Brigade fluviale Héritage englouti

Par Maximilien CADE

Un vieux dossier  refait surface quand  un militant écologiste disparu depuis 20 ans est retrouvé enchaîné au fond de la Seine. Arno, personnellement touché par cette découverte, mène l'enquête malgré les pressions de sa hiérarchie et les tentatives d'intimidation d'anciens policiers corrompus.

Pendant que Maya gère une escalade de violences entre jeunes de banlieue and club nautique bourgeois, Reims et Naya reconstituent numériquement des preuves "disparues" des serveurs officiels. Mic-Mic, grâce à ses contacts ouvriers, révèle que la victime documentait secrètement des déversements toxiques d'une usine chimique.

Le Scaphandrier découvre un véritable cimetière automobile au fond du fleuve, révélant l'ampleur du scandale. L'enquête dévoile une conspiration à trois têtes : industriel véreux, commissaire corrompu et politicien local, qui ont éliminé le gêneur pour protéger leurs intérêts.

La confrontation finale dans les souterrains de l'ancienne usine met au jour les archives cachées qui condamnent les conspirateurs, mais place Arno face à un dilemme : servir la justice ou ménager les équilibres politiques. Un épisode qui questionne le prix de la vérité dans un système où pouvoir et corruption s'entremêlent.

• Quand la justice plonge, la corruption coule"
• "Un militant, une conspiration, un fleuve de sang"
• "Dans les profondeurs de Paris, la vérité refait surface"
• Héritage englouti : Certaines vérités tuent deux fois"
• "Brigade Fluviale : Là où les secrets finissent noyés"
• "Un cold case explosif qui ébranle les fondations du pouvoir"

• Langue: Français
• Éditeur: Maximilien CADE
• Date de sortie: 31 mai 2025
• ISBN: 9798231285396

Aperçu du livre

Prologue

Une vérité enfouie depuis vingt ans remonte à la surface...

Au cœur de Paris, la Seine charrie bien plus que de l'eau. Dans ses profondeurs obscures reposent les secrets d'une époque où l'industrie régnait en maître, où les consciences se vendaient au plus offrant, et où ceux qui osaient parler

disparaissaient dans le silence éternel du fleuve.

Quand les machines de dragage remontent une Renault 21 enchaînée avec son macabre passager, la Brigade Fluviale se retrouve plongée dans un cold case explosif. Le capitaine Arno reconnaît immédiatement la victime : Lucas Merval, militant écologiste porté disparu en 2001, dont le combat contre la pollution industrielle avait dérangé de puissants intérêts.

Mais certaines vérités sont dangereuses à exhumer. Très vite, les pressions s'accumulent, les témoins se taisent, et les preuves disparaissent

mystérieusement des archives. Car derrière ce meurtre se cache une conspiration impliquant industriels, politiques et forces de l'ordre corrompues, prêts à tout pour protéger leurs secrets.

Entre enquête criminelle et guerre de l'information, la Brigade Fluviale va devoir naviguer dans les eaux troubles de la corruption d'État.

Parviendront-ils à faire triompher la justice face à un système qui se protège depuis des décennies ?

Un thriller haletant où l'écologie devient un enjeu mortel, et où la Seine révèle ses plus sombres secrets...

Chapitre 1

La drague hydraulique mord dans la vase de la Seine avec un grondement sourd. Six heures du matin, brume épaisse sur l'eau, température de l'air : huit degrés. Le grappin remonte lentement, chaînes qui cliquettent contre la structur

métallique. Dans la cabine de pilotage, Marcel Grosjean observe l'opération, café tiède dans sa tasse thermos.

Quelque chose accroche. Le moteur de la drague force, courroies qui grincent. Grosjean fronce les sourcils, réduit la puissance. Trente ans de métier lui ont appris à reconnaître quand la machine touche autre chose que de la vase.

— Bordel, qu'est-ce que c'est encore ?

Il inverse le mouvement, laisse redescendre de deux mètres, réessaie avec un angle différent. Cette fois, ça vient. Lentement. Trop lentement pour être des débris ordinaires.

La masse sombre crève la surface. Métal rouillé, algues qui pendent comme des cheveux de noyée. Une forme reconnaissable malgré la corrosion. Toit, pare-brise éclaté, portières.

Une voiture.

Grosjean coupe le moteur, décroche sa radio.

— Base, ici Drague 3. J'ai remonté un véhicule. Rive gauche, hauteur du pont National.

Grésillements. La voix ensommeillée du dispatcher.

— Reçu Drague 3. Type de véhicule ?

Grosjean plisse les yeux, essaie d'identifier à travers la rouille et les sédiments.

— Une berline. Années 90 je dirais. Y'a... attendez.

Il sort de sa cabine, s'approche du bastingage. La voiture pend au bout du grappin, eau qui s'écoule par les interstices. Des chaînes. Épaisses, enroulées autour de la carrosserie. Pas un accident. Quelqu'un a voulu que cette voiture reste au fond.

— Base, appelez les flics. C'est pas un accident.

Quarante minutes plus tard, l'Intercepteur accoste près de la drague. Maya coupe les moteurs, observe l'épave suspendue. Arno sort de la cabine, ajuste son blouson contre le vent froid qui souffle sur l'eau.

