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Khashoggi
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Livre électronique193 pages2 heures

Khashoggi

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À propos de ce livre électronique

Déterminée à lever le mystère entourant l'Holocauste de Mendung et les agissements étranges de la CRSED, Tallulah Eddystone accepte de participer à une mission de sauvetage sur la planète Khashoggi, à treize années-lumière de Zêta du Toucan, où les Mendungiens ont établi un avant-poste. Pendant ce temps, la Marine spatiale est sur le pied de guerre : après la destruction du Casey Sphere, Michael a été fait prisonnier par l'ennemi. Ce n'est peut-être plus qu'une question de temps avant que les Destructeurs de Mondes apprennent l'existence de la Terre...

LangueFrançais
Date de sortie2 avr. 2015
ISBN9782954277264
Khashoggi
Auteur

Julien Morgan

Julien est né en 1986 et a vécu en France et aux États-Unis. Après avoir travaillé un temps dans le cinéma, il s’est rendu compte qu’enseigner l’anglais était la couverture idéale pour ses méfaits d’auteur en série et sa vie secrète de dandy.Quand il n’est pas en train d’ourdir un roman, Julien sévit derrière un clavier d’un genre différent, à touches blanches et noires, ou bien une batterie. Il avoue sans complexe sa passion pour les licornes, le sexe et le rock’n’roll.Si ses exactions littéraires ont attisé votre curiosité, vous pouvez aussi le débusquer sur Facebook et Twitter.

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    Aperçu du livre

    Khashoggi - Julien Morgan

    Chapitre 1

    1

    Lundi 27 décembre 2184

    DIFFÉRENTIEL RÉTROGRADE : 3 heures après l’attaque planétaire.

    Système stellaire Zêta du Toucan.

    « Écho Sept-Huit-Oh-Neuf à Vesto Slipher, est-ce que vous me recevez ? »

    Michael Luisa relâcha la touche d’émission et épongea son front moite de sueur.

    Moins d’une minute après que le Casey Sphere avait explosé, un débris du croiseur interstellaire avait percuté son module de sauvetage, endommageant non seulement les propulseurs latéraux, mais aussi le régulateur de température, son transpondeur et vraisemblablement le bloc téléligne, à en juger par le silence inquiétant qu’il obtenait pour toute réponse depuis qu’il s’était éjecté. Dépourvu de poussée, le module individuel tournoyait comme un météore solitaire. Par l’unique hublot, le pilote de dix-neuf ans pouvait apercevoir Mendung et ses cumulonimbus annonciateurs de l’hiver nucléaire, apparaissant et disparaissant au gré des révolutions de son appareil. L’écran radar demeurait pour sa part désespérément vide.

    « Écho Sept-Huit-Oh-Neuf à Slipher, répondez », réitéra-t-il.

    Les dommages subis par son module ne compromettaient en rien ses chances d’être secouru. Néanmoins, le Slipher se trouvait à plusieurs unités astronomiques de Mendung lorsque les trois vaisseaux sortis de nulle part avaient détruit le croiseur ; localiser les petits appareils au milieu du champ de débris du Casey Sphere, lequel devait à présent occuper un volume d’espace considérable, prendrait du temps.

    C’est pourquoi le pilote opta pour la patience.

    Heureusement, le module ne manquait pas de provisions. Il trouva de l’eau et des barres de céréales. Manger en apesanteur n’étant pas une expérience des plus agréables, Michael dut détourner le regard du champ d’étoiles tournoyant pour éviter d’avoir la nausée. Au milieu de son repas, il fut surpris de voir une gouttelette de sang flotter devant ses yeux. Intrigué, il inspecta sa combinaison et repéra une coupure nette au niveau de sa cuisse, de la longueur d’un doigt.

    « Merde », grommela le jeune homme.

    Il avait dû se blesser durant son évacuation précipitée du Sphere. À la hâte, il fouilla l’habitacle à la recherche d’une trousse de secours. Dans le compartiment avant, il mit la main sur une mallette chromée flanquée d’une croix rouge, l’ouvrit et s’empara d’un flacon de désinfectant et d’un rouleau de gaze. Malgré une croyance populaire, les liquides ne se désolidarisaient pas entièrement en l’absence de pesanteur. La notice du désinfectant expliquait comment, en imbibant un tissu en coton puis en l’essorant délicatement, on obtenait une fine pellicule visqueuse qu’il était par la suite aisé d’appliquer. L’opération ne s’avéra toutefois pas aussi facile qu’elle en avait l’air : Michael s’y reprit à cinq reprises et, ce faisant, en répandit partout dans l’habitacle. Une fois essoré, le tissu libérait un liquide aux molécules si bien soudées entre elles qu’il en devenait collant comme de la glu.

