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Un roman dont vous êtes la victime - Chut
Un roman dont vous êtes la victime - Chut
Un roman dont vous êtes la victime - Chut
Livre électronique240 pages2 heures

Un roman dont vous êtes la victime - Chut

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À propos de ce livre électronique

La série des Romans dont vous êtes la victime présente des choix narratifs déchirants au lecteur. Ici, pas besoin de calculs ni de notes ;
que des décisions à prendre, qui mèneront inévitablement à des péripéties et des fins différentes.
Vous comprendrez bien vite qu’il y a parfois des conséquences pires que la mort.
Mimi, femme d’affaires bien rangée, a besoin d’évacuer la pression du quotidien.
C’est avec Chut, une compagnie de divertissement, qu’elle concocte un scénario érotique qui se répète chaque fois qu’elle le désire.
Des « criminels » la prennent par la force, la jettent dans une camionnette et l’anesthésient.
Elle se réveille dans un autre pays, attachée à un lit. Or, cette fois, elle ne s’endort pas. Qui l’a enlevée ?
La liste des suspects la frappe : son conjoint actuel, son ancien mari, des collègues de travail ou des subalternes.
Tant de gens pourraient lui en vouloir...
Mimi ne connaît pas la réponse, tout comme elle
ignore si elle s’en sortira en vie.
LangueFrançais
ÉditeurÉditions Corbeau
Date de sortie15 juin 2023
ISBN9782898191527
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    Aperçu du livre

    Un roman dont vous êtes la victime - Chut - Withney St-Onge

    Note de l’auteure

    Il est difficile de chiffrer la violence conjugale. Les données statistiques ne peuvent rendre compte de l’étendue de ce problème social grave. Certaines victimes en meurent, d’autres survivent avec de profondes cicatrices.

    Quand j’ai commencé à rédiger cette note, mon intention était de vous sensibiliser au phénomène et de fournir des ressources d’aide, pour ceux et celles qui en ressentent le besoin.

    Maintenant, je vois bien que ça a toutes les apparences d’un traumavertissement, ce qu’on appelle en anglais un trigger warning. Ce n’est pas le but. Je crois qu’avec le résumé, le titre de la collection qui contient le mot « victime », on comprend vite que c’est un livre violent qui pourrait vous faire plonger (ou replonger) dans l’horreur de la violence conjugale.

    Si vous êtes sous l’emprise d’une personne violente ou si vous suspectez qu’un de vos proches est dans une relation toxique, voici deux ressources pertinentes :

    SOS violence conjugale : 1 800-363-9010

    Ligne de prévention du suicide : 1 866-appelle.

    Mes pensées vont à toutes les personnes qui luttent pour s’en sortir, mais aussi, à celles qui en sont mortes.

    « Elle veut changer le passé… mais le poids du passé est écrasant, et essayer de s’en libérer est aussi difficile, découvre-t-elle, que de soulever une maison pour chercher en dessous un objet égaré, oublié ou caché. »

    Jessie, Stephen King

    Chapitre 1

    Fuck ! J’en ai tellement besoin ! Je suis tendue comme les broches d’une adolescente à la dentition surprenante. Mes doigts longent mon bas-ventre pour glisser vers mon sexe. Mon index et mon majeur effectuent des mouvements circulaires sur mon clitoris. C’est mieux de marcher.

    Allongée sur le lit que je partage normalement avec Jean, je constate que l’étincelle nécessaire brille par son absence. Je suis à peine humide. La tension est là, oui. L’excitation, non. Soupir.

    C’est toujours quand l’urgence d’évacuer le stress m’empoigne que l’inspiration pour la petite mort ne vient pas. La loi de Murphy, peut-être ?

    Pourtant, j’ai enfin la sainte paix. Enfin ! Mon mari et mon fils Félix s’entraînent au karaté. Ma dure journée de travail est terminée. Les nombreuses stupidités de mes subalternes, les calculs complexes des risques et les décisions crève-cœur ne constituent maintenant que des souvenirs. Les nerfs de mes épaules et de mon cou sont tendus comme une corde raide sur le point de se rompre. C’est insensé.

    Le quotidien et la routine tuent le sexe. Ces pensées m’empêchent de me laisser aller pleinement.

    Il faut que je relaxe.

    Il ne reste que Mimi pour Mimi. Les autres n’existent plus.

    Pour me réchauffer, je ferme les yeux. Ma dernière expérience avec Chut s’anime devant moi.

