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De la victime au criminel: La loi de l’omerta et ses conséquences
De la victime au criminel: La loi de l’omerta et ses conséquences
De la victime au criminel: La loi de l’omerta et ses conséquences
Livre électronique437 pages5 heures

De la victime au criminel: La loi de l’omerta et ses conséquences

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À propos de ce livre électronique

Nous découvrirons dans cet ouvrage des destins brisés où la cruauté est reine des lieux : un tueur en série qui terrorise la Côte d’Azur, un pédophile qui enlève et tue des sœurs jumelles. Une femme qui abat son mari de trois coups de fusil et une autre qui tue le sien pour lui survivre. Des enfants victimes de la cruauté parentale, une adolescente torturée à mort, un avocat général qui demande pardon à une accusée au nom de la société. Dix histoires, tirées de faits réels, qui vont nous faire frémir d’horreur… Un voyage qui ne nous laissera pas indemnes.

À PROPOS DE L'AUTRICE

À l’aube d’une enfance marquée par le traumatisme et l’adversité, Zingara Corazon a fait le serment de mettre en lumière les affaires criminelles qui ont croisé son chemin. Elle s’est immergée dans ces procès, scrutant chaque détail avec une dévotion inébranlable. Au fil du temps, sans qu’elle s’en rende compte, ce livre exceptionnel a pris vie, mûri pendant cinq longues années.
LangueFrançais
Date de sortie29 avr. 2024
ISBN9791042216788
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    Aperçu du livre

    De la victime au criminel - Zingara Corazon

    Ouverture

    Soyons attentifs et ouverts à ce qui se passe autour de nous, il est impossible après avoir lu ces histoires tragiques de rester impassibles et silencieux au moindre signe de violence, quel qu’il soit, en toutes circonstances.

    Zingara Corazon

    Chapitre I

    La loi du silence

    Pour comprendre, il faut apprendre et pour apprendre, il faut comprendre.

    Damoclès, dans la légende grecque, était un jeune courtisan au service du roi Denys l’Ancien. Damoclès flattait constamment le roi sur ses richesses liées à sa couronne. Agacé par son comportement d’opportuniste, le roi décide, alors, de lui donner une bonne leçon sur la précarité du bonheur.

    Invité par le roi à un banquet, Damoclès se délecte à l’avance de ce bon repas qui s’offre à lui. À la table d’or, les invités dégustent des mets raffinés tout en savourant les vins spiritueux. Damoclès est mal à l’aise ; la panique l’envahit en voyant une grande épée au-dessus de sa tête, tenue par un crin de cheval. Alors, il réalise que sa vie ne tient qu’à un fil, le crin de cheval et regarde le roi en s’inclinant. Damoclès comprend que rien n’est acquis dans la vie.

    Partout dans le monde, des femmes et des enfants vivent avec une épée de Damoclès, non pas suspendue par le crin de cheval, mais par le sadisme de l’être humain.

    En effet, certains se cachent derrière la loi du silence.

    Mais qu’est-ce que la « loi du silence » ?

    Cette expression sicilienne et napolitaine se nomme l’OMERTA.

    La mafia en a fait son code d’honneur, si un membre trahit les secrets de famille, il salit le clan.

    La sentence est la mort.

    La loi du silence est impitoyable et aussi tranchante qu’un katana.

    Elle est source d’énergie négative. C’est une forme de violence passive, psychologiquement très destructrice.

    Nous pouvons la comparer à un mécanisme d’horloge parfaitement huilé.

    La personne qui impose cette loi abîme profondément l’être touché : sa cible.

    La loi du silence s’incruste n’importe où. Elle peut être présente dans un couple chez qui la femme taira, par peur de représailles la violence conjugale.

    Même dans l’amitié, l’épée de Damoclès peut détruire.

    « Tu parles, t’es mort ». Cette phrase prend tout son sens.

    Certains, très mal dans leur peau, usent et abusent de l’OMERTA ;

    Nourrissant leur vice, ils exercent leur toxicité et n’ont pas d’autres alternatives que de rejeter leur manque sur autrui. Ce comportement destructeur dénote une immaturité profonde qui engendre d’autres conflits.

    Citons Georges Bernard Shaw

    Le pire péché envers nos semblables, ce n’est pas de les haïr, mais de les traiter avec indifférence. C’est là, l’essence de l’inhumanité.

