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Confidences du Japon: La vie au Japon et ses curiosités
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Confidences du Japon: La vie au Japon et ses curiosités
Livre électronique208 pages2 heures

Confidences du Japon: La vie au Japon et ses curiosités

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À propos de ce livre électronique

Instantanés de bizarreries japonaises.

Où l’on apprend que certains bars sont tenus par des moines, qu’il est fatigant de tomber amoureux, qui sont les « herbivores », ce qu’est un mari parfait ou que cache la gentillesse légendaire des Japonais…
Installée au Japon depuis plus de quarante ans, Muriel Jolivet observe la société nippone avec acuité et nous livre ces Confidences sur un monde parfois aux frontières de notre réel occidental…

Illustrés par le mangaka J.P. Nishi, ces textes surprenants, heureux ou tragiques, construisent un puzzle qui évoque toute la complexité d’une société toujours tiraillée entre son passé et son avenir, et qui devra faire face à de grands défis pour maintenir, en ce nouveau siècle, sa place dans le monde.

Un livre mêlant humour et sociologie.

EXTRAIT

Ce livre est le troisième volet de mes chroniques japonaises qui se présentent comme un patchwork d’instantanés que j’ai pris plaisir à juxtaposer à coup de minuscules touches de couleur, à la manière des impressionnistes. Les deux premiers volumes, Tokyo Memories (Antipodes, 2007) et Tokyo instantanés (Elytis, 2012) ont été écrits en tandem avec mes étudiants. Même si nous poursuivons ensemble un journal dans une classe que j’aime appeler un atelier d’écriture, j’ai rédigé seule ce petit journal qui repose encore sur des propos entendus ou des nouvelles qui m’ont étonnée, amusée ou intriguée, car depuis plus de quarante ans que je vis au Japon, mon intérêt pour les gens qui m’entourent n’a pas varié. Absolument tout ce qui figure dans ce livre est authentique et même si le travail de laboratoire est dissimulé, chacune de ces histoires a été soigneusement vérifiée et documentée…

CE QU’EN PENSE LA CRITIQUE

 En s’immisçant dans les coulisses de la réussite et de l’harmonie érigées en système, Muriel Jolivet dresse le portrait d’un Japon en crise familiale, démographique, matrimoniale. Ses méditations sont une nouvelle invitation à s’immerger dans un pays qui est à lui seul une planète. - Arnaud Vaulerin, Libération

Le livre regorge de petites curiosités décrites par Muriel Jolivet et parfois illustrées de façon drôle et dynamique par le célèbre J.P. Nishi (À nous Paris). [...] Un livre mêlant sociologie et humour pour mieux connaître et comprendre (si possible) le Japon actuel. - Alice Monard, Journal du Japon

À PROPOS DE L’AUTEUR

Muriel Jolivet vit au Japon depuis quarante ans et enseigne à l’Université Sophia de Tokyo. Sociologue de formation, elle observe avec un œil de lynx la société japonaise au quotidien, qui reste pour elle un « émerveillement permanent ».
LangueFrançais
Date de sortie3 nov. 2015
ISBN9782356391704
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    Aperçu du livre

    Confidences du Japon - Muriel Jolivet

    vie…

    CE LIVRE EST LE TROISIÈME VOLET de mes chroniques japonaises qui se présentent comme un patchwork d’instantanés que j’ai pris plaisir à juxtaposer à coup de minuscules touches de couleur, à la manière des impressionnistes. Les deux premiers volumes, Tokyo Memories (Antipodes, 2007) et Tokyo instantanés (Elytis, 2012) ont été écrits en tandem avec mes étudiants. Même si nous poursuivons ensemble un journal dans une classe que j’aime appeler un atelier d’écriture, j’ai rédigé seule ce petit journal qui repose encore sur des propos entendus ou des nouvelles qui m’ont étonnée, amusée ou intriguée, car depuis plus de quarante ans que je vis au Japon, mon intérêt pour les gens qui m’entourent n’a pas varié.

