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Droit au cœur: Série Hart
Droit au cœur: Série Hart
Droit au cœur: Série Hart
Livre électronique343 pages5 heures

Droit au cœur: Série Hart

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À propos de ce livre électronique

Mon nom est Jason Hart.

En tant que meilleur plaqueur défensif au pays, le football américain, c’est toute ma vie. Je m'autoproclame donc célibataire depuis quelques années. Et je vis bien comme ça. Il ne me reste que quelques années avant de devoir prendre ma retraite, alors perdre du temps à autre chose qu’au foot d’ici là me semble futile.

C’est ce que je pensais jusqu’à ce que je rencontre par hasard un petit garçon qui venait tout juste de perdre son père. On avait plus en commun que ce que vous pourriez croire et cela a créé un lien particulier entre nous. Alors que notre amitié s’épanouit, mes sentiments pour sa mère ne font que s’amplifier.

Je sais qu’Addison, veuve depuis très peu de temps, n’est pas prête à s’investir dans une relation. Mais je veux apprendre à la connaître malgré toutes ces fois où elle m’a rejeté.

À ma grande surprise, Addison et son fils me sont allés droit au coeur. Il reste à voir si j'ai, moi aussi, atteint les leurs.

LangueFrançais
ÉditeurM.E. Carter
Date de sortie14 août 2020
ISBN9781071562680
Droit au cœur: Série Hart

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    Aperçu du livre

    Droit au cœur - M.E. Carter

    CHAPITRE UN

    ­– Comment font-ils pour toujours savoir quand j’arrive ? j’interrogeai mon agent, Adam, d’un ton irrité, en me penchant vers l’avant pour observer la horde de journalistes à travers les vitres teintées de notre VUS noir. Ne comprennent-ils pas qu’on fait ça pour les enfants ?

    Adam rigola et verrouilla son téléphone avant de le mettre dans sa poche et de regarder autour de nous.

    – C’est probablement une maman bienveillante de l’association de parents qui a contacté la presse en espérant donner de la visibilité à l’école.

    J’eus un rire sarcastique.

    – Je ne fais pas ça pour faire de la pub pour l’école. Je ne répondrai pas à leurs questions, Adam. Particulièrement à celles que me posera cette garce d’April Gill.

    En tant que joueur partant de la ligne défensive des Cowboys de Dallas, j’étais bien connu dans la région. En tant que meilleur joueur au pays, j’étais constamment harcelé par les médias. Je faisais beaucoup d’efforts pour que cela ne m’atteigne pas. Ça faisait partie de mon job. Et, bien sûr, c’était super de voir mon nom en lettres illuminées sur les grands panneaux. Mais on pouvait aussi s’en lasser. Tous les hommes du milieu journalistique voulaient faire copains-copains et me parler comme si nous étions de vieux amis. Les femmes, quant à elles, me faisaient les yeux doux et se comportaient comme si elles me voulaient dans leur lit. La seule journaliste avec qui je m’entendais bien était Catherine Hernandez. Alors évidemment, elle était si talentueuse que son mari et elle déménagèrent en Californie pour un boulot qu’elle décrocha à San Diego. C’était dans des moments comme ceux-ci que ça me manquait le plus de la voir dans la foule.

    – Tu n’as pas à répondre à leurs questions, me rassura Adam. Mais prépare-toi, Jason. Je suis prêt à parier qu’ils seront dans l’école lors du rassemblement.

    Je soupirai quand notre chauffeur se gara près du trottoir. Je n’avais pas l’habitude de me présenter dans les écoles. Après être rentré à la maison il y a quatre ans pour jouer pour les Cowboys et avoir établi de nombreux records depuis, les gros bonnets aimaient bien me réserver pour les événements d’envergure, comme les galas pour la Société américaine du cancer, ou les événements organisés par l’un de mes sponsors. Ce n’est pas comme si ça me dérangeait d’y participer, mais puisque je n’étais pas responsable de la gestion de mes engagements publics, j’allais là où on me demandait d’aller.

