R.O.M.E.O.: Livres de Maxime Jaray

Par Maxime Jaray

A bord d'une station spatiale orbitant autour d'Europe, une des lunes de Jupiter, un jeune ingénieur se sent seul et isolé dans l'immensité de l'espace. Effectuant une rotation avec ses collèges qui sont plongés en sommeil prolongé, sa seule autre source d'interaction s'appelle R.O.M.E.O., l'Intelligence Artificielle gérant leur habitat céleste. Mais au fil du temps, le système se découvrira une évolution surprenante - il commencera à éprouver des sentiments pour l'ingénieur à bord.

 

Dans ce récit futuriste au cœur du 22ème siècle, explorez une histoire d'amour entre un humain et une IA qui découvrira la notion d'affection et d'amour.

 

Ce livre pour adultes contient des passages à caractère sexuel explicite.

• Langue: Français
• Éditeur: Maxime Jaray
• Date de sortie: 25 janv. 2024
• ISBN: 9782487421028

Maxime Jaray

Auteur de nouvelles et histoires courtes à caractère érotique, Maxime Jaray explore les aventures sentimentales entre hommes au travers de personnages simples et ordinaires, ou encore issus du répertoire du fantastique. Il propose des récits où ses protagonistes se découvrent et ouvrent leur champ des possibles en matière de vie amoureuse.

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ISBN : 978-2-487421-02-8

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Avertissement

Ce livre contient des passages à caractère sexuel explicites et détaillés entre hommes.

Les rapports décrits dans cette histoire peuvent être non protégés. N’oubliez-pas qu’il s’agit-là d’histoires de fiction et que la protection contre les MST est indispensable dans la vie réelle.

Ce récit est une fiction. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, ou avec des événements réels serait purement fortuite et non intentionnelle.

1

D’un chant de gorge mélodieux, Lucas était en train d’entonner une chanson populaire du moment au rythme joyeux avec un soupçon de romantisme. Il s’agissait du dernier titre d’une artiste actuellement très en vogue. Cette activité musicale lui permettait de ne pas ressentir l’oppressant silence de l’espace.

La combinaison de sortie extra-véhiculaire qu’il portait était le seul rempart entre son fragile corps humain et le vide intersidéral. L’espace n’était qu’une angoissante quiétude pleine de vide, et l’intérieur de sa combinaison renforçait ce sentiment d’isolement, comme si Lucas portait un casque à isolation phonique en permanence. Chantonner était le moyen qu’il avait trouvé pour ne plus ressentir ce désagréable inconfort.

Ce matin-là, Lucas avait pour tâche de remplacer l’un des modules radio de la station spatiale Europa 7, orbitant autour de la lune du même nom, elle-même retenue prisonnière par l’attraction de l’imposante planète Jupiter.

Europa 7 était une station à usage principalement utilitaire et technique. Elle servait de relai de communication, port d’accueil pour des vaisseaux, installation scientifique, ou encore touristique. Cependant, ces derniers temps, l’activité tournait au ralenti et les trois malheureux ingénieurs vivant à bord ne voyaient guère de monde en dehors d’un vaisseau une fois par trimestre pour le ravitaillement.

Comme si cet isolement dans l’espace ne suffisait pas, les occupants d’Europa 7 ne se voyaient pour ainsi dire jamais. Ainsi, ils étaient trois à bord de celle-ci : Lucas Benger, Robert Newman, et Martha Rossi. Mais comme la station était relativement isolée, et pour éviter tout incident causé par des mauvaises relations entre les pensionnaires, ainsi que pour réduire les coûts de consommation en ressource, soyons réalistes, le personnel effectuait une rotation mensuelle de sommeil en suspension. Chaque mois, l’un d’entre eux était réveillé, prenait son poste, et l’autre retournait en stase.

En dehors du jour de passage de témoin, Lucas, Robert et Martha ne se voyaient que très peu. Les rares journées communes à trois étaient pour les jours fériés, fêtes, ou à la fin de la chaque semestre la session plénière de quarante-huit heures permettant à la compagnie de distiller les nouvelles informations et plannings.

Hop, et voilà, annonça sur un ton satisfait Lucas après avoir serré les derniers écrous et connecté le nouveau module radio.

