« L’utilisation du bois dans l’architecture japonaise a eu un impact décisif sur sa forme, sa structure et son espace. »
Teruaki Matsuzaki, historien spécialiste d’architecture nipponne.
e brun d’une façade à claire-voie portant l’ombre d’une feuille d’érable ou de cerisier, celui d’une porte patinée par le temps ou d’une pagode dont la silhouette se découpe au loin. À Kyoto, cœur culturel et religieux du pays, le bois enveloppe la ville de ses nuances sombres et chaudes, presque cuivrées. Il marque les quartiers historiques comme Gion, également connu pour ses geishas, où les (maisons traditionnelles) peuplent les rues; ailleurs, celles-ci surgissent par surprise, entre deux immeubles de béton. En périphérie de la ville, le matériau compose sanctuaires shinto, temples bouddhistes et pavillons. Le bois est essentiel dans l’architecture traditionnelle nipponne, qui bénéficie d’une ressource abondante et peu coûteuse: explique l’architecte et chercheur Benoît Jacquet, résident kyotoïte de longue date. Lorsque l’ancienne capitale impériale naît en 794, à l’époque Heian, les constructeurs se fournissent dans les montagnes de la région, où poussent cèdres et cyprès, souligne le spécialiste. Affiné au cours des siècles, ce savoir-faire se reflète dans le bâti religieux et séculaire qui marque le paysage de Kyoto, qu’il s’agisse de reconstructions d’ouvrages qu’on s’applique à remonter à l’identique ou de bâtiments historiques. Si la ville a subi plusieurs incendies, préservée des bombes lors de la Seconde Guerre mondiale, elle conserve de rares vestiges religieux datant du Moyen Âge et bon nombre de maisons urbaines: