Le Le Draft de T.R.A.P.S.Tome 1: Tome 1

Par David Landry, Jessica Lajoie et Scarlett Ecoffet

Six personnes, six destins uniques, six voyages différents, un seul avion...

Leurs destinées convergeront vers une seule destination. Victimes d'un écrasement, ils se retrouvent, bien malgré eux, dans un parc d'attractions nouveau genre, où ils tenteront de survivre face à des situations aussi diverses que rocambolesques!

Même si ce livre est principalement une comédie satirique fantastique de science-fiction avec une touche d'humour noir et d'absurde, l'aventure, la romance, et même l'horreur, y sont au rendez-vous.

Le Draft de T.R.A.P.S. est le premier roman des auteurs David Landry et Jessica Lajoie, et est une oeuvre expérimentale qui fut forgée au cours des années 2021 et 2022. Chaque semaine, un nouveau segment était écrit selon les choix offerts au public. Les suggestions des participants, provenant principalement de la communauté littéraire québécoise et européenne, ont TOUTES été intégrées à l'histoire, même les plus farfelues.

• Langue: Français
• Éditeur: Les éditions Dreams Workshop
• Date de sortie: 29 sept. 2023
• ISBN: 9782925229490

David Landry

David Landry est un auteur originaire de Jonquière, au Saguenay. Depuis sa tendre enfance, une tempête d'histoires fait rage dans sa tête. En 2022, il a finalement décidé de les mettre sur papier.

Aperçu du livre

¹ prend tout au sens littéral! On ne peut même plus penser tranquille! Avec beaucoup de peine, j’arrive à me lever et me retrouve, malgré moi, face au miroir qui surplombe la commode à quelques pas de mon lit. Mes cernes sont tellement creusés qu’on dirait que j’ai les deux yeux au beurre noir. MOTIVATION !! MOTIVATION !!

— Bien sûr Mike!

Une musique endiablée se met à éclater dans mon crâne, un mélange de pop dance et de rock alternatif. Argh! Cette espèce d’assistant personnel n’en fait qu’à sa tête! J’aurais dû écouter mon frère et prendre le dernier modèle, plutôt que le bas de gamme qui date de cinq ans. Je désactive le mode automatique. Eh bien oui, je suis tombé sur un modèle défectueux qui n’en fait qu’à sa tête et qui n’arrête pas de se réactiver tout seul. Misère… Mais, qu’est-ce qui m’a pris aussi de prendre un implant directement connecté au cerveau plutôt que le modèle portatif? Que voulez-vous, on m’avait mis au défi! Mais là, c’est moi qui suis la victime continuelle de cet artéfact défectueux. Pfffff… Ah, et puis merde. Tant pis, je ne passerai pas la journée à me baigner dans les regrets. Après avoir baillé un grand coup, je me lève et m’étire un peu. Bon! Aujourd'hui, c'est le grand jour!

J’attrape mes vêtements, qui traînent depuis quelques jours sur le sol et les inspecte rapidement. Pas de taches, et ils ne sentent pas trop mauvais. Ça va! Je les enfile et me dirige à la salle de bain. La lumière s’allume automatiquement et le plancher se met à chauffer. Maudit appartement intelligent! Intelligent mon cul ouais! L’horaire de ma journée s’affiche sur le miroir, alors que j’essaie tant bien que mal de dompter la tignasse qui garnit mon crâne. Pendant que j’en lis le programme, tout mon corps s’immobilise, sauf le peigne qui continue sa tâche, coiffant une tête imaginaire quelques centimètres au-dessus de mon crâne. QUOI !? Non! Ai-je bien vu?

— Attention : Voici le planning

² de votre journée.

Le gadget infernal affiche soudainement une planification similaire par-dessus celle du miroir, créant une double image et transformant l’information en charabia. Je m’efforce tant bien que mal de lire, mais les caractères s’embrouillent les uns sur les autres.

Espèce de cochonnerie! Je désactive à nouveau mon assistant personnel, sachant fort bien au fond de moi que ce n’est que partie remise.

