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Les Sept
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Livre électronique294 pages2 heures

Les Sept

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À propos de ce livre électronique

Les Sept est le deuxième roman de la Trilogie des Justiciers

L’inspecteur Joseph Quito et son acolyte Marco Tozzi sont amenés à s’occuper des affaires non résolues, à la Sûreté du Québec. Ils rouvriront six dossiers impliquant des pédophiles endurcis, dont certains sont des tueurs d'enfants qui ont tous échappé à la justice pour diverses raisons. Un septième cas sera porté à leur attention impliquant un homme de loi bien en vue, qui lui aussi semble jouir d’une immunité qui rend les deux inspecteurs hors d’eux-mêmes. Le richissime homme d’affaires Frederick Bell, ayant lui-même été victime d’agressions sexuelles dans son adolescence, propose à Quito une aide inattendue pour que Justice soit rendue.

Accompagnez vos deux justiciers dans ces enquêtes où il semble évident pour eux que le système judiciaire a d’importantes ratées qu’ils voudront combler à leur façon.

LangueFrançais
Date de sortie4 avr. 2014
ISBN9782924322000
Les Sept
Auteur

Pierre Bougie, Sr

Born in Montreal, Canada in March of 1946. Wrote hunting and fishing chronicles for local Montreal newspapers when aged 20. Also published Erotica short stories for specialty US and European magazines, both in French and English over a period of about ten years under the pen name of “Snolyn”. Now writes mostly thrillers, since semi-retiring from a career as a home renovations contractor, specialized in tile setting. His stories involve characters interested in having Justice prevail! Né à Montréal, Canada en mars 1946. A écrit des chroniques de chasse & pêche pour des journaux de quartier à Montréal, à l’âge de 20 ans. A publié de nombreuses nouvelles érotiques pour des revues spécialisées américaines et européennes sur une période d’environ dix ans sous le pseudonyme de « Snolyn ». Écrit maintenant des romans policiers depuis sa semi-retraite du domaine de la rénovation domiciliaire, spécialisé en carrelage. Ses romans mettent en vedette des personnages qui veulent faire régner la véritable Justice!

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    Aperçu du livre

    Les Sept - Pierre Bougie, Sr

    Ce livre numérique est pour l’usage personnel de son premier acheteur seulement. Cet ouvrage ne doit pas être revendu, prêté, ni même donné à un autre usager. Si vous désirez partager ce livre avec une autre personne, s’il-vous-plaît achetez-en une autre copie pour chaque récipiendaire. Si vous êtes en train de lire ce livre sans l’avoir vous-même acheté ou qu’il n’a pas été acheté avant de vous le remettre pour votre usage exclusif, alors s’il-vous-plaît procurez-vous en une autre copie pour votre usage personnel là où il est disponible sur le Web. Merci beaucoup d’être respectueux envers le dur labeur de l’auteur de ce roman.

    « Les Sept » étant le deuxième de la Trilogie des Justiciers, le lecteur gagnerait à avoir lu le premier, soit « L'Affaire Delma », pour approfondir ses conaissance des principaux personnages, tels ceux de Joseph Quito, Marco Tozzi et Kimberly Bell, principalement. Mais il n'est pas absolument nécessaire d'avoir lu le premier roman pour pouvoir apprécier celui-ci à sa pleine valeur.Il en sera de même pour le troisième de la série.

    Ce roman est le fruit de l’imagination de l’auteur. Bien que l’histoire se déroule dans certains lieux qui existent réellement au Québec, de même qu’ailleurs dans le monde, il n’en demeure pas moins que l’intrigue et tous les personnages décrits dans l’histoire sont fictifs. Toute ressemblance avec des personnes ou évènements réels serait donc pure coïncidence.

    Avertissement

    Au lecteur parent de jeunes enfants, sachez que ce roman décrit certaines scènes difficiles à accepter. J’en suis désolé mais il fallait raconter, sans tomber dans l’abus, ce que ces pauvres petites créatures ont eu à subir de la part de leurs prédateurs, afin de justifier la réaction des personnages justiciers. Il est très désolant de constater que pareilles atrocités se produisent effectivement dans notre société d’aujourd’hui... Ayons une pensée positive pour que cela cesse enfin!