    Toutefois, quand je reçus l’appel de Lindsay Miller, une amie du secondaire maintenant enseignante à cette école, je n’ai pas pu résister. Elle était ma voisine quand nous étions petits et nous avons chanté dans la même chorale pendant les deux premières années du secondaire. Ouais, je l’avoue. Jason Hart a fait partie de la chorale de son école secondaire. La seule chose que j’arrivais à faire était de chanter juste. Lindsay, quant à elle, avait une voix magnifique. C’est à elle que l’on confiait pratiquement tous les solos.

    Au secondaire, elle était aussi l’une des seules filles qui me traitaient encore comme une personne, et non comme un dieu de l’équipe de football américain de l’école. Même à cette époque, tout ce que je voulais c’était que les gens m’aiment pour qui je suis. Il est certain que j’aimais la notoriété. Quel jeune de dix-sept ans n’aime pas s’envoyer en l’air avec les plus belles filles de son école ? Mais aux yeux de Lindsay, je n’étais que Jason… son ami et son voisin.

    Nous sommes allés à la même université, mais nous nous sommes perdus de vue quand ma vie s’est mise à tourner autour du repêchage chez les pros et la sienne autour de ses études en musique. Dieu merci, il y a Facebook. J’étais fou de joie quand un souvenir m’a poussé à la chercher en ligne et à lui envoyer une demande d’amitié.

    « Jason, peux-tu nous parler de votre préparation en vue du match de la semaine prochaine ? »

    « Jason, te rends-tu compte que tu es en voie de briser le record pour le plus grand nombre de plaqués dans l’histoire de la NFL ? »

    Bon sang. Je venais tout juste d’ouvrir la portière. Je n’avais pas encore mis un pied dehors que les caméras et les micros me bloquaient déjà le passage. Un avantage d’avoir fait partie de la chorale : j’ai appris à sourire durant chaque prestation.

    – Merci d’être là, tout le monde, fis-je en me frayant un chemin dans la foule vers la porte principale. Mais je ne suis pas ici pour parler de football aujourd’hui. Aujourd’hui, les vedettes, ce sont les enfants.

    Je continuai à marcher, ignorant les questions qui m’étaient lancées, jusqu’à ce que j’arrive au bureau de la réceptionniste juste après la première porte. Elle portait un maillot de l’équipe et avait des étoiles dans les yeux. Je reconnaîtrais les vrais fans partout.

    – Bonjour, je suis Adam Roberts, se présenta-t-il à la réceptionniste. Voici Jason Hart. Il doit faire un discours lors du rassemblement de la rentrée aujourd’hui.

    – OHMONDIEU c’est Jason Hart !

    J’entendis le cri par-dessus mon épaule et me tournai juste à temps pour voir Lindsay sauter sur place comme elle le faisait quand elle se foutait de ma gueule au secondaire.

    – Je peux avoir ton autographe ? Je peux avoir tes bébés ?

    Elle criait de joie en couvrant sa bouche avec ses mains pour étouffer son rire.

    Ça faisait des lustres que je n’avais pas souri autant.

    – Ça va, arrête ton cirque et viens là que je te prenne dans mes bras, dis-je quand elle courut vers moi avant de me sauter dans les bras. Tu ne pouvais pas t’empêcher de te moquer de moi, c’est ça ?

    Je pouffai de rire en la serrant bien fort.

    – Je croyais que tes admirateurs craignaient au secondaire, blagua Lindsay. Mais, bon sang, ces journalistes sont restés plantés ici toute la matinée !

    Elle s’éloigna de moi et me frappa l’épaule.

    – Comment vas-tu, mon bel ami ? Et je ne veux pas entendre parler de football. Comment vas-tu, vraiment ?

    Elle allait toujours droit au but, comme ça. Pour elle, le football était ce que je faisais, pas qui j’étais. Il m’était arrivé plus d’une fois de m’en vouloir de l’avoir laissée partir avec son super comptable, devenu depuis son mari. Mais c’est fou ce que c’était bon de retrouver mon amie.

