Jeux de Vilains: Romans policiers
Par Ole Albers
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À propos de ce livre électronique
Si l’on devait décrire Sven, le premier mot qui viendrait à l’esprit serait geek, c’est-à-dire mordu d’informatique, plus souvent en ligne que déconnecté de l’internet et présentant de sérieuses incompétences sociales. Ses relations humaines se limitent en grande partie à des discussions avec d’autres fans lors des matches à domicile du FC Sankt Pauli. Et quand il ouvre la bouche, il a le chic pour choisir des mots qui déclenchent une catastrophe irréparable.
Mais cela n’avait jamais été aussi grave que cette fois-ci : Sven se retrouve coincé entre la police et le crime organisé et chacune de ses tentatives pour se rattraper aux branches ne fait qu’envenimer la situation. Et il y aussi Julie, que Sven vient de rencontrer et d’apprendre à apprécier et dont il est le seul à pouvoir sauver la vie.
Même si Sven est le personnage principal officiel de Jeux de Vilains, la ville de Hambourg et ses sympathiques habitants sont les stars proprement dites de l’histoire.
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Aperçu du livre
Jeux de Vilains - Ole Albers
OLE ALBERS
Alstervergnügen
Jeux de Vilains
––––––––
Le livre
Si l’on devait décrire Sven, le premier mot qui viendrait à l’esprit serait geek, c’est-à-dire mordu d’informatique, plus souvent en ligne que déconnecté de l’internet et présentant de sérieuses incompétences sociales. Ses relations humaines se limitent en grande partie à des discussions avec d’autres fans lors des matches à domicile du FC Sankt Pauli. Et quand il ouvre la bouche, il a le chic pour choisir des mots qui déclenchent une catastrophe irréparable.
Mais cela n’avait jamais été aussi grave que cette fois-ci : Sven se retrouve coincé entre la police et le crime organisé et chacune de ses tentatives pour se rattraper aux branches ne fait qu’envenimer la situation. Et il y aussi Julie, que Sven vient de rencontrer et d’apprendre à apprécier et dont il est le seul à pouvoir sauver la vie.
Même si Sven est le personnage principal officiel de Jeux de Vilains, la ville de Hambourg et ses sympathiques habitants sont les stars proprement dites de l’histoire.
L’auteur
Ole Albers est né en 1973 dans une petite localité répondant au nom de Kroge-Ehrendorf en Basse-Saxe. Après sa scolarité dans les années 1980, il décida de fuir la vie villageoise et de s’installer dans la lointaine Munich où il entama sa carrière littéraire comme rédacteur des magazines de jeux vidéo cultes Amiga Joker et PC Joker. Peu après sonna le glas des magazines de jeux et Ole opta, non sans grincements de dents, pour une formation sérieuse d’électronicien en communication.
Avec un enthousiasme plutôt restreint, il s’engagea dans des études d’informatique à l’Université de sciences appliquées d’Osnabrück.
Depuis 10 ans, il travaille comme développeur de logiciels à Hambourg, continue à s’adonner à sa passion littéraire par le biais de blogs et la rédaction de rapports d’essais dans le domaine des jeux. Ce roman est le premier ouvrage d’Ole Albers à avoir été publié en Allemagne.
Ole Albers
Jeux de Vilains
(Alstervergnügen)
Roman
L’œuvre, avec ses différentes parties, est protégée par le droit d’auteur. Toute exploitation est interdite sans l’autorisation de l’éditeur et de l’auteur. Cette clause s’applique en particulier à la reproduction, à la traduction, à la diffusion et à la publication sous la forme électronique ou autre.
Graphiques de la couverture :
Grande illustration : © Denzott / iStock
Chapitre I
Le suicide est indolore
Suicide is painless
It brings on many changes
and I can take or leave it if I please[1]
(Johnny Mandel)
- J’arrive pas à y croire, marmonna Sven d’une voix à peine audible tout en mordant dans son hamburger.
