Carbonne Compte à rebours
Par Maximilien CADE
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À propos de ce livre électronique
Carbone - Compte à rebours
Dans un futur proche ravagé par le changement climatique, chaque être humain porte une puce sous la peau surveillant sa consommation de carbone. Dépasser son quota, c'est disparaître dans un Carbon Center d'où personne ne revient.
Maya Chen, brillante hackeuse de 17 ans, ne vit que pour son code et sa grand-mère qui l'a élevée. Quand cette dernière est arrêtée pour "surconsommation carbone", Maya plonge dans les entrailles du système et découvre une vérité glaçante : un programme secret d'élimination des "non-productifs" se cache derrière la façade écologique.
Rejointe par quatre autres adolescents aux talents exceptionnels et aux faiblesses très humaines – Jamal l'organisateur de résistance des quartiers défavorisés, Rory la fille rebelle d'un puissant sénateur, Tyler le génie mathématique anxieux, et Zara la réfugiée aux connexions internationales – Maya s'engage dans une course contre la montre pour démanteler un système génocidaire qui se drape dans la vertu environnementale.
Traqués par l'implacable Agent Vance et confrontés au Dr Stone, l'architecte du système qui croit sincèrement sauver la planète, ces cinq jeunes devront surmonter leurs différences et leurs peurs pour révéler au monde la vérité : sous couvert de sauver l'environnement, les élites ont programmé l'élimination d'une partie de l'humanité.
CARBON est un thriller haletant qui interroge avec force les limites de l'écologie politique et les dangers de l'autoritarisme environnemental. Entre action palpitante, réflexion scientifique pointue et personnages profondément humains, ce roman pose la question essentielle : à quel prix sommes-nous prêts à sauver la planète?"Quand sauver la planète devient un prétexte pour contrôler l'humanité..."
Premier tome d'une saga révolutionnaire
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Aperçu du livre
Carbonne Compte à rebours - Maximilien CADE
Prologue
Los Angeles, 22 juin 2047.
Le ciel avait pris cette teinte rouge-sang caractéristique des pires jours. Pour la troisième fois en deux semaines, les vents de Santa Ana charriaient un cocktail mortel de cendres d'incendies et de particules industrielles. Maria Gonzalez serra plus fort la main de sa fille de huit ans en traversant Crenshaw Boulevard.
— Maman, pourquoi il fait si chaud ? demanda Elena en tirant sur son masque respirateur dernier cri.
— C'est juste une mauvaise journée, mija.
Mais Maria savait que c'était bien plus qu'une mauvaise journée. Les mauvaises journées
étaient devenues la norme. Le thermomètre affichait 47°C à l'ombre. Les palmiers synthétiques qui bordaient la route, censés absorber le CO2, se recroquevillaient sous l'assaut de la chaleur.
Dans le même moment, Dr. Richard Stone sortait de sa limousine à hydrogène devant la tour GreenTech. Son costume intelligent ajustait automatiquement sa température et filtrait l'air qu'il respirait. Il leva les yeux vers le soleil voilé par les particules et sourit. Parfait. Exactement le scénario catastrophe dont il avait besoin pour convaincre le Congrès.
— Nous y sommes presque, murmura-t-il en touchant la petite puce prototype sous la peau de son avant-bras. L'humanité va enfin prendre ses responsabilités.
À l'autre bout de la ville, Maya Chen, alors âgée de quatorze ans, regardait sa grand-mère préparer des dumplings dans leur petit appartement de Chinatown. Le purificateur d'air ronronnait à plein régime.
— Lao-Lao, pourquoi on ne peut plus ouvrir les fenêtres ?
— Parce que l'air est mauvais, petite fleur. Mais ne t'inquiète pas. Les humains savent s'adapter.
Sa grand-mère ajouta des champignons cultivés en intérieur dans sa préparation. Depuis que la viande était devenue un luxe inaccessible, elle avait perfectionné ses recettes végétariennes.
— Tu sais, dans mon village en Chine, nous avons survécu à des tempêtes de sable qui duraient des semaines. L'humanité a toujours fait face aux défis.
Maya n'était pas convaincue. À l'école, les professeurs parlaient de point de non-retour
et de sixième extinction de masse
.
Dans les collines climatisées de Beverly Hills, la famille Mills s'enfermait dans leur résidence à empreinte carbone négative. Le sénateur Mills consultait anxieusement son écran neuronal. Les sondages étaient sans appel : 92% des Américains réclamaient des mesures drastiques contre la crise climatique.