    – Ça va, dis-je en laissant mon regard parcourir l’école qui lui servait de deuxième maison. Je travaille beaucoup. Je m’entraîne beaucoup. La même chose que je fais depuis que tu me connais, quoi. Et toi ? Comment ça va ? On dirait que ton travail à l’école Mountain Park est plutôt cool.

    Elle éclata de rire.

    – Pas aussi cool que le tien, mais je ne m’en plains pas. Mon mari est génial. Ma fille vient d’avoir cinq ans et elle est géniale. Mon boulot est génial. Je ne pourrais pas demander mieux.

    – Ça peut pas être aussi génial que tu le dis. Ne dois-tu pas apprendre aux enfants à jouer de la flûte à bec ? lui demandai-je, amusé.

    Elle rit et leva les yeux au ciel.

    – Ne me le rappelle pas. Je n’étais pas satisfaite de la façon dont les élèves de cinquième année jouaient, alors cette année, j’ai eu la brillante idée d’inclure les élèves de quatrième… tu sais, pour leur donner une année supplémentaire de pratique avant le spectacle final.

    J’éclatai de rire.

    – Et ça se passe comment ?

    Elle soupira et se frotta les tempes avec ses doigts en faisant de petits cercles.

    – Je suis prête à acheter des parts chez Tylenol.

    – Tes idées ont toujours été meilleures avant d’être mises en application, la taquinai-je.

    – À qui le dis-tu !

    Adam vint vers nous et colla une étiquette blanche sur ma chemise.

    – Voilà, mec. Règle de l’école. Tous ceux qui entrent doivent avoir un badge avec leur nom dessus.

    – Merci. Adam, voici ma bonne amie Lindsay Miller.

    Adam lui tendit la main.

    – Oh ! C’est vrai ! C’est toi qui as organisé tout ça. Je suis impressionné ! Nous avons habituellement tout le mal du monde à lui faire quitter le terrain pour des apparitions publiques. J’apprécie beaucoup que tu nous aides à montrer que mon gars a bel et bien un cœur.

    Lindsay se mit à rire et me regarda.

    – Je t’aime bien, Adam. Pourquoi n’allons-nous pas dans ma classe en attendant que le rassemblement commence ? Les enfants seront là d’une minute à l’autre et je ne veux pas gâcher la surprise.

    Elle s’arrêta et regarda les journalistes par la fenêtre.

    – Euh... À moins que la surprise n’ait déjà été gâchée ?

    Elle nous fit traverser la porte sécurisée et nous conduisit jusqu’à sa salle de classe. Le centre de la pièce était vide, avec des bouts de ruban adhésif au sol, probablement pour rappeler aux enfants à quel endroit se tenir quand ils chantent. Des chaises et des pupitres se trouvaient sur le côté. La porte d’un placard était ouverte. À l’intérieur, je pouvais voir toutes sortes d’instruments sur les tablettes… des dizaines de xylophones, quelques claviers, des triangles.

    – Je vois que tu as organisé ta classe de la même façon que M. Whitman, constatai-je.

    Monsieur Whitman était le directeur de notre chorale. Il était reconnu pour être un entasseur compulsif et ne jetait jamais tout ce qui touchait à la musique.

    – Ne me juge pas ! répondit-elle. Les montants alloués aux cours de musique ne sont plus ce qu’ils étaient. Cette école peut se compter chanceuse d’avoir un département de musique avec toutes les compressions budgétaires qui ont été faites l’an dernier.

    Surpris, je lui jetai un regard inquiet.

    – Vraiment ? Est-ce qu’ils veulent sortir la musique des écoles ? Est-ce que ton job est en jeu ?

    Elle agita la main comme s’il s’agissait d’une question ridicule et se dirigea vers son bureau.

    – Nan. Plusieurs enseignants de musique répartissent leur temps entre deux écoles maintenant. Comme je suis directrice du programme artistique et que je siège sur le comité qui développe les programmes, mon emploi est assez bien protégé.

    Elle s’assit sur sa chaise à roulettes et se croisa les bras.

