Zemio

Par Lucas Houdebine

"Zemio" narre le combat d'un jeune homme pour sa survie, oscillant entre désespoir et pulsions. Zemio se trouve pris dans une spirale infernale, accusé à tort du meurtre de son amante qui l’ensorcelle. Alors qu'il est détenu par le Lieutenant, soutenu par ses proches, il doit faire un choix… Cette pièce de théâtre représente la tragédie de Zemio, mais aussi celle de tous ceux qui luttent pour leur volonté de vivre.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Fasciné par la puissance du spectacle vivant, de la littérature et des arts, Lucas Houdebine signe avec "Zemio" sa première pièce de théâtre. Cette dernière relève d’une observation simple mais cruelle : comment les jeunes doivent-ils se battre pour vivre quand on ne leur donne qu’une corde pour se pendre ?

• Langue: Français
• Éditeur: Le Lys Bleu Éditions
• Date de sortie: 5 mars 2024
• ISBN: 9791042219802

Aperçu du livre

Acte 1

Scène 1

La lumière s’allume.

Un jeune enfant est allongé sur le sol froid et dur. Il écrit d’une main mal assurée sur la page blanche qui se trouve devant lui. Il n’y a rien d’autre qu’un lit éclairé d’une lumière pâle.

L’ENFANT : J’ai peur et je n’ai jamais su que faire.

Scène 2

Une pièce sombre. Une meurtrière qui laisse difficilement entrer la lumière barrée en trois lignes. Au centre, un lit trône, seul. Ainsi délaissé, L’Enfant semble y dormir profondément. Il s’agite tout d’un coup, rue et se débat avec les fantômes du silence.

L’ENFANT, criant entre deux larmes : Pourquoi… cela… n’a-t-il… pas… marché ?

Puis soudain, plus rien.

Le Lieutenant entre en fracas. Il rompt le silence retombé. Il éructe.

LE LIEUTENANT : Debout ! L’heure ! Il est l’heure !

Il s’éloigne et va se planter dans un coin sombre de la pièce. Il ressemble au clown des cauchemars enfantins.

L’Enfant est maintenant réveillé. Dans des gestes lents, il se redresse, puis s’assoit, et enfin se lève.

LE LIEUTENANT, l’empoigne : Vin là, toi !

Scène 3

Le lit est changé en table et deux chaises sont autour. Le Lieutenant assoit l’enfant de force et l’enchaîne les mains en avant. Sa tête se renferme au creux de ses bras. Une simple fenêtre barrée, barrée de fer elle aussi, permet à la lumière d’entrer.

Le Lieutenant s’agite autour de L’Enfant.

LE LIEUTENANT, entre haine et complainte : Mais qu’est-ce que tu fous là ? Gamin, bon sang ! Hein ? J’aimerais comprendre pourquoi qu’le ciel m’oblige à t’mettre les fers aux poignets ? T’es trop jeune pour ça. Trop jeune. (Il secoue la tête de dépit.) Pourtant j’en ai vu, t’sais. J’en ai vu des jeunes, aussi vieux qu’toi, gamin, même plus jeunes des fois. Y font des conneries, les jeunes, des fois. De p’tits vols de rien du tout, de p’tits larcins. Rien qui vaille ce qu’t’as fait toi. Un meurtre ! (Le mot est prononcé avec grand cri en levant dramatiquement les bras aux ciels) De tous les péchés, cui-ci est l’pire. T’sais ça non ? On m’a dit qu’t’étais intelligent toi, gamin.

Le Lieutenant s’arrête de parler pendant un moment. Maintenant, il tourne en rond comme s’il cherchait des réponses dans les recoins de la pièce. Il n’arrête pas de secouer sa tête. Une ride de plus traverse désormais son front. Son pas commence à ralentir. Il s’approche de L’Enfant.

LE LIEUTENANT, la face tordue presque de douleur : PARLE MAINTENANT !

Ne voyant aucune réaction, il retombe lourdement sur sa chaise.

LE LIEUTENANT : Pourquoi qu’le ciel s’acharne à pourrir ce qui semble innocent ? Pourquoi qu’il s’acharne à m’montrer la misère des âmes ? Pourquoi qu’il croit qu’moi j’y puisse queqchose ? Pourquoi qui me force à…

Sur ces lancinantes questions, la lumière de la pièce change. Pendant un temps, la force de la lune fait voler en éclats les ténèbres. Sans que le Lieutenant semble s’en rendre compte, la boule de lumière finit par disparaître, découvrant Zemio. L’Enfant lui ne bouge pas, toujours prostré.

ZEMIO : Moi, Zemio, je ne l’ai pas tuée. En tout cas, pas comme vous, Lieutenant, croyez que je l’ai fait. Il n’y eut point de bataille, point de refus de sa part. Je crois qu’elle le voulait. Elle le voulait. Alors non, selon ma justice, je ne l’ai pas tuée. Mais cela ne semble avoir d’importance que pour moi. Même vous, Lieutenant, n’en avez cure de ce que la justice veut ou de ce que les gens veulent. Non, vous, comme les autres, ne pensez qu’à la manière dont on vous regarde et dont