Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français)
Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français)
Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français)
Livre électronique190 pages4 heures

Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Dans le Londres victorien, le jeune et séduisant Dorian Gray devient l'objet d'un tableau magistral du peintre Basil Hallward. Fasciné par sa propre beauté, et influencé par les idées hédonistes de l'aristocrate Lord Henry Wotton, Dorian exprime un

LangueFrançais
Date de sortie5 juin 2024
ISBN9782487586086

Auteurs associés

Lié à Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français)

Livres électroniques liés

Histoire africaine pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français)

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Portrait de Dorian Gray (version traduite en Français) - OSCAR WILDE

    Le Portrait de Dorian Gray

    Oscar Wilde

    Traduit par Iliana Soumeya Chiali

    Le texte est du domaine public. Les modifications et la mise en page de cette version sont protégées par le droit d'auteur © 2024 par Éditions Renard. Les éditeurs ont déployé tous les efforts raisonnables pour garantir que ce livre est effectivement dans le domaine public dans tous les territoires où il a été publié, et s'excusent pour d'éventuelles omissions ou erreurs commises. Des corrections pourront être apportées aux futures impressions ou publications électroniques.

    Table des matières

    PRÉFACE

    CHAPITRE I.

    CHAPITRE II.

    CHAPITRE III.

    CHAPITRE IV.

    CHAPITRE V.

    CHAPITRE VI.

    CHAPITRE VII.

    CHAPITRE VIII.

    CHAPITRE IX.

    CHAPITRE X.

    CHAPITRE XI.

    CHAPITRE XIV.

    CHAPITRE XV.

    CHAPITRE XVI.

    CHAPITRE XVII.

    CHAPITRE XVIII.

    CHAPITRE XIX.

    CHAPITRE XX.

    BIOGRAPHIE

    PRÉFACE

    L'artiste est créateur de belles choses. Révéler l'art et cacher l'artiste, tel est le but de l'art. Le critique est celui qui peut traduire d'une autre manière ou une autre matière l’impression que provoquent chez lui les belles choses.

    La forme la plus élevée comme la plus basse de la critique est un mode d'autobiographie. Ceux qui trouvent des significations laides dans les belles choses sont corrompus sans être charmants. C'est une faute.

    Ceux qui trouvent de belles significations aux belles choses sont cultivés. Pour ceux-là, il y a de l'espoir. Ce pour qui les belles choses ne signifient que la beauté sont les élus.

    Il n'existe pas de livre moral ou immoral. Un livre est bien écrit ou mal écrit. C'est tout.

    L'aversion du XIXe siècle pour le réalisme est la rage de Caliban voyant son propre visage dans un miroir.

    L'aversion du XIXe siècle pour le romantisme est la rage de Caliban ne voyant pas son visage dans un miroir. La vie morale de l'homme est un des sujets sur lequel travaille l'artiste, mais la moralité de l'art consiste en l'utilisation parfaite d'un médium imparfait. Aucun artiste ne souhaite prouver quoi que ce soit. Même les choses vraies peuvent être prouvées. Aucun artiste n'a de sympathie éthique. Toute sympathie éthique chez un artiste est un maniérisme de style impardonnable. Nul artiste n'est jamais malsain. L'artiste peut tout exprimer. La pensée et le langage sont pour l'artiste, les instruments de son art. Le vice et la vertu sont pour l'artiste les matériaux de son art. Du point de vue de la forme, le modèle de tous les arts est l'art du musicien. Du point de vue du sentiment, c'est le métier de comédien. Tout art est à la fois surface et symbole. Ceux qui vont sous la surface le font à leurs risques et périls. Ceux qui déchiffrent le symbole le font à leurs risques et périls. C'est le spectateur, et non la vie, que l'art reflète réellement. La diversité des opinions sur une œuvre d'art montre que l'œuvre est nouvelle, complexe et vitale. Lorsque les critiques ne sont pas d'accord, l'artiste est en accord avec lui-même. On peut pardonner à un homme de créer un objet utile tant qu'il ne l'admire pas. La seule excuse pour créer une chose inutile est de l'admirer intensément.

    Tout art est tout à fait inutile.

    OSCAR WILDE

    CHAPITRE I.