    La plaie nettoyée tant bien que mal, le jeune homme appliqua un pansement et s’adossa à la coque incurvée en soupirant. Il n’était pas spécialiste des différentiels rétrogrades, mais deux jours environ devaient avoir passé sur Terre depuis leur départ. C’était le problème de la transition quantique : « voyagez dans des univers où le temps s’écoule plus lentement, et vous pouvez dire adieu à vos weekends ». La formule n’était pas de lui, mais de Junayd Miller, capitaine de l’Al-Shaheen, le premier vaisseau spatial à avoir effectué un voyage plus rapide que la lumière en espace non relativiste. Quand le capitaine et son équipage avaient découvert que la transition quantique permettait de voyager – virtuellement – dans le temps, la révélation n’avait surpris personne dans la communauté scientifique. Que voyager plus vite que la lumière revînt à voyager dans le temps, c’était chose acquise ; difficile à appréhender, peut-être, mais non moins logique. Toutefois, qu’il fût de surcroît possible de se déplacer dans un univers dans lequel le temps ne s’écoulait pas à la même vitesse, c’était inédit. Et inattendu : il avait fallu voter à la hâte des lois encadrant la transition quantique, interdisant notamment la visite de la Terre dans des univers gémellaires, restreindre et contrôler l’accès aux technologies supraluminales pour éviter qu’elles fussent employées à mauvais escient, recalibrer les ordinateurs quantiques afin de prendre en compte le différentiel rétrograde lors des bonds (il eût été dommage de revenir sur Terre, citernes vides, quelque part au milieu du Moyen-Âge).

    Dans la solitude de l’attente, Michael se demanda si les Mendungiens possédaient la technologie quantique et s’ils avaient déjà visité la Terre, il y a très longtemps. D’accord, leurs vaisseaux ne cadraient pas vraiment avec les signalements d’OVNI, mais… les mots de Shabbir Levine lui revenaient sans cesse en tête : ce signal nous était destiné. Les Mendungiens nous connaissaient. Certes, l’informaticien pensait que les Dungs avaient pris conscience de leur existence un peu avant l’attaque planétaire, durant la mission du Geminga – et il avait peut-être eu le nez creux sur ce point. Cependant, le pilote ne pouvait se départir du sentiment étrange que quelque chose clochait à propos de Mendung. Sans pouvoir mettre le doigt dessus, Michael avait l’impression que tout était lié : l’attaque planétaire, le massacre sur Mendung, la destruction du Sphere… Il devait y avoir une explication. Qui vous dit que les Dungs ne sont pas de dangereux sociopathes avides de pouvoir à la tête d’un empire interplanétaire ? avait plaisanté l’informaticien avant l’appareillage du Geminga.

    Michael Luisa secoua la tête avant de regarder par le hublot. Lorsqu’on contemplait Mendung, on pouvait difficilement imaginer que…

    « Nom de… », souffla-t-il, surpris, en collant le nez à la vitre en résine.

    Un cône d’obscurité voilait la planète et les étoiles.

    Le fait que le vaisseau fut apparu d’une manière aussi soudaine ne pouvait signifier qu’une chose : il avait émergé du sous-espace. Les lèvres du pilote s’étirèrent dans un sourire et il laissa échapper un soupir de soulagement. Son calvaire était terminé.

    « Pas trop tôt, Slipher. »

    L’engin grandit dans son champ de vision, ombre monumentale. Il n’était pas encore tiré d’affaire – quelques minutes seraient nécessaires au croiseur pour ajuster son vecteur et sa vitesse, dépressuriser le hangar et procéder à l’arrimage. En outre, avec un transpondeur muet, l’opération était loin d’être évidente : sans signal pour guider la manœuvre, le Vesto Slipher n’était en mesure d’estimer que très approximativement sa position. Or, dans ce cas de figure, dix petits mètres pouvaient faire la différence entre flotter gracieusement dans le hangar du vaisseau et s’aplatir contre la porte comme une boîte de conserve. Et c’était sans compter sur…

    Michael fronça les sourcils.

    Le vaisseau était désormais si proche qu’il distinguait les lignes de rivetage à la jointure des plaques métalliques de la coque et le chatoiement du revêtement antiradiations. Pourtant, et de façon inexplicable, le Léviathan de métal qui se dirigeait vers lui n’apparaissait pas sur son écran radar. Perplexe, il tenta de nouveau de joindre le Slipher – par radio cette fois. Il n’obtint aucune réponse. Quand il se rendit compte que l’alcôve béante qui s’encadrait dans le hublot n’était pas le hangar du Vesto Slipher, son sang se glaça malgré la chaleur accablante.

    La baie d’arrimage, éclairée par de gros projecteurs, ne ressemblait à rien de ce qu’il connaissait. Impuissant, Michael scruta les lieux tandis que le module dérivait à l’intérieur du vaisseau inconnu, espérant surprendre un technicien derrière les baies d’observation, peut-être découvrir une inscription susceptible de lui fournir une information sur le bâtiment à bord duquel il se trouvait. Le jeune homme ne vit rien. Cependant, s’il n’était pas à bord d’un interstellaire terrien, il n’y avait pas des milliers d’autres vaisseaux sur lesquels il pouvait se trouver…

    « Pourquoi il faut toujours que ça tombe sur moi… », grogna-t-il entre ses dents.