Je confirme la mise en service du module radio section 4, fit une voix dans son casque.

Si seulement un seul être humain à la fois était actif à bord d’Europa 7, la station n’en demeurait pas moins hautement automatisée, et c’était la raison pour laquelle elle ne nécessitait qu’une seule personne pour en assurer la maintenance malgré sa grande taille. Le reste était effectué par de nombreux drones, robots, et véhicules automatisés gouvernés par un système unique : le Réseau d’Opérations et de Maintenance pour l’Exploitation Orbitale.

Ou R.O.M.E.O..

Bien reçu Rom, je rentre à la maison, confirma Lucas.

Préparation du sas de la section 4 en cours. Sois prudent Lucas, répondit le système de gouvernance.

R.O.M.E.O. faisait partie des intelligences artificielles à la pointe du progrès. Animé par un révolutionnaire processeur de personnalité, ce réseau neuronal artificiel hautement sophistiqué était à la fois une prouesse technologique, mais aussi un compagnon avec qui on pouvait converser. Lorsque cette innovation fut sortie, les interactions humain-machine ont été révolutionnées. Désormais, il était possible de converser naturellement, facilement, discuter, rire, confier ses petits secrets, à la machine, comme on le ferait avec n’importe qui.

Les applications du processeur de personnalité furent nombreuses, mais non pas sans soulever quelques questions éthiques quant à leur place dans la société.

Cependant, ces débats philosophiques n’intéressaient pas vraiment Lucas. Il savait que Rom, comme il était surnommé par les ingénieurs de bord, n’était qu’un super-ordinateur mût par une chaîne de processeurs aussi complexe que puissante. Elle ne faisait que de simuler des interactions humaines, des faux semblants de sentiments. Mais lorsqu’on est seul à plusieurs millions de kilomètres de son pays natal, de ses amis, et de sa famille, on se contente de peu.

Lucas était en train de remonter par les échelons de service installés le long de la paroi d’Europa 7. Ses mouvements étaient lents et lourds à cause de la combinaison qui restait très rigide. Il avait également un autre inconfort causé par l’un des aspects du travail d’un astronaute que l’on s’évertue à ne jamais évoquer, ou seulement à demi-mot. Cela faisait deux heures qu’il était dehors et avait dû se soulager dans la couche de sa combinaison. Et même après un an à faire ce travail, il ne s’était jamais réellement habitué à ce côté peu glamour du métier. Lucas s’estimait à la fois trop vieux et trop jeune pour pisser dans des couches. Mais hélas, dans l’espace, difficile de répondre à l’appel de la nature. Malgré le chauffage de la tenue, la sensation froide et humide était toujours autant désagréable.

Tu y es presque, Lucas, l’encouragea R.O.M.E.O.

Ah merde !, pesta soudainement Lucas.

Le câble de sécurité qui l’attachait à la station s’était coincé dans un élément de la structure. Impossible de le récupérer, il était retenu comme un chien attaché à un arbre.

Je suis bloqué Rom, laisse moi me détacher pour finir les derniers mètres, demanda le jeune astronaute.

Cela serait une infraction de l’article 7, paragraphe b, du manuel de procédure d’opérations extérieures. Je ne peux pas l’autoriser, répondit R.O.M.E.O. sur un ton inquiet.

Mais je suis bloqué et je peux pas avancer, tu proposes quoi ?, argumenta Lucas légèrement irrité.

L’IA répondit après quelques longues secondes de silence.

Confirmation de procédure exceptionnelle d’urgence. Je désengage le câble de sécurité, finit par répondre le système.

Libéré, Lucas reprit son lent chemin en direction du sas de la section 4 qui l’attendait, ouvert.

Soudain, l’un des échelons s’arracha lorsque l’astronaute le saisit de sa main. Cela le fit se basculer et engendrer une réaction opposée qui commença à déstabiliser l’équilibre précaire de Lucas. Celui-ci lâcha quelques jurons dans sa combinaison. Il essaya de se rattraper à l’une des autres barres de sécurité mais il commença à tourner sur lui-même.

Putain ! Putain ! Putain !, hurla-t-il paniqué dans son casque en se sentant s’éloigner doucement.

Au secours !, criait-il, désespéré.

"Calme-toi