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Trouble en Egypte : la colère de Bastet
Trouble en Egypte : la colère de Bastet
Trouble en Egypte : la colère de Bastet
Livre électronique291 pages4 heures

Trouble en Egypte : la colère de Bastet

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À propos de ce livre électronique

Altares, le chat du pharaon Ramsès II, a été assassiné. Devant ce drame, Bastet, la déesse protectrice des chats, se fâche et déclenche dix terribles cataclysmes sur le pays.

Nety, une fillette de dix ans, va alors tout mettre en œuvre pour retrouver l'auteur de ce crime. Sur les conseils de son grand-père, que l'on a injustement accusé, elle ira trouver les dieux pour requérir leur aide. Car seuls des artefacts sacrés pourront l'aider à identifier le meurtrier.

Du temple d'Abou Simbel jusqu'à la cité de Saqqarah, notre héroïne partira explorer les sites les plus célèbres du pays en quête d'indices. Et ce, en compagnie du fantôme d'Altares, dont l'âme ne trouvera pas de repos tant que l'identité de l'assassin n'aura pas été révélée...

LangueFrançais
Date de sortie22 févr. 2017
ISBN9782917064009
Trouble en Egypte : la colère de Bastet
Auteur

Nanny Silvestre

Originaire de La Provence dans le sud de la France, Nanny Silvestre, née le 05 Mai 1979, a décidé de quitter amis et famille pour s'établir définitivement au Canada, dans la province de Québec, où elle trouve toute l'inspiration nécessaire pour sa carrière d'artiste.   Elle est aujourd'hui franco-canadienne. Dotée d'une imagination sans limite, elle continue de développer sa bibliographie au fil des ans. De caractère persévérante et fonceuse mais solitaire, elle écrit depuis l'âge de dix-sept ans  et s'est également mise en affaires dès sa sortie du lycée.  Après avoir effectué une réorientation de carrière et obtenu un nouveau diplôme en 2013, elle est aujourd'hui transcriptrice juridique et médicale de profession et travaille à partir de son domicile, ce qui lui procure tout le temps nécessaire pour poursuivre sa carrière d'artiste en parallèle. En 2016, elle crée la bannière Sylwest Production qui englobe à la fois tous ses romans et des applications ou jeux Smartphone. Nanny Silvestre, dotée de multiples talents, réalise tout elle-même : la programmation de ses jeux (à l'aide de logiciels pré-établis) les scénarios, le design, la publication ; et concernant ses romans, elle s'est également occupé de la mise en page, de l'histoire, de l'édition, des illustrations, des couvertures, etc). Et bien sûr, son site web au complet et le côté marketing, publicités, ventes, etc.  ​ Aujourd'hui en 2017, elle souhaiterait passer un peu le relai et recherche un agent ou un éditeur qui voudrait bien la prendre en charge, elle et toutes ses créations. 

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    Aperçu du livre

    Trouble en Egypte - Nanny Silvestre

    1 . Une terrible tragédie

    ––––––––

    Egypte ; Nouvel Empire. An 1265 av J.C. Les premières lueurs de l’aube venaient à peine de se refléter contre les murs de la cité d’Abydos. Mais voilà que déjà, des bruits de pas rapides résonnaient dans les couloirs du palais ; une personne visiblement pressée accourait vers la chambre de Ramsès II.

    – Pharaon ! Criait-il. C’est terrible, Pharaon !

    – Halte là ! Stoppèrent les gardes qui étaient postés à l’entrée. Pour qui te prends-tu à vouloir entrer dans la chambre de notre pharaon avec autant de hâte ?

    – J’ai une importante révélation à lui faire ! Rétorqua l’homme. Je vous en conjure : laissez-moi passer !

    – Pfeuu ! Et pourquoi te laisserions-nous passer ? Tu n’es qu’un simple domestique, après tout ! Etre le chef de tous les autres servants de ce palais ne te donne pas tous les droits ! Si tu veux informer le divin Ramsès de quelque chose, tu devras d’abord nous en faire part !

    – Mais je...

    (Le serviteur allait pour continuer sa phrase mais la porte de la chambre s’ouvrit brusquement.)

    – Allons, allons, messieurs. Quelle est la cause de tout ce tapage ?

    C’était Ramsès II en personne. Il était grand, roux et était plutôt jeune pour un souverain. En effet, il n’était âgé que d’une trentaine d’années ; ce qui ne l’empêchait pourtant pas d’être sage.

