Si les émojis de nos smartphones sont de bons indicateurs de l’air du temps – à tout le moins au sein de l’élite –, l’apparition d’« hommes enceints » sur WhatsApp il y a quelques mois est révélatrice d’une rupture sans précédent dans l’histoire humaine. A l’orée du XXIe siècle, les différences naturelles entre hommes et femmes, tenues pour un fait depuis des millénaires, s’avèrent en effet remises en question. A la manoeuvre, une idéologie aux multiples facettes qui fait fi des connaissances pourtant nombreuses que nous apporte la biologie sur le sujet.
Les très rares individus intersexes ont incité certains à faire de l’exception la norme
La première réalité soumise au scepticisme contemporain est celle de la binarité du sexe, mâle ou femelle. L’écrasante majorité des biologistes considèrent qu’il existe deux sexes dans l’espèce humaine, caractérisés par des différences génétiques, hormonales et anatomiques. Parmi les 23 paires de chromosomes qui constituent notre caryotype (l’arrangement de l’ensemble des chromosomes d’une cellule), une seule permet de différencier le sexe, celle des chromosomes dits sexuels, constituée d’un chromosome X, apporté par l’ovule de la mère, et d’un chromosome X ou Y, provenant du spermatozoïde du père. L’homme possède une paire XY et la femme une paire XX. Pendant le développement de l’embryon, ces chromosomes déterminent si les gonades, jusqu’alors indifférenciées, deviendront des testicules