    Le silence de l’ennui… Oui, il existe celui-là !

    Il se caractérise par le fait de noyer sa cible dans l’indifférence.

    Le fomenteur échafaude ses plans machiavéliques en la souillant, l’isolant de tout lien social pour mieux la contrôler, l’écraser, la piler.

    Il salit sa proie afin de l’écarter de son entourage, puisqu’il la prétend pestiférée…

    Son cercle d’amis prend alors ses distances.

    Elle est « l’oubliée. » On la voit sans la voir. Indifférence totale.

    C’est le silence de l’ennui.

    Cette « sous-loi » : Forme secondaire d’une loi qui vous brise le moral, vous mine de l’intérieur et vous immerge si vous ne réagissez pas, dans une profonde dépression.

    La victime a peur, elle ne comprend pas cette descente au royaume d’Hadès.

    Elle se referme sur elle-même comme une fleur repliant ses pétales au coucher du soleil.

    Comprenons que seule la communication peut rompre cette sous-loi.

    Se taire et créer une distance ne sert à RIEN. Bien au contraire !

    Je vous invite à réfléchir.

    Se taire alors qu’on sait ou qu’on voit est un délit condamnable, limite selon le cas, de non-assistance à personne en danger.

    Prenons l’exemple d’une femme qui se fait agresser dans un lieu public, les témoins de la scène ne bougent pas, certains même, filment avec leur téléphone portable !

    C’est inadmissible.

    Personne ne se déplace pour la défendre, pire !

    On passe à ses côtés dans une indifférence totale…

    LA FAMEUSE LOI DES TROIS SINGES…

    Au VIIe siècle, à l’origine de la légende, un moine introduit les singes de la sagesse dans la tradition bouddhiste, ils étaient quatre. Aujourd’hui seuls trois des quatre singes sont connus, Iwazaru, le singe muet, Zizaru, le singe aveugle et Kikazaru le sourd.

    Le dernier se couvre l’entre-jambes et représente l’inactivité. Il ne fait rien pour empêcher le mal.

    « Pas vu, pas entendu, rien dit et… rien fait. »

    Par le silence et l’indifférence, on est coupable de non-assistance à personne en danger :

    Extrait du Code pénal :

    ARTICLE 223-6 du Code pénal :

    Quiconque pouvant empêcher par son action immédiate, sans risque pour lui ou pour les tiers, soit un crime, soit un délit contre l’intégrité corporelle de la personne, s’abstient volontairement de le faire, est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende.

    Sera puni des mêmes peines quiconque s’abstient.

    Seuls les meurtriers voyagent au travers de ce monde sinueux où règnent la terreur et la cruauté, la conjuration du mal dès sa genèse…

    La parole est d’argent, le silence est d’or…

    Proverbe qui trouve son origine dans le Talmud (texte fondamental du judaïsme rabbinique).

    On peut l’inclure dans la fameuse loi des trois singes, comprendre que dans certaines circonstances, il est préférable de garder le silence.

    Réfléchir avant de parler, maîtriser ses mots, trouver un juste équilibre entre ce qui doit être caché ou pas.

    Chapitre II

    Invitation au voyage

    Toutes ses histoires sont tirées de faits réels.

    Ce livre n’est pas un roman policier, mais un hommage direct à toutes les victimes qui ont malheureusement croisé le chemin d’un fou.

    Cette loi du silence est une infamie envers les sacrifiés qui subissent ces tortures physiques et morales les entraînant dans une danse à trois temps : l’impact, le choc, la résilience.

    L’impact ne prévient pas, il cogne ! blesse dans les chairs, écorche la psyché.

    Le choc, assène, laisse des stigmates.

    La résilience, elle, qu’on doit aller chercher au plus profond de soi pour surmonter l’intolérable.

    Elle permet ainsi de gagner en force intérieure tout en restant digne de soi-même.

    Je compare souvent la résilience à un bloc de marbre sur lequel on lance une pierre : à peine une griffure.

    Pour avoir vu et subi l’injustice, j’ai acquis une force me permettant aujourd’hui de trouver les mots justes, face à une situation difficile.

    C’est un voyage à travers un monde connu, seuls des meurtriers, un monde où règnent la terreur et la cruauté ultimes.

    Ces dix histoires pour comprendre le désespoir et l’effroi dans lesquels les victimes sont abandonnées.