    Prologue

    Lorsqu’il reprit conscience, Paul éprouva de la peur. D’abord parce qu’il faisait complètement noir, mais aussi parce qu’il ressentait qu’il était dans un endroit qui bougeait… Il voulut se mettre debout, mais lorsqu’il passa les jambes par-dessus le rebord de sa couchette, il n’arriva pas à atteindre le sol, comme s’il n’y avait pas de plancher.

    Une espèce de planche bordait sa couchette, sauf près du pied de celle-ci, où il pouvait plus facilement passer les jambes. Avec ses talons, il toucha quelque chose de dur. Paul se contorsionna quelque peu puis, en tâtant du bout du pied, il atteignit ce qui lui semblait être des barreaux. Une échelle, pensa-t-il. Décidé à se sortir de là, il entreprit de la descendre précautionneusement. Il n’eut qu’à faire quatre pas à reculons pour enfin se retrouver sur ce qu’il imaginait être le plancher.

    Sous ses pieds nus, il lui sembla se tenir sur une surface métallique plutôt lisse. Il fit un pas de côté et sa tête heurta un quelconque objet qu’il devina être suspendu au plafond. Une lampe? se questionna-t-il. À tâtons et avec les bras bien étirés vers le haut, il fit plusieurs tentatives pour que jaillisse la lumière de cet engin, mais il n’arriva pas à trouver le mécanisme pour l’allumer. Il y avait bien une petite manivelle sur le côté, mais rien ne se passait lorsqu’il soulevait le bras repliable. À moins que… Oui! Il fallait évidemment faire tourner la manivelle pour que la dynamo produise le courant qui alimenterait la petite ampoule. Paul se mit alors à faire tourner le levier. Une faible lueur apparut aussitôt et l’aveugla totalement. Ses yeux avaient été trop longtemps dans le noir complet.

    Paul continua néanmoins à faire tourner la manivelle, tout en gardant les paupières fermées. Il percevait de la lumière à travers la peau recouvrant ses yeux, mais il savait qu’il lui faudrait un peu de temps avant de pouvoir les ouvrir tout grand. Il s’y risqua à répétition, les entrouvrant à peine une demi-seconde pour les refermer aussitôt. Il répéta l’exercice plusieurs fois, jusqu’à ce qu’enfin il puisse garder les deux yeux bien ouverts. Son regard se porta automatiquement vers les coins sombres. Puis, graduellement, il put tourner la tête vers la source lumineuse pour pouvoir enfin examiner les lieux sans ressentir d’inconfort.

    Paul put enfin voir tout ce qui l’entourait et c’est alors qu’il prit graduellement conscience de l’endroit où il était. Sans aucun doute possible, il se rendit compte qu’il se trouvait à l’intérieur d’un conteneur! Oui, il s’agissait bien d’une de ces immenses boîtes métalliques dont on se sert pour expédier les marchandises par bateau, par train ou par camion.

    Paul se rendit alors compte qu’il n’était pas seul dans cette cage bien fermée. Il y avait là un total de sept couchettes, toutes alignées du même côté du conteneur, superposées sur deux étages. Seule la dernière, près de la porte, n’avait qu’un seul niveau. Dans chaque couchette il y avait un homme.

    Tous les autres occupants semblaient encore profondément endormis. Couchés sur le dos, ses six compagnons semblaient n’avoir absolument rien en commun. À tout le moins pas sur le plan physique. Un grand mince aux cheveux roux, deux autres de corpulence moyenne avec la barbe et la tête grises, dont une qui était à moitié dégarnie… Un autre court, trapu et bedonnant, en dessous d’un gars probablement italien avec ses cheveux noirs coupés court. Le dernier avait l’air d’un latino… Paul se dit qu’il devait être le plus jeune du groupe.