Il se trouvait au Jim Block sur le Jungfernstieg, la variante hambourgeoise d’une chaîne de fast-food haut de gamme. L’aménagement et les produits coûtaient nettement plus cher que chez le concurrent américain, ce qui n’empêchait pas les touristes et gens du cru d’assiéger en masse ce temple de la boustifaille.
Comme d’habitude, cela avait été la croix et la bannière pour trouver une place libre. Sven avait donc dû s’entasser à côté d’étrangers qui n’étaient pas toujours d’aimables contemporains. Ses sujets de conversation ne l’aidèrent en outre pas vraiment à se faire de nouveaux amis ici, certains s’écartèrent de lui plutôt choqués en faisant honneur au concept de fast-food.
Beaucoup avalèrent leur repas en un temps record pour échapper le plus vite possible aux palabres de Sven.
En face de Sven était assis Dieu-tlef qui s’était depuis longtemps habitué à ce que Sven tienne quelquefois – disons plutôt la plupart du temps – des propos sans queue ni tête. Dieu-tlef ne demandait en général pas à Sven d’être plus précis dans ses explications, mais acceptait ses dires sans se permettre un seul commentaire, comme seuls les vrais durs savent le faire.
Sophie, la fiancée de Dieu-tlef, n’était par contre pas une vraie dure. Avec ses longs cheveux blonds bouclés et une taille ne dépassant guère un mètre cinquante, elle ressemblait à une version légèrement rabougrie de Claudia Schiffer.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-elle en picorant sa salade végétarienne[2].
Dieu-tlef poussa un soupir à peine perceptible. Il était vain d’enfreindre la règle tacite entre des jeunes qui se résumait à la simple injonction : « T’occupe ! ».
Surtout dans le cas de Sven.
Dieu-tlef ne s’appelait bien sûr pas vraiment Dieu-tlef. Ses parents avaient en fait opté pour le prénom un peu moins saugrenu, et à la consonance beaucoup moins divine, de Detlef. Dieu-tlef avait cependant été élevé dans un milieu plutôt homophobe. Le qualificatif d’homophobe n’est du reste peut-être pas celui qui convient le mieux, car Dieu-tlef était quelqu’un de tolérant. Le cercle d’amis de Sven et de Dieu-tlef comptait aussi plusieurs jeunes qui étaient davantage portés sur les garçons que sur les filles et Dieu-tlef n’y voyait aucun inconvénient, au contraire : ça réduisait la concurrence. La peur inspirée par le mot phobie était différente. Il semblait lui importer au plus haut point que personne, mais strictement personne, ne le croie capable d’être autre chose qu’un hétéro convaincu.
Il n’y avait hélas aucun document ni aucun autre moyen pour Sven de découvrir si cela venait de ses origines villageoises ou s’il existait d’autres raisons. En tout cas, Dieu-tlef n’est pas le prénom qui convient quand on veut prouver au monde entier qu’on n’est pas pédé. Et les premières paroles que Dieu-tlef adressa à Sven, lorsqu’ils avaient fait connaissance à une fête pendant leurs études avaient été : « Salut, je m’appelle Detlef. Ça se prononce dIEU-tlef, pas dEEtlef. »
On peut considérer cela à juste titre comme un accueil plutôt étrange. Mais dans le cas de Dieu-tlef, il s’agissait de paroles de bienvenue tout à fait ordinaires, car il estimait qu’un Detlef avec un é long comme dans un bêlement aurait une consonance terriblement pédé, alors que le caractère de vrais durs se manifestait plutôt dans un nom comme Hattrick[3].
Sven fut légèrement irrité par la question que Sophie posait en réponse à la question. Il ne s’était pas vraiment attendu à ce que quelqu’un réagisse aux pensées qu’il exprimait tout haut ; personne ne lui avait encore jamais fait ce coup-là.
Il poussa un léger soupir, suivant ainsi l’exemple de Dieu-tlef. Quand il sortait seul avec son pote, tout se passait beaucoup plus facilement.