    Ce sont leurs histoires.

    Chapitre III

    Jalousie mortelle

    La journée est ensoleillée et s’annonce chaude pour la saison. Carole sort de son bain, toute fumante et parfumée comme une fleur de printemps. Aujourd’hui elle a rendez-vous avec Omar qui a cinq ans de plus qu’elle.

    Elle soufflera ses vingt bougies en mai 2010, et comme dit si bien le dicton : « En mai, fais ce qu’il te plaît ! »

    Elle démêle ses longs cheveux blonds noués en chignon et poudre légèrement son visage angélique.

    Carole saute dans son jean noir qui révèle ses formes aguichantes qu’elle rehausse d’un chemisier sexy en diable.

    Elle est fière de l’image que lui renvoie son miroir, un petit sourire en coin lève furtivement ses lèvres charnues sur un air victorieux.

    Omar travaille comme conseiller bancaire et vit dans une belle maison du nord faite, bâtie de briques et d’ardoises. Il est séparé de sa compagne et mère de son petit garçon de sept mois, Mao.

    Il attend fébrilement son rendez-vous, Carole lui a plu dès le premier regard lors d’une bousculade à la sortie des bureaux.

    Omar est attendri par les grands yeux qui lui rappellent les forêts canadiennes en automne.

    C’est le coup de foudre !

    Pour se faire pardonner, il l’invite à dîner. Ils se voient régulièrement puis Omar lui propose de partager son quotidien.

    Carole semble apprécier la vie de famille et s’occupe de Mao tout en attendant un heureux événement.

    Quelques mois plus tard, Omar, Graziella et Diego (ses parents) s’absentent la journée pour des raisons familiales.

    Mais Carole s’ennuie et agacée par les pleurs de cet enfant qui n’est pas le sien, l’attrape pour le jeter dans la baignoire comme un pantin et l’arrose d’eau glacée. Saisi de stupeur l’enfant hoquette et s’étouffe en hurlant.

    Furieuse, elle le toise comme un animal et dirige le jet dans ses yeux.

    Tel le lion, voulant assurer sa propre descendance, tue les bébés de la femelle convoitée.

    — Tais-toi le singe !

    Carole n’aime pas Mao, il est le fils de l’autre, de « la traînée » ; la marâtre se révèle…

    Elle l’empoigne par ses petits bras et le secoue violemment avant de le jeter comme un sac dans son lit à barreaux.

    Mao vient de subir les premières maltraitances et son univers s’écroule d’un coup !

    Carole a les nerfs à vif et, pour se calmer avant l’arrivée d’Omar, se sert un verre de vodka et s’affale devant la télévision qui couvre les gémissements de Mao.

    À son arrivée, Omar, surpris de l’attitude négligée de sa compagne à demi consciente, la questionne :

    — Où est mon fils ?

    — Il dort dans son lit, je lui ai donné son bain.

    Omar, un peu étonné de la froideur du ton, va dans la chambre de Mao et constate qu’il dort profondément.

    — Tu l’as fait manger, j’imagine, il dort bien ti bb.

    Carole se lève et embrasse Omar tendrement en le rassurant.

    — Bien sûr mon chéri…

    Un soir, il rentre contrarié par sa journée de travail et entend Carole s’énerver contre Mao ; le bébé pleure, oublié dans son transat

    — Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi cries-tu ainsi contre mon fils ?

    Arrogante, Carole lui répond.

    — Ton singe de fils ! Celui de l’autre pétasse ! Il chouine tout le temps ! J’en ai marre de l’entendre !

    — Tais-toi Carole ! Je t’interdis de parler ainsi de mon fils !

    Omar blêmit sous l’injure et la gifle !

    Il prend son fils dans ses bras et l’emmène dans sa chambre pour le cajoler…

    Au fil des jours, Mao perd sa joie de vivre, traumatisé. Il retient son chagrin.

    Carole est en fin de grossesse et perd toute patience envers Mao, feignant s’en occuper devant la famille.

    Les grands-parents, pressentant un danger autour de Mao, obtiennent du JAF (juge des affaires familiales) et du père de Mao un droit de visite et, en parallèle, le JAF leur accorde un week-end par mois.

    Graziella et Diego remarquent une prolifération d’hématomes sur le corps de l’enfant et l’état léthargique de leur petit-fils les inquiète.

