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Demain viendra
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Livre électronique257 pages3 heures

Demain viendra

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À propos de ce livre électronique

Bâtir un récit collectif, attractif et crédible pour une société plus alignée avec la finitude de notre Terre, ne serait-ce pas l’un des enjeux majeurs de notre époque ? Demain viendra présente une société des années 2060. Bien que toujours en transition, celle-ci a permis d’éviter une débâcle écologique. Au fil des pages, vous suivrez grands-parents et petits-enfants au cours d’un voyage dans leur présent et son quotidien, leur passé et ses changements, ainsi que leur futur et ses interrogations.

Vous ne trouverez ni meurtre ni enquête, mais une contribution à une discussion publique qu’il me paraît urgent d’avoir : que peut-on espérer pour demain ?

LangueFrançais
ÉditeurPublishroom
Date de sortie3 août 2023
ISBN9782384547364
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    Aperçu du livre

    Demain viendra - Camille

    Avant-propos

    Afin de m’assurer un début de livre confortable, j’ai décidé de faire les questions et les réponses moi-même.

    (I) Qu’est-ce qui a animé ce livre ?

    C’est une excellente question, merci de me l’avoir posée. Je dirais le constat que la société dans laquelle nous vivons ne me permettra pas de vivre en bonne santé, ce qui, pourtant, représente un besoin primaire qui me tient particulièrement à cœur. Pour être sûr que nous nous comprenons bien, je précise que je fais ici référence à la définition du mot « santé », selon l’Organisation mondiale de la santé : « [...] un état de complet bien-être physique, mental et social, qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. »

    (II) À la lecture de cette définition, le défi semble colossal. Pensez-vous qu’il puisse exister une société à même de fournir à toutes et à tous une « bonne santé » ?

    Sans doute non, mais sans doute pouvons-nous faire mieux qu’aujourd’hui. Il me semble que nous nous censurons dans nos petites ou grandes révolutions quotidiennes. Peut-être estimons-nous qu’elles ne sont pas au niveau, qu’elles ne sont pas parfaites. Mais pourquoi leur en demander autant ? Le monde dans lequel nous vivons n’est ni au niveau ni parfait, et il n’a pas vocation à le devenir. Alors respirons un coup et décomplexons-nous. Le changement nécessite une remise en question, mais il ne nécessite aucunement la perfection. Agissons, nous verrons bien où cela nous mène.

    La liste exhaustive des entraves de notre système envers ma « bonne santé » serait une lecture bien trop fastidieuse que je me propose de vous épargner. Je me contenterai d’en citer trois, pour exemple.

    Le premier point est que le système actuel échouera à maintenir un environnement sécuritaire à moyen terme pour moi et mes proches. Je préfère m’exprimer sans détour là-dessus. La nécessité d’une prise en compte des limites planétaires va bien au-delà d’une histoire de grands sentiments. Il ne s’agit pas non plus de « sauver la planète », il s’agit de sauver nos fesses. En tant qu’habitant d’un pays privilégié, il m’est facile de considérer la démocratie, la paix, la présence d’eau aux robinets, d’électricité aux prises et de pain à la boulangerie du coin, comme des acquis. Toutes ces certitudes quotidiennes, qui servent de base à notre société actuelle, nous semblent anodines. Néanmoins, il est important de se rappeler qu’aucun de ces faits n’est inscrit dans le marbre et qu’aucune loi physique ne les rend immuables. Ils dépendent tous de processus en équilibre qui peuvent s’effriter, et ce, jusqu’à disparaître. Dans un monde où les ressources se raréfient et où toutes nos garanties d’approvisionnements primaires s’évaporent, quelle marge de manœuvre nous reste-t-il pour espérer faire société ? Dans un monde où des milliards d’individus sont contraints de fuir leurs terres devenues inexploitables ou simplement inhabitables, quelle place occupera le mot « paix » ? Dans un monde régi à chaque instant par des impératifs de survie, quelle place reste-t-il à la tranquillité et aux bons moments ?

    Si la débâcle écologique que nous vivons se poursuit, je ne sais pas si vous, qui lisez ces lignes, ou moi, qui les ai écrites, perdrons la vie, mais nous en perdrons la saveur dont nous jouissons aujourd’hui.