- Je veux dire que le suicide soit indolore, s’expliqua Sven : « Je n’y crois tout simplement pas. Quelle méthode de suicide est réellement indolore ? »
Dieu-tlef n’écoutait que d’une oreille. Pendant leurs études, Sven et lui avaient passé de nombreuses heures à regarder la télé dans la cuisine commune de la résidence, tandis que d’autres étudiants qui avaient aujourd’hui beaucoup mieux réussi qu’eux dans la vie allaient assister à des cours aussi captivants que le Flux de matières et la logistique ou l’Anglais commercial. Ces cours avaient lieu en partie le vendredi après-midi ! Un tel emploi du temps était vicieux et aurait dû être interdit par les conventions de Genève.
À l’époque, l’ancienne chaîne pour femmes au foyer 9 Live diffusait tous les jours, dans un accès subit et éphémère de qualité, la série M*A*S*H dont la musique du générique Suicide is Painless c’est-à-dire : le suicide est indolore, était de Johnny Mandel. Sven, Dieu-tlef, leur pote Benny et deux autres colocataires avaient vu presque tous les épisodes, sauf quand ils s’étaient retrouvés par erreur à un cours, et ils se réunissaient toujours au grand complet dans la petite cuisine pour regarder l’étagère IKEA de guingois Albert[4]. La raison principale de regarder cette planche était bien entendu le vieux poste de télé installé dessus qui sondait nettement les limites de charge de ladite planche et montrait, avec un audacieux mépris des lois physiques, la série antimilitariste américaine sur la guerre de Corée au lieu de s’effondrer avec l’étagère.
- Je veux dire, suppose que tu te pendes. Tout ou presque peut foirer. Une corde trop longue et ça t’arrache le cou ; une corde trop courte et tu agonises douze heures à la lampe à lave dans ta chambre à coucher.
Dieu-tlef voulut faire remarquer que les lampes à lave ne se suspendent pas au plafond et ne conviennent pas pour se pendre, sans parler de la forme arrondie, mais il se ravisa en regardant sa fiancée.
Sophie ne réagit pas tout de suite, mais se contenta d’écouter sans dire un mot. Un spectacle auquel Dieu-tlef n’assistait hélas que très rarement. Il poussa un nouveau soupir léger, cette fois-ci à la manière d’un vieux Norvégien assis depuis dix heures avec un ange au pied du fjord Geiranger et qui obtient soulagé le calme tant espéré pour tirer une énorme perche de l’eau après que le navire de croisière avec sa cargaison de touristes horripilants a enfin levé l’ancre.
C’était le moment idéal. Calme. Silence. Harmonie.
Sauf que Sven ne pouvait hélas pas s’empêcher de combler le silence et de détruire cet instant : « Et si on se tire une balle ? Dans la tête ? Dans le cœur ? Aucune de ces méthodes n’est totalement sûre et rien ne garantit non plus que ce soit indolore. »
Il mordit de nouveau dans le burger pour continuer de plus belle : « Quoi d’autre ? Ah oui : sauter du pont ? Super. La mort n’est pas garantie et si ça rate, on dit « aïe » ! Une intoxication au monoxyde de carbone dans le garage n’a sans doute pas un effet très grisant non plus. Bon. Grisant, mais... »
Sven gesticula : « Vous voyez ce que je veux dire ! Il faut aussi se décider rapidement. Quand tout le monde aura des voitures électriques, c’en sera fini du suicide selon la méthode favorite des Allemands. Et surtout : les écolos bon teint en seront pour leurs frais. Combien de CO² un suicide coûte-t-il en fait ? L’exit proprement dit aux frais du dépérissement des forêts ? »
Sven s’excitait en parlant tandis que Dieu-tlef faisait la sourde oreille, une tactique qu’il avait perfectionnée grâce à Sophie : non seulement il faisait semblant de ne pas avoir tout entendu, mais les paroles le traversaient sans que son esprit ait pris de dispositions pour les traiter. Sven aurait tout aussi bien pu parler russe ou chinois, cela n’aurait fait aucune différence. Dieu-tlef devait en toutes circonstances résister au réflexe de lancer des « oui, ma chérie » à intervalles réguliers.
Sophie continuait par contre à écouter attentivement au point d’en oublier de trifouiller dans sa verdure.