    Ils tiennent Carole en suspicion de maltraitance et le signalent à la SAJ (services d’aide à la jeunesse).

    À la suite des demandes du père, les services sociaux concèdent à se déplacer au domicile afin de constater les dires.

    Carole, sentant une menace sous-jacente, déguise cette visite professionnelle en visite de courtoisie.

    Et, rassurée du sort de Mao, la SAJ (pas sage) clôt le dossier.

    Le service conclura que ; « l’enfant sourit, et que c’est Monsieur Selim le père ».

    Dès huit ans, Carole subit les viols répétés de son grand-père qui a été condamné à quatre ans de prison avec sursis… « Quatre ans de prison avec sursis pour inceste sur sa petite fille ! » C’est une honte…

    Ce grand-père a traumatisé à jamais cette enfant et en a fait une adulte perverse.

    Carole ne supporte aucune contrariété, or Mao en est une ! Elle enrage au moindre geste de l’enfant…

    Lors d’une visite chez ses grands-parents, ces derniers remarquent les traces de coups sur le corps de Mao

    qui n’est plus du tout le même petit bébé joufflu et souriant.

    Mao est affamé et c’est avec voracité qu’il boit ses biberons quand Annie, la sœur d’Omar, lui donne.

    Il est sale, a le regard noir et craintif comme un animal sauvage.

    Graziella tombe gravement malade et décède au cours de l’hiver 2008.

    Le jour de son enterrement, famille et amis se rendent au cimetière.

    Le temps est maussade et impose son lot de larmes et de prières.

    Carole reste seule à la maison avec les petits. Carole ne contrôle plus rien !

    Les enfants pleurent, ils ont faim. Les cris montent crescendo, la marâtre est au maximum de sa tolérance.

    La cocotte-minute explose dans sa tête et laisse échapper toute sa furie et sa haine monstrueuses.

    Le point de non-retour est activé.

    Elle baigne Mao dans l’eau à cinquante-huit degrés Celsius. L’enfant est terrorisé, il pleure, elle le frappe !

    Médusa (monstre au regard pétrifiant et mortel), le tire par l’oreille et le jette au sol.

    Elle le place brutalement sur la table à langer, lui enfile son body et d’une main, lui écrase le visage contre le mur.

    Le saisissant par les cheveux, médusa le traîne jusqu’à sa chambre, le jette sur le lit, le frappe encore et encore, l’étouffe d’une main en l’écrasant contre le mur. L’enfant est en sang, le mur porte le sang de l’enfant.

    Le secouant par les bras comme une marionnette, le monstre couronné de serpents le jette dans le parc. Incontrôlable, elle l’emmène dans la cuisine, se saisit d’une poêle brûlante et la plaque sur le crâne de Mao.

    Le manège macabre continue… eau bouillante, eau glacée, Mao est brûlé au troisième degré, la chair est à vif.

    Ce petit innocent n’est plus qu’un faible souffle de vie.

    Il n’a plus la force de téter le biberon…

    Mais, pourquoi le biberon ? Qu’a-t-elle dans la tête ? Réalise-t-elle seulement qu’elle l’assassine ?

    Serait-elle l’envoûtée d’un « Ryoichi Naito » ?

    Médusa l’étrangle avant de le laisser tomber tête la première sur le sol. Mao n’est plus. Sa vie s’est arrêtée.

    Elle avait à peine commencé.

    Onze mois… Trois saisons.

    Aucune fête d’anniversaire, pas de Noël non plus. Il aurait soufflé sa première bougie trois jours plus tard.

    Cette femme s’est octroyé le droit de torturer ce petit être, car elle ne le supportait pas, il n’était que l’enfant de « l’autre ».

    Annie, la tante maternelle, passe par hasard aux alentours de treize heures devant la maison et aperçoit la police et une ambulance.

    Catastrophée, elle croise Carole, complètement affolée sur le gazon, la jeune femme est paniquée.

    — C’est pas moi ! C’est pas moi ! Il avait déjà des bleus en revenant de chez sa grand-mère !

    — Ce n’est pas possible ! répond Annie. Qu’est-ce que tu lui as fait ! C’est pas possible !

    Carole est arrêtée et mise en garde à vue. Lors de l’autopsie, le médecin légiste constatera avec effroi des brûlures au troisième degré sur le front et l’oreille droite. La joue gauche est brûlée sur une longueur de 6 cm, et de 3 cm sur la joue droite.