    Il s’attendait à ce qu’un système antigravitique fût activé, mais son module continua de tournoyer mollement. Les portes du hangar se refermèrent sur le petit appareil. Il était pris au piège. Sitôt la baie hermétiquement scellée, de petites trappes s’ouvrirent de part et d’autre du hangar et des sortes de grappins en furent expulsés. Les clamps, tirant derrière eux de solides câbles en acier, se fixèrent sur le module et l’immobilisèrent. Après quelques secondes, Michael sentit la gravité revenir graduellement. Dans une position inconfortable, le jeune homme se recroquevilla pour faire face à la trappe d’accès du module, s’attendant à ce qu’on vînt le débusquer. En proie à une poussée d’adrénaline, il fouilla l’habitacle du regard à la recherche d’un objet qui puisse servir d’arme. Toutefois, à moins que les extraterrestres fussent allergiques aux barres de céréales, la situation ne jouait pas vraiment en sa faveur. Michael Luisa se fit donc une raison et interrogea son sort.

    Il n’eut pas à attendre longtemps.

    Deux coups furent frappés à l’écoutille d’accès, probablement pour vérifier si la pression intérieure était positive ou non. Puis une gerbe d’étincelles fusa dans l’habitacle et le pilote se protégea les yeux. Quiconque se tenait derrière le panneau métallique pratiqua une ouverture parfaitement circulaire – si parfaite qu’il supposa qu’elle était l’œuvre d’un robot. Ce qu’il restait de l’écoutille s’affaissa dans l’habitacle… suivi d’un flou argenté. Quelque chose rebondit sur la paroi du module à quelques centimètres de sa tête, tomba entre ses jambes et se mit à chuinter. Déconcerté, Michael détailla le petit cylindre chromé à ses pieds : il était muni d’un anneau en argent évoquant une goupille et une épaisse fumée blanchâtre s’en échappait…

    « Merde, merde, merde ! »

    Le pilote bondit pour gagner l’écoutille, mais il avait sous-estimé l’efficacité du gaz neuroparalysant. Ses jambes s’engourdirent et sa tête se mit à tourner, comme s’il était sous l’emprise de l’alcool. Le mur du hangar devint une tache floue. Michael eut le temps de franchir l’ouverture du module à mi-torse avant de s’effondrer, terrassé. À la périphérie de sa vision défaillante, il avisa une silhouette penchée sur lui.

    Puis il sombra dans le néant.

    2

    Khashoggi, système stellaire Delta du Paon,

    À dix-neuf années-lumière du système solaire.

    Le drone militaire glissait silencieusement dans le ciel. Si ce n’était pour l’éclat coruscant du soleil levant sur son fuselage qui avait aussitôt alerté l’IA chargée de la sécurité du camp de base – laquelle l’avait à son tour alerté lui –, Gunnar ne l’aurait jamais repéré.

    À plusieurs milliers de pieds sous l’appareil, la plaine de Tweedsmuir, parée d’un camaïeu de mauve et d’orange, se déployait dans toute son immensité. Bien qu’elle n’abritât aucune espèce arborescente, on y trouvait toutes sortes de lichens et de champignons, lesquels pouvaient couvrir des étendues de plusieurs hectares. Le nom Tweedsmuir provenait d’une province de Colombie-Britannique richement boisée, ce qui avait de quoi surprendre au regard de l’absence d’arbres ; la raison en était qu’il désignait l’ensemble du quadrant tel qu’il avait été cartographié depuis l’orbite par le Carnapol, lequel comprenait, outre la plaine, une chaîne volcanique, un fleuve – également baptisé Tweedsmuir, ce qui en disait long sur l’imagination des cartographes de la Fondation – et, tout à propos, la plus grande portion d’une vaste forêt humide qui n’avait rien à envier à l’Amazonie terrestre, avec ses cinq cent soixante-dix millions d’hectares de végétation dense et d’arbres semblables à de gros pachiriers dotés de palmes. C’était dans cette jungle que la faune de Khashoggi, libérée de forces d’attraction aussi importantes que celles de la Terre ou de Mendung, s’épanouissait dans ses manifestations les plus extravagantes : troncs immenses et torsadés, palmes élancées tendues en quête de cieux et lierres montant dans les frondaisons tels des lianes défiant la gravité.

    À l’orée de la canopée tropicale embrassant la plaine, Agloolik Gunnarsson suivit des yeux le drone jusqu’à ce qu’il eût disparu par-delà la chaîne de montagnes s’étirant à l’ouest et dominée par le mont Talchako, un volcan gris dont la dernière éruption remontait à seulement quelques années, comme en témoignaient ses versants dénudés.

    Sa radio se mit à crépiter.

    « C’est le deuxième

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