    – Alors, dis-moi la vérité, Jay. Il y a quelqu’un dans ta vie ?

    Je me retournai vers Adam pour le fusiller du regard quand il se mit à rigoler comme si c’était la chose la plus ridicule qu’il ait entendue. En me retournant vers Lindsay, elle avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

    – Euh, non. Tu sais que ce genre de vie n’est pas pour moi, Lin. Ça ne l’a jamais été. Je veux m’amuser.

    – T’as vingt-neuf ans, Jason. N’en as-tu pas marre de t’amuser ?

    Je la regardai, puis je roulai les yeux.

    – J’aime m’amuser, rétorquai-je. Et jusqu’à ce qu’une femme de ton calibre croise mon chemin, je serai bien heureux de continuer ainsi.

    Elle secoua la tête.

    – Jason. Tu sais que je t’aime, mais t’es un coureur de jupons. Tu dois arrêter ça. Ta maman t’a élevé mieux que ça.

    Je posai mon regard sur elle. Je savais qu’elle avait raison. En tant que mère célibataire, ma mère me mit au centre de sa vie pendant de nombreuses années. Ce n’est que quand je partis pour l’université qu’elle reprit sa vie en main. Elle eut même quelques petits copains. Pouah. Je savais qu’elle voulait que je vive ce qu’elle et mon père avaient vécu. Je le voulais aussi, mais je n’allais forcer personne. Ça arriverait. Un jour.

    Avant que je puisse répondre, j’entendis quelqu’un entrer dans la pièce.

    – Eh ben, salut Jason. On dirait que tu connais bien cette charmante enseignante.

    Elle marcha vers Lindsay et lui serra la main.

    – Je suis April Gill, des nouvelles de la Chaîne 5.

    Lindsay lui serra la main sans dire un mot.

    – Comment vous êtes-vous connus ? l’interrogea April.

    Adam se leva d’un bond et s’empressa de prendre April par le coude pour la guider vers la porte.

    – Je suis navré, madame Gill, mais monsieur Hart n’est pas ici pour répondre aux questions des médias aujourd’hui. Nous vous invitons à capter tout le matériel nécessaire durant le discours de rassemblement, mais toutes les demandes d’interview devront passer par moi d’abord. Avez-vous ma carte professionnelle ?

    Adam en sortit une et la lui tendit. April plissa les yeux.

    – J’ai déjà votre numéro. Merci, Adam, répondit-elle froidement, avant de se retourner et de partir d’un pas lourd.

    – C’était quoi, ça ? me demanda Lindsay.

    – Ça, lui répondis-je en secouant la tête, c’est April Gill. Une épine dans mon pied.

    – Pourquoi donc ? Ne me dis pas qu’elle fait partie de celles avec qui tu t’amuses !

    Je décollai le badge de ma chemise et me mis à le manipuler distraitement.

    – Oh, crois-moi, commençai-je, je fais de mon mieux pour me tenir loin d’elle.

    – On a eu beaucoup de problèmes avec elle, poursuivit Adam, assis sur la chaise bleue à côté de la mienne. Elle est reconnue dans le vestiaire pour se lier d’amitié avec certains joueurs de l’équipe. Puis elle leur tourne le dos une fois qu’elle a réussi à leur soutirer des histoires qu’elle peut passer aux nouvelles de 22 heures.

    Lindsay leva un sourcil.

    – Et ça arrive encore ? Sérieusement, Jay, avec quel genre d’idiots travailles-tu ?

    Je ricanai.

    – Des idiots qui ont peut-être eu trop de coups à la tête sur le terrain.

    On resta assis là, à discuter de nos vies pendant une trentaine de minutes avant que la directrice vienne se présenter et nous faire un résumé du déroulement du discours de rassemblement. Lindsay me fit passer par la porte nous menant en coulisses.

