Auteuil Brasserie, porte d’Auteuil, Paris, 23 h 30, une adresse aux airs de vacances. Arrive cet homme, un massif du genre viril, qui incline la nuque comme on se cache, ça s’appelle la pudeur, et qui relève la tête, pour planter un regard bleu presque féminin dans les yeux de la personne qui lui fait face, homme, femme, serveuse, plongeur, peu importe. La conversation qui s’engage, la voix ébréchée au bord de l’enfance, le type est attentif, du genre cow-boy solitaire. Benoît Magimel. Il défend Rosalie*, formidable film d’époque de Stéphanie Di Giusto, l’histoire d’une femme à barbe mariée à un cafetier endetté de retour du front. Il commence une bière, et sans même la finir passe au sirop grenadine. Un petit ping-pong, pour les photos, c’est parti.
est le récit d’une rencontre arrangée, celle d’une féminité mise à mal mais triomphante avec une masculinité Il parle vite, mange ses mots. Le petit blond découvert à 13 ans dans est considéré comme le meilleur acteur français. Prix d’interprétation à Cannes à 26 ans(2), trois Césars(3), il a prouvé en soixantequinze petits et gros films qu’il peut tout jouer, Louis XIV, Alfred de Musset, un mineur de fond, un prof agonisant, un voyou, un gosse de riche, un politicien ambigu. Toute carrière est une histoire de choix.