    Absolument tout ce qui figure dans ce livre est authentique et même si le travail de laboratoire est dissimulé, chacune de ces histoires a été soigneusement vérifiée et documentée…

    Si la curiosité est un ingrédient indispensable, la condition sine qua non est la maîtrise d’une langue complexe à laquelle on n’a jamais fini d’être initié. J’ai pris beaucoup de plaisir à tester quelques-unes de ces histoires sur mes étudiants à qui il m’arrive de faire découvrir leur propre culture. Mes propos, aussitôt vérifiés sur leur Smart Phone, sont accueillis par des exclamations étonnées. La plupart n’avaient jamais entendu parler du sinistre rituel pratiqué autrefois à l’heure dite du bœuf, pas plus qu’ils n’avaient entendu parler de la célèbre poupée conservée dans un temple du Hokkaidô, dont les cheveux continuent à pousser

    Les sujets abordés sont variés et peuvent être amusants, sérieux ou préoccupants. Même si le thème du mariage est redondant et revient comme un leitmotiv, l’obsession relative à ce qui tient lieu de rite de passage se retrouve dans d’autres pays asiatiques. Pourtant, le semi boycott observé de facto indique qu’en dépit d’une très forte aspiration à convoler (kekkon no akogare, ), un phénomène d’attraction-répulsion contrarie la donne aussi bien chez les jeunes gens que chez les jeunes filles. Les hommes politiques sont affolés de voir qu’en dépit des mesures multiples et variées, destinées à encourager les femmes à concilier travail et maternité, ces dernières rechignent à repeupler le Japon. Mais que veulent-elles de plus ? soupirent-ils, au lieu d’essayer de voir ce je ne sais quoi qui fait que le mariage et la procréation ont tellement perdu de leur attrait.

    Les jeunes filles restent pourtant engagées dans la quête éperdue de l’oiseau rare, tout en demandant aux hommes de changer pour ne surtout pas ressembler à leur père qu’elles trouvent trop féodal pour pouvoir s’en accommoder. Adaptation moderne ou remake du célèbre conte de la petite souris (nezumi no yome iri, ), à ceci près que les ambitions démesurées d’un père, pour qui aucun prétendant n’est digne de sa fille, se sont déplacées vers la principale concernée qui part elle-même à la recherche d’un prince qu’elle voudrait charmant…

    Mon pays d’adoption doit une grande partie de son charme à son aspect irrationnel. Des gens on ne peut plus ordinaires – pour ne pas citer mes étudiants – vous disent le plus sérieusement du monde qu’ils sont dotés d’un sixième sens qui leur permet de sentir un univers autre. Cette faculté qualifiée de reikan ( ) revient à percevoir (intuitivement) les esprits. C’est ainsi qu’il arrive qu’on vous explique gravement qu’il y a dans le salon familial du côté d’Iwate un petit être espiègle (le fameux zashiki warashi, ) qui apparaît périodiquement à ses occupants et, sur une classe de seize étudiantes, une bonne dizaine d’entre elles m’ont dit avoir ressenti un kanashibari ( ), soit la sensation d’être immobilisée par une force extérieure sans pouvoir réagir. L’une d’entre elles, à qui cela arrive tous les soirs, a fini par s’habituer à cette étrange sensation…

    Vous découvrirez au fil des pages que les poupées ont une âme, qu’on pratique encore des exorcismes sur des bébés agités et qu’il existe un vaudou made in Japan, même s’il n’est pas évident à réaliser, vous comprendrez pourquoi…

    Comme toutes les langues, le japonais vit et évolue vers des termes si simplifiés qu’on a parfois l’impression d’avoir affaire à une langue codée, d’où l’irrésistible envie d’initier les lecteurs à la langue branchée. Ainsi, rabuhô banalise l’usage des love hotels et sumahô est devenu, mutatis mutandis l’abréviation de Smart Phone, tandis que KY sert à désigner les grossiers personnages incapables de lire l’atmosphère et qui font des gaffes impardonnables au pays du zero defect. La liste est longue et peut amuser ceux qui veulent s’initier à une langue très vivante, qui réserve autant de surprises que d’imprévus…

    Vous apprendrez aussi que les femmes sont loin d’être insensibles au charme des bonzes, que tout se loue au Japon (un pasteur, un (petit) ami, une famille (plus présentable que la vôtre) un petit enfant et même un compagnon pour faire cododo), que la police n’oublie pas de rendre hommage aux chiens grâce auxquels leurs enquêtes ont abouti, qu’une tasse peut tuer, qu’un chat peut être nommé chef de gare et qu’on peut désormais pilonner son alliance devant témoins pour signifier que l’aventure à deux est bel et bien terminée…

    Ici comme ailleurs, les paradoxes abondent et les anecdotes tristes voisinent avec des histoires plus amusantes voire franchement cocasses…

    Il faut de tout pour faire un monde, et le Japon est un univers en soi… Mais surtout, si je peux paraître critique à certains, n’oubliez pas qu’on ne critique que ce qu’on aime. Car au fond, comme le suggère avec tant d’à-propos Murakami Haruki ( ) dans 1Q84 : En fin de compte, le monde tout entier ne serait-il pas un gigantesque appartement témoin ?