    Le second point concerne notre héritage. Celui que nous recevons et celui que nous léguerons, notre éducation et notre épitaphe. Si les choses ne changent pas, je sais d’ores et déjà que je ne serai pas fier.ère de ce qui me survivra. Ainsi, à la question « qu’est-ce qui a animé ce livre ? », ma réponse était incomplète. J’y ajoute ceci : le besoin de montrer à mes enfants et à moi-même que, peu importe la finalité, j’ai essayé. Il doit tout de même s’agir d’un sentiment de grande sérénité d’entendre la mort arriver et de pouvoir se dire que nous n’avons pas perdu notre temps, que nous avons essayé de laisser ce monde un peu meilleur qu’il ne l’était quand nous y sommes venus et qu’en tout état de cause, nous avons fait de notre mieux¹.

    L’héritage est une notion multiple. Il peut, par exemple, être technologique. Dans ce domaine, force est de constater que l’humanité l’enrichit de jour en jour. La course à la modernisation a produit une évolution rapide de nos outils, à tel point que nous n’avons pas pris, collectivement, le temps de mûrir avec eux. Nous voilà ainsi propulsés, candides, dans une époque où notre capacité d’impact sur notre Terre a été considérablement accrue, alors que nous sommes, à quelques poils près, restés les mêmes primates qu’autrefois.

    L’héritage peut également être idéologique. L’anthro-

    pocentrisme domine aujourd’hui. Il sépare la nature et l’humain et met ce dernier au centre des récits et au sommet de l’évolution. Difficile pour les 99,99 % de la biomasse de lutter lorsque les critères sont énoncés par les 0,01 % qui restent, et que l’on appelle « Humanité ». Transposons, si 0,01 % des êtres humains, les plus riches par exemple, énonçaient les critères de la supériorité, est-ce que les 99,99 % restants seraient d’accord avec ces critères ? Peut-être tenons-nous là un sujet de recherche intéressant : quel parallèle entre la considération de l’Humanité vis-à-vis du reste du vivant et celle des 0,01 % des plus riches vis-à-vis du reste de l’Humanité ? Pour en revenir à l’anthropocentrisme, à cette « supériorité humaine », il est peu surprenant qu’elle imprègne notre imaginaire jusqu’à nous en convaincre, plus ou moins, toutes et tous : on nous la perfuse depuis notre plus tendre enfance.

    Les récits religieux : « L’homme à l’image de Dieu. »

    Les récits historiques : « Évolution de l’humanité à travers son passé, son présent, son avenir. »

    Les récits économiques : « Les richesses naturelles sont inépuisables, car, sans cela, nous ne les obtiendrions pas gratuitement. Ne pouvant être ni multipliées ni épuisées, elles ne sont pas l’objet des sciences économiques », Jean-Baptiste Say, Traité d’économie politique, 1803.

    Le vocabulaire : sauvage ; civilisé ; un jardin propre ; une belle météo ; il n’y a pas mort d’homme…

    La liste est encore longue : le système juridique ; la morale ; la protection du vivant...

    Mais comment faisons-nous pour nier les corollaires destructeurs de cette idéologie ? Cette cécité trouve son paroxysme dans notre insatiabilité technologique : « Si je peux le faire, pourquoi ne le ferais-je pas ? Après tout, je suis ce qu’il y a de mieux dans l’univers. » Mais ce n’est pas parce que l’on peut faire quelque chose, qu’il est pertinent de le faire, #bombeatomique, #transhumanisme, #brulertoutlecharbon, #raserunemontagne, #raseruneforet, #mettreundoigtdansuneprise, #…

    À ceux qui pensent que c’est dans la nature humaine, je leur indiquerai qu’il n’est pas sain de confondre habituelle et naturelle. Toutes les civilisations humaines ne se sont pas construites autour de l’anthropocentrisme, il en reste des vestiges encore aujourd’hui. Mais alors, comment expliquer une telle propagation de cette idéologie ? Voici un premier élément de réponse : à la fin du XIXe siècle, la civilisation occidentale, berceau de cette idéologie, avait une emprise sur la grande majorité des terres habitées. Une occasion en or de diffuser un mode de pensée. Ils le pouvaient, ils l’ont fait, certes, mais était-ce pertinent ?

    À ceux qui invoquent le darwinisme et justifient ce comportement par une plus grande évolution de la civilisation occidentale sur les autres, voici une question : si un individu immensément riche et influent arrive chez vous et déclare prendre le contrôle de vos biens et de votre famille, que feriez-vous ? Plaideriez-vous coupable d’être moins évolué.e ?