    Éclairée faiblement par des lampadaires qui grésillent, j’attends. J’attends que tout commence. J’attends la brutalité. J’attends l’enlèvement. Cette seule idée libère de la cyprine entre mes lèvres. Ouf !

    Les pneus d’une fourgonnette blanche mordent l’asphalte. Des hommes cagoulés en sortent et foncent vers moi. Leurs silhouettes sombres me font frémir. Leurs mains puissantes me saisissent et me traînent. Je me démène, tente de me dégager de leur emprise. L’un d’eux barbouille mon visage avec un linge humide juste avant de me balancer à l’arrière du véhicule. Mon cœur bat à tout rompre dans ma cage thoracique et dans mon entrejambe. Et ce n’est que le tout début.

    Mes genoux percutent le plancher. Les portes glissent et claquent. L’impuissance durcit mes mamelons. Tout tourne. La poussière me fait tousser. Ma conscience s’amenuise, jusqu’à l’endormissement complet par le chloroforme.

    Quand je me réveille, j’ouvre et ferme ma bouche pâteuse. Une sensation de piqûre au cou m’informe que, comme prévu, un somnifère plus efficace m’a été injecté. Paris. La tour Eiffel de l’autre côté de la fenêtre a vendu la mèche. Représentation parfaite de carte postale. L’image phallique m’arrache un sourire. Tout ici exsude le sexe, même les bâtiments historiques.

    Enchaînée à mon nuage de lit, je tourne la tête pour apercevoir Gary – l’acteur que j’ai embauché –, assis sur une chaise. Il me fixe avec fougue. Ses yeux noisette envahis par le désir me font fondre. Il sécrète… de la chaleur. Ses épaules semblent l’entraîner vers le sol tellement elles sont musclées. Je me sens toute chose.

    Il s’avance vers moi, embarque sur le lit, flambant nu. À cheval sur mon visage. Son membre semi-flasque m’effleure le nez. Gary m’ordonne de le mettre dans ma bouche et de le sucer jusqu’à la dernière goutte. La dernière goutte. J’agite mes chaînes. Qui claquent.

    En dehors de la visualisation, dans la vraie vie, dans mon lit banal, je me sens au bord de l’extase, déjà. Mes doigts me pénètrent, mon pouce circule sur mon clitoris. Je frotte mes seins. Ma respiration s’accélère. Mes muscles se bandent dans un crescendo de sensations.

    Et j’explose dans un râle puissant.

    L’effet d’apesanteur m’enlace. La tension qui habitait mon corps s’est évaporée. Je pantèle. Mon rythme cardiaque ralentit. Je reste là quelques minutes, à sentir mon cœur battre dans mon entrejambe. À respirer plus doucement.

    Je me redresse. J’espère que ça se passe bien au karaté pour les deux amours de ma vie. Je les ai un peu obligés à s’inscrire, il y a de ça quelques mois. Ces deux-là, je les adore, mais ils sont dépourvus d’initiative, comme la majorité des personnes qui m’entourent. J’ignore même s’ils connaissent la signification du mot « proactif ». Il faut penser à tout pour eux. Pour tout le monde. Déjà, un nerf se coince dans mon cou, que j’étire de gauche à droite. J’inspire et mes doigts encore poisseux le massent tandis que je me lève. Je réussis à débloquer le tout, mais une crampe m’attaque la main. Je ferme mon poing et le desserre à quelques reprises, dans le but de chasser la douleur. Rien n’y fait.

    Une faim de loup me taraude l’estomac. Je m’empare de mon cellulaire, toujours avec mes doigts douloureux. Mettre ma prothèse pour utiliser ma main artificielle me passe par l’esprit, mais l’idée est vite rejetée : c’est lourd et inconfortable. Je pianote et en quelques clics, la pizza est commandée. Même pas besoin de parler à un humain : vive Internet.

    Dans le cellier de la cuisine, je me saisis d’un pinot noir. La bouteille coincée dans le creux de mon coude, je poignarde le liège avec le tire-bouchon. Tourne et tourne, puis tire. Le « pop » me soutire une moue de satisfaction.