— Capitaine Arno, Brigade Fluviale. C'est vous qui avez remonté ça ?

Grosjean acquiesce, tend sa main calleuse.

— Marcel Grosjean. Dragage préventif secteur 7. J'ai senti que c'était pas normal quand les chaînes ont accroché.

Arno examine la voiture. Renault 21, couleur indéterminable sous la corrosion. Les vitres ont implosé sous la pression, laissant voir un habitacle envahi de vase.

— Depuis combien de temps elle est là, à votre avis ?

— Vu l'état de la carrosserie et l'épaisseur des dépôts... Vingt ans minimum. Peut-être plus.

Maya enfile des gants, s'approche. À travers la vase, elle distingue des formes sur le siège conducteur.

— Capitaine, il y a quelque chose à l'intérieur.

Arno prend sa lampe torche, éclaire l'habitacle. Des formes blanches apparaissent dans le faisceau. Os. Un crâne penché sur le côté, mâchoire ouverte dans un cri silencieux.

— On a un corps. Maya, appelle Éden. Qu'il prépare le labo.

Sur la berge, les badauds commencent à s'attrouper. Joggeurs matinaux, promeneurs de chiens, curieux attirés par l'activité inhabituelle. Deux agents en uniforme établissent un périmètre.

Le Scaphandrier arrive dans son fourgon, combinaison déjà enfilée. Il évalue la situation d'un œil expert.

— Je vais inspecter le fond. Voir s'il y a autre chose.

Il ajuste son masque, vérifie ses manomètres. Pression : 200 bars. Eau trouble mais plongeable.

— Profondeur ? demande-t-il à Grosjean.

— Huit mètres à cet endroit. Fond vaseux, courant modéré.

Le Scaphandrier bascule par-dessus bord. Splash discret, bulles qui remontent. Sa voix grésille dans la radio étanche.

— Visibilité un mètre. Je descends.

Dans la vase, ses mains gantées tâtonnent. Débris métalliques, pneus, caddie de supermarché. Les détritus habituels du fleuve. Puis quelque chose de différent. Dur, lisse. Il dégage la vase.

Une plaque d'immatriculation. Tordue mais lisible.

— J'ai trouvé une plaque. 342 KLM 75.

Reims, resté au QG, lance immédiatement la recherche dans les bases de données. Ses doigts volent sur le clavier.

— Véhicule déclaré volé le 15 mars 2001. Propriétaire : Lucas Merval, 28 ans à l'époque.

Le nom fait tiquer quelque chose dans la mémoire d'Arno. Merval... Merval...

— Continue, Reims.

— Profession : journaliste indépendant et militant écologiste. Porté disparu le 18 mars 2001. L'enquête a été classée sans suite. Disparition volontaire présumée.

Arno ferme les yeux. Le souvenir remonte. École de police, 2001. Un intervenant externe venu parler d'éthique journalistique et d'investigation. Grand, barbu, passionné. Lucas Merval.

— Je le connaissais. Il était venu faire une conférence pendant ma formation.

Maya le regarde, surprise. Rare de voir Arno affecté personnellement par une affaire.

Une grue arrive pour transférer la voiture sur la berge. Opération délicate. L'épave menace de se désagréger à chaque mouvement. Les chaînes rouillées grincent mais tiennent.

La voiture se pose sur le bitume dans un bruit de ferraille mouillée. L'eau s'écoule, formant des flaques boueuses. L'odeur de vase et de métal oxydé prend à la gorge.

Éden arrive avec son matériel. Il enfile une combinaison jetable, s'approche du véhicule.

— État de décomposition avancé. Mais les os sont préservés par l'environnement anaérobie. Je vais avoir besoin du corps complet pour l'identification formelle.

Un bruit métallique. La portière conducteur cède sous son propre poids, s'écrase au sol. Le squelette glisse, retenu par une ceinture de sécurité encore bouclée.

— Il était attaché, note Maya. Pas eu le temps de se détacher. Ou pas pu.

Éden examine la position du corps. Mains sur le volant, position naturelle. Pas de signes évidents de lutte dans l'habitacle.

— Les chaînes ont été mises après, déduit Arno. Pour s'assurer que la voiture coule et reste au fond.

Un agent en uniforme s'approche, téléphone à la main.

— Capitaine, j'ai le commissaire Demarche en ligne. Il veut vous parler de cette affaire.

Arno prend le téléphone. Voix grave, autoritaire, à l'autre bout.

— Arno ? Jean Demarche. J'apprends que vous avez repêché la voiture de Merval.

— Vous connaissez cette affaire, commissaire ?

— J'étais en charge de l'enquête sur sa disparition en 2001. Avant ma retraite. Écoutez, cette histoire a déjà fait assez de vagues à l'époque. Pas la peine de remuer la vase, si vous voyez ce que je veux dire.

— Un homme est mort, commissaire. Enchaîné dans une voiture au fond de la Seine.

— Suicide maquillé en meurtre. Merval était dépressif, paranoïaque. Il voyait des complots partout. Cette mise en scène, c'est typique de son côté théâtral.