— Il va falloir agir, murmura-t-il à sa femme tout en caressant la tête de sa fille de quinze ans. Sinon, nous perdons tout.
Aurora Rory
Mills leva les yeux de son manuel de biologie quantique. Elle avait entendu. Et contrairement à son père, elle comprenait que tout perdre
signifiait bien plus que des élections.
Et dans un laboratoire militaire du Montana, Tyler Brooks, douze ans, regardait son père météorologue tracer des cartes alarmantes. Les modèles climatiques prédisaient l'impensable : les systèmes atmosphériques planétaires atteignaient un point de rupture irréversible.
— Papa, on peut encore faire quelque chose ?
Le scientifique regarda son fils, ce génie aux cheveux roux qui comprenait déjà les équations qu'il traçait.
— Oui. Mais pas comme les gens l'imaginent. Pas en continuant comme avant avec quelques ajustements.
Il montra une simulation où la population mondiale diminuait drastiquement.
— Certains pensent que le problème, c'est combien nous sommes, pas ce que nous faisons.
C'est ainsi que commença l'année qui changea tout. L'année où l'humanité, piégée entre l'effondrement écologique et sa propre incapacité à changer ses habitudes, choisit la solution la plus terrible : se sauver d'elle-même.
Trois ans plus tard, le 15 mars 2050, chaque être humain sur Terre portait une carbonchip sous la peau. 2,3 tonnes de CO2 par an. Pas un gramme de plus.
Ils avaient appelé ça le salut.
C'était en réalité le début de la plus grande expérience de contrôle social de l'histoire.
Et cinq adolescents allaient tout changer.
Chapitre 1
Maya Chen vérifia machinalement son poignet. La barre verte de sa carbonchip luisait sous sa peau, trois quarts remplie. Elle remonta la manche de son sweat à capuche noir, sentant le tissu élimé frotter contre ses doigts. Le campus de UCLA bourdonnait autour d'elle, mélange de conversations étouffées et de sifflements des vélos électriques qui frôlaient sa jambe au passage.
L'air sentait le smog et l'herbe synthétique chauffée par le soleil. Maya plissa les yeux face à l'éblouissement des tours de Downtown qui se dressaient au loin, leurs façades couvertes d'algues bioréactives renvoyant la lumière comme des miroirs verdâtres.
Elle poussa la porte du laboratoire d'informatique. L'odeur familière de circuits surchauffés et de café synthétique l'enveloppa. Le ronronnement des ordinateurs quantiques formait un bourdonnement continu qui couvrait le battement de son cœur. Les écrans projetaient des codes complexes qui dansaient dans l'air comme des lucioles numériques.
— Chen ! Tu es en retard.
La voix du professeur Williams claqua dans le silence relatif. Sa silhouette trapue se découpait contre la fenêtre, les implants oculaires scintillant légèrement dans la pénombre du laboratoire.
— Désolée. Les métros sont au ralenti à cause des restrictions d'électricité.
Sa voix sortit plus aiguë qu'elle ne l'aurait voulu. Une goutte de sueur glissa le long de sa colonne vertébrale. Les yeux cybernétiques de Williams la fixaient, impassibles.
— J'espère que ton projet avance. La présentation est dans deux jours.
— Tout est sous contrôle.
Williams s'éloigna, ses pas résonnant sur le sol composite. Maya s'installa devant son terminal, ses doigts tremblant légèrement au contact du clavier holographique. Elle enfila ses lunettes de réalité augmentée, sentant le métal froid contre ses tempes. L'interface s'initialisa avec un léger picotement à la base du crâne.
L'écran afficha un réseau de lignes rouges et vertes – la cartographie du système de surveillance carbone de Los Angeles. Chaque ligne pulsait au rythme des émissions de CO2 des citoyens qu'elle représentait. Le système de climatisation du laboratoire soufflait un air froid contre sa nuque, contrastant avec la chaleur de son angoisse.
Maya chercha le profil de sa grand-mère : Chen Li-Wei, ID carbone #LA-784-921-002.
Sa barre de quota pulsait orange.
Le souffle de Maya se bloqua dans sa gorge. Ses doigts volèrent sur l'interface, déclenchant un algorithme d'analyse. Les chiffres défilèrent, leurs reflets dansant sur les verres de ses lunettes. Le quota de Lao-Lao diminuait deux fois plus vite que la normale.
Les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles, couvrant presque le bourdonnement des ordinateurs. Un marqueur presque invisible apparut à la périphérie des données : Programme de réduction démographique prioritaire - Catégorie senior non-productif
.
