Trahisons Intemporelles

Par David Miolard

A un moment crucial, par cupidité, haine ou méchanceté, ils commettent l’irréparable.
Quand l'audace et l'ambition rencontrent l'immoralité la plus profonde, elles donnent naissance à des êtres si ténébreux que leur vie entre dans la légende par la petite porte.
De la haute antiquité au 21è siècle, ces cinq nouvelles révèlent le caractère intemporel de la félonie.

• Langue: Français
• Éditeur: David Miolard
• Date de sortie: 3 janv. 2017
• ISBN: 9781370712700

David Miolard

Né en Guadeloupe en 1976, David Miolard a grandi à l'ombre de "La Vieille Dame", plus connue sous le nom de "Soufrière". Amoureux de bandes dessinées dès son jeune âge (Achille Talon, Tuniques bleues, Marvel Comics, heroic fantasy) , l'enfant du volcan s'illustra rapidement aux jeux floraux de son île.Encouragé par ce succès "d'estime", il affina sa plume au cours des années, en participant à divers documentaires et revues historiques, et en écrivant des nouvelles."Le Soleil de Cristal" est le premier roman du jeune auteur guadeloupéen, "Trahisons Intemporelles" son premier recueil de nouvelles.

Aperçu du livre

Il y a de cela des millénaires, en l'an de misère 321, l’Empire perse fut la proie d'une terrible créature : Jormungand, le dragon scandinave. On racontait que c'était le seul titan encore en vie. Il surgissait de nulle part et fondait sournoisement sur ses adversaires, ne leur laissant aucune chance. Il les dévorait littéralement. Par une nuit funeste, il massacra un village entier, attirant de bien triste façon vers lui l'attention de Xerxès le grand.

Ce dernier, habité par une immense fureur, leva une armée dont il prit la tête en personne pour aller terrasser l'ennemi antique. Ils marchèrent aux confins du Royaume où ils le trouvèrent finalement. Jormungand se défendit vaillamment, mais fut maté par l'expérience des soldats perses. Il parvint toutefois à s'échapper in extremis et se replia dans les hauts plateaux. Une fois hors de danger, il y choisit une montagne particulièrement accueillante, située non loin de la mer, et en fit son antre.

Mi-serpent, mi-dragon, il se mouvait à la manière des reptiles, mais était capable de voler comme un aigle. Haut comme trois gorilles, ses deux membres supérieurs étaient pourvus de griffes acérées à souhait.

Il se nourrissait de bêtes sauvages afin de rester discret, même si cela s'apparentait à une diète drastique pour lui. Il avait survécu jusque-là grâce à sa redoutable intelligence, mais sentait bien que les temps changeaient, et qu'à mesure que les hommes inventeraient de nouvelles armes, il lui serait de plus en plus difficile de les affronter. Alors qu'il contemplait les environs depuis le sommet de l’aiguille, avec une pensée empreinte d'une profonde nostalgie pour l'époque où il était invincible ; il remarqua la présence d'un petit village, niché dans une magnifique prairie, entre le pied de la montagne et l'océan. Le caractère modeste de ses habitations et le délabrement ostensible des rues trahissaient une certaine pauvreté, que le cadre idyllique ne parvenait pas à dissimuler.

En observant plus attentivement les lieux, il distingua cinq ouvriers qui s'affairaient, la pioche à la main, dans une cavité creusée non loin de là. Le serpent ancien sourit sadiquement, déploya ses ailes puis s'envola vers la mine. Peu de temps après, il se posa à quelques mètres des travailleurs, qui lui firent face, tétanisés. Ils n'avaient aucune échappatoire. Derrière eux, la grotte qui ne faisait que quelques mètres, et devant eux le titan qui leur interdisait toute tentative de fuite éventuelle.

C'est alors que celui-ci prit la parole :

— « Je pourrais vous déchiqueter en un clin d'oeil, humains ! Cependant, je n'en ferai rien ! J'ai même une bonne nouvelle à vous annoncer. Menez-moi sans tarder au chef de votre village. »

Bien qu'extrêmement sceptiques, ils le guidèrent vers leur communauté. Avaient-ils vraiment le choix ?

Après avoir descendu la montagne et traversé une magnifique plaine, ils arrivèrent à la ville natale des mineurs. À la vue du dragon, les enfants et les femmes furent vite évacués, tandis que les hommes présents accoururent, en brandissant leurs outils agricoles comme autant d'armes.

— « Je viens en paix ! J'ai un pacte à vous proposer ! », clama solennellement Jormungand.

Un vieillard fit deux pas en avant. Il était borgne, arborant un oeil de verre au côté gauche. Il portait des vêtements dont le raffinement contrastait sévèrement avec les loques de ses pairs. À la main droite, il avait une canne en bois finement sculpté, dont le pommeau sphérique était orné de runes. Fixant paisiblement la créature, il répondit :

— « Je suis Akronax, chef du village d'Akkad ! Si c'est un stratagème, et que tu espères dévorer notre chair, nous te combattrons comme un seul homme. »

Le serpent-dragon tint à rassurer le vieil homme

— « Le monde est en train de changer, je le vois bien. Vous, humains, devenez plus forts de jour en jour grâce à votre science. Ceux de mon espèce ont péri par excès