    – Pharaon, firent les gardes en s’agenouillant devant lui. Cet énergumène dit avoir d’importantes nouvelles à vous annoncer.

    – Tiens, Râmès, mon domestique le plus fidèle, dit le pharaon. Que me veux-tu ?

    – Il faut que vous veniez avec moi... Supplia le domestique en se prosternant à terre. C’est terrible, Ô fils d’Amon...

    – Notre Pharaon ne se déplace pas pour des futilités, coupa sèchement le garde.

    – Que se passe-t-il, mon très cher mari ? Intervint Néfertari, l’épouse préférée de Ramsès.

    – Ce n’est rien, ma dame de charme. Allez donc vous recoucher, je vous rejoindrai dans cinq minutes...

    – Bien. Comme vous voudrez, mon cher époux.

    (Néfertari referma la porte de la chambre et s’en retourna dans son lit.)

    – Pharaon, insista Râmès. Vous ne comprenez pas... C’est votre chat, Pharaon...

    (Entendant ces mots, le visage de Ramsès pâlît.)

    – Que... Que dis-tu ?! Demanda-t-il tremblant. Vas-y : parle ! Dis-moi ce qui est arrivé à Altarès !

    – Venez avec moi, invita Râmès. C’est bien trop affreux pour être décrit...

    Inquiet, le pharaon n’hésita pas à suivre son domestique. Les deux gardes leur emboîtèrent le pas.

    Ils durent parcourir plusieurs couloirs, puis gravir et descendre grand nombre de marches avant d’arriver dans l’antichambre[*] du palais. De toute évidence, c’était ici que s’était déroulé l’événement mystérieux dont ne voulait pas parler le domestique. En effet, un attroupement s’était formé au centre de la pièce ; un attroupement composé essentiellement de servantes.

    – Ecartez-vous, s’il vous plaît ! Ordonna Râmès.

    Les femmes obéirent sans protester et reculèrent en lançant un regard attristé au pharaon. Ce dernier eut alors un très mauvais pressentiment. Lentement, il s’avança vers le centre d’attention ; tout le monde se tut instantanément dans la salle.

    – Par Osiris... Finit-il par dire, tremblant. Non... Ce n’est pas possible...

    – Je l’ai trouvé ce matin, Pharaon, annonça Râmès. Lorsque je suis entré dans le palais pour exécuter mes tâches quotidiennes...

    L’Abyssin[*]² auquel tenait tant le pharaon était allongé à terre, sans vie. De la bave coulait de sa gueule, ce qui portait à croire qu’il avait été... empoisonné.

    – On l’a assassiné... Fit Ramsès II tremblant. Qui a pu oser faire une chose pareille ?! Ce chat était ce que j’avais de plus cher !

    (Les domestiques reculèrent d’un pas ; ils n’avaient jamais vu leur souverain dans un tel état de rage.)

    Que le responsable se dénonce immédiatement ! Hurla-t-il en cherchant à croiser un éventuel regard coupable.

    (Mais bien évidemment, personne n’osa prononcer le moindre mot.)

    Très bien ! Puisque c’est ainsi, que toutes les personnes travaillant au palais se réunissent dans la salle du trône ! Et je n’accepterai aucune exception !

    Et sur ces paroles peu amicales, Ramsès quitta l’antichambre. Tous les domestiques présents soupirèrent, partiellement soulagés. Mais aucun d’entre eux n’osa parler. Chacun se dévisageait avec méfiance, comme pour chercher l’éventuel coupable de ce carnage. Comme personne ne semblait vouloir bouger, Râmès se décida à prendre la parole : il ordonna à tous les servants de le suivre. Hommes et femmes s’exécutèrent sans protester. Une demi-heure plus tard, les deux cent personnes qui travaillaient au palais s’étaient réunies devant le pharaon et son épouse. Il y avait là jardiniers, femmes de ménage et domestiques de toutes sortes. Même le devin personnel du pharaon était présent : un homme d’un âge avancé que tout le monde considérait comme un vieux fou. Il ne manquait plus qu’une seule personne à l’appel, mais cette dernière ne tarda pas à arriver.

    – Pharaon ! Je viens d’apprendre la triste nouvelle !