— Tu as l'air bouleversée.
Maya sursauta violemment, sa chaise raclant le sol composite. Tyler Brooks se tenait à moins d'un mètre d'elle, ses cheveux roux en bataille et son t-shirt froissé sentant le café et le désinfectant. Ses yeux verts fixaient l'écran holographique qu'elle n'avait pas eu le temps de fermer.
— Tyler ! Tu... depuis quand tu es là ?
Sa voix sortit comme un croassement. Les lunettes glissèrent sur son nez moite.
— Assez longtemps.
Le jeune homme s'assit à côté d'elle, le siège grinçant sous son poids maigre. Ses mains étaient marquées d'équations écrites à l'encre, les formules serpentant entre ses doigts comme des tatouages mathématiques.
— J'ai activé un brouilleur.
Il montra un petit appareil clipsé à sa ceinture. L'objet émettait un bourdonnement à peine perceptible.
— Tu... tu savais ?
Tyler sortit une tablette flexible de son sac usé. L'écran s'illumina, projetant des graphiques complexes dont les couleurs se reflétaient sur son visage pâle, creusant des ombres sous ses pommettes saillantes.
— Les statistiques officielles ne correspondent pas à mes calculs. Il manque des gens dans l'équation.
Maya sentit un frisson glacé parcourir son échine. L'air conditionné semblait soudain beaucoup trop froid.
— Ma grand-mère...
— Selon mes calculs, avec son taux actuel, dans moins de soixante-douze heures.
Les mots tombèrent comme des pierres. Maya referma brutalement son interface, le claquement holographique résonnant dans le laboratoire silencieux. Elle se leva, la chaise raclant le sol.
— Je dois y aller.
— Attends. Les carbonchips émettent en permanence. Ils la localiseront.
Les doigts de Tyler tremblaient légèrement en manipulant sa tablette. Une goutte de sueur perlait à sa tempe malgré l'air froid du laboratoire.
— J'ai... j'ai rencontré quelqu'un qui pourrait aider. Un gars de Watts. Il connaît un moyen de brouiller temporairement le signal des carbonchips.
Maya dévisagea Tyler, notant les cernes sous ses yeux, la tension dans sa mâchoire.
— Tyler Brooks, le génie ermite de Caltech, a rencontré un révolutionnaire de Watts ?
Un sourire fugace traversa le visage du jeune homme, révélant des dents légèrement de travers.
— La semaine dernière, à une manifestation. Quand la Carbon Police a chargé, ce gars m'a tiré hors de la mêlée. Jamal Washington.
Le téléphone de Maya vibra contre sa hanche. Le message de Lao-Lao s'afficha en caractères bleus lumineux:
Ma petite fleur, étrange visite aujourd'hui. Des agents carbone ont scanné l'appartement. Disent simplement vérification de routine. Ne t'inquiète pas. J'ai fait des mooncakes pour toi.
L'odeur fantôme des pâtisseries de sa grand-mère envahit ses narines, mélange de lotus et de thé.
— J'ai une voiture à hydrogène avec autorisation académique, dit Tyler en se levant. On peut être à Chinatown en vingt minutes.
Sa voix trahissait une nervosité qu'il essayait de contenir, ses doigts pianotant un rythme incohérent sur sa cuisse.
Le campus grouillait d'étudiants lorsqu'ils sortirent du laboratoire. La lumière du soleil frappa Maya comme un coup physique après la pénombre climatisée. Un drone de surveillance passa au-dessus d'eux, son bourdonnement distinct des autres bruits ambiants. Maya garda la tête baissée, sentant la sueur coller son t-shirt à son dos.
La voiture de Tyler attendait dans le parking souterrain. Un modèle compact à hydrogène, sa carrosserie blanche immaculée contrastant avec le béton gris taché d'huile.
— Monte.
Les sièges sentaient le plastique neuf et le désinfectant. Le tableau de bord s'illumina, projetant des informations de trafic sur le pare-brise. Des capteurs discrets pulsaient dans les montants des portes.
— Pour le système, tu es ma cousine de Seattle.
Le trajet vers Chinatown fut ponctué par le vrombissement du moteur à hydrogène et le chuintement occasionnel des pneus sur l'asphalte recyclé. Les rues de Los Angeles défilaient, étrangement vides pour un mardi après-midi. Les piétons marchaient tous dans la même direction, leurs visages tournés vers des écrans portables qui émettaient des lueurs bleutées.
— Quelque chose ne va pas, murmura Maya.