    L’atelier était empli d’une riche odeur de roses, et lorsqu’une légère brise d’été agitait les arbres du jardin, les lourds effluves du lilas, ou la fragrance plus délicate des églantiers, entraient par la porte ouverte.

    Depuis le coin du divan aux motifs persans sur lequel il était étendu, fumant, comme à son habitude, cigarette sur cigarette, Lord Henry Wotton pouvait tout juste apercevoir l’éclat des douces fleurs aux couleurs de miel d’un cytise, dont les tremblantes branches paraissaient à peine pouvoir supporter le poids d’une beauté aussi flamboyante que la leur, et de temps à autre, les ombres fantastiques des oiseaux en vol passaient sur les longs rideaux de tussor tendus devant la grande fenêtre, créant une sorte d’effet japonais momentané, le faisant penser à ces peintres de Tokyo, au visage de jade blafard, qui, par le biais d’un art nécessairement immobile, cherchent à transmettre la rapidité et le mouvement. Le murmure maussade des abeilles se frayant un chemin entre les longues herbes qui n’avait pas encore été fauchées, ou faisant des cercles d’une insistance monotone autour des poudreuses baies dorées du chêne isolé, semblait rendre ce calme encore plus oppressant. Le sourd grognement de Londres était comme le bourdon d’un orgue lointain.

    Au centre de la pièce, fixé à un chevalet droit, se dressait le portrait en pied d’un jeune homme d’une extraordinaire beauté, et devant lui, à quelque distance de là, était assis l’artiste lui-même, Basil Hallward, dont la disparition soudaine, quelques années auparavant, avait causé, à ce moment-là, un grand émoi public et suscité tant d’étranges conjectures.

    Le peintre regardait la gracieuse et plaisante silhouette qu’il avait si subtilement reproduit, et un sourire empli de plaisir passa sur son visage, et parut y rester. Mais il se leva soudainement, et fermant les yeux, il posa les doigts sur ses paupières, comme s’il souhaitait emprisonner dans son cerveau un rêve étrange dont il avait peur de s’éveiller.

    « C’est votre plus belle œuvre, Basil, la meilleure chose que vous ayez jamais faite, déclara nonchalamment Lord Henry. Vous devriez absolument l’envoyer à Grosvenor l’année prochaine. L’Académie est bien trop grande et trop vulgaire. Chaque fois que je m’y suis rendu, il y avait tellement de monde que je n’ai pu voir les tableaux, ce qui était déplorable, ou bien tant de tableaux que je n’ai pu voir les gens, ce qui était pire encore. Vraiment, il n’y a que la Grosvenor.

    — Je ne crois pas que je l’enverrai où que ce soit, répondit-il, rejetant la tête en arrière de cette façon étrange qui provoquait l’amusement de ses amis à Oxford.  Non, je ne l’enverrai nulle part. »

    Lord Henry haussa les sourcils et le regarda avec incrédulité au travers des minces volutes de fumée bleues que créait, en tourbillons si fantaisistes, sa cigarette à la lourde odeur d’opium. 

    « Ne l’envoyer nulle part ? Mais pourquoi donc, mon cher ami ? Avez-vous quelque raison valable ? Que vous êtes bizarre, vous autres les peintres ! Vous remuez ciel et terre pour vous faire une réputation. Et dès que vous en avez une, vous semblez vouloir vous en débarrasser. Cela est idiot de votre part, car s’il y a bien une chose pire que d’être le centre de toutes les conversations, c’est de n’être le centre d’aucune. Un portrait tel que celui-ci vous placerait au-dessus de tous les jeunes hommes d’Angleterre, et rendrait jaloux les plus vieux, s’ils étaient encore capables de ressentir quelque émotion. 

    Lord Henry s’étira sur le divan et se mit à rire.

    « Oui, je savais bien que vous ririez, mais cela n’en reste pas moins que pure vérité. 