    Le vin se déverse dans une coupe évasée sur l’îlot. Un parfum fruité flotte jusqu’à mes narines. Je pense à l’air pincé de Georgia. Elle aussi aime prendre un verre après le travail. Deux poids invisibles s’accrochent à mes épaules. Encore aujourd’hui, elle ne m’a pas adressé la parole. Et ses regards désapprobateurs commencent vraiment à m’énerver. Il ne peut y avoir qu’une seule directrice générale chez AssurePro. On m’a choisie. Moi, la petite Mimi. Celle à qui l’on a donné un prénom ridicule. Celle qui est partie de rien, qui a vécu l’enfer et sur qui, maintenant, tout le monde peut compter. Tout le monde. Il faudrait qu’elle s’y fasse, Georgia. Presque six mois que j’ai obtenu ma promotion. Qu’elle en revienne !

    Mes vertèbres semblent se souder. Merde ! Je masse le bas de mon dos quand la sonnette résonne. Pizza ! J’enfile rapidement une veste, pour ne pas laisser voir mon poignet dépourvu de main, puis ouvre. Je n’ai pas envie de mettre ma prothèse juste pour ne pas choquer le pauvre livreur. À ma grande surprise, c’est une femme. Grande. Mon regard doit se lever pour l’étudier : ce qui n’est pas étonnant puisque je mesure quatre pieds onze. C’est une vieille, avec les cheveux teints, blonds, qui me rappellent les miens. Avec son air de bouledogue, elle me tend la boîte, que je prends de ma main. Mon pied referme la porte.

    Je rejoins ma coupe sur l’îlot. Pizza et vin. C’est ça, la vraie vie. Entre deux bouchées, j’essuie mes doigts sur une serviette et vérifie mes courriels, puis mes tâches pour demain dans mes calendriers électroniques. Je possède quatre agendas différents : un pour mon travail, un pour moi, un pour mon mari et un dernier pour mon fils. Je ne peux pas compter sur eux pour qu’ils se souviennent de quoi que ce soit. Peut-être que je suis un peu responsable de leur incompétence. Si je ne palliais pas systématiquement leurs oublis, ils feraient peut-être plus attention… Mais recevoir un appel d’un professionnel qui m’informe que mon Félix a manqué un rendez-vous ou bien entendre Jean se plaindre parce qu’il a décidé de tolérer une verrue plantaire par paresse… c’est beaucoup plus énergivore pour moi. On doit choisir ses batailles. C’est un simple calcul : effort versus résultat.

    Une succession de réunions m’attend demain. Et je dois rencontrer un employé… pour le congédier. Peut-être que je pourrai placer ce moment désagréable entre la réunion d’équipe et le comité de gestion… J’aurais un quinze minutes.

    En dépit du vin et de la bonne bouffe, mes muscles sont bien tendus et je sens des nœuds partout. Je me gruge les lèvres. Tous les bienfaits de mon orgasme sont réduits à néant. Je délaisse mon cellulaire et ouvre le tiroir des objets qui n’ont aucun rapport dans une cuisine, mais qui demeurent utiles. J’en retire un bloc-notes et un stylo. Pour me calmer, je gribouille quelques lignes sans trop réfléchir :

    Ma famille

    Ma maison

    Mon sexe

    Ma prison

    Je me relis et souris. Ce n’est pas le sexe qui m’emprisonne, mais bien son absence… ou bien les tensions infligées par le manque. L’évidence me frappe : je suis mûre pour une fin de semaine d’escapade avec Chut. Et ça presse.

    Chapitre 2

    Réveillée avant l’aube. J’ai tant à accomplir aujourd’hui, avant de partir à l’aventure : cinq kilomètres de jogging, trois repas différents pour la fin de semaine pour mes deux amours, deux valises et neuf heures de travail.

    C’est prouvé statistiquement : les gens qui s’alimentent bien et s’entraînent vivent plus longtemps. Et ils sont mieux de me survivre, ces deux-là, parce qu’il est hors de question que je me retrouve veuve à 90 ans dans un CHSLD pas de fenêtre. J’aurai pris assez soin de Félix pour qu’il demeure suffisamment en forme pour changer mes couches.

    C’est vrai, je pourrais essayer de les laisser se débrouiller sans moi et m’en tenir à ma routine matinale. Mais je parie qu’ils ne mangeraient que du restaurant. Ce n’est pas très bon pour le développement de Félix et pour le cholestérol de Jean. Il n’y a que moi qui peux me permettre un écart de temps en temps. Je suis plus en forme et j’en fais plus qu’eux. Les efforts se doivent d’être récompensés.

    La cuisinière affiche 6 : 02 lorsque j’entends mon mari descendre les escaliers. Pas besoin de jeter un regard : le pas pesant et las le caractérise. Le tofu, les légumes et le gingembre crépitent dans la poêle, embaumant la pièce d’une odeur fraîche et piquante.

