexistent, mais où même par la conformation de son squelette, le type de sa figure, sa voix, etc., en un mot sous le rapport anatomique comme sous le rapport psychique et psycho-sexuel, l’individu se rapproche du sexe dans le rôle duquel il se sent vis-à-vis des autres individus de son propre sexe. Il est évident que cette empreinte anthropologique de l’anomalie cérébrale représente un degré très avancé de dégénérescence. Mais, d’autre part, cette déviation est basée sur des conditions tout autres que les phénomènes tératologiques de l’hermaphrodisme envisagé au sens anatomique. Cela ressort clairement du fait que jusqu’ici on n’a jamais rencontré sur le terrain de l’inversion sexuelle, de tendance aux malformations hermaphroditiques des parties génitales. On a toujours établi que les parties génitales de ces individus étaient, au point de vue sexuel, complètement différenciées, bien que souvent atteintes de stigmates de dégénérescence anatomique (épi- ou hypospadies, etc.), qui entravaient le développement des organes qui étaient du reste bien différenciés au point de vue sexuel.

    Mais on ne possède pas encore jusqu’ici un nombre d’observations suffisant de ce groupe intéressant : femmes en vêtements d’hommes avec parties génitales féminines, hommes en vêtements de femmes avec parties génitales masculines. Tout observateur expérimenté se rappelle sans doute avoir rencontré des individus masculins dont la manière d’être féminine (hanches larges, formes rondes avec abondance de graisse, barbe totalement absente ou très faiblement développée ; traits de la figure féminins, teint délicat, voix de fausset, etc.) était surprenante, et vice versa des êtres féminins qui, par la charpente des os, le bassin, la démarche, les attitudes, leurs traits grossiers et nettement virils, leur voix grave et rauque, etc., l’ont fait douter de l’« éternel féminin ».

    Nous avons d’ailleurs, dans les groupes précédents, rencontré des traces isolées d’une pareille transformation anthropologique, entre autres dans l’observation 106 où une dame avait des pieds d’homme, dans l’observation 112 où il y eut développement des mamelles avec du lait à l’âge de la puberté.

    Il paraît aussi que chez les individus du quatrième groupe ainsi que chez quelques-uns du troisième qui forment une transition vers le quatrième, la pudeur sexuelle n’existe qu’en face d’une personne du propre sexe et non pas en face du sexe opposé.

    Observation 129. Androgynie. – M. V… H…, trente ans, célibataire, est né d’une mère névropathe. On prétend que dans la famille du malade il n’y aurait eu ni maladies nerveuses, ni mentales, et que son frère unique est tout à fait normal au point de vue intellectuel et physique. Le malade, dit-on, eut un développement physique tardif et, pour cette raison, on l’a envoyé à plusieurs reprises aux bains de mer et dans les stations climatériques. Dès son enfance, il était de constitution névropathique et, d’après le témoignage d’un parent, il n’était pas comme les autres garçons. De très bonne heure il s’est fait remarquer par son aversion pour les amusements des garçons et par sa prédilection pour les jouets féminins. Il détestait tous les jeux des garçons, les exercices de la gymnastique, tandis que le jeu de poupées et les ouvrages de femme avaient pour lui un charme particulier. Plus tard le malade s’est bien développé au physique, il n’a pas eu de maladies graves ; mais, au point de vue intellectuel, son individualité est restée anormale, incapable d’envisager la vie d’une manière sérieuse, et empreinte d’une tendance tout à fait féminine dans ses pensées et ses sentiments.

    A l’âge de dix-sept ans, des pollutions se sont produites ; devenues de plus en plus fréquentes, elles avaient lieu même dans la journée ; elles affaiblirent le malade et causèrent des troubles nerveux nombreux. Des phénomènes de neurasthenia spinalis se sont développés et ont subsisté jusqu’à ces dernières années, mais ils se sont atténués à mesure que les pollutions devenaient plus rares. Il nie avoir pratiqué l’onanisme, mais le contraire paraît très vraisemblable. Depuis l’âge de la puberté, son caractère apathique, mou et rêveur s’est fait de plus en plus jour. Tous les efforts pour amener le malade à une profession pratique proprement dite, restèrent infructueux. Ses facultés intellectuelles, bien que réellement saines, ne pouvaient s’élever à la hauteur nécessaire pour se diriger efficacement avec un caractère indépendant et envisager la vie d’une manière plus élevée. Il est resté sans volonté précise, un grand enfant ; rien ne caractérise plus manifestement sa conformation anormale que son incapacité réelle à manier l’argent ; de son propre aveu, il n’a pas l’esprit à gérer l’argent d’une façon ordonnée et sensée. Aussitôt qu’il a des fonds, il les dépense en bibelots, objets de toilette et autres futilités.

    Le malade paraît aussi peu capable que possible de conquérir une position sociale, pas même d’en comprendre l’importance et la valeur.