    Sur l’autre pan du conteneur se dressaient de gigantesques armoires en bois brut, chacune munie de deux portes à battant, solidement fermées par des ferrures. Il y avait une armoire double en face de chaque couchette. Reliant les structures des lits et des placards leur faisant face, de solides madriers traversaient le conteneur dans le sens de sa largeur et étaient boulonnés aux constructions de bois à raison d’un colombage près du sol et un autre près du plafond. Ces planches épaisses servaient à retenir les solides structures en place. Elles créaient néanmoins des entraves au déplacement, puisqu’elles traversaient le passage central au pied et à la tête de chacun des lits. Paul comprit que cela était nécessaire pour empêcher le tout de se déplacer, à l’intérieur du caisson géant, si jamais le navire rencontrait du mauvais temps…

    Car ils étaient bien sur un bateau! Paul le ressentait, même si les mouvements étaient à peine perceptibles. Il examina alors les armoires de plus près, après avoir donné quelques coups de manivelle à la lampe du plafond pour lui assurer d’avoir de la lumière, le temps nécessaire pour mener son investigation.

    Sur le haut de chaque porte, quelqu’un avait écrit des prénoms au feutre noir : Frank, David, Paul, Léo, Vincent, Luigi et Arthur. La huitième porte portait la mention « tous ». Paul se décida à inspecter celle sur laquelle son prénom était inscrit. Deux blocs de bois étaient fixés par une seule vis, à une dizaine de centimètres du haut et du bas du montant central. La vis était solidement plantée au centre du madrier et les deux étaient tournés à l’horizontale pour garder le panneau de chaque porte solidement fermé. Paul fit pivoter les deux petits blocs de bois à la verticale pour dégager la fente, puis tira sur la poignée. Les trois pentures de laiton plaquées en surface de la porte sur l’autre montant de l’armoire grincèrent légèrement.

    À l’intérieur, il vit au sol quatre grandes bouteilles de plastique transparent, remplies d’eau, du type que l’on place dans un distributeur réfrigéré, comme on en retrouve souvent dans les bureaux ou les cantines de chantier.

    Au-dessus de ces énormes bouteilles incassables, une tablette contenait un coffre plat fait d’une sorte d’alliage polymère très solide, tenu fermé par deux fermetures métalliques, mais aussi par une large ceinture de cuir épais munie d’une boucle de laiton super solide, que Paul n’ouvrit pas tout de suite. Derrière le coffre, il y avait deux couvertures de laine, une paire de bottes, pointure 11. En plein ma pointure…, se dit-il. Il y avait aussi six paires de bas de coton, des caleçons, des t-shirts, deux paires de jeans et deux paires de shorts de toile, et toutes ces fringues étaient à sa taille.

    Le niveau suivant contenait quatre immenses sacs de riz avec des conserves de pois chiches, fèves au lard et autres légumineuses en boîtes. Sur l’étagère au-dessus, il y avait des caisses de ragoût de boulettes, de jambon pressé et autres cannages de produits carnés. L’étagère suivante contenait du sel, du poivre et des aliments déshydratés tels des sachets de soupe, des champignons séchés, des herbes et des sauces diverses.

    Par curiosité, Paul regarda derrière la porte voisine, celle de Frank. Même contenu, disposé de façon rigoureusement identique. Il enjamba les madriers en travers du couloir central pour aller jusqu’à l’autre bout ouvrir la porte portant la mention « tous ». Il y avait ici aussi des bouteilles d’eau au niveau du sol, mais les étagères suivantes contenaient des articles divers qui, de toute évidence, devraient servir à tout le groupe des sept hommes.

    Il y avait là des ustensiles de cuisine, des poêlons, chaudrons et marmites de fonte. Il y avait deux autres lanternes à dynamo, comme celle suspendue au plafond. Paul y vit des toiles et des piquets rangés dans des sacs de toile épaisse : sans doute des tentes… Il referma la porte, se questionnant sur les raisons de tout ce bazar.