- Une guillotine ferait peut-être l’affaire. Oui, ce serait possible. Ça pourrait être indolore, à condition d’agir assez vite. Mais qui a encore un tel engin chez soi ? En trouve-t-on sur eBay ? Ou y a-t-il un manuel pour en bricoler une soi-même chez Hornbach[5] ? Tu trouves toutes les merdes possibles et imaginables sur Internet ! Mein Kampf du dingo autrichien et des fétiches runiques proposés harmonieusement sur Internet avec Le Capital du plus barbant des Marx Brothers. Et deux clics plus loin, un mode d’emploi génial pour confectionner une bombe dans The Anarchist Cookbook sur le cloud. Mais quand on a besoin d’une guillotine, il n’y avait pas moyen d’en trouver.
Sven dut suspendre brièvement le cours de ses folles pensées pour écarter couteau et fourchette, enfourner des deux mains le tiers restant du burger et y mordre à pleines dents. Sa bouche manquait à ce moment-là de toute aptitude au multitasking.
Si Sven et Dieu-tlef avaient été assis aujourd’hui tous les deux dans le temple du burger, l’histoire se serait achevée au plus tard maintenant. Et vous, chers lecteurs, auriez pu refermer le livre en vous demandant ce qui vous a pris de dépenser autant d’argent pour ces quelques pages. On trouve en effet des écrits de scientologie pour moins cher, y compris toutes les phases des illuminations de Ron Hubbard signées en personne et avec un avant-propos de Gene Roddenberry.
Mais c’était différent cette fois-ci : Sophie était assise avec eux à la table. Et cela allonge et complique exponentiellement l’histoire. Les lecteurs peuvent y voir un avantage, mais Sven s’en serait sans doute volontiers passé. Vous ou Sophie n’y êtes sans doute pour rien, il s’agit d’une simple question de karma. Le destin aurait ainsi trouvé un autre moyen de rudoyer Sven si Sophie n’avait pas donné le coup d’envoi. Ne vous inquiétez : son karma se porte très bien.
- Il ne faut pas rigoler avec ça, répondit doucement Sophie. « Tu devrais vraiment aller voir quelqu’un si tu as ce genre de pensées. »
- Ce n’est pas ce que je fais en ce moment ? répondit Sven en dévorant son burger avec bonne humeur.
Dieu-tlef se mêla alors de nouveau à la conversation : « Des somnifères, ça pourrait marcher. Aïe ! »
L’exclamation ne faisait en réalité pas partie de l’exposé thématique qu’il avait envisagé, mais était due au fait que Sophie lui avait filé un grand coup de lattes dans le genou gauche. Ce qui n’était pas une tâche facile, si on y réfléchit bien, car les sièges autour de la table rappelaient plutôt des tabourets de bar et véhiculaient, en raison de leur inconfort, le slogan traditionnel du fast-food : « Heureux de vous accueillir, mais cassez-vous dès que vous aurez fini ».
Sophie aurait sans doute basculé vers l’arrière dans le feu de l’action si le dos d’un autre client de cette gastronomie en batterie ne l’avait pas retenue.
- Arrête de lui donner des tuyaux, rembarra-t-elle son fiancé avec colère.
La bouche de Sven se fendit d’un sourire jusqu’aux oreilles alors que Dieu-tlef se contentait de secouer la tête : « Il ne parle pas sérieusement ! » Mais son regard disait : « Tu sais bien que Sven est cinglé. »
- Ah, ah, qui sait ! dit Sven, se plaisant de toute évidence à jeter de l’huile sur le feu.
Sven avait de quoi se réjouir. Il savait pertinemment que Dieu-tlef avait maintenant un couple d’heures très pénibles devant lui au cours desquelles il serait avant tout question du type complètement à la masse qui répondait au nom de Sven. Mais de telles choses arrivent, même entre de bons amis : on veille à ne pas se rendre la vie trop facile.