Le goût métallique de la peur envahit sa bouche.
Tyler augmenta la vitesse, ses jointures blanchissant sur le volant.
— Vérification des fréquences d'urgence.
Une voix synthétique résonna dans l'habitacle, vibrant contre les vitres teintées:
Alerte carbone de niveau 3 dans les secteurs Chinatown, Little Tokyo et Arts District. Tous les citoyens en-dessous du quota minimum sont priés de se présenter aux points de vérification pour scan obligatoire.
L'estomac de Maya se noua. Le véhicule tourna brusquement, plongeant dans une allée latérale. L'odeur des ordures et de la pluie acide remplaça l'air filtré de l'habitacle quand Tyler arrêta la voiture derrière un restaurant abandonné.
La boîte à gants s'ouvrit avec un claquement sec. Deux bracelets métalliques reposaient sur un tissu anti-statique, leurs LED clignotant faiblement.
— Des brouilleurs temporaires. Trente minutes maximum.
Le métal était froid contre la peau de Maya. Le bracelet émit un léger bourdonnement, provoquant des picotements le long de son bras.
Les ruelles de Chinatown sentaient l'ozone des purificateurs et les épices. Des idéogrammes holographiques publicitaires flottaient au-dessus des devantures fermées, projetant des ombres rougeâtres sur les trottoirs déserts. Une patrouille de Carbon Police croisa leur chemin, les casques reflétant la lumière des enseignes. Maya retint son souffle, sentant ses ongles s'enfoncer dans ses paumes.
Les agents passèrent sans s'arrêter, leurs bottes claquant sur le béton.
L'immeuble de Lao-Lao se dressait à deux rues de là. Deux fourgons noirs aux logos gouvernementaux étaient garés devant l'entrée principale, leurs moteurs silencieux ronronnant doucement.
Maya sentit ses jambes trembler. L'escalier de service métallique grimpait le long du bâtiment, ses marches rouillées grinçant sous leurs pas précautionneux. Chaque mouvement semblait amplifié dans le silence anormal du quartier habituellement animé.
Arrivée au troisième étage, Maya s'immobilisa. La fenêtre de la cuisine était ouverte, les rideaux flottant dans la brise légère. L'odeur des épices et du thé jasmin s'échappait de l'appartement, mêlée à un parfum plus âcre, industriel.
— Lao-Lao ne laisse jamais cette fenêtre ouverte.
Sa voix n'était qu'un souffle. Des voix masculines provenaient de l'entrée principale, étouffées mais autoritaires.
Maya se faufila par la fenêtre, le rebord métallique mordant dans ses paumes moites. Ses pieds atterrirent silencieusement sur le carrelage froid de la cuisine. Tyler la suivit, son coude heurtant un pot de plante synthétique avec un tintement sourd.
La cuisine était figée dans une scène de vie interrompue. La pâte à mooncakes reposait dans un bol sur le plan de travail, un rouleau à pâtisserie abandonné à côté. Le thé fumait encore dans une théière traditionnelle, son arôme floral flottant dans l'air immobile.
Maya avança vers la chambre de sa grand-mère, le plancher craquant sous ses pas. La porte s'ouvrit sans bruit.
Lao-Lao était assise sur son lit, droite et digne dans sa robe de soie bleue délavée. Ses mains ridées arrangeaient méticuleusement quelques affaires dans un petit sac brodé. Elle leva les yeux, ses pupilles noires perçantes.
— Je savais que tu viendrais, petite fleur.
Sa voix était calme, aussi familière que le parfum de jasmin qui l'accompagnait toujours. Maya courut vers elle, sentant les bras frêles mais fermes de sa grand-mère l'envelopper.
— Ils sont là pour t'arrêter.
— Je sais.
Lao-Lao se tourna vers Tyler, l'évaluant d'un regard qui semblait percer jusqu'à son âme.
— Tu es le garçon dont ma petite-fille parle souvent.
Tyler rougit, évitant son regard perçant.
Des bruits de pas résonnèrent dans le couloir, se rapprochant inexorablement. Un cliquetis métallique – quelqu'un manipulait la serrure électronique de l'entrée.
— Vite, par la fenêtre, chuchota Maya, attrapant le sac de sa grand-mère.
Lao-Lao secoua la tête. Une mèche de cheveux blancs s'échappa de son chignon impeccable.
— À mon âge, je ne grimpe plus aux échelles, petite fleur.
Elle sortit de sa poche un petit disque brillant, sa surface captant la lumière comme un miroir liquide.