    Il n’a rien appris à fond ; il a occupé son temps à sa toilette, aux passe-temps artistiques, surtout à la peinture pour laquelle il semble avoir quelque talent ; mais, là non plus, il ne faisait rien, n’ayant pas la persévérance nécessaire. On ne pouvait pas l’amener à un travail intellectuel sérieux. Il ne comprenait que les apparences des choses ; il était toujours distrait, et s’ennuyait toutes les fois qu’il était question d’affaires sérieuses. Des coups de tête insensés, des voyages sans rime ni raison, des gaspillages d’argent, des dettes : voilà ce qui se produisait à chaque instant dans son existence, et il ne saisissait même pas les inconvénients positifs de ce genre de vie. Il était entêté, intraitable ; il n’a jamais fait rien qui vaille toutes les fois qu’on a essayé de le faire marcher tout seul et gérer lui-même ses intérêts.

    Avec ces phénomènes d’une conformation originairement anormale et psychiquement défectueuse, s’alliaient des symptômes prononcés d’un sentiment sexuel pervers qui, d’ailleurs, sont aussi indiqués par l’habitus somatique du malade. Il se sent sexuellement femme en face de l’homme ; il a de l’inclination pour les personnes de son propre sexe en même temps que de l’indifférence, sinon de l’aversion pour les femmes. Il prétend avoir eu, à l’âge de vingt-deux ans, des rapports sexuels avec des femmes, et avoir accompli le coït d’une façon normale ; mais il s’est bientôt détourné du sexe féminin, d’une part, parce que ses malaises neurasthéniques s’accentuaient après chaque coït, d’autre part, parce qu’il avait peur d’être infecté et que l’acte ne lui avait jamais procuré de satisfaction. Il ne se rend pas parfaitement compte de son état sexuel anormal ; il a conscience d’avoir un penchant pour le sexe masculin, mais il n’admet qu’avec réticence qu’il a pour certains individus masculins un sentiment du délicieuse amitié, sans qu’il s’y joigne un sentiment sensuel. Il n’abhorre pas précisément le sexe féminin, il se déciderait même à épouser une femme qui l’attirerait par des penchants artistiques homogènes aux siens, à la condition qu’on lui fît grâce de ses devoirs conjugaux qui lui seraient désagréables et dont l’accomplissement le rendrait faible et le fatiguerait. Le malade nie avoir jamais eu des rapports sexuels avec des hommes ; mais ses dénégations sont démenties par l’embarras et la rougeur qu’il manifeste en parlant de ce sujet, et plus encore par un incident arrivé à N…, où le malade se trouvait il y a quelque temps : au restaurant, il a essayé d’entrer en rapports sexuels avec quelques jeunes gens et a provoqué ainsi un immense scandale.

    L’extérieur aussi, l’habitus, la conformation du corps, les gestes, les manières, la toilette attirent l’attention et rappellent décidément des formes et des allures féminines. Le malade est d’une taille au-dessus de la moyenne, mais le thorax et le bassin sont de conformation féminine. Le corps est riche en graisse, la peau bien soignée, tendre et douce. Cette impression qu’on est en présence d’une femme habillée en homme est encore renforcée par le fait que la figure ne porte que peu de barbe qui d’ailleurs est rasée, le malade n’ayant laissé qu’une petite moustache, et aussi par sa démarche dandinante, ses manières timides et pleines de minauderies, ses traits féminins, l’expression flottante et névropathique de ses yeux, les traces de rouge et du blanc sur sa figure, la coupe gomineuse de ses vêtements, avec un veston bombé devant comme par des seins, sa cravate à franges et nouée à la façon des dames, et enfin ses cheveux séparés au milieu par une raie, ramenés et collés sur les tempes.

    L’examen du corps a permis de constater une conformation d’un caractère féminin incontestable. Les parties génitales externes sont, il est vrai, bien développées, mais le testicule gauche est resté dans le canal inguinal, le mons Veneris est peu poilu, anormalement riche en graisse et proéminent. La voix est d’un timbre élevé et manque absolument de caractère viril.

    Les occupations et les pensées de V… H… ont également un caractère féminin très prononcé. Il a son boudoir, sa table de toilette bien assortie devant laquelle il passe des heures entières, s’occupant de toutes sortes d’artifices pour s’embellir ; il abhorre la chasse, les exercices d’armes et toutes les occupations masculines ; il se désigne lui-même comme un bel esprit, parle de préférence de ses peintures, de ses essais poétiques, s’intéresse aux ouvrages féminins, tels que la broderie qu’il fait aussi ; il dit que son bonheur suprême serait de passer sa vie dans un cercle de messieurs et de dames qui auraient des goûts artistiques, une éducation esthétique, d’occuper son temps en conversations, à faire de la musique, à discuter des questions d’esthétique, etc. Sa conversation roule de préférence sur les choses féminines, les modes, les travaux manuels de la femme, l’art de la cuisine, les affaires du ménage.