    De l’autre côté du conteneur, sous les lits du bas, il y avait des chaudières blanches en plastique, chacune fermée par un couvercle qui s’agrippait solidement au contenant par simple pression, mais qui fermait néanmoins de façon totalement étanche. Elles devaient contenir au moins vingt litres, à vue de nez. Il y avait dix de ces chaudières sous chaque couchette du bas. Paul souleva le couvercle de celle se trouvant devant lui. De l’eau… Il referma le couvercle et ouvrit celui de la chaudière d’à côté. Toutes semblaient remplies d’eau propre à la consommation.

    Paul retourna à son armoire et dut redonner quelques coups de manivelle à la lampe dynamo, dont l’éclairage faiblissait de plus en plus. Il entreprit ensuite d’ouvrir le coffre de plastique solide, fermé avec la ceinture de cuir. À l’intérieur, il y découvrit une machette au tranchant acéré, munie d’une ganse en cuir. Il y avait aussi un couteau de chasse, avec une lame très bien affûtée d’environ vingt centimètres et sur le bout du manche, une petite boussole, le tout inséré dans un solide étui de cuir avec une large passe. La ceinture s’y logerait parfaitement, pensa Paul. Enroulé dans un mouchoir de coton rouge, reposait un canif multi-lame. Dans un autre mouchoir de coton bleu, il trouva un attirail complet pour faire du feu, soit une barre de ferrocérium que l’on frotte à l’aide d’un couteau, par exemple, pour en faire jaillir des étincelles, ainsi qu’un contenant étanche bien rempli d’allumettes de bois pouvant s’enflammer en les frottant sur n’importe quelle surface sèche.

    Au fond il y avait une scie démontée, tenant dans un tube en aluminium, avec un feuillet d’instructions affichant un dessin qui expliquait comment assembler l’outil. Une fois la lame dentelée fixée à son cadre, cette petite scie pourrait éventuellement couper des rondins passablement gros. Paul se dit qu’il y avait là l’arsenal complet du parfait campeur! Ou du moins, l’équipement requis pour survivre longtemps en forêt… Mais pourquoi diable y avait-il tout ce bazar avec eux dans ce conteneur? Et surtout, pourquoi Paul se retrouvait-il avec six autres hommes qu’il ne connaissait pas du tout? Désorienté et se croyant victime d’une amnésie temporaire, il décida d’attendre que ses compagnons émergent de leur sommeil.

    - - -

    Ce fut Frank qui se réveilla le premier. Puis les autres ne tardèrent pas à ouvrir un œil et à poser des questions. Tous étaient affolés et ne comprenaient pas comment ils avaient atterri dans ce conteneur qui semblait être instable, comme s’il était porté sur un navire. Paul était réveillé depuis plus de temps que tous les autres et avait pu inspecter leur environnement. Son rôle d’entraîneur sportif l’avait habitué à être un meneur naturel. Il décida de prendre les choses en main :

    Bon, ça suffit la cacophonie! Mon nom est Paul. Je suis réveillé depuis plus longtemps que vous tous et j’ai eu le temps d’examiner les lieux. Nous sommes à l’intérieur d’un conteneur fermé de l’extérieur. Bref, nous sommes prisonniers de cette boîte d’acier et j’aimerais bien que chacun se présente, afin que l’on puisse tenter de découvrir pourquoi on est tous là et où on s’en va. Car il est clair, messieurs, que notre prison métallique est sur un navire et que ce navire est en déplacement!

    Les affaires non résolues

    1

    Joseph Quito entra dans le bureau de son patron à 9h, précisément à l’heure où le haut gradé des beaux-habits de la Sûreté du Québec l’avait convoqué. On était vendredi 7 octobre 2011. Sur un signe de tête du commandant, Quito posa son postérieur sur l’un des deux fauteuils posés en face du bureau. Sur ce dernier reposaient un poste de téléphone et l’ordinateur portable ultramince du commandant. Faisant face à son supérieur, Joe ne pouvait voir ce qu’affichait l’écran du portable ouvert. De toute manière, Joe se dit que cela ne l’intéressait pas de le savoir.