    En attendant notre signal, je jetai un œil entre les rideaux sur les quelque sept cents élèves assis sur le sol de la cafétéria. Ils semblaient de toutes nationalités : noirs, blancs, hispaniques, quelques enfants asiatiques parmi eux. C’était amusant de voir à quel point ils semblaient excités et incapables de garder les mains sur eux en attendant le spectacle.

    Lindsay m’avait dit que Mountain Park accueillait quarante-trois pour cent d’élèves de milieux défavorisés. Cela voulait donc dire que quarante-trois pour cent de tous ces enfants vivaient dans une pauvreté suffisante pour déjeuner gratuitement, ou à prix réduit, à l’école. Cette information me surprit, puisqu’aucun de ces enfants ne me semblait pauvre. Ils étaient propres. Ils se comportaient adéquatement. Ils écoutaient bien… quand ils eurent fini de gigoter. Lindsay m’avait confié que le personnel enseignant et administratif travaillait très fort pour que ces enfants comprennent que le fait de ne pas avoir beaucoup d’argent ne signifiait pas qu’on ne s’attendait pas à ce qu’ils fassent toujours de leur mieux. Et ça se voyait.

    Saisir tout ça en regardant entre les rideaux consolida tout le respect que j’avais pour mon amie. J’ai toujours su qu’elle était formidable. Mais j’étais loin de me douter qu’elle aurait un si grand impact dans sa communauté. Cela me rendit vraiment fier de tout ce qu’elle avait accompli.

    Tandis que Lindsay traversait le rideau, je me préparai à faire mon entrée.

    – Bonjour, les enfants ! dit Lindsay dans le micro. Bonne rentrée ! Êtes-vous heureux d’entamer une année fantastique ?

    – Oui ! répondirent-ils en chœur.

    – Il sera très important de bien étudier et de toujours faire de votre mieux, poursuivit-elle, parce que votre futur vous apportera de grandes choses. Mais vous n’y arriverez qu’en vous préparant et en travaillant très fort.

    Je jetai un coup d’œil entre les rideaux à nouveau pour voir ces petits visages attentifs à tout ce qu’elle disait. Ils semblaient si excités et pleins d’espoir quant à leur futur. Je ressentis une grande fébrilité à l’idée de leur parler. Il fallait que je participe à plus d’événements de ce genre.

    – Alors aujourd’hui, j’ai un invité spécial qui vient vous parler de l’importance de travailler fort et de toujours donner tout ce que vous avez, peu importe la situation. Il était un très bon ami à moi à l’école et il l’est toujours ! Accueillez chaleureusement le joueur de ligne défensive des Cowboys de Dallas, Jason Hart !

    Je traversai le rideau et saluai l’assistance sous les cris et les applaudissements en me rendant près de Lindsay et du micro. J’avais l’habitude que des gens crient pour moi, mais le fait que ces cris venaient des enfants me donnait envie de bomber le torse. Leur présence rendait l’expérience encore plus excitante pour moi.

    – Tu t’es toujours bien débrouillée avec un micro et une foule, dis-je à l’oreille de Lindsay en arrivant à ses côtés.

    Elle roula les yeux et me tendit le micro. Je regardai autour de moi pour observer cette mer de petits visages.

    – Bonjour tout le monde ! commençai-je. Mon nom est Jason Hart et je joue au football pour les Cowboys de Dallas.

    À ce moment, un jeune se jeta sur moi à la vitesse de l’éclair, passant ses bras autour de ma jambe. Je baissai le regard pour voir un petit garçon aux cheveux bruns de six ou sept ans, tout au plus, accroché à moi en sanglotant.

    – Je t’aime, Jason. Je savais que tu serais là pour mon anniversaire. Merci d’être venu me voir. Je t’aime tellement. Tu es mon héros.

    Je regardai Lindsay qui semblait aussi abasourdie que moi.

    Qu’est-ce qui se passe ?

    ***

    – Je suis vraiment désolée, monsieur Hart, dit madame Teske, la directrice. Il ne nous est jamais arrivé qu’un élève se précipite sur la scène comme ça. Il était simplement un peu… émotif.