— Prends ceci. C'est un disque de stockage quantique. Un vieil ami me l'a confié avant de disparaître.
Le métal était tiède contre la paume de Maya, comme s'il contenait une énergie propre.
La porte d'entrée s'ouvrit avec un sifflement hydraulique. Des bottes lourdes martelèrent le sol du salon.
Lao-Lao se leva, lissa sa robe d'un geste tranquille, et prit une profonde inspiration.
— Va-t'en maintenant. Fais ce que tu dois faire.
Maya serra le disque jusqu'à sentir ses bords s'imprimer dans sa chair. L'odeur des agents – cuir synthétique et désinfectant – se mêlait maintenant à celle du jasmin et des épices.
— Lao-Lao, je ne peux pas...
Sa grand-mère posa un doigt sur ses lèvres, le contact aussi léger qu'une plume.
— Tu as toujours été ma plus grande fierté.
Des voix masculines retentirent dans le salon, accompagnées du bip caractéristique des scanners carbone.
Tyler attrapa le bras de Maya et l'entraîna vers la fenêtre. Les rideaux de la chambre ondulèrent dans la brise, révélant puis masquant la silhouette droite de Lao-Lao qui se tournait vers la porte, la tête haute.
Le soleil couchant frappait l'escalier métallique, transformant la rouille en or. Maya sentit le disque pulser contre sa peau, comme un second cœur.
Derrière elle, la porte de la chambre s'ouvrit.
Chapitre 2
Le soleil se couchait sur Watts, nimbant les tours de refroidissement des centrales à fusion d'une lueur orangée. Jamal Washington essuya la sueur qui coulait sur son front, son t-shirt déjà trempé collant à sa peau. L'air vibrait, chargé d'électricité et de tension.
La foule s'était rassemblée spontanément sur la place centrale du quartier. Des centaines de personnes, principalement des jeunes, s'agglutinaient autour des écrans publics. Les visages étaient tendus, certains cachés derrière des masques à filtration, d'autres exposés à l'air lourd et poussiéreux de la fin de journée.
— Encore une rafle de quotas, marmonna une femme à côté de Jamal. Troisième cette semaine.
Sur les écrans défilaient les images d'agents carbone escortant des personnes âgées et des familles entières vers des fourgons noirs. Les caméras des drones de la Carbon News Agency capturaient tout sous l'angle le plus aseptisé possible. Un bandeau rouge en bas de l'écran annonçait : Opération d'assainissement carbone en cours - Les citoyens exemplaires sont priés de rester à l'écart.
Jamal sentit la colère monter en lui, brûlante comme les épices qui parfumaient encore sa peau après son service au restaurant de son oncle. La barre verte de sa carbonchip pulsait sous la peau de son poignet, à peine à la moitié de sa capacité. Sa famille avait appris à vivre avec moins, bien moins que le minimum théorique. Bien moins que ces politiciens et leurs enfants privilégiés qui achetaient des crédits carbone comme d'autres achetaient autrefois des sneakers de collection.
— Ils ont pris la grand-mère de Levi ce matin, dit une voix à sa droite.
Marcus, son ami d'enfance, s'était glissé à côté de lui, son sweat à capuche rabattu sur son visage. Ses yeux brillaient de cette lueur fiévreuse que Jamal connaissait trop bien. La lueur de quelqu'un prêt à tout risquer.
— Et maintenant ils ratissent Chinatown, ajouta Marcus. On dit qu'ils ciblent tous les seniors. Officiellement pour dépassement de quota
.
Un murmure parcourut la foule. Sur les écrans, un commentateur au sourire plastique expliquait les bienfaits des Carbon Revival Centers
pour les citoyens en infraction. La façade d'un bâtiment massif apparut à l'écran, ses murs blancs immaculés évoquant davantage un centre de détention qu'un lieu de recyclage carbone
.
Le téléphone de Jamal vibra dans sa poche. Un message crypté sur l'application que le réseau utilisait pour communiquer.
Fourgons repérés Crenshaw/MLK. Vingt seniors embarqués. Direction Riverside.
Riverside. Là où se trouvait le plus grand Carbon Center de Californie du Sud. Là où son frère aîné avait été emmené huit mois plus tôt pour avoir dépassé son quota en aidant à organiser un barbecue communautaire. Aucune nouvelle depuis.
— Ils vont trop loin cette fois, gronda Marcus, lisant par-dessus son épaule.