    L’homme qui venait de parler était le conseiller personnel de Ramsès : son grand vizir, Paser. Il était vêtu d’une longue robe de couleur sombre et portait une coiffe sur la tête. Comme tout Egyptien qui se respectait, son visage était maquillé de traits noirs fort prononcés ; chose qui ne faisait qu’accroître l’air vicieux qu’il arborait malgré lui. Et comme si cela ne suffisait pas, le vizir avait pour habitude de garder ses mains jointes au niveau de sa poitrine, tout en tapotant nerveusement ses doigts les uns contre les autres. Sans doute était-ce pour tout cela que personne ne l’aimait au palais. Personne, sauf le pharaon, bien sûr, qui lui accordait une confiance totale.

    – Ha ! Paser ! Te voilà enfin ! Dit Ramsès visiblement soulagé. Puisque tout le monde est là, l’audience va pouvoir commencer. Ahmes ! Appela-t-il. Es-tu prêt à noter tout ce qui se dira dans cette pièce ?

    – Oui, Ô grand parmi les grands, répondit le scribe.

    – Très bien, fit Ramsès satisfait. Paser, je te charge de retrouver le coupable du crime parmi toutes les personnes présentes dans cette salle !

    – Mais avec grand plaisir, Pharaon... Acquiesça le vizir.

    En entendant cela, personne ne fut rassuré dans la salle. Car si les domestiques du palais n’aimaient pas le vizir, ce dernier ne les portait pas non plus dans son coeur. Et il était bien capable d’utiliser l’événement tragique qui venait de se dérouler à l’encontre de quelques domestiques qu’il voulait voir quitter le palais.

    Avec assurance, il se mit à marcher à travers les rangs, observant ses victimes de son habituel sourire narquois. Dans le vice qui le caractérisait si bien, il s’amusait de temps à autre à s’arrêter devant un sujet et à le dévisager de la tête aux pieds jusqu’à ce que la sueur perle sur le front de celui-ci.

    – Alors, Paser ! S’impatienta le pharaon. Si tu as le moindre doute sur quelqu’un, parle, je t’en conjure ! Ma soif de vengeance ne saurait attendre !

    – C’est difficile, Pharaon... Beaucoup me paraissent suspect.

    (A ces mots, le sang de plusieurs des domestiques bouillit de rage.)

    Pourtant.... Commença le vizir sans finir sa phrase.

    – Eh bien, quoi ? Qu’y a-t-il ? Penses-tu à quelque chose ?

    – Un détail vient de me revenir en mémoire, en effet, dit Paser d’une voix posée.

    (Il s’approcha du vieux devin, tout en continuant d’agiter ses doigts d’un air satisfait.)

    Il y a deux jours de cela, notre cher devin ici présent a déclaré avoir besoin de moustaches de chats pour concocter l’une des ses stupides potions.

    – Non... Je n’aurai jamais... Se défendit le vieil homme.

    – Silence ! Intervint le pharaon. Paser, continue s’il te plaît.

    – Je n’ai rien d’autre à ajouter, Pharaon. Je faisais simplement remarquer que nous avions là un suspect de qualité...

    – Irahtep ! Qu’est-ce que cela signifie ?! Hurla Ramsès. Est-il vrai que tu as déclaré avoir besoin de moustaches de chats pour l’une de tes expériences ? Réponds !

    – Oui, c’est exact, répondit le vieil homme tremblant. Mais... je ne m’en suis pas procuré... Les moustaches de chats font effectivement partie des ingrédients de la potion de vision du futur sur laquelle je travaille en ce moment, mais je...

    – Très bien ! J’en ai assez entendu ! Qu’on le jette aux cachots ! Ordonna Ramsès II.

    – Mais avec grand plaisir, Pharaon, acquiesça cyniquement le vizir. Allez, suis-moi, dit-il en attrapant le bras d’Irahtep.

    – Non ! Lâchez-le ! Protesta une petite voix.

    Intrigué, le pharaon se redressa sur son trône : il vit alors une petite fille qui semblait s’agripper au bras du vieil homme. Elle était revêtue d’une robe de soie rose et avait le crâne rasé, comme tous les enfants de son âge ; seule une longue tresse noire retombait sur le côté de son visage.

    – Qui est cette enfant ? Finit-il par demander.

    – C’est... C’est ma petite fille, Pharaon... Répondit le devin. Elle a perdu ses parents... Elle n’a plus que moi... Je suis sa seule famille et elle n’a que dix ans... S’il vous plait, ne nous séparez pas !

    – Ne t’inquiète pas, intervint Néfertari bienveillante. Nous nous chargerons de lui trouver un tuteur.

    – L’heure n’est pas aux sentiments familiaux ! Objecta Paser en tirant Irhatep par le bras. Allez, viens, je te dis !

    – Nety ! S’écria le vieil homme.

    – Grand-père !

