Dans la tempête, le navire ne cesse de tanguer quand, soudain, un trou s’ouvre. Derrière, un mur d’eau géant, incomparable au reste de la houle, s’avance inexorablement vers le bateau… Non, ceci n’est pas un cauchemar de marin, c’est une réalité : des lames sinistres, bien plus hautes que les vagues qui les encadrent, peuvent surgir n’importe où en haute mer. On les qualifie de “scélérates”, et qui part au large ne peut qu’espérer ne pas les croiser. Mais cela pourrait bientôt changer : des chercheurs des universités de Copenhague, au Danemark, et de Victoria, au Canada, ont récemment réussi à capturer ces monstres en équations, à l’aide d’outils d’intelligence artificielle. À la clé : l’espoir d’enfin pouvoir prédire, en tout lieu et avec une précision inégalée, la survenue de ces vagues mythiques.
Longtemps, en effet, les vagues scélérates ont été reléguées au rang des légendes océaniques, à l’image du kraken et autres sirènes. Seuls quelques navigateurs rapportaient les avoir affrontées au retour de leur expédition – Jules Dumont d’Urville, par exemple, explorateur français du XIXe siècle, raconte dans ses écrits avoir croisé des vagues de 25 ou 30 s’exclame Michel Olagnon, ancien chercheur à l’Ifremer et auteur aux Éditions Quae d’. Nombre de scientifiques eux-mêmes restaient sceptiques. François Arago, physicien et astronome français (1786-1853), a ainsi suggéré que la meilleure explication aux histoires de Dumont d’Urville était… son imagination.