Jamal regarda autour de lui. La foule grossissait de minute en minute. L'air semblait chargé de particules électriques, comme avant un orage. Des agents de sécurité privée prenaient position discrètement aux coins de la place, leurs uniformes gris se fondant presque parfaitement dans le crépuscule grandissant.
Un vieillard s'avança soudain vers l'un des écrans et cracha sur la surface lisse. Le geste déclencha une vague d'acclamations. Un agent s'approcha, la main posée sur son scanner carbone réglementaire.
— Dispersion immédiate ! Rassemblement non autorisé !
Sa voix, amplifiée par un micro-implant, résonna sur la place. L'agent portait le casque intégral caractéristique de la Carbon Police, sa visière reflétant les lumières des écrans et dissimulant son visage.
— On a le droit d'être ici ! cria quelqu'un dans la foule. L'espace public appartient au public !
Jamal sentit les muscles de son dos se tendre. Il connaissait cette dynamique, l'avait vécue trop souvent. Une remarque, une bousculade, puis l'escalade inévitable vers la violence. Sa main effleura son sac, contenant le brouilleur artisanal qu'il avait construit avec l'aide d'un ancien ingénieur de Caltech.
Marcus lui lança un regard. Un simple mouvement de tête suffit pour communiquer leur plan. Ils s'écartèrent légèrement l'un de l'autre, se positionnant stratégiquement.
Un drone de surveillance descendit en spirale au-dessus de la place, son bourdonnement distinct couvrant momentanément les voix de la foule. Le rayon bleuté de son scanner balaya les visages, identifiant et cataloguant chaque personne présente.
Puis tout bascula en quelques secondes.
Une bouteille vola, frappant le drone qui vacilla dans les airs. Un agent dégaina son Taser carbone. Un adolescent tomba au sol, son corps secoué de spasmes, l'odeur caractéristique d'ozono déchargé emplissant l'air autour de lui.
La foule rugit comme un seul organisme. Jamal vit des pavés arrachés au sol, des poings levés. Les agents reculèrent, formant une ligne défensive, leurs matraques électriques projetant des arcs bleutés.
— Maintenant ! cria Marcus.
Jamal activa le brouilleur dans son sac. L'appareil émit un bourdonnement grave qui fit vibrer sa cage thoracique. Autour de lui, les carbonchips des manifestants clignotèrent avant de s'éteindre momentanément. Invisibles au système. Libres, pour quelques précieuses minutes.
La foule, comprenant l'opportunité offerte, se divisa instinctivement en petits groupes qui s'élancèrent dans différentes directions. Une tactique développée au fil des mois de répression. Diviser pour survivre.
Jamal courut vers Crenshaw Boulevard, ses baskets frappant l'asphalte recyclé au rythme de son cœur battant. L'air brûlait ses poumons, mélange de smog et d'adrénaline. Derrière lui, des cris, des ordres hurlés, le crépitement caractéristique des Tasers carbone.
Une silhouette surgit d'une ruelle latérale, percutant Jamal de plein fouet. Ils roulèrent tous deux au sol, le bitume écorchant les paumes de ses mains. Jamal se redressa d'un bond, poings levés, prêt à se défendre.
Face à lui se tenait une fille asiatique, petite mais manifestement tendue comme un ressort, ses yeux sombres évaluant rapidement la situation. Son sweat à capuche noir était poussiéreux, une égratignure fraîche marquait sa joue.
— La Carbon Police est partout, dit-elle, son souffle court. Ils bloquent toutes les sorties de Chinatown.
Jamal la dévisagea, méfiant. Il ne l'avait jamais vue dans le quartier. Sa diction précise et son allure trahissaient une éducation privilégiée.
— Qui es-tu ? demanda-t-il, reculant d'un pas.
Un drone passa au-dessus d'eux, son rayon de scan balayant le trottoir. Jamal attrapa le bras de la fille et la tira dans l'embrasure d'une porte, leurs corps pressés contre le métal froid pour éviter la détection.
— Maya Chen, répondit-elle quand le drone se fut éloigné. Et j'ai besoin de ton aide, Jamal Washington.
Son prénom dans la bouche de cette inconnue lui fit l'effet d'une décharge électrique. Comment pouvait-elle le connaître ?
— Tyler Brooks m'a parlé de toi, ajouta-t-elle, comme si elle lisait dans ses pensées. Il a dit que tu avais un réseau de résistance. Que tu pouvais aider les gens à passer sous le radar carbone.
Le nom du génie de Caltech fit hésiter Jamal. Il avait effectivement rencontré Tyler lors d'une manifestation la semaine précédente, l'avait tiré hors