    Jean vient se placer derrière moi, appuie son menton sur ma tête et me masse les épaules :

    — Oh là là, tu es vraiment tendue, ma chérie.

    Il m’embrasse la nuque. Mes muscles se braquent.

    — Je dois tout préparer pour la fin de semaine avant d’aller travailler. Je suis un peu pressée, là, Jean, soupiré-je en m’étirant le cou pour esquiver un deuxième baiser.

    Il recule et se place pour apparaître dans ma vision périphérique, à gauche de la cuisinière. Il s’appuie sur le comptoir en quartz.

    — Tu pars quelque part ?

    — … J’en ai besoin.

    Aucune ambiguïté quant à notre entente : ne jamais nommer la chose, mais surtout, ne jamais mentir. Jean baisse les yeux et croise les bras. Il a tout de suite compris ce à quoi je faisais référence. Il inspire profondément et lance :

    — Tu sais que je peux cuisiner, hein, ma chérie ?

    Je hoche la tête en esquissant un sourire. Pas la peine de le contredire. Il a toutes les bonnes intentions du monde. C’est juste qu’entre la théorie et la pratique, pour Jean, il y a deux univers même pas parallèles. Ça ne sert à rien de lui remettre tout ça sur le nez. Je l’aime, après tout, mon mari. Je lui donne un baiser pincé sur la joue en déplaçant mon poêlon vers un rond froid. Frottement de métal. Je tourne le bouton de la cuisinière pour la fermer : clic.

    Félix, ma grande perche, se joint à nous un peu plus tard alors que je dispose des assiettes sur la nappe rouge. Il arbore une gaieté de façade tout en demeurant silencieux, comme d’habitude. Ce n’est pas un oiseau du matin, celui-là. Son casque d’écoute, qui supprime les bruits, est bien enfoncé sur ses oreilles. Il nous entend quand même, mais il se sent moins envahi par les autres fréquences. Sous son nez, sa peau reluit : il a mis un peu de crème, sûrement pour masquer les effluves du déjeuner. Je le comprends : pour ma part, c’est l’odeur des œufs qui m’écœure. Je respire par la bouche pour minimiser le désagrément.

    — Passé une belle nuit, mon coco ?

    — Oui, m’man, articule-t-il en gagnant sa place habituelle au bout de la table.

    Je le regarde un instant. Il frotte son visage.

    — Bon, prends place, ma belle femme, je m’occupe de ça, déclare Jean.

    J’ai tout préparé et il ne reste qu’à servir. Est-ce qu’il pense qu’il m’accorde une si grande faveur en déposant les plats devant nous ? Ça me donne l’impression qu’il prend le crédit pour quelque chose que j’ai accompli. Ça me chicote un peu, mais je vois bien que c’est ridicule. Je m’installe. Il balance deux œufs et deux toasts dans une assiette et la tend à Félix, qui le remercie. Que j’ai bien éduqué ce petit homme ! Après tout ce que j’ai vécu quand il était bébé, ce n’est rien de moins qu’un miracle qu’il ait si bien tourné. C’est comme si aucune trace de son père violent ne l’entachait. Malheureusement, il a les yeux bleus perçants ­d’Arnaud, mais ça, je ne peux pas les lui enlever.

    • • •

    Déjà 15 h. Assise à mon bureau, je contemple les multiples gratte-ciels par la fenêtre en attendant Mathieu. Je pianote sur mon espace de travail et secoue la tête. Soupir. Mathieu me fait penser au plus âgé de mes frères, Michel. Plus jeune que moi, mais plus vieux que les autres. Il est – trop – gentil. Il ne s’agit pas d’une bonne qualité quand tu œuvres au sein d’une compagnie d’assurance dont l’objectif de protéger les gens passe après celui de faire de l’argent. Inutile de se voiler la face : si on travaille ici, c’est pour la cagnotte de Picsou. On vit dans une société capitaliste, alors à quoi bon le nier ?

    Congédier une personne parce qu’elle a un grand cœur me contrarie. Mais je n’ai pas le choix. Quand Mathieu cogne à l’entrée, je me lève et rajuste ma blouse :

    — Entre !

    J’aurais pu laisser les ressources humaines s’en occuper, mais me cacher derrière la bureaucratie, ça n’a jamais fait partie de mes valeurs. J’en

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