L’expérience de mort imminente, une stratégie de survie?
Voir une lumière au bout d’un tunnel, sortir de son corps, retrouver des proches disparus… C’est ce que décrivent avec précision ceux qui ont vécu une expérience de mort imminente (EMI). Et s’il s’agissait en fait d’un mécanisme de survie? Cette nouvelle hypothèse est avancée en 2021 par des chercheurs belges et danois qui ont fait le lien entre l’EMI et la thanatose, l’immobilité tonique observée chez de nombreux animaux qui tombent raides sur le flanc, comme morts, en présence d’un prédateur. Un ultime recours pour augmenter leurs chances de survie. , raconte Daniel Kondziella, neurologue à l’hôpital universitaire de Copenhague. En épluchant la littérature scientifique sur la thanatose, les auteurs ont montré que cette stratégie de défense existe à tous les niveaux de l’arbre phylogénétique, des insectes aux poissons en passant par les reptiles, les oiseaux et les mammifères. Mais, souligne Charlotte Martial, neuropsychologue au Coma Science Group de l’université de Liège. Or, tous deux peuvent induire des états similaires : une sensation de sérénité et de ne plus sentir son corps, comme si la personne en était dissociée. Autant d’éléments qui ont conduit à l’idée que la thanatose pourrait être aux origines de l’expérience de mort imminente. Ce comportement instinctif aurait évolué chez l’humain, doté d’un cerveau plus complexe, avec le développement du langage, pour se transformer en une expérience plus élaborée qu’il peut garder en mémoire et partager avec les autres. Sauf que l’EMI ne survient pas seulement dans un contexte de prédation, mais aussi lors d’une crise cardiaque, d’un traumatisme crânien, et même dans des situations qui ne présentent pas de danger immédiat, dans des cas de fièvre, de syncope ou de méditation. L’avantage en matière de survie n’est donc plus si évident de nos jours. Pour les auteurs, l’EMI serait ainsi un vestige de l’évolution particulièrement bien préservé qui n’est bénéfique que dans certaines situations, un peu comme le bâillement qui servait à synchroniser les comportements au sein d’un groupe, et n’est aujourd’hui utile que chez les enfants, pour signifier aux parents qu’ils ont sommeil. , insiste Charlotte Martial.
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