    Je vois au moins une troisième dimension à l’héritage. Sans doute celle qui m’impressionne et me fascine le plus : notre héritage biologique. Encore une fois, comprenons-nous bien, ici je m’éloigne de l’héritage anthropocentré et je m’incline devant les trois milliards d’années durant lesquels un mouvement mystique, que l’on appelle la vie, a échafaudé l’héritage que l’on peut apprécier aujourd’hui. « Nous sommes vivants. » Au-delà de rassurer le lecteur ou la lectrice qui en doutait, cette affirmation signifie que la ligne de vie, dont nous sommes aujourd’hui une des extrémités, ne s’est jamais interrompue, pas une seule fois depuis nos plus lointains ancêtres, pas une seule fois depuis trois milliards d’années. Cette caractéristique ne nous est pas propre, nous la partageons avec l’ensemble des milliards de milliards […] de milliards de terriens qu’abrite actuellement notre planète. Prenons quelques secondes pour imaginer ce que cela représente.

    Quel que soit l’être vivant que nous croisons, ses ancêtres ont côtoyé les nôtres. Et durant ces quelque trois derniers milliards d’années, ils se sont sans doute croisés, mangés ou sauvés les uns les autres. En tout état de cause, si nous sommes là, ensemble dans ce monde, c’est bien qu’ils ont, quelque part, réussi ensemble.

    Aujourd’hui, ce riche héritage biologique s’appauvrit sans retour sur un rythme effréné, et nous en sommes la principale cause. Notre comportement collectif en est la principale cause. Quelle pitié si notre rôle dans cette incroyable épopée se résume à n’être que les porteurs d’une mort à peine maquillée.

    Après une sécurité non garantie et un héritage funeste, le troisième et dernier point consiste en une frustration grandissante entre ce que nous sommes et ce que nous pourrions être. Prenons l’image passablement usitée de la Terre vue comme un monumental vaisseau spatial de quelques milliers de milliards de milliards de tonnes. Dans cette métaphore, il s’avère que l’humanité participe davantage à la dégradation des systèmes de support de vie de ce précieux vaisseau, plutôt qu’à leur maintien. Comme certaines évidences se portent mieux une fois énoncées, en voici une : la Terre, en tant que planète et écosystème, est la condition fondamentale de notre survie dans l’univers. Elle est la source de tout. Mais cet état de fait trouve-t-il sa réciproque dans nos comportements ? La Terre, en tant que planète et écosystème, est-elle omniprésente dans nos choix ? Intervient-elle comme une composante essentielle de nos décisions quotidiennes ? Lui donnons-nous la place qu’elle mérite dans nos existences ? Toutes les dérives écologiques auxquelles nous assistons lessivent mes tripes. Au-delà de nous-mêmes, ce sont nos frères terriens depuis plus de trois milliards d’années que nous regardons crever. Et au-delà de cette fameuse phrase « ce sont nos actes qui nous définissent », je préfère raisonner en matière d’opportunités saisies ou laissées passées. Il me semble ainsi bon de rester humble face à la réalité du monde au regard des opportunités que nous avons croisées. Tant d’occasions manquées, et celle qui nous sera fatale se rapproche, d’un pas, à chaque rendez-vous raté.

    (III) Pourquoi avoir choisi de raconter cette histoire ?

    Au gré de mon cheminement personnel, la vision d’un futur dans lequel la société humaine serait plus apaisée avec elle-même et ses colocataires terriens m’est devenue essentielle. Nous sommes, toutes et tous, maintenus dans une représentation étroite de l’humanité, de ses codes sociaux et de ses rapports au reste du monde. Pourtant, encore une fois, « habituel » ne signifie pas « naturel », et « habituel » ne signifie pas non plus « véridique », soyons créatifs. À travers ce livre, mon objectif est d’alimenter, au mieux de mes capacités, la réflexion collective sur cette grande question : que peut-on espérer pour demain ? Il n’est nullement question de bâtir une société parfaite, ni même meilleure sur tous les aspects, mais simplement une société globalement meilleure que la nôtre. À ces mots, deux interrogations me viennent : « Meilleure pour qui ? » et « une baisse organisée de certains aspects ne serait-elle pas salutaire, si elle permet des gains substantiels sur de nombreux autres aspects ? »