    Des gardes intervinrent pour maintenir la petite fille tandis que le vizir emmenait son grand-père aux cachots. Néfertari se leva alors pour tenter de calmer l’enfant, mais en vain : la petite Nety ne cessait de sangloter.

    L’infâme vizir revint dans la pièce quelques instants plus tard. Mais alors que Ramsès allait pour le féliciter, un orage éclata soudain dehors. Intrigués par l’intensité de celui-ci, les domestiques s’approchèrent de la fenêtre. Mais un éclair frappa la cour du jardin extérieur et les fit vite reculer. Rapidement, le ciel s’assombrit jusqu’à devenir noir ébène. Plus personne n’osa bouger dans la salle du trône ; le pharaon lui-même était terrorisé. C’est alors qu’un tourbillon de poussière se forma dans la pièce. Peu à peu, il se matérialisa en une silhouette gigantesque que tous reconnurent immédiatement : c’était Bastet, la déesse protectrice des chats.

    Tout comme la légende le disait à son sujet, sa tête était entièrement féline. Mais son corps, lui, était bel et bien humain. Un voile de couleur mauve le dissimulait en quasi-totalité, tout en laissant néanmoins paraître ses mains et ses jambes. Ce qui permit à l’assemblée de voir que la peau de la déesse était bleue.

    – Sacrilège ! Hurla-t-elle. Les chats sont des animaux sacrés ! Celui qui a osé assassiner l’un d’entre eux mérite les pires châtiments !

    Toutes les personnes présentes dans la salle restèrent pétrifiées de terreur. Bastet était réputée pour être partisane de la joie plus que de la colère. Jamais aucun Egyptien par delà les siècles ne l’avaient vu dans un tel état de rage ! Malgré cela, Ramsès II rassembla tout son courage et se prosterna devant elle pour tenter de converser.

    – Bastet, Ô divinité vénérée depuis la nuit des temps... Nous tenons le coupable. Il s’agit d’un aliéné, qui prétend être un devin aux intentions honorables. Il nous a avoué son crime, tout à l’heure, aussi nous l’avons fait enfermé dans les cachots. Mais nous sommes tout à fait disposés à te faire don de son corps, si cela peut apaiser ta colère...

    – Silence, stupide mortel ! Cria Bastet. Cet homme n’était pas coupable, je le sais... Vous avez commis une erreur, et elle est impardonnable ! Pour cela, vous méritez une punition : que ma colère se déchaîne sur vous !

    – Déesse de toutes les déesses, pitié... Je vous en conjure... Supplia le pharaon.

    – Je n’ai que faire de vos supplications ! Rétorqua Bastet. Il est trop tard pour vous faire pardonner ! En guise de punition, vous subirez les dix châtiments les plus terribles qu’un homme puisse craindre ! Qu’il en soit ainsi ! Ha Ha Ha Ha !

    Et la déesse s’évapora en laissant son rire résonner dans la salle. L’orage cessa instantanément dehors, ce qui permit au pharaon et à ses domestiques de se rassurer.

    – Qu’allons-nous faire, Pharaon ? Demandèrent plusieurs voix alarmées. Déclencher la colère d’un dieu est la chose la plus terrible que nous aurions pu faire !

    – Pfeuuu ! Fit le vizir en haussant les épaules. Foutaises que ces superstitions. Votre déesse a simplement voulu vous menacer, voilà tout ! Il faut exécuter le prisonnier, point final !

    – Non ! Se révolta Nety.

    – Mhmmm... A dire vrai, je dois avouer que je ne suis plus très sûr de savoir que faire, répondit le pharaon soucieux. Peut-être devrions-nous le libérer... Qu’en pensez-vous, ma douce d’amour ?

    – Bastet est l’une des déesses que nous avons toujours vénérée, répondit Néfertari aussi secouée que son époux. M’est avis qu’il ne vaudrait mieux pas la contrarier...

    – Puisque la déesse vous a dit que mon grand-père était innocent... Défendit la petite fille.

    – Silence, petite ! Gronda Paser. Nous ne t’avons pas demandé ton avis ! Pharaon ?...

    – Très bien, dit Ramsès. Laissez-le aux cachots, du moins, pour le moment. Ainsi, nous serons certains qu’il ne fera plus de mal à personne ! Quant au sort que nous lui réservons, nous y réfléchirons plus tard...

    – Très bien... A vos ordres, Pharaon, dit le vizir satisfait.