    En japonais, la mère ( ) est dans la mer ( ),

    Alors qu’en français la mer est dans la mère …

    MIYOSHI TATSUJI

    (POÈTE)

    QUAND LA LUNE EST AVALÉE PAR LE SOLEIL…

    Éclipse de Lune se dit en japonais gesshoku ( ), ce qui revient à dire qu’elle se fait avaler par le soleil. Samedi 10 décembre 2011, nous avons eu cette merveille à voir à 11 heures du soir. Le superbe disque argenté a été peu à peu englouti, avant de réapparaître de l’autre côté du soleil. Le ciel était particulièrement dégagé ce soir-là, et la pleine lune resplendissait parmi de nombreuses étoiles qui scintillaient autour de Vénus triomphante. Dommage que je ne l’aie su plus tôt, car la lune mérite qu’on la vénère en bonne et due forme avec un bouquet de gynérium et un plateau de dango¹ agencés en pyramide… C’était vraiment un jour de o-tsukimi ( ), soit un jour pour contempler ce superbe disque brillant…

    Malheureusement ce soir-là, deux petits garçons ont été fauchés par un chauffard… Les victimes étaient absorbées dans leur contemplation, pendant que leur mère était retournée chercher quelque chose à la maison. Elle a été épargnée, mais quelle douleur de perdre ses enfants en un si beau clair de lune…

    CES HOMMES QUI ONT ABANDONNÉ LE JAPON

    Le livre de Mizutani Takehide ( ) Nihon-o suteta otokotachi ( ), paru en novembre 2011, vient d’être récompensé par un prix littéraire. Ce correspondant, en poste à Manille pour The Daily Manila Shimbun, a eu envie d’enquêter sur la vie des Japonais qui se retrouvaient SDF aux Philippines. Il y aurait au total 768 indigents, parmi lesquels 332 vivraient aux Philippines depuis dix années consécutives ; 92 seraient en Thaïlande. Arrivés pour la plupart au bras d’une femme rencontrée dans un bar, ils se sont retrouvés abandonnés une fois plumés. Beaucoup étaient d’anciens travailleurs manuels. L’eussent-ils voulu, ces personnes en overstay² n’ont même plus de quoi rentrer au Japon. Mizutani a pensé que ces laissés-pour-compte lui permettraient de mieux appréhender les problèmes de ses compatriotes, car nombreux sont ceux qui ont coupé les ponts avec leur famille, pour leur éviter d’avoir à honorer leurs dettes.

    L’auteur a eu l’extrême surprise d’observer que, contrairement au Japon où les passants sont entraînés à ne pas voir les SDF, ces derniers n’étaient pas abandonnés aux Philippines où les pauvres sont assistés par de moins pauvres qui en ont pitié, les nourrissent et les aident à trouver où dormir. En fin de compte, ils sont mieux pris en charge qu’au Japon où ils rendent l’âme sur les voies publiques et meurent abandonnés de tous (yuki daore, ), avant de devenir une âme oubliée et peut-être errante (muen botoke, ).

    Étonnant tout de même qu’une fois plumés, ces mêmes Japonais soient pris en charge par d’autres indigents, alors qu’au Japon, ils sont méprisés et bannis de la société…

    Au terme de son reportage, l’auteur observe qu’ils sont sans doute moins malheureux là où ils sont que s’ils rentraient au pays.

    Terrible verdict…

    SHINSAIKON ( ) OU LES MARIAGES QUI ONT FAIT SUITE AU DÉSASTRE SISMIQUE

    Je suis allée écouter Shirakawa Tohko qui m’avait invitée à la présentation de son livre . Cette essayiste qui a aussi écrit avec le sociologue Yamada Masahiro Konkatsu³ ( ), sur les activités à déployer pour espérer trouver l’âme sœur, a constaté que le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 avaient eu un grand impact sur les mentalités. Les femmes qui répondaient laconiquement qu’elles n’étaient pas pressées de convoler, et qu’elles voulaient quelqu’un susceptible de leur permettre de mener une vie aisée, ont brusquement commencé à revoir leurs priorités à la baisse en disant qu’elles recherchaient désormais quelqu’un sur qui elles puissent compter (tayori ni naru hito, ). Le séisme serait à l’origine de mariages précipités, de divorces ou même de naissances consécutives aux nuits passées chez un petit copain plus que réconfortant.