    Des marques de strangulation et de doigts sont constatées sur son cou. Ses bras et son oreille gauche sont fortement tuméfiés et présentent des ecchymoses. Son ventre est couvert de lésions pétéchiales dues aux nombreux coups reçus. Les mini vaisseaux ont éclaté sous la violence et ont formé de petites taches rouges sur sa peau.

    Son dos n’a plus un centimètre sans bleus, de nombreuses traces de violence plus ou moins anciennes prouvent l’acharnement de sa marâtre.

    Le visage boursouflé, le nez écrasé, les yeux constellés d’hématomes ne représentent plus le bel enfant qu’a été Mao. Il s’agit à l’évidence d’un syndrome de Silverman.

    Pauvre petit…

    Carole est jugée et condamnée à vingt ans de prison ferme.

    La détention préventive est prise en compte dans sa peine. En effet, Carole est enfermée depuis octobre 2008, date des faits.

    Elle pourra bénéficier d’une libération conditionnelle après avoir purgé un tiers de sa peine.

    Maître Paré, l’avocat de Carole avait demandé une peine inférieure à l’âge de sa cliente, soit vingt-deux ans. L’avocat général avait quant à lui requis vingt-huit ans de prison. La cour la condamne à vingt ans de réclusion criminelle pour meurtre et tortures sur le petit garçon.

    Elle a également été reconnue coupable de lui avoir infligé des coups et blessures volontaires au mois de juin 2008 et entre le 1er juillet et le 08 octobre.

    Maître Donati, l’avocat de Omar réclame lui un dommage et intérêt d’un montant de 80 000 euros pour son client.

    Maître Romière, l’avocat des autres parties civiles demande un dommage moral de 25 000 euros pour la grand-mère maternelle de Mao.

    30 000 euros pour son compagnon qui s’en est occupé comme son petit-fils.

    L’avocat réclame aussi 30 000 euros pour Annie, la tante maternelle, ainsi que pour son oncle.

    Pour Omar, c’est un soulagement. Il estime que la Justice a été rendue.

    Petit bout… Tu seras toujours dans le cœur des personnes qui t’ont aimé…

    Chapitre IV

    Maman m’a tué

    Nous sommes en 2009, dans le nord de la France, à Berk-sur-Mer.

    Quelques nuages épars voyagent dans le ciel printanier.

    Aujourd’hui la région s’apprête à vivre l’événement incontournable attendu avec impatience.

    Les Rencontres internationales de Cerfs-Volants (RICV) se déroulent sur dix jours de fête, de rencontres entre passionnés sportifs et amateurs. Partout dans la ville, les musiciens s’en donnent à cœur joie !

    Les rues fourmillent de touristes venus des quatre coins du monde admirer les cerfs-volants géants tourbillonner comme des papillons fous.

    Les plages sont noires de monde sous un ciel multicolore en mouvement perpétuel.

    Mylène, la trentaine fade, ne ressemble à rien, son long manteau gris chiné recouvre un pantalon de toile noire qui lui boudine les cuisses.

    Son regard impénétrable est dissimulé derrière une paire de lunettes rondes lui donnant l’aspect d’une grenouille en phase de digestion finale.

    Antipathique et aussi froide que la banquise, les cheveux retenus négligemment par une pince, Mylène ne se sépare jamais de son iPhone même pendant que sa fille Aurélia joue dans le jardin public.

    Au bout d’un certain temps, Mylène ne voit plus sa fille et panique. Elle la cherche, l’appelle, traverse la foule dense et se précipite dans le commissariat le plus proche.

    Elle tente une explication plausible auprès l’agent d’accueil qui la dirigera vers un policier, dès que celui-ci pourra la recevoir.

    Mylène se ronge les sangs, tapote nerveusement sur son iPhone quand, enfin, la dernière cigarette du paquet consumée, le capitaine Gilles Morgan l’invite à le suivre.

    La cinquantaine bien entamée, au physique proche de l'acteur Charles Bronson, Gilles Morgan en impose. Seul un œil avisé peux déceler la prothèse à son bras gauche. C'est un survivant d'un grave accident de moto survenu quelques années auparavant.

    La voix est profonde et régulière comme une mélodie de Chopin.

    — Bonjour, madame Otis, racontez-moi les faits.