    En entendant cela, les domestiques ne furent guère rassurés. Tous échangèrent des regards inquiets. En effet, s’entêter à ignorer la volonté de Bastet ne présageait rien de bon... Et ils n’avaient pas tord, car quelques secondes après seulement, un garde du palais arriva dans la salle en courant.

    – Ph... Pharaon... Balbutia-t-il, la mine décomposée.

    – Quoi ? Que se passe-t-il ? Interrogea le pharaon inquiet.

    – La...La fontaine. La Fontaine du jardin, Pharaon... Son eau a été remplacée par du sang !

    – Comment ? Que dis-tu ? C’est impossible !

    – Oh, miséricorde ! Fit Néfertari angoissée.

    – Je vous assure, Pharaon, insista le garde. Du sang jaillit bien de la fontaine ! Venez donc voir par vous-même !

    Fort soucieux, le pharaon se leva et suivit le garde jusque dans la cour du palais. Son épouse et tous ses sujets le suivirent, intrigués et terrorisés à la fois. Paser ne tarda pas à les rejoindre, après s’être débarrassé de son prisonnier.

    – Par tous les dieux ! S’exclama le pharaon interdit.

    – Bastet disait vrai, murmurèrent plusieurs voix dans la foule. Ce doit être le premier des dix châtiments qu’elle a lancé sur le pays !

    La panique s’installa rapidement au sein des domestiques. Le pharaon s’essaya à les calmer mais aucun d’entre eux ne voulut l’écouter. Chacun était bien trop terrorisé par ce qu’il risquait d’arriver. Nety, la petite-fille du devin, profita de cette agitation pour s’éclipser discrètement de la foule et aller retrouver son grand-père aux cachots. En effet, la panique était telle au palais que même les gardes de la prison avaient délaissé leur poste pour rejoindre l’attroupement extérieur.

    Connaissant le palais sur le bout des doigts, la fillette n’eut aucun mal à retrouver le chemin qui conduisait aux cellules. Ainsi, elle ne tarda pas à retrouver celle qui retenait prisonnier son grand-père. Mais elle fut horrifiée de voir comment ce dernier avait été traité : on l’avait menotté au mur comme un vulgaire esclave. De plus, on l’avait dépouillé de presque tous ses vêtements : il n’avait plus qu’une robe blanche délavée pour lui recouvrir les hanches. Sa barbe grisonnante paraissait plus longue que d’habitude car elle ondulait jusqu’au niveau de ses genoux. Mais cette impression était sans doute due au fait que le vieil homme avait la tête penchée vers l’avant, son crâne lisse mis en évidence. En voyant cela, Nety craignit un instant que son aïeul soit inconscient.

    – Grand-père ! Appela-t-elle inquiète.

    – Nety ! Répondit le vieillard surpris. Que fais-tu ici ?

    – Par les dieux, tu es vivant... Soupira-t-elle rassurée. C’est la panique, là-haut ! Alors j’en ai profité pour venir te voir et essayer de te délivrer.

    (Tout en disant cela, elle tira de toutes ses forces sur les barreaux à l’aide de ses petites mains ; mais en vain.)

    Rien à faire... Soupira-t-elle en rejetant sa tresse derrière son épaule.

    (Emu, le vieil homme lui sourit tendrement.)

    Je sais que tu es innocent, grand-père ! Il faut que tu sortes de là !

    – Il y a parfois des injustices dans le monde, mon enfant, répondit le devin. C’est comme ça et on n’y peut rien.

    – Mais... Bastet a déclenché sa colère sur toute l’Egypte ! On ne peut tout de même pas laisser faire ça !

    – Mhmmm... Tu m’as l’air d’être tout à fait le genre de personne que je recherchais... Dit soudain une voix mystérieuse.

    – Qui... Qui a parlé ? Demanda Nety intriguée tout en cherchant son interlocuteur du regard.

    Un esprit apparut alors sous ses yeux. Pendant un instant, notre jeune héroïne crut rêver et dut se frotter les paupières pour s’assurer de la réalité. Mais elle dut bien se rendre à l’évidence : un fantôme de chat était en train de flotter dans les airs devant elle.

    – Quoi ? Qu’y a-t-il, mon enfant ? Interrogea le grand-père.

    – Il ne me voit pas, expliqua le fantôme du chat. Tu es la seule à le pouvoir.

    – Tu... Tu es... Balbutia Nety encore sous le choc.

    – Altarès. Le chat de Ramsès qui vient d’être assassiné ! Confirma l’esprit d’un air amusé. Tu as l’air bien surprise.