    À Sendai, les maisons dites de deux générations ( , ni sedai jûtaku) ont la cote, et les bagues de fiançailles et les alliances se vendent très bien. L’auteur s’est contentée de poser deux questions : À qui avez-vous pensé juste après le tremblement de terre ?, Qui avez-vous eu envie d’appeler ? ou Qui a essayé de prendre de vos nouvelles ? Beaucoup de moto-kare, soit d’anciens petits amis largués ont refait surface pour prendre des nouvelles de leur ancienne compagne.

    Pourtant, 50 % des femmes et 60 % des jeunes gens se disent sans petit(e) ami(e), et 40 % n’ont jamais fréquenté qui que ce soit…

    GYANBURU IZONSHÔ : SHUFU GA HAMARU ( ) OU LA DÉPENDANCE AU JEU DES FEMMES AU FOYER

    750 000 Japonais (d’après le ministère de la Santé, de l’Emploi et de la Protection Sociale) seraient accros au pachinko⁴. Les femmes au foyer seraient plus particulièrement victimes de cette addiction. Une mère de deux enfants, aurait contracté six millions de dettes, entre 33 et 40 ans. Elle dit qu’il lui est arrivé d’emprunter jusqu’à 150 000 yens (100 yens = 0,72 euro) en une journée, tellement elle était énervée et n’arrêtait pas de crier après ses enfants. Son mari, à qui elle avait demandé conseil, restait derrière son ordinateur sans l’écouter. Elle attendait son troisième enfant et lui en voulait de ne pas l’avoir accompagnée à l’hôpital après une fausse couche.

    L’addiction ou la dépendance au jeu

    La première fois qu’elle est allée au pachinko, elle a gagné 50 000 yens sur une mise de 2 000 yens. Elle a continué ensuite à fréquenter l’établissement au rythme de trois fois par semaine. Il lui est même arrivé de confier son dernier-né à l’aîné et de rentrer à onze heures du soir. C’est ainsi qu’elle a contracté six millions de dettes en sept ans. Sa belle-sœur lui a lancé un ultimatum : ou elle arrêtait de jouer, ou elle divorçait…

    Un auteur qui enquête sur la question, constate que le shopaholism⁵ des femmes s’est reporté sur le jeu. Un spécialiste observe aussi que les plus vulnérables sont les femmes d’une trentaine ou d’une quarantaine d’années, le facteur déclencheur étant souvent une légère dépression, connue sous le nom de syndrome du nid vide⁶, qui fait suite au mariage des enfants.

    Un talento* commente : "Une fois que leurs enfants sont autonomes, elles dépriment (sabishii)."

    Le spécialiste poursuit, disant que les hommes se tournent plus facilement vers l’alcool, mais que le pachinko permet d’évacuer le stress et de vider son esprit. Les femmes se plaignent des relations humaines (ningen kankei), mais c’est aussi ce qui stresse le plus leur mari au travail…

    Il nous explique que rembourser les dettes contractées auprès d’un prêteur sur gage ne résoud rien, tant que le mari refuse de s’impliquer. Il souligne aussi que des groupes de soutien tels que Gamblers anonymous peuvent faire prendre conscience à la victime qu’elle n’est pas la seule à souffrir de cette addiction. Les plus vulnérables seraient les personnes qui ont du mal à communiquer ou à verbaliser leur souffrance. Il n’est pas rare non plus que plusieurs addictions se superposent comme les achats compulsifs et le jeu…

    Il ressort de ce documentaire que la plupart des victimes sont des mal-aimé(e)s.

    MALTRAITANCE

    On apprend aux nouvelles (13/12/2011) que la maltraitance des enfants est exponentielle. En 2008, les mères étaient les plus enclines à maltraiter leurs enfants (60,5 %). Dans 24,9 % des cas, ce sont les pères et dans 6,6 % les beaux-pères.

    LA DÉPRESSION D’UN NOUVEAU TYPE ( , WAKAMONO NI HIROGARU GENDAI GATA UTSU*) ; SYMPTÔME NOTHOMBIEN ?

    Close up gendai, l’émission qui suit les nouvelles, nous apprend le 22 novembre 2011, que de plus en plus de jeunes ne supportent pas d’avoir à obéir et qu’ils auraient la fâcheuse tendance à reporter sur autrui la responsabilité de

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