    Ainsi, les pages qui constituent ce livre parlent de futur, mais ne prétendent en aucun cas le prédire. Comme toute œuvre, ces pages représentent avant tout leur auteur.trice. Le futur décrit est ainsi imprégné de mes valeurs, de mes expériences, de ma sensibilité et de mes connaissances qui sont, à l’instar de tout ce qui nous entoure, limitées. Aussi, les changements et évolutions rapportés à travers les personnages, leurs pensées et leurs dialogues ne sont pas à recevoir comme des réponses, mais comme ma contribution à une discussion publique qu’il me paraît urgent d’avoir. Je vous invite à appréhender ce livre, non comme un recueil immuable, mais plutôt comme une photographie, depuis ma position, d’un process complexe et en mouvement permanent. Ce livre fige ainsi ma pensée au moment de sa capture par l’écriture. Et alors que je m’apprête à le publier, après trois années de travail, une ultime relecture me confirme que ma pensée a changé durant cette période. Si je découvrais l’histoire que je vous livre aujourd’hui, je trouverais des choses à redire. L’écueil le plus important à mes yeux est que, malgré les remaniements successifs et mon discours sur l’anthropocentrisme que je viens de vous déclamer, mon récit reste marqué par l’anthropocentrisme latent de nos sociétés. Ma récente lecture d’Ethnographie des mondes à venir de Philippe Descola et d’Alessandro Pignocchi renforce sans doute ce sentiment, mais elle m’a également éclairé sur les raisons de cette empreinte : « Notre concept de nature limite nos relations aux non-humains à un choix unique entre exploitation et protection […] une atrophie générale de la sociabilité. » Réinterroger nos rapports sociaux avec les vivants non humains, voilà également une opportunité d’élargir nos imaginaires pour y trouver les ressources nécessaires à l’élaboration d’une autre « façon d’être au monde »².

    Pour conclure sur le choix de l’histoire racontée, il me tient à cœur de préciser que si les futurs sont en effet multiples, il reste tout de même nécessaire d’être réaliste quant au caractère fini de notre planète. Ainsi, les futurs permettant le maintien d’une société humaine appréciable pour le plus grand nombre ne tiennent, eux, qu’à quelques fils qu’il s’agira de bien dérouler.

    (IV) Pensez-vous que la société dépeinte dans votre roman permette d’atteindre les objectifs internationaux ?

    Je suppose que vous parlez de l’accord de Paris : « Maintenir, d’ici à 2100, la température planétaire en deçà de 2 °C supplémentaires par rapport à l’ère préindustrielle. » Je ne sais pas, et j’ai envie de dire que la finalité de ce livre n’est pas là. L’empreinte carbone d’un Français est en moyenne égale à dix tonnes d’équivalent CO2, pour imager : un aller-retour France/Australie représente environ cinq tonnes d’équivalent CO2, un repas de viande rouge par jour représente sur un an deux tonnes d’équivalent CO2. Pour atteindre l’objectif de l’accord de Paris, nous devons, d’ici 2050, atteindre deux tonnes par personne et par an en moyenne à l’échelle mondiale, et donc à notre échelle individuelle si l’on ne veut pas faire porter notre surplus à d’autres.

    À la vue de cet objectif et de son corollaire, voici ce qui me vient à l’esprit :

    –Deux tonnes, ce n’est pas zéro tonne. Une raison supplémentaire de ne pas chercher la perfection ;

    –Une donnée ne juge ou ne félicite pas, elle informe ;

    –Nous sommes à l’heure actuelle à « +1,2 °C » par rapport à l’ère préindustrielle. Entre ces « 1,2 °C » supplémentaires et les « 5 °C » supplémentaires d’ici à 2100, si rien ne change ou si peu, il y a une infinité de mondes différents. Chaque dixième de degré compte, et plus nous dépasserons les « +2 °C », plus nous risquons un emballement du dérèglement climatique et de la débâcle écologique. Dépasser les « +2 °C », c’est risquer d’atterrir dans un monde où toute adaptation massive sera impossible ;

    –Le climat est un défi majeur. Néanmoins, il ne doit pas éclipser l’enjeu de la biodiversité, celui de la raréfaction des ressources et il ne doit pas non plus balayer la dimension sociale. Il est important de garder à l’esprit que tous ces enjeux sont très étroitement liés et que la dégradation de l’un entraînera, souvent, la dégradation des autres.