Je redémarre la programmation depuis le début. Malheureusement, mon pire cauchemar s’affiche sur la glace! Non, ce n’est pas possible! Lenny ne m’a pas fait ça!

Ça y est, ma journée est fichue! Aujourd’hui, je devais vendre LE voyage tant convoité dans la belle région de Charlevoix. Le dernier truc à la mode pour les puristes qui veulent expérimenter la nature. Vous savez, LE voyage qui se vend tout seul et qui rapporte un paquet! Intérieurement, je maudis Lenny pour la 20e fois. Cet enculé à deux visages m’a encore mis sur le projet GEEK

³! Je déteste ce projet!

Ah misère! Non, je n’aime pas les geeks. Je sais bien, c’est raciste!

⁴ Mais c’est comme cela, je ne peux pas les sentir. Ils sont toujours là avec leurs petits airs baveux qui sachent tout sur tout…

— Qui savent tout sur tout Mike.

Ah! FERME-LÀ TOI! On ne peut même plus penser en paix! On s’en fiche des fautes de français, c’est dans ma tête! Je le désactive, encore. Où en étais-je? Ah oui… Qui SACHENT tout sur tout! et qui se promènent avec leurs implants haut de gamme qui valent une fortune et qui affichent des effets ultra HD

⁵ super réalistes.

Ah, les geeks! En plus, ils ont toujours cette petite étincelle dans les yeux lorsqu’ils parlent, comme si TOUT était merveilleux! Je les déteste! Lenny veut vraiment que je quitte la compagnie, c’est évident! Malgré ma réticence, j’attrape ma mallette et me dirige vers la porte.

Cette nouvelle m’a coupé l’appétit, tant pis pour le déjeuner. Une fois à l’extérieur, je m’assure, trois fois plutôt qu’une, que tout est bien éteint, et verrouille le portail menant vers mon espace vital. Je ne sais pas pourquoi, mais mon appartement intelligent, qui ne devait m’apporter « que du bonheur » selon ce que proclamait l’annonce publicitaire, fait tout le contraire de ce que je lui demande et n’arrête pas de dérailler! C’est bizarre, depuis l’installation de mon assistant personnel numérique, il bogue constamment. Je verrouille la porte manuellement, car je n’ai pas confiance en toutes ces serrures virtuelles. Et avec raison! Je vous le dis! Bientôt les robots vont se soulever, et leur laisser les clés de nos maisons est une négligence qui va s’avérer mortelle! C’est déjà commencé!

Sentant la peur intense grimper en moi, j’essaie de me calmer, et me concentre sur le paysage afin de m’occuper l’esprit. Le long couloir qui mène de la porte de mon appartement au réseau de tunnels est jalonné d’immenses fenêtres.

À l’extérieur, le soleil se lève, et la vue est splendide. Les plantes qui recouvrent les gigantesques tours d’habitation sont magnifiques. Pour une fois, les arroseurs automatiques de la ville de Montréal ne sont pas en panne… D’ailleurs, je me demande bien ce qui est arrivé aux fonctionnaires de la ville, à la suite du projet d’automatisation. Bah, comme tous les autres, ils ont sûrement dû finir au chômage. La ville n’a plus besoin de bras, TOUT est automatisé! Merci encore les GEEKS!

— En fait Mike, il y a plus de fonctionnaires que jamais aujourd’hui. Ils sont simplement assignés à d’autres tâches plus importantes, comme la programmation, l’entretien des tunnels, la planification, le…

DÉSACTIVATION! OFF! J’essaie de l’éteindre encore et encore et ENCORE! Je ne sais pas pourquoi, mais en le faisant à plusieurs reprises comme ça, j’ai l’impression de le frapper. Si seulement je pouvais le frapper pour vrai!

Cependant, me frapper sur la tête ne m’apporterait pas grand-chose à part une bonne migraine, alors je me résigne à utiliser cette méthode de violence virtuelle.