— Vous avez conclu au suicide à l'époque ?

— Disparition volontaire. Nuance. Pas de corps, pas de crime. Maintenant qu'on l'a, ça change pas grand-chose. Vingt ans après, vous allez pas ressusciter les morts.

— C'est mon travail de chercher la vérité.

Silence au bout de la ligne. Quand Demarche reprend, sa voix a perdu son ton paternaliste.

— Arno, un conseil d'ancien. Certaines vérités sont mieux enterrées. Surtout quand elles impliquent des gens importants. Merval s'est attaqué à plus gros que lui. Faites pas la même erreur.

— C'est une menace ?

— C'est un avertissement amical. On se connaît depuis longtemps. Je voudrais pas vous voir finir comme lui.

Il raccroche. Arno rend le téléphone à l'agent, pensif. Demarche n'a jamais été du genre à faire dans la dentelle, mais là...

La dépanneuse arrive pour emmener l'épave. Direction : le hangar sécurisé de la police technique et scientifique. Le corps sera extrait avec précaution, chaque os répertorié.

Sur la berge, la foule des curieux a grossi. Certains filment avec leurs téléphones. Demain, les réseaux sociaux bruisseront de théories.

Le Scaphandrier remonte, un sac étanche à la main.

— J'ai quadrillé la zone. Trouvé ça à quinze mètres de l'impact initial.

Il ouvre le sac. Un portefeuille en cuir, décomposé mais reconnaissable. Des cartes plastifiées, illisibles. Et un badge, laminé, qui a mieux résisté.

Seine Vivante - Lucas Merval - Journaliste accrédité

Le logo de l'association écologiste est encore visible. Un poisson stylisé nageant dans une vague.

— Ça confirme l'identité, dit Maya. Mais qu'est-ce qu'il faisait là cette nuit de mars 2001 ?

Arno regarde le fleuve. L'eau coule, imperturbable. Vingt ans de silence. Vingt ans de secrets.

— Reims, je veux tout sur Lucas Merval. Articles, enquêtes, contacts. Et trouve-moi qui étaient ses ennemis.

— Déjà dessus, capitaine. Mais les serveurs de l'époque... C'est le bordel. La moitié des données a été migrée n'importe comment.

— Fais de ton mieux. Maya, on va voir si l'association Seine Vivante existe toujours.

— Et pour Demarche ?

— On verra. Pour l'instant, on suit la procédure. Un corps, une enquête.

L'équipe se disperse. La matinée avance, le soleil perce enfin la brume. Sur l'eau, les péniches reprennent leur ballet quotidien, indifférentes au drame ancien qui vient de resurgir.

Dans son fourgon, le Scaphandrier range son matériel. Son téléphone sonne. Numéro masqué.

— Oui ?

— T'as rien trouvé d'autre en bas ?

— Qui est à l'appareil ?

— Quelqu'un qui veut pas que tu te mouilles. Laisse tomber cette affaire. Pour ton bien.

La ligne coupe. Le Scaphandrier fixe son téléphone. Vingt ans après, quelqu'un surveille encore.

L'Intercepteur reprend le chemin du QG. Sur l'eau, quelques bulles remontent encore là où la voiture reposait. Derniers soupirs d'un secret trop longtemps enfoui.

Chapitre 2

Le laboratoire médico-légal de l'Institut de Recherche Criminelle sent l'éthanol et le formol. Néons blancs qui éliminent toute ombre, carrelage immaculé, instruments chirurgicaux alignés sur des plateaux d'inox. Au centre de la pièce, sur une table d'autopsie, les ossements extraits de la Renault 21 forment un puzzle macabre.

Éden ajuste ses lunettes de protection, enfile une seconde paire de gants en nitrile. À ses côtés, le docteur Sylvie Rochette, anthropologue judiciaire, examine le crâne sous une loupe binoculaire.

— Homme, entre vingt-cinq et trente-cinq ans au moment du décès. Dentition en bon état, quelques plombages ancienne génération.

Elle pivote délicatement le crâne, pointe vers l'os temporal droit.

— Regardez cette fracture. Linéaire, sans consolidation. Trauma péri-mortem.

— Un coup ?

— Possible. Ou l'impact lors de l'immersion. Difficile à déterminer après vingt ans dans l'eau.

Éden photographie la fracture sous plusieurs angles. Flash qui rebondit sur les surfaces blanches. Il note sur sa tablette : Fracture temporale droite, 4,3 cm, bords nets.

La porte du laboratoire s'ouvre. Arno entre, suivi de Maya. Ils ont troqué leurs tenues de terrain contre des blouses jetables bleues, charlottes sur la tête.

— Du nouveau ?

— On confirme un homme, la trentaine. Le docteur Rochette va faire une reconstruction faciale numérique.

Rochette place le crâne sur un scanner 3D. La machine bourdonne, laser rouge qui balaie chaque millimètre d'os. Sur l'écran de contrôle, le modèle numérique se construit couche par couche.

— La forme du crâne est bien préservée. Les marqueurs osseux sont nets. Je devrais obtenir une approximation fiable à 75%.

Maya examine les autres os