ans les nouvelles modalités de notre conversation publique, où flambent chaque jour deux ou trois polémiques, il est devenu difficile pour l’observateur de bonne foi de savoir, sur tel ou tel sujet, s’il faut s’attarder ou laisser filer. En trois jours, l’affaire est close. Les algorithmes de l’attention – qui ont besoin de nouveauté comme nos poumons, d’air – enjoignent de passer vite à la controverse suivante; et parler trop tard, c’est ne pas parler du tout: l’audience est un plat qui se mange révèle que, pour sa dernière édition des livres de Roald Dahl, la maison britannique Puffin avait réécrit les textes originaux de l’auteur culte (en accord avec ses ayants droit), afin de les ex purger de termes pouvant être perçus comme offensants. Ainsi Augustus Gloop, un personnage de , décrit originellement comme « gros » était-il devenu « énorme », et les fameux Oompa Loompas, qui peuplent le royaume de Willy Wonka, avaient-ils été pour leur part « dégenrés », passant de « petits hommes » à « petites personnes ». Je ne m’attarderai pas ici sur les dizaines d’autres préventions vétilleuses des traqueurs de sensibilités froissées: elles constituent désormais un classique de la polémique culturelle.
Polémique Roald Dahl: ce que l’effacement discret de Kipling nous enseigne
Mar 16, 2023
3 minutes
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