Sven fit passer la dernière bouchée de son burger avec un peu de coca. Il étouffa un rot et se leva. Sophie et Dieu-tlef firent de même (pour ce qui est de se lever et non d’étouffer un rot) et tous trois sortirent sans se presser sur le Jungfernstieg encombré de monde où Sven prit congé des deux autres.
Ces adieux s’exprimaient comme d’habitude par la phrase la plus courte possible comme à plus, tschö, le ciao hambourgeois traditionnel ou d’autres paroles plus ou moins créatives. Sven s’apprêtait encore une fois à ajouter un commentaire spirituel de circonstance, mais ne put se livrer à la cérémonie d’adieux abrégés car Sophie, ô surprise, le prit dans ses bras en lui disant prends soin de toi comme s’ils n’allaient plus jamais se revoir.
Bien qu’horripilé par cette réaction, Sven haussa les épaules et se dirigea nonchalamment vers la station de métro la plus proche, tandis que Dieu-tlef allait passer le reste de la journée à faire la tournée des boutiques hors de prix à proximité du Binnenalster avec une compagne de mauvais poil.
Et chez Sophie, la mauvaise humeur coûtait en général les yeux de la tête.
Chapitre II
Le cœur de Sankt Pauli
Das Herz von St. Pauli, das ist meine Heimat.
In Hamburg, da bin ich zu Haus.
Der Hafen, die Lichter, die Sehnsucht begleiten
das Schiff in die Ferne hinaus.
Das Herz von St. Pauli, das ruft mich zurück,
denn dort an der Elbe, da wartet mein Glück[6]
(Hans Albers)
Sven était en fait loin de vouloir attenter à ses jours. Cela lui aurait coûté beaucoup trop d’efforts. Et il détestait les efforts démesurés.
Il n’était en réalité pas dans les meilleures dispositions d’esprit : sa carrière professionnelle piétinait ; lors de l’entretien d’embauche comme programmeur Internet et webdesigner dans l’agence de pub chic au centre-ville de Hambourg qui bénéficiait d’un accès idéal au métro et au fast-food, l’ambiance confraternelle lui était apparue nettement plus importante que le salaire. Mais d’un autre côté, cela ne lui aurait pas fait de mal de gagner un peu plus de fric. Et la promesse de Bonne ambiance garantie ne s’était pas non plus vraiment vérifiée. Les programmeurs Internet semblaient malheureusement pulluler et du coup, ils touchaient des salaires de singes savants. À 32 ans, il avait espéré connaître une belle envolée de sa vie professionnelle.
Comme si la situation n’était pas assez déplorable, il fallut que son humeur dépende directement de la réussite du FC Sankt Pauli. Ce dernier venait d’être relégué sans tambour ni trompette en deuxième division après une courte apparition dans le gotha du football. Et pour couronner le tout, l’entraîneur du FC Sankt Pauli, Holger Stani Stanislawski, avait déserté pour rejoindre le concurrent Hoffenheim et un type de Paderborn justement était désormais chargé de tout régenter. Il était aussi chauve que son prédécesseur : dans l’état actuel des choses, on acceptait tous les bons présages avec gratitude.
Mais ça n’avait pas d’importance du moins pour l’instant, car le week-end débutait avec des perspectives réjouissantes : le premier match à domicile allait se jouer après l’interminable trêve estivale.
Sven attrapa son téléphone portable et appela son pote Benny. Il essaya du moins, car malgré l’incroyable fluidité avec laquelle le bijou blanc à la pomme à demi croquée au revers traversait les étendues incommensurables de l’internet, sa tentative d’appeler son pote fut un fiasco total. Bizarrement, Sven n’en fut ni surpris, ni contrarié.
Personne n’achète un iPhone pour téléphoner, se dit-il.
Sven était un geek et s’en glorifiait presque. Pour téléphoner, il avait un appareil mobile à clapet ancien qui datait de l’époque où les portables ne s’appelaient pas encore portables ou smartphones et où les sonneries polyphoniques étaient la seule fonction moderne que des téléphones mobiles pouvaient offrir en dehors de celle de téléphoner et d’envoyer des SMS. Cet appareil fonctionnait toujours, ce