    – Eh bien... C’est-à-dire que... Ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de discuter avec un esprit, répondit la fillette.

    – Vas-tu enfin me dire à qui tu parles ? S’impatienta le vieil homme. Ma petite-fille est devenue folle !

    Devant l’insistance d’Irahtep, Nety se décida à répondre aux interrogations de celui-ci. Bien évidemment, le vieillard eut du mal à la croire. Mais il s’avoua finalement vaincu et écouta avec attention ce que le chat avait à leur dire ; Nety lui traduisant chaque phrase au fur et à mesure.

    D’après Altarès, son âme ne trouverait pas de repos tant qu’il n’aurait pas débusqué le véritable coupable du crime dont il avait été victime. Malheureusement, il ne savait pas lui-même qui l’avait empoisonné. C’est pourquoi il cherchait quelqu’un pour mener l’enquête à sa place et dénoncer le criminel.

    – Et la colère de Bastet ne s’apaisera pas tant que l’on n’aura pas retrouvé mon meurtrier, conclut le chat.

    – Je vois, fit la fillette. Mais au fait... Comment cela se fait-il que je sois la seule à t’apercevoir ?

    – C’est parce que tu es une petite fille innocente qui croit en beaucoup de choses et qui es toujours prête à aider son prochain. C’est cette naïveté qui a permis à tes yeux de me voir.

    La fillette allait lui poser d’autres questions mais des bruits de pas se firent soudain entendre dans le couloir.

    – Les gardes ! S’alarma le grand-père. Ils reviennent ! Va-t-en ! Vite !

    – Mais... Et toi, grand-père ?

    – Ne t’inquiète pas pour moi et sors d’ici avant qu’ils ne te trouvent !

    – Mais... Où vais-je aller ? Je ne sais même pas par quoi commencer pour retrouver l’assassin d’Altarès...

    – A ce sujet, j’ai peut-être quelques suggestions à te faire, répondit le grand-père. Viens me retrouver ce soir à la fenêtre de ma cellule, lorsque la nuit sera tombée. Mais pour l’heure, essaye de sortir du palais sans te faire voir !

    – Très bien ! Fit Nety déterminée. A ce soir grand-père !

    Et elle partit sans plus tarder se cacher derrière un pilier. Il était temps, car deux gardes en armure arrivaient au bas des marches. Sceptiques quant au fait d’avoir entendu du bruit, ils allèrent interroger Irhatep. Notre jeune héroïne en profita alors pour se faufiler derrière leur dos et s’enfuir ensuite par l’escalier. Arrivée au sommet des marches, elle n’attendit pas qu’un domestique l’aperçoive et fila en toute hâte vers la sortie du palais. Par chance, les événements récents avaient suffisamment secoué les domestiques pour que ceux-ci ne soient pas retournés à leur poste. En effet, tous les couloirs et les salles que Nety empruntaient étaient déserts. Même l’antichambre n’était pas gardée. En revanche, ce n’était pas le cas du jardin extérieur, car un attroupement de domestiques s’y trouvait ; sans doute pour chercher un moyen de purifier les eaux du palais. Mais ceux-ci étaient si concentrés sur ce fléau qu’ils ne semblaient pas prêter attention à ce qui se trouvait autour d’eux. Ainsi, notre petite Nety put s’éclipser sans encombre : elle longea le mur Ouest qui clôturait le jardin et se retrouva rapidement devant la chapelle qui était attenante au palais. Là, elle regarda une dernière fois derrière elle pour s’assurer que personne ne l’avait vu puis entra dans le bâtiment. Ce n’est que lorsqu’elle fut certaine d’être seule et en sécurité qu’elle se laissa choir sur le sol.

    – Pfioouu... Soupira-t-elle. Je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie !

    – Et maintenant ? Demanda l’esprit d’Altarès qui l’avait suivi.

    – Attendons ici jusqu’à la tombée de la nuit. Je pense que personne ne viendra nous y chercher. Ensuite, nous sortirons discrètement. Je sais qu’il existe une porte, au fond, qui donne accès à l’extérieur du palais.

    L’Abyssin acquiesça sans mot dire. Nety se releva et alla s’allonger sur l’un des bancs de la chapelle pour essayer de dormir un peu. Altarès la rejoignit et se blottit en boule contre elle, tel qu’il avait l’habitude de le faire lorsqu’il était encore en vie. Nos deux héros s’assoupirent ainsi, attendant patiemment que Rê[*] ne décide lui aussi de se coucher.

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