    C’était le moins qu’on puisse dire. Une fois que son enseignante réussit à le décoller de moi, il retourna s’asseoir avec ses camarades de classe et pleura toute la durée du discours d’encouragement. Je passai les trente minutes suivantes à leur parler de tout le travail qu’il faut faire pour réussir et du fait que je devais parfois encore faire des devoirs pour mon équipe en faisant des recherches sur nos adversaires. Je répondis à de nombreuses questions et j’offris une oreille attentive lorsque les plus jeunes démontrèrent qu’ils ne saisissaient pas encore la grande différence entre poser une question et raconter une histoire.

    Malgré cette étrange entrée en matière, j’étais toujours ravi de parler aux enfants. Mais j’étais incapable de détourner mon regard de ce petit gars.

    Je comprenais un peu comment il se sentait. Il m’arrivait encore que des fans deviennent émotifs en m’approchant. Ça venait avec le métier. Je suis sûr que j’aurais éclaté en sanglots si j’avais rencontré Troy Aikman quand j’étais gosse. Mais il y avait quelque chose de différent ici. Je n’arrivais pas à mettre le doigt sur ce que c’était et ça accaparait toutes mes pensées.

    – Alors c’est qui ce petit ? demandai-je.

    – Il s’appelle Jaxon, répondit Lindsay, dans l’embrasure de la porte de sa classe, le dos appuyé contre le mur. Je t’en supplie, ne flippe pas, Jay. Il a vécu des moments très difficiles récemment et je crois que le fait de te voir ici aujourd’hui lui a fait perdre le contrôle de ses émotions.

    Je me doutais qu’il ne valait pas la peine de demander ce qu’elle voulait dire par « moments très difficiles ». Je savais que la confidentialité dans les écoles était désormais une priorité, alors je ne la questionnai pas davantage.

    Je me retournai vers la directrice.

    – Il a dit que c’était son anniversaire, dis-je.

    Elle hocha la tête.

    – Je ne crois pas que ça serait une bonne idée d’aller le rejoindre à la cafétéria. Mais croyez-vous que je pourrais passer un peu de temps avec lui ici ? On pourrait peut-être parler de foot ?

    Voilà une chose que je n’avais pas l’habitude de faire. Mais cet enfant avait un petit quelque chose.

    Madame Teske haussa les épaules.

    – Je crois bien que c’est possible. Je peux utiliser ton téléphone, Lindsay ?

    Tandis que madame Teske se rendit au bureau de Lindsay pour appeler dans la classe de Jaxon, Adam s’assit à mes côtés.

    – Tu veux qu’on prenne des photos ? On pourrait peut-être aller chercher le journaliste le moins énervant pour qu’il fasse une captation vidéo pendant que tu discutes avec ce petit ? proposa-t-il.

    Je secouai la tête. J’aimais les relations publiques autant que tout le monde, mais ce n’est pas ce dont il était question. Je voulais savoir ce que cet enfant voulait dire quand il me déclara qu’il savait que je viendrais pour son anniversaire. Je voulais savoir pourquoi il pleurait autant. Et que c’était-il passé dans sa vie pour qu’il réagisse aussi fortement ? Il y a quelque chose qui attristait ce garçon et rendre sa journée inoubliable était la moindre des choses que je pouvais faire. Mais je ne laisserais pas Adam m’influencer.

    – Nan, répondis-je. Ces vautours ne devaient même pas être ici. Ce n’est pas une question de publicité. Prenons simplement le temps de nous assurer que le petit va bien. On pourrait peut-être lui donner un autographe et une photo.

    – Je prendrai soin d’envoyer les photos par courriel à l’école pour lui, dit-il en hochant la tête.

    Adam se leva et était toujours en train de taper sur son téléphone quand Jaxon entra dans la pièce. Quand il leva ses yeux tristes et qu’il m’aperçut, tout son visage s’éclaira. Il me fit un grand sourire et se précipita sur moi. Cette fois, j’étais prêt.

    – Hé, petit. Comment vas-tu ? lui demandai-je le corps penché en tentant de lui rendre son câlin.