    (V) J’ai pu voir qu’à la suite de cet avant-propos, il y a une dizaine de pages recueillant des données sur la situation actuelle, pourquoi ce choix ?

    Avant de vouloir conjuguer ensemble le futur, il me paraissait important que nous parlions le même présent. La description objective d’une situation existante est un exercice périlleux et qui ne peut être qu’incomplet. J’ai opté pour la mise à disposition de quelques données et informations brutes. Vous les trouverez de la page 25 à la page 45. Elles sont réparties en sept thématiques. Certains chiffres sont des arrondis, l’important demeure dans les ordres de grandeur. Les sources sont très variées, cela peut être préjudiciable concernant l’homogénéité de la donnée, mais cela permet de fournir une palette importante de ressources informatives pouvant être consultées. Bien sûr, cette liste n’est nullement exhaustive et il y a de fortes chances que vos données « favorites » ne soient pas indiquées, c’est une évidence, je n’ai moi-même pas pu toutes les mettre. En complément, ou à la place de la lecture de ces données, je ne peux que vous conseiller la participation à une « Fresque du Climat » ; à l’écoute de podcast tels que « Sismique », « Présage », « Le Réveilleur » ou « ThinkerView » ; à la lecture du rapport « Limits to growth », écrit en 1972 et également connu sous le nom de « rapport Meadows » en référence à deux des auteurs principaux, Donella et Dennis Meadows ; et à beaucoup d’autres ressources aujourd’hui disponibles sur tous ces sujets.

    J’aimerais revenir sur l’association « La Fresque du Climat », afin de rendre hommage à son mode de gouvernance : un mélange de do-ocratie et d’essaimage. Il s’agit d’un fonctionnement participatif et décentralisé dans lequel ceux qui pensent que quelque chose doit être fait le font, sans être dérangés par ceux qui ne le pensent pas. Bien sûr, la chose à faire doit être en accord avec l’objectif et les valeurs de l’entité au nom de laquelle elle est faite. Ce fonctionnement me fait penser à une fameuse phrase d’Einstein : « Ceux qui pensent que ce n’est pas possible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient. »

    (VI) Avez-vous un autre sujet que vous souhaitiez aborder ?

    Merci de poser une question aussi ouverte, j’avais un peu de mal à trouver la transition avec un point que je voulais aborder avec vous : l’IA. Il s’agit d’un sujet peu abordé explicitement dans le livre, mais il n’en demeure pas moins majeur dans nos sociétés et notre futur. Dans ce genre de grand mouvement technologique, ne pas s’informer revient à le subir. Apprendre à connaître ce qui se cache derrière ces deux lettres nous donne néanmoins une chance d’être capables, individuellement et collectivement, de faire le tri entre fantasme et réalité. Apprendre à connaître l’IA nous donne une chance d’identifier ses avantages et ses dangers. Apprendre à connaître l’IA, nous donne une chance de bien l’utiliser.

    Voici les quatre principales raisons qui m’ont amené à ne pas aborder largement l’IA dans le livre :

    –Tout d’abord, il s’agit d’un dossier sur lequel je manque de recul et de connaissances brutes et connexes pour le saisir dans sa diversité et l’insérer dans un environnement plus global. Je laisse ainsi, à d’autres, le soin de l’aborder de manière étendue.

    –La seconde raison tient à la réponse que l’on peut apporter à la question suivante : qu’est-ce que l’IA ? Comme premier élément, j’aimerais vous livrer une réflexion que j’ai entendue lors d’un épisode de l’émission-débat « ThinkerView », avec pour invité M. Étienne Klein. Le terme français « intelligence artificielle » pourrait provenir d’une erreur de traduction du terme anglais « artificial intelligence », dans lequel « intelligence » peut se traduire, non par intelligence, mais par renseignement.

    En partant de cet angle, il me semble intéressant d’aborder l’IA sous le prisme de l’apprentissage, qui est une accumulation de renseignements. En effet, les domaines d’application de l’IA sont plus ou moins sans limites. Difficile d’être synthétique en l’abordant sous ce point de vue. Du côté de l’apprentissage, il n’existe que trois grandes méthodes : l’apprentissage supervisé, l’apprentissage non supervisé et l’apprentissage par renforcement. En restant dans la simplification et donc dans l’imprécision et le

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