    Joseph Quito est un inspecteur chevronné qui est grandement apprécié de ses patrons. Au service de la Sûreté du Québec depuis maintenant vingt et un ans, il travaille avec son acolyte Marco Tozzi depuis que ce dernier s’est joint aux forces policières de la province en 2001. Ils allaient d’ailleurs fêter ce dixième anniversaire un peu spécial au courant de la semaine en cours.

    Bien des gens ont du mal à croire que les deux comparses ne soient pas issus des mêmes parents; les deux hommes ont sensiblement le même physique. À 1,95 m, Joe ne dépasse Marco que par un maigre 5 cm. Mais les deux hommes sont tous les deux très costauds : un cou de taureau (surtout chez Marco), avec un torse aux épaules larges, aux pectoraux proéminents, un estomac comparable à une planche à laver, des bras musclés, une taille fine et des jambes de marathoniens. Les cheveux noirs de Joe sont toujours tenus très courts, alors que Marco préfère les siens un peu plus longs, question de pouvoir endosser différentes identités fictives lui permettant, à l’occasion, d’infiltrer certains groupes de malfaiteurs.

    Tous deux sont des passionnés d’arts martiaux et pratiquent régulièrement le Karaté ainsi que le kung fu. Ils s’entraînent tous les deux chaque jour de la semaine dans le sous-sol du quartier général de la SQ, rue Parthenais à Montréal. Marco éprouve un malin plaisir à tenter de surprendre son coéquipier alors qu’il ne s’y attend pas. Il se cache souvent le long du parcours de jogging matinal de Joe, parfois déguisé ou masqué, pour aiguiser les réflexes de son partenaire et ainsi s’assurer que les sens de Joe soient toujours en alerte. Mais en dix ans, Marco n’a encore jamais eu le dessus sur Joe.

    Écoutez, Quito, voilà que les gars qui s’occupaient des Affaires non résolues depuis les cinq dernières années doivent nous quitter. L’un arrive à sa retraite et ne veut sous aucun prétexte dépasser ses années réglementaires de service. Son partenaire a demandé une mutation en région, pour pouvoir se rapprocher de son fils qui travaille dans la vallée de la Matapédia. Bref, le poste est ouvert et j’ai pensé qu’il pourrait vous intéresser…

    Le commandant laissa sa phrase en suspens, les yeux fixés sur Quito qui demeurait stoïque, visage de marbre. Le silence dura une bonne minute avant que le chef n’ajoute :

    Écoutez, Quito, je ne vous ordonne pas de prendre ce poste, je vous l’offre, tout simplement. Si vous n’aimez pas ce genre de boulot, nous placerons un avis pour tenter de trouver quelqu’un d’autre à l’interne.

    Joe fixait toujours son supérieur droit dans les yeux, tentant de déceler s’il y avait là une sorte de piège. Les Affaires non résolues, ça n’était pas du tout le genre de boulot qu’il s’imaginait vouloir accomplir. Il supposait que cela n’exige qu’un travail de bureau, à éplucher des tonnes de papiers, sans jamais mettre le nez dehors et passer à l’action sur le terrain. Il ne se voyait absolument pas prisonnier d’un tel carcan, obligé à des tâches administratives. À l’air piteux que prenait son patron, Quito demanda :

    J’aurais Marco avec moi?

    Absolument! Vous et Tozzi formez une équipe qu’il serait navrant de séparer. Les résultats escomptés n’en seront que meilleurs si votre partenaire vous accompagne dans cette nouvelle fonction.

    Tozzi n’a rien d’un pousse-crayon, chef.