    — Trop de vous-même ! Ma parole, Basil, je ne vous savais pas si vain ; et je ne vois vraiment aucune ressemblance entre vous, avec votre visage robuste aux traits marqués et vos cheveux noirs comme le charbon, et ce jeune Adonis, qui a l’air fait d’ivoire et de feuilles de rose. Car, mon cher Basil, c’est un Narcisse, tandis que vous, et bien il est évident que vous avez une expression d’intellectuel et le reste…Mais la beauté, la véritable beauté, s’arrête là où l’expression de l’intelligence commence. L’intelligence est en elle-même un mode d’exagération qui détruit l’harmonie de n’importe quel visage. Á l’instant où l’on s’assoit pour réfléchir, on ne devient que nez, ou front, ou bien quelque chose d’horrible. Regardez tous ces hommes qui exercent une profession savante. Regardez comme ils sont parfaitement hideux ! À l’exception, bien sûr, de l’Eglise. Mais bon, dans l’Église on ne pense pas. Un évêque persiste à dire à l’âge de quatre-vingts ans ce qu’on lui avait appris à dire à dix-huit, et la conséquence naturelle en est qu’il a toujours l’air charmant. Votre mystérieux jeune ami, dont vous ne m’avez jamais donné le nom, mais dont le tableau me fascine réellement, ne pense jamais. De cela, j’en suis certain. Il est une magnifique créature sans cervelle qui devrait toujours être présent en hiver quand nous n’avons aucune fleur à contempler, ainsi qu’en été quand nous souhaitons rafraichir nos cerveaux. Ne vous flattez pas Basil, vous ne lui ressemblez pas le moins du monde.

    — Vous ne me comprenez pas Harry, rétorqua l’artiste. Il est évident que je ne suis en rien comme lui. Je le sais parfaitement. En fait, je serais même navré de lui ressembler. Vous haussez les épaules ? Je ne vous dis pourtant que la vérité. Il existe une fatalité dans toutes les distinctions physiques et intellectuelles, le genre de fatalité qui semble suivre à travers l'histoire les pas chancelants des rois. Il vaut mieux ne pas être différent de ses semblables. Les laids et les idiots sont les mieux lotis de ce monde. Ils peuvent s'asseoir à leur aise et regarder le spectacle. S'ils ne connaissent pas la victoire, ils sont au moins épargnés par la défaite. Ils vivent comme nous devrions tous vivre, tranquilles, indifférents et sans inquiétude. Ils ne provoquent pas la ruine des autres et ne la reçoivent jamais de mains étrangères. Votre rang et votre richesse, Harry ; mon intelligence, telle qu'elle est ; mon art, quelle qu'en soit la valeur ; la belle apparence de Dorian Gray - nous souffrirons tous pour ce que les dieux nous ont donné, nous souffrirons terriblement. 

    — Oui, c’est son nom. Je n’avais pas l’intention de vous le donner.

    — Et pourquoi donc ?

    — Oh, je ne peux vous l’expliquer. Quand j’éprouve des sentiments intenses pour quelqu’un, je ne donne jamais son nom à qui que ce soit. Ce serait le trahir. J’ai appris à aimer le secret. Il semble que cela soit l’unique chose qui puisse rendre la vie moderne mystérieuse et merveilleuse à nos yeux. La chose la plus banale est délicieuse si on la cache. Quand je quitte la ville, je ne dis à personne où je vais. Si je le faisais, il n’y aurait plus aucun plaisir. C’est une habitude idiote, j’ose le dire, mais il semble que cela apporte beaucoup de romantisme dans la vie de quelqu'un. Je suppose que vous me trouvez terriblement stupide à ce sujet ?

    — Pas du tout, répondit Lord Henry, pas du tout, mon cher Basil. Vous semblez oublier que je suis marié, et que l’un des charmes du mariage est qu’il rend une vie de tromperie absolument nécessaire pour les deux parties. Je ne sais jamais où est ma femme, et ma femme ne sait jamais ce que je fais. Lorsque nous nous rencontrons - nous nous rencontrons de temps en temps, lorsque nous dînons ensemble ou que nous allons chez le duc - nous nous racontons les histoires les plus absurdes avec l’expression la plus sérieuse au monde. Ma femme est très douée pour cela, bien mieux que moi en fait. Elle ne s'emmêle jamais dans ses dates, alors que c’est toujours mon cas. Mais lorsqu'elle s’en rend compte, elle n’en fait pas toute une scène. J'aimerais parfois qu'elle en fasse, mais elle se contente de rire de moi.

