Le Pays des Aveugles
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Extrait
| À plus de trois cents milles du Chimborazo, à une centaine de milles des neiges du Cotopaxi, dans la région la plus déserte des Andes équatoriales, s’étend la mystérieuse vallée : le Pays des Aveugles.
Il y a fort longtemps, cette vallée était suffisamment accessible pour que des gens, en franchissant d’effroyables gorges et un glacier périlleux, parvinssent jusqu’à ses pâturages ; et, en effet, quelques familles de métis péruviens s’y réfugièrent, fuyant la cruauté et la tyrannie de leurs maîtres espagnols…|
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Extrait
| LE PAYS DES AVEUGLES
À plus de trois cents milles du Chimborazo, à une centaine de milles des neiges du Cotopaxi, dans la région la plus déserte des Andes équatoriales, s’étend la mystérieuse vallée : le Pays des Aveugles.
Il y a fort longtemps, cette vallée était suffisamment accessible pour que des gens, en franchissant d’effroyables gorges et un glacier périlleux, parvinssent jusqu’à ses pâturages ; et, en effet, quelques familles de métis péruviens s’y réfugièrent, fuyant la cruauté et la tyrannie de leurs maîtres espagnols.
Puis vint la stupéfiante éruption du Mindobamba, qui, pendant dix-sept jours, plongea Quito dans les ténèbres ; les eaux bouillaient à Yaguachi, et sur les rivières, jusqu’à Guyaquil, les poissons morts flottaient. Partout, sur le versant du Pacifique, il y eut des avalanches, des éboulements énormes, des dégels subits et des inondations ; l’antique crête montagneuse de l’Arauca glissa et s’écroula avec un bruit de tonnerre, élevant à jamais une infranchissable barrière entre le Pays des Aveugles et le reste des hommes.
Au moment où se produisit ce bouleversement, un des premiers colons de la vallée était parti pour une importante mission ; n’ayant pu retrouver sa route, il lui fallut, par force, oublier sa femme, son fils, ses amis et tous les biens qu’il avait laissés dans la montagne. Il recommença une existence nouvelle dans le monde de la plaine ; mais la maladie et la cécité l’accablèrent, et, pour s’en débarrasser, on l’envoya mourir dans les mines...|
Herbert George Wells
Herbert George Wells (meist abgekürzt H. G. Wells; * 21. September 1866 in Bromley; † 13. August 1946 in London) war ein englischer Schriftsteller und Pionier der Science-Fiction-Literatur. Wells, der auch Historiker und Soziologe war, schrieb u. a. Bücher mit Millionenauflage wie Die Geschichte unserer Welt. Er hatte seine größten Erfolge mit den beiden Science-Fiction-Romanen (von ihm selbst als „scientific romances“ bezeichnet) Der Krieg der Welten und Die Zeitmaschine. Wells ist in Deutschland vor allem für seine Science-Fiction-Bücher bekannt, hat aber auch zahlreiche realistische Romane verfasst, die im englischen Sprachraum nach wie vor populär sind.
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Aperçu du livre
Le Pays des Aveugles - Herbert George Wells
1
I
À plus de trois cents milles du Chimborazo, à une centaine de milles des neiges du Cotopaxi, dans la région la plus déserte des Andes équatoriales, s’étend la mystérieuse vallée : le Pays des Aveugles.
Il y a fort longtemps, cette vallée était suffisamment accessible pour que des gens, en franchissant d’effroyables gorges et un glacier périlleux, parvinssent jusqu’à ses pâturages ; et, en effet, quelques familles de métis péruviens s’y réfugièrent, fuyant la cruauté et la tyrannie de leurs maîtres espagnols.
Puis vint la stupéfiante éruption du Mindobamba, qui, pendant dix-sept jours, plongea Quito dans les ténèbres ; les eaux bouillaient à Yaguachi, et sur les rivières, jusqu’à Guyaquil, les poissons morts flottaient. Partout, sur le versant du Pacifique, il y eut des avalanches, des éboulements énormes, des dégels subits et des inondations ; l’antique crête montagneuse de l’Arauca glissa et s’écroula avec un bruit de tonnerre, élevant à jamais une infranchissable barrière entre le Pays des Aveugles et le reste des hommes.
Au moment où se produisit ce bouleversement, un des premiers colons de la vallée était parti pour une importante mission ; n’ayant pu retrouver sa route, il lui fallut, par force, oublier sa femme, son fils, ses amis et tous les biens qu’il avait laissés dans la montagne. Il recommença une existence nouvelle dans le monde de la plaine ; mais la maladie et la cécité l’accablèrent, et, pour s’en débarrasser, on l’envoya mourir dans les mines.
Pourquoi avait-il quitté cette retraite dans laquelle il avait été transporté tout enfant, lié avec un ballot d’affaires sur le dos d’un lama ? L’histoire qu’il raconta pour expliquer son voyage fut l’origine d’une légende qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours au long de la cordillère des Andes.
La vallée, prétendait-il, jouissait d’un climat égal, et contenait tout ce que pouvait désirer le cœur de l’homme : de l’eau douce, des, pâturages, des pentes de riche terre brune garnies d’arbrisseaux à fruits excellents ; d’un côté, grimpaient de vastes forêts de pins qui retenaient les avalanches, et partout ailleurs la vallée était bornée par de hautes murailles de roches gris vert surmontées d’un faîtage de glaces. Les eaux de la fonte des neiges ne venaient pas jusque-là mais se déversaient ailleurs par de lointaines déclivités ; parfois, cependant, à de très longs intervalles, d’énormes masses se détachaient du glacier et dégringolaient vers la vallée, sans y atteindre. Jamais il n’y pleuvait et n’y neigeait ; seules d’abondantes sources, dont les canaux d’irrigation conduisaient les eaux en tous sens, arrosaient les gras pâturages. Le bétail se multipliait, les colons prospéraient vraiment, mais un souci inquiétait leur bonheur : une étrange calamité s’était abattue sur eux, qui rendait aveugles tous les enfants qui leur naissaient et même plusieurs de ceux qu’ils avaient amenés avec eux… C’était pour chercher un charme, un antidote contre ce fléau, qu’il avait affronté les fatigues, les difficultés et les dangers de la descente des gorges.
En ce temps-là, les hommes ne savaient pas qu’il existe des germes morbides et des infections contagieuses ; ils croyaient que leur mal était le châtiment de leurs péchés. Selon le