    Mylène fond en larmes

    — Ma fille a disparu dans le jardin public ! Je suis effondrée… je ne sais pas ce qui s’est passé, je téléphonais et tout à coup je ne l’ai plus vue…

    — Ne vous inquiétez pas madame, on va la retrouver. Comment est-elle habillée ? Quel âge à… Amélia ? C’est ça, madame Otis ?

    Mylène n’en mène pas large, elle tamponne son visage avec un mouchoir en papier et d’une voix chevrotante décrit sa fille :

    — Amélia a cinq ans et mesure 1,10 m, elle est chaussée de baskets rouges, est vêtue d’un jeans et un pull « Maya l’abeille ». C’est son préféré ! Amélia porte un bonnet blanc en laine et un anorak rose.

    Le capitaine appelle le procureur afin de lui exposer la situation.

    L’enlèvement n’étant pas vraiment établi, le procureur Paul Charmier ne déclenchera pas le dispositif Alerte-enlèvement. Des recherches sont organisées sur le champ au cœur de la ville.

    Les festivités s’arrêtent net quand les forces de l’ordre annoncent la disparition d’une fillette de cinq ans dans le jardin public.

    Amélia est ainsi décrite : les cheveux châtains coupés au carré, portant des baskets rouges et un pull « Maya l’abeille ». Elle mesure environ 1,10 m.

    Tout le monde se mobilise pour rechercher la petite fille disparue et d’importants moyens sont déployés pour les fouilles.

    Rien n’est laissé au hasard. On passe au crible les bus, les trains et même le domicile conjugal ; la Sambre est drainée. La police municipale participe également aux recherches, tout comme les pompiers et des anonymes venus de toute la ville. Le dragage effectué par les plongeurs s’avère infructueux ainsi que les recherches de la brigade cynophile qui a exploré en vain tout le secteur.

    Le commissariat s’anime comme une ruche d’abeilles à l’annonce de la disparition de la fillette de quatre ans.

    Les patrouilles se forment sur le parking interne de la SRPJ, gyrophares et sirènes en action.

    Mylène éclate en sanglots face au capitaine, comme si sa conscience la taraudait.

    Gilles Morgan l’encourage gentiment à continuer son récit, il sent dans cette affaire des éléments troublants.

    Son flair lui dit que cette femme joue un double jeu.

    Ses larmes semblent calculées, ce qui l’agace au plus haut point autant que ses mimiques d’oiseau tombé du nid.

    Gilles Morgan a plus de vingt ans d’expérience et sait reconnaître une simulatrice.

    Tout est là.

    Il décide alors d’enregistrer sa déposition.

    — Je peux vous enregistrer ? Vous voulez un verre d’eau peut-être ?

    — Non merci, ça ira Monsieur l’agent.

    — Capitaine Corrige Gilles.

    Un peu déstabilisée, elle se trémousse sur sa chaise, les mains triturant les restes du mouchoir qui jonchent le sol comme les miettes du petit Poucet, et repasse en boucle le film des événements.

    Voici son histoire ;

    Amélia est née l’été 2004, il y a cinq ans. Elle n’est pas une enfant désirée.

    Elle le paiera de sa courte vie.

    Mettant leur fierté dans leur poche, car leur fille de seize ans est très jeune pour assumer le rôle de maman, les parents de Mylène installent le jeune couple dans un bel appartement pour le bien-être de leur future petite fille.

    Mais les journées sont longues pour l’adolescente ; son compagnon Laurent âgé de vingt-trois ans est cuisinier.

    Contrariée de voir son corps se transformer, Mylène perd de sa superbe et se néglige peu à peu.

    Elle se réfugie dans la nourriture et s’abrutit devant les programmes de télévision.

    Elle n’inspire plus le désir et Laurent qui ne la touche plus préfère passer ses soirées avec ses potes.

    Lui non plus ne voulait pas d’enfant si tôt.

    La grossesse de Mylène a été décelée tardivement. Cela l’a déstabilisée.

    Malheureusement la naissance d’Amélia aggrave la situation. Le couple se fragilise et se sépare en 2005.

    D’un commun accord avec ses parents, Mylène se « débarrasse » de sa fille qui vivra heureuse ses trois premières années chez ses grands-parents Michel et Janine.

    Mylène n’a pas de souci, sa mère s’occupe de sa fille, elle perçoit des allocations familiales qu’elle dépense allègrement comme une égoïste.