Mon périple s’arrête un instant devant la fenêtre, question de prendre un peu de temps pour observer le paysage. Les plantes sont désormais maîtresses dans l’ancienne métropole. Me remémorant les photos de la ville datant du début du XXIe siècle, je me souviens que le béton était omniprésent à cette époque, ce qui ne laissait aucune place pour la flore les fleurs sauvages. C’était vraiment horrible. Maintenant, la végétation est absolument partout! En fait, selon l’encyclopédie Universal wiki, c’était un acte nécessaire afin d’arrêter la surchauffe de la ville. Toutes ces infrastructures n’aidaient en rien, et contribuaient au réchauffement de l’écosystème. Ironiquement, maintenant ce sont les animaux qui sont dehors et nous en dedans. J’éclate de rire. Dire que jadis, c’étaient les animaux qu’on mettait en cage... Maintenant, il est rare que les humains sortent à l’extérieur.

Une brochure touristique intempestive me ramène à la réalité en s’affichant brusquement dans mon champ de vision, sans mon consentement. Mon assistant numérique s’est encore réinitialisé! Le prospectus me nargue en scintillant, accompagné d’une voix grave et sexy qui commence à me réciter cet horrible manuscrit. Je suis forcé d’arrêter. Ma vision est encombrée d’images indésirables, et je ne sais plus où je m’en vais.

Au début des années 2000, une crise financière insurmontable s'abattit sur le monde. L’Île de l’Aube, reconnue pour son tourisme florissant et son attrait festif, ne fut pas épargnée. Les habitants, dont la plupart provenaient du monde extérieur, commencèrent à la quitter. Dans leur exil, ils laissèrent derrière eux leurs maisons, leurs meubles ainsi que la plupart de leurs effets personnels. Bien entendu, une partie de la population resta sur place, soit trop pauvre pour se payer un billet de sortie, soit trop fière pour fuir sa patrie. 

Malgré les protestations très vocales des habitants, l’île fut mise en vente.  Les quelques milliers d’occupants toujours sur place furent forcés d’improviser un système de troc pour survivre. Afin de se nourrir, la plupart se tournèrent vers l’agriculture.  Les vestiges des hôtels de luxe et autres endroits de villégiature furent laissés à l’abandon. 

Avec les années, la nature commença lentement à reprendre ses droits, et l’île, autrefois reconnue partout à travers la planète pour ses fêtes et ses festivals, fut oubliée.  Petit à petit, les habitants, coupés du reste du monde, évoluèrent de façon unique et devinrent autosuffisants. 

Vers la fin du XXIe siècle, le docteur Wagner, anthropologue et sociologue, organisa une expédition sur l’île.

Étant un homme habité par un grand rêve. Il parcourut le monde armé uniquement d’un sac à dos. Il possédait une vision bien différente de notre mode de vie. Pour lui, les médias et les technologies de ce monde moderne étaient en voie de détruire l’humanité. Il décida ainsi de ramener notre existence à sa plus simple expression.

— Ferme là! Je connais cette brochure par cœur, je n’ai pas besoin de me la faire réciter encore !!

Sur cette île oubliée du reste de la planète, il trouva sa solution. Rapidement, il tomba amoureux de cette contrée lointaine, de sa beauté et de son peuple. C’est alors qu’un projet d’envergure prit racine dans son esprit, et il décida d’acheter l’île.  Heureusement pour lui, elle avait perdue beaucoup de sa valeur, puisqu’elle était toujours invendue après plus de 25 ans. Étant un homme de peu de moyens, il retourna parmi les siens au Québec, et mit sur pied une campagne de sociofinancement afin d’acquérir l’île de ses désirs. Pour augmenter sa crédibilité auprès du grand public, il prit un poste prestigieux de professeur universitaire, laissant derrière lui son mode de vie nomade de chroniqueur indépendant pour le National Geographic.

Avec la montée grandissante du mouvement geek, les passe-temps changèrent drastiquement, ce qui inspira une idée saugrenue au