    Mais vous n’y êtes pas du tout, Quito! Il ne s’agit nullement d’un travail de bureaucrate. Oui, au début il faut lire les dossiers, revoir la preuve, sortir les pièces à conviction de leurs boîtes poussiéreuses. Mais dès que vous trouvez un nouveau filon, ou que la nouvelle technologie vous permet de retracer un suspect, comme par exemple à l’aide de son ADN, qui, comme vous en êtes conscient, n’était même pas connu à l’époque où plusieurs de ces crimes ont été commis, vous vous lancez sur le terrain! C’est vous qui continuez à attraper les méchants!

    Les gars qui étaient en poste aux « Cold Cases », ils en ont attrapé combien de méchants ces cinq dernières années?

    N’allons pas sur ce terrain-là, Joe. Vous savez comme moi que lorsqu’un détective s’approche de la retraite, il n’a pas toute la fougue que Tozzi et vous-même êtes en mesure de fournir à une enquête.

    On pourra faire le tri et choisir parmi tous les cas laissés en suspens? Ou vous allez nous coller sur quelque chose…

    Vous avez carte blanche, Quito!

    Le commandant n’avait pas attendu la fin de la question. Il tenait à ce que Quito accepte le poste pour lui enlever cette épine du pied. Il savait pertinemment que même si ses deux meilleurs inspecteurs étaient affectés aux Affaires non résolues, il pourrait très bien les réquisitionner au besoin, pour qu’ils contribuent à une enquête prioritaire qui surviendrait inopinément.

    Bon, c’est d’accord…

    Formidable!

    Mais seulement si Marco accepte.

    Je compte sur vous pour lui dorer la pilule, Quito. Vous ne le regretterez pas.

    Placez quand même votre annonce à l’interne, chef.

    Les affaires non résolues

    2

    Dès 17h15, Quito se trouvait assis sur son fauteuil habituel, au fond du bar du Saint-Gabriel, dans le Vieux-Montréal. Il attendait Marco pour lui faire part de la décision qu’il avait prise en matinée. Nicole s’empressa vers lui en passant derrière le bar, aussitôt revenue de faire le service aux tables. Barmaid par excellence, Nicole pouvait tenir à elle seule l’établissement, servant aux tables avec son cabaret rond tenu à bout de bras, puis revenant derrière le bar pour assurer une disponibilité aux clients assis sur des tabourets ou encore debout à l’heure de l’apéro.

    - Ça va, Joe? Comme d’habitude?

    - Oui, s’il te plaît Nicki.

    - Tout de suite, mon inspecteur préféré…

    - Tu sembles être passablement occupée aujourd’hui…

    - J’ai vu pire. Un congrès en ville. Quelques-uns de ces messieurs viennent en fin de journée discuter entre eux ou noyer leur solitude, loin de la maison.

    - Ça va arrondir ta fin de mois!

    Nicole lui sourit, tout en lui versant sa Broue Blonde dans un grand verre, en faisant attention de ne pas créer un collet trop important. Joe n’appréciait pas la mousse trop épaisse dans son verre, car il avait hâte de tremper les lèvres dans le liquide froid et désaltérant.

    - Tu as vu Marco?

    - Pas encore… Il devrait être ici?

    - Je lui ai donné rendez-vous pour 5h, 5h30.

    - Il n’est pas encore en retard… il n’est que 17h16!

    - Non, mais je suis anxieux de lui parler.

    Sur ces mots, le colosse entra dans le bar, sourire aux lèvres. Il retira sa veste et prit le siège voisin de son partenaire.

    - Hello, ma puce! salua-t-il de sa voix rauque et forte.

    - C’est à moi que tu t’adresses? demanda Quito, faisant mine d’être offusqué.

    - Si tu veux, mon pote! Mais c’est à Nicki que je m’adressais plus particulièrement.

    - Tu prendras quoi, monsieur le comique? demanda la barmaid.

    - Même chose que mon pote ici présent, tu le sais bien!

    - Oui, je m’en doutais, mais on ne sait jamais. Parfois tu donnes dans le rhum-cola…

    - Le rhum-cola, c’est pour les grandes occasions, ma belle. Aujourd’hui je n’ai rien à fêter. En tout cas, pas encore! Je t’en reparlerai après que monsieur mon partenaire

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