    Un soir, la ville organise une cérémonie de remise de médailles en l’honneur des pompiers volontaires qui ont sauvé dix personnes lors d’un incendie criminel.

    Mylène et une amie se rendent à cette fête, espérant finir la nuit en beauté.

    Le décolleté provocant de sa robe à fleurs retourne les sens d’un jeune sapeur-pompier.

    Hervé la remarque dès son arrivée et c’est avec gourmandise qu’il s’approche des deux jeunes femmes.

    Le protocole terminé, Hervé et un collègue les invitent à boire un verre en ville.

    Hervé et Mylène se voient régulièrement, la jeune femme se donne à fond dans cette nouvelle relation qu’elle aimerait sérieuse.

    Elle peut de nouveau espérer retrouver une stabilité. Mylène a confiance en Hervé, car il est gentil avec elle.

    Au bout de quelques semaines, il lui propose de reprendre sa fille pour habiter ensemble comme une vraie famille.

    Le cœur déchiré, les grands-parents se voient dans l’obligation d’amener Amélia à son nouveau domicile.

    Ce jour-là, une douceur printanière flotte dans l’air.

    Amélia porte sa robe préférée, c’est mamilou qui lui a offert.

    Une barrette fleurie retient ses cheveux bouclés.

    Ses grands-parents lui ont expliqué avec des mots simples qu’elle allait retrouver sa maman.

    Le trajet en voiture fut pénible… Les larmes coulent en silence sur les joues ridées…

    Michel, bouleversé, coule un regard vers sa femme et lui sourit tristement.

    À leur arrivée, l’accueil est tendu et froid comme la banquise.

    Michel amène les bagages d’Amélia et se baisse à hauteur de sa petite-fille.

    — Ne t’inquiète pas ma puce, papilou et mamilou t’aiment très fort, tu le sais hein ?

    — Oui… papilou…

    Le vieil homme la prend dans ses bras et la serre tendrement, elle ne voit pas ses larmes et c’est mieux ainsi…

    Sa femme n’en mène pas large, elle est inquiète pour la petite.

    Janine la regarde tendrement et lui dit ;

    — Amélia ma chérie, dis bonjour à ta maman.

    Seulement voilà…

    — Bonjour madame…

    La petite voix fluette a murmuré ses mots.

    Amélia ne connaît pas cette femme, tout son corps tremble sous le flot de questions sans réponses. Elle lui sourit timidement.

    Mylène blêmit sous le choc de ce mot et rectifie sèchement.

    — Je suis ta mère Amélia, tu dois m’appeler maman, tu as compris ?

    L’enfant lève la tête, la regarde de ses grands yeux, étonnée par le ton sec.

    À juste quatre ans, Amélia ne comprend pas pourquoi on l’a retirée de chez « papilou et mamilou »

    Une multitude de questions sans réponse tournent dans sa petite tête.

    A-t-elle fait une grosse bêtise pour être punie ainsi ? Résignée, de sa voix fluette, elle murmure :

    — Oui… Maman.

    Les premiers jours d’adaptation sont très durs pour Amélia ; tout est nouveau pour elle. Ses repères ainsi que ses rituels s’en trouvent bouleversés, elle sent comme une blessure profonde que sa mère ne l’aime pas.

    Sa fille lui a volé sa jeunesse, où est son corps de jeune fille ?

    Amélia attend toute la journée avec impatience le retour d’Hervé, il est sa petite bulle de réconfort. Le jeune homme s’est pris d’affection pour la petite fille si fragile et c’est avec bonheur qu’il joue avec elle.

    Mais Mylène ne rate rien et fulmine de rage en se jurant de lui faire payer cet affront.

    L’enfant rit de bon cœur aux blagues du pompier qui fait le clown, un lien se crée au fil des semaines.

    Mylène s’en prend à sa fille à la moindre occasion, elle la gifle quand l’enfant s’oublie dans sa culotte alors qu’elle l’avait enfermée à clé dans sa chambre depuis des heures… Interminables pour une si petite fille.

    Sa mère la force à se doucher à l’eau froide la couche trempée après l’avoir de nouveau. Mylène l’empoigne violemment au niveau des bras et un véritable déchaînement de violence s’abat sur Amélia.

    Hervé est dérouté par le comportement odieux de sa compagne vis-à-vis de sa propre fille, mais n’arrive pas à lui faire entendre raison.