    – C’est le plus bel anniversaire de toute ma vie, fit-il, la voix étouffée par mon jean.

    La directrice apporta une autre chaise et incita Jaxon à s’y asseoir. Je pris place en face de lui.

    – On dirait bien que tu es fan de football !

    – Mon papa et moi, on allait toujours voir tes matchs ! s’exclama-t-il. Tu te souviens de la fois où Beau Prince a fait un botté de placement et que tu as sauté pour le taper en plein dans les airs ?

    Il sauta de sa chaise en levant les bras, comme s’il tapait le ballon.

    – Et tu te souviens de la fois où tu as plaqué Terrell James avant même qu’il puisse lancer le ballon ?

    Je pouffai de rire. J’ai fait des centaines de jeux dans ma vie. Peut-être des centaines de milliers si on incluait ceux que j’ai faits à l’école secondaire. J’ai oublié la plupart d’entre eux. Mais ça ne changeait rien pour Jaxon. Il continua à me raconter chacun de mes jeux qui lui passèrent par l’esprit pendant qu’Adam se marrait dans son coin.

    – Est-ce que ton papa et toi êtes déjà allés à un match ? Est-ce que vous les regardez à la télé ? lui demandai-je.

    C’est fou ce qu’il avait de l’énergie.

    – Non, répondit Jax, l’air soudainement attristé. On devait aller voir un match, mais ça n’est pas arrivé. Et maintenant je ne peux plus te voir à la télé.

    – Pourquoi donc ?

    – Ma maman ne regarde pas le football alors elle ne sait pas quand sont les matchs, expliqua-t-il, les yeux rivés au sol.

    – Pourquoi ne demandes-tu pas à ton papa ? demandai-je avec hésitation.

    Jaxon renifla sans lever les yeux.

    – Il est mort. Alors je peux seulement regarder le football quand papi vient à la maison et qu’il l’écoute à la télévision. Mais il ne vient plus aussi souvent qu’avant.

    Mon cœur se brisa. C’était donc ça, les moments difficiles dont parlait Lindsay.

    Jax leva soudainement les yeux.

    – J’ai dit à ma mère que tout ce que je voulais pour mon anniversaire, c’était que tu viennes me voir. Elle m’a dit que tu ne nous connaissais pas et que tu ne viendrais pas. Mais je lui ai dit que tu serais là. Je lui ai dit ! Comment as-tu su que c’était mon anniversaire ?

    Sa question me fit sourire. Et peut-être aussi son habileté à passer d’un sujet qui est évidemment très difficile pour lui à quelque chose d’amusant comme son anniversaire.

    – En réalité, Jaxon, dis-je en m’approchant de lui, je ne savais pas que c’était ton anniversaire.

    – Tu ne le savais pas ?

    – Non. Mais il y avait quelque chose qui me disait qu’il fallait que je vienne à ton école aujourd’hui. J’avais le sentiment que j’y ferais la rencontre d’une personne spéciale. Et te voilà !

    Le sourire de Jaxon illumina son visage.

    – Tu sais que tu es mon héros, monsieur Hart ?

    – Ah oui ? fis-je en souriant. Et pourquoi ?

    – Bah, tu sais que tu es bon au football.

    Je me mis à rire.

    – C’est ce qu’on m’a dit.

    – Mais mon papa disait que tu étais vraiment gentil.

    Je penchai la tête, bien attentif à tout ce qu’il me disait.

    – Il a dit que tu aidais les gens qui sont malades et que tu étais gentil avec les enfants. Il a dit que si je devais devenir joueur de football plus tard, qu’il voulait que je sois comme toi.

    Bouche bée, je me tournai vers Lindsay. Elle me fit un sourire en coin et haussa les épaules. Je m’éclaircis la gorge.

    – On dirait que ton papa était un chic type, dis-je.

    – Ouais, répondit Jaxon en baissant le regard à nouveau. Il l’était. Il me manque.

    Je pris une profonde inspiration, me préparant à prononcer des paroles que je n’avais pas dites à

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