    Le malade est bien portant, mais un peu anémique. Il est de constitution névropathique et présente des symptômes de neurasthénie qui sont entretenus par son genre de vie manqué, par un trop long séjour au lit et à la chambre, par sa mollesse.

    Il se plaint de maux de tête périodiques, de congestions céphaliques, de constipation habituelle ; il a facilement des soubresauts d’effroi : il se plaint d’être parfois faible et fatigué, d’avoir des douleurs aiguës dans les extrémités, dans la direction des nerfs lombo-abdominaux ; il se sent fatigué après ses pollutions et après ses repas ; il est sensible à la pression sur le Proc. spinosi, sur le thorax, la poitrine, de même qu’à la palpation des nerfs qui y conduisent. Il éprouve d’étranges sympathies ou antipathies pour certains personnages ; quand il rencontre des personnes antipathiques, il est en proie à un état singulier d’angoisse et de trouble. Ses pollutions, bien qu’elles soient actuellement devenues rares, sont pathologiques, car elles se produisent même au cours de la journée et sans aucune émotion voluptueuse.

    Conclusions médicales. – 1º) M. V… H… est d’après tout ce qu’on a observé en lui et rapporté sur sa personne, un être intellectuellement anormal, défectueux, et il faut ajouter qu’il l’est ab origine. Son inversion sexuelle présente un phénomène partiel de cette conformation anormale au point de vue physique et intellectuel.

    2º) Cet état, étant primitif, n’est susceptible d’aucune guérison.

    Il y a dans les centres intellectuels les plus élevés une organisation défectueuse, qui le rend incapable de diriger son existence par lui-même et d’acquérir une position sociale par l’exercice d’une profession. Son sentiment sexuel pervers l’empêche de fonctionner sexuellement d’une façon normale ; il a, en outre, pour lui, toutes les conséquences sociales d’une pareille anomalie : dangers dans la satisfaction des envies perverses qui résultent de son organisation anormale, ses craintes de conflits avec la loi et la société. Cette préoccupation cependant ne doit pas être très grande, étant donné que l’instinct génital pervers du malade est minime.

    3º) M. V… H… n’est pas irresponsable dans le sens légal du mot ; il n’y a pas lieu de l’interner dans un asile d’aliénés, cela n’est pas nécessaire.

    Bien que ce soit un grand enfant, incapable de se diriger lui-même, il peut, sous la surveillance et la direction d’hommes intellectuellement normaux, vivre dans la société. Il est capable aussi jusqu’à un certain degré de respecter les lois et les prescriptions de la société civile et de les prendre comme ligne de direction pour ses actes ; mais en vue des aberrations sexuelles et des conflits avec la loi qui en pourraient résulter, il faut appuyer sur le fait que son sentiment sexuel est anormal et basé sur des conditions organiques et morbides, circonstance dont éventuellement on devra lui tenir compte.

    4º M. V… H… souffre aussi physiquement. Il présente des symptômes d’une anémie légère et de neurasthenia spinalis.

    Un régime de vie rationnel, un traitement médical tonique et autant que possible hydrothérapique paraissent nécessaires. Il faut maintenir le soupçon que la masturbation pratiquée de bonne heure a été la cause première de cette maladie, et la possibilité de l’existence d’une spermatorrhée, étiologiquement et thérapeutiquement importante, paraît tout indiquée. (Observation personnelle, Zeitschrift f. Psychiatrie.)

    Observation 130. – Mlle X…, trente-huit ans, s’est présentée à l’automne de 1881 à ma consultation pour de violentes douleurs spinales, une insomnie persistante qu’elle a voulu combattre et qui l’a amenée au morphinisme et au chloralisme.

    La mère et la sœur avaient une maladie de nerfs ; les autres membres de la famille seraient bien portants, à ce qu’elle dit. La malade prétend que sa maladie date de 1872, à la suite d’une chute sur le dos dont elle fut vivement effrayée : mais étant encore jeune fille, elle souffrait déjà de crampes musculaires et de symptômes hystériques. Par suite de sa chute, il s’est développé une névrose neurasthénico-hystérique où prédominaient l’irritation spinale et l’insomnie. Épisodiquement elle eut de la paraplégie hystérique qui dura jusqu’à huit mois, et des accès de délire d’hysteria hallucinatoria avec crampes. Au cours de sa maladie, il se surajouta des symptômes de morphinisme. Un séjour de plusieurs mois à la clinique a fait cesser le morphinisme et a atténué considérablement la névrose neurasthénique ; à ce propos, la faradisation générale s’est montrée étonnamment favorable.

    Au premier aspect, la malade avait fait une impression étrange par ses vêtements, ses traits et ses

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