    Il signalera, sans succès, cette maltraitance aux services sociaux.

    Désormais seule, Mylène perd pied et déscolarise sa fille en prétextant un déménagement immédiat.

    Le calvaire d’Amélia s’aggrave, l’emmenant irrémédiablement vers une fin mortelle.

    Une de ses tantes maternelles, Josiane, réussit à voir la petite, mais ne la reconnaît plus.

    Amélia porte des vêtements inappropriés pour la saison froide, ses cheveux sont taillés à la va-vite et teints en blond jaunasse.

    Josiane sent les larmes affluer à la vue de cette enfant maigrichonne et s’emporte contre Mylène qui la regarde impassible.

    — Ta fille est dans un état déplorable ! Tu t’en rends compte ? Passerais-tu tes journées affalée dans ton canapé à picoler comme une irresponsable ?

    Sûre d’elle, Mylène la toise et rétorque net.

    — Sors tout de suite de chez moi, Josiane, tu n’as rien à faire ici et encore moins à me dicter ma conduite !

    Amélia est MA fille !

    Cet épisode accentue la névrose de Mylène qui se venge sur la pauvre enfant, frappée, mal nourrie, laissée à l’abandon avec ses larmes et cette incompréhension…

    « Pourquoi maman est fâchée contre moi ? Elle ne m’aime pas ? »

    La petite est reléguée à la cave, seule comme un animal pestiféré. Le plus souvent attachée à la rampe des escaliers, Amélia pleure dans cette obscurité inquiétante, elle a peur…

    Son être tout entier appelle à l’aide.

    Elle perd toute notion du temps, « C’est le jour ? C’est la nuit ? »

    La petite recluse est animée d’un immense espoir en entendant la porte s’ouvrir et aperçoit sa mère une torche à la main.

    — Bonjour maman…

    — Tais-toi !

    La harpie, chaussée d’une paire de ’’grolles’’, assène l’enfant de plusieurs coups de pied au ventre.

    Une averse de violence se déferle sur le petit corps. ENCORE ET ENCORE ELLE FRAPPE !

    Des coups de poing sur le visage enfantin.

    Percluse de douleurs L’ENFANT HURLE SA SOUFFRANCE !

    Des fessées marquent violemment la chair tendre, la teintant de bleus profonds… Le visage méconnaissable est enflé par les coups de son bourreau.

    Après s’être défoulée sur sa fille, Mylène la tire jusqu’à la salle de bain et la douche à l’eau glacée.

    Cette mère indigne… ramène la pauvre fillette tremblante d’effroi et l’abandonne à sa solitude.

    Dans le salon juste au-dessus de sa fille agonisante, la bouteille de vin à la main, elle entame une danse macabre, excitée par une musique délirante et s’enivre jusqu’à entrer en transe.

    À la limite du coma éthylique, Mylène s’étale sur le canapé et sombre dans un sommeil lourd.

    En fin de matinée, encore imbibée d’alcool, elle descend dans la cave et découvre sa fille sans vie.

    Froidement, elle la camoufle dans une couverture puis la jette dans ’’ la souricière’’ au fond de la cave.

    Mylène met en place un stratagème en attendant le lendemain.

    Dans le bureau du capitaine Morgan, un silence de plomb conclut ce témoignage immonde. Il aura fallu plus de trois heures d’audition pour que Mylène relate ses actes abjects et avoue le meurtre de sa propre fille.

    Le capitaine lui pose une dernière question.

    — Pourquoi n’aimiez-vous pas votre fille ?

    — Je ne voulais pas d’enfant, j’étais trop jeune quand j’ai découvert trop tard que j’étais enceinte. L’avortement n’était plus possible, le délai légal des douze semaines était dépassé de quelques jours. Quand elle est née, je n’ai pas ressenti d’amour.

    Elle a gâché ma vie.

    Le capitaine lui demande :

    — Regrettez-vous ce que vous avez fait ? Êtes-vous vraiment consciente que vous avez commis un infanticide monstrueux ?

    Mylène baisse la tête en guise de réponse.

    Gilles Morgan lance la procédure et lui signifie les droits Miranda.

    — Vous avez le droit de garder le silence. Si vous renoncez à ce droit, tout ce que vous direz pourra et sera utilisé contre vous devant une cour de Justice.

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