    — Je n’aime pas du tout le ton que vous employez pour décrire votre vie conjugale, Harry, » déclara Basil Hallward, se dirigeant vers les portes menant au jardin. « Je pense que vous êtes un très bon époux, mais que vous avez honte de vos propres vertus. Vous êtes un homme extraordinaire. Vous n’avez jamais une parole morale, et jamais vous ne faites une mauvaise chose. Votre cynisme est tout simplement une façade.

    — Le naturel est aussi une façade et la plus agaçante que je connaisse », s’exclama Lord Henry en riant ; et les deux jeunes gens sortirent ensemble dans le jardin et s'installèrent sur un long siège de bambou à l'ombre d'un grand laurier. La lumière du soleil glissait sur les feuilles polies. Dans l'herbe, des marguerites blanches tremblotaient.

    Après une pause, Lord Henry tira sa montre.

    « Je crains de devoir partir, Basil, murmura-t-il, et mais avant, j'insiste pour que vous répondiez à une question que je vous ai posée il y a quelque temps.

    — Quelle est-elle ? dit le peintre, gardant les yeux fixés sur le sol.

    — Vous le savez très bien.

    — Non, Harry.

    — Eh bien, je vais vous dire ce que c'est. Je veux que vous m'expliquiez pourquoi vous ne voulez pas exposer le tableau de Dorian Gray. Je veux la vraie raison.

    — Je vous ai dit la vraie raison.

    — Non, vous ne l'avez pas dite. Vous avez dit que c'était parce qu'il y avait trop de vous-même dans ce tableau. C'est de l'enfantillage.

    — Harry, dit Basil Hallward, le regardant droit dans les yeux, chaque portrait peint avec émotion est un portrait de l’artiste et non du modèle. Le modèle n'est qu'un prétexte, une occasion. Ce n'est pas lui qui est révélé par le peintre ; c'est plutôt le peintre qui, sur la toile colorée, se révèle lui-même. Si je n'expose pas ce tableau, c'est parce que je crains d'y avoir montré le secret de ma propre âme. »

    S’esclaffant, Lord Henry demanda :

    « Et quel est donc ce secret ?

    — Je vais vous le dire, déclara Basil, avec une expression perplexe.

    Lord Henry sourit et, se penchant, cueillit dans l'herbe une marguerite à pétales roses et l'examina.

    « Je suis tout à fait sûr de comprendre, répondit-il en regardant attentivement le petit disque doré aux plumes blanches, et pour ce qui est de croire, je peux croire n'importe quoi, pourvu que cela soit tout à fait incroyable ».

    Le vent secouait quelques fleurs des arbres, et les lourdes fleurs de lilas, avec leurs étoiles en grappes, allaient et venaient dans l'air languissant. Une sauterelle commença à striduler près du mur et, comme un fil bleu, une longue et mince libellule passa sur ses ailes de gaze brune. Lord Henry avait l'impression d'entendre battre le cœur de Basil Hallward et se demandait ce qui allait se passer.

    « L'histoire est simple, dit le peintre au bout d'un certain temps. Il y a deux mois, je suis allé à une soirée chez Lady Brandon. Vous savez que nous, pauvres artistes, devons-nous montrer en société de temps en temps, juste pour rappeler au public que nous ne sommes pas des sauvages. Avec un habit et une cravate blanche, comme vous me l'avez dit un jour, n'importe qui, même un agent de change, peut avoir la réputation d'être civilisé. Eh bien, après avoir passé une dizaine de minutes dans la salle à parler à des douairières bien trop habillées et à des académiciens ennuyeux, j'ai soudain pris conscience que quelqu'un me regardait. Je me retournai et vit Dorian Gray pour la première fois. Lorsque nos regards se croisèrent, je me sentis pâlir. Une curieuse sensation de terreur m'envahit. Je savais que j'étais face à quelqu'un dont la simple personnalité était si fascinante que, si je la laissais faire, elle absorberait toute ma nature, toute mon âme, mon art même. Je ne voulais aucune influence extérieure dans ma vie. Vous savez vous-même, Harry, à quel point je suis indépendant par nature. J'ai toujours été mon propre maître ; je l'ai toujours été, du moins, jusqu'à ce que je rencontre Dorian Gray. Alors - mais je ne sais comment vous l'expliquer - quelque chose m'a semblé dire que j'étais un homme à part entière. Quelque chose semblait me dire que j'étais au bord d'une terrible crise dans

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1