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Traité sur le goût
Traité sur le goût
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Livre électronique47 pages40 minutes

Traité sur le goût

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À propos de ce livre électronique

Définir le goût ; impossible. Qui l’essaie échoue.
Qu’est-ce donc que le goût ? Qu’est-ce donc que cette chose étrange qui, on vient de le voir, peut exister et existe en dehors de la morale, de la raison, de la politesse, du progrès, de la vérité, de la réalité, de la pudeur, de la conscience, se concilie avec la férocité, consent à la bestialité, et qui, avec toutes ces facultés d’être le mal, fait partie du beau ?...
Le goût est celui de nos sens qui nous met en relation avec les corps sapides, au moyen de la sensation qu’ils causent dans l’organe destiné à les apprécier.
Le goût, qui a pour excitateurs l’appétit, la faim et la soif, est la base de plusieurs opérations dont le résultat est que l’individu croît, se développe, se conserve et répare les pertes causées par les évaporations vitales.
Le goût peut se considérer sous trois rapports :
Dans l’homme physique, c’est l’appareil au moyen duquel il apprécie les saveurs ;
Considéré dans l’homme moral, c’est la sensation qu’excite, au centre commun, l’organe impressionné par un corps savoureux ; enfin, considéré dans sa cause matérielle, le goût est la propriété qu’a un corps d’impressionner l’organe et de faire naître la sensation.
Le goût paraît avoir deux usages principaux :
1° Il nous invite, par le plaisir, à réparer les pertes continuelles que nous faisons par l’action de la vie ;
2° Il nous aide à choisir, par les diverses substances que la nature nous présente, celles qui sont propres à nous servir d’aliments.

LangueFrançais
ÉditeurEHS
Date de sortie9 févr. 2023
ISBN9782381116334
Traité sur le goût
Auteur

Victor Hugo

Victor Hugo (1802-1885) was a French poet and novelist. Born in Besançon, Hugo was the son of a general who served in the Napoleonic army. Raised on the move, Hugo was taken with his family from one outpost to the next, eventually setting with his mother in Paris in 1803. In 1823, he published his first novel, launching a career that would earn him a reputation as a leading figure of French Romanticism. His Gothic novel The Hunchback of Notre-Dame (1831) was a bestseller throughout Europe, inspiring the French government to restore the legendary cathedral to its former glory. During the reign of King Louis-Philippe, Hugo was elected to the National Assembly of the French Second Republic, where he spoke out against the death penalty and poverty while calling for public education and universal suffrage. Exiled during the rise of Napoleon III, Hugo lived in Guernsey from 1855 to 1870. During this time, he published his literary masterpiece Les Misérables (1862), a historical novel which has been adapted countless times for theater, film, and television. Towards the end of his life, he advocated for republicanism around Europe and across the globe, cementing his reputation as a defender of the people and earning a place at Paris’ Panthéon, where his remains were interred following his death from pneumonia. His final words, written on a note only days before his death, capture the depth of his belief in humanity: “To love is to act.”

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    Traité sur le goût - Victor Hugo

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    Traité sur le goût.

    Traité sur le goût

    Victor Hugo

    Jean A. Brillat-Savarin

    EHS

    Humanités et Sciences

    Le goût

    Proses philosophiques de Victor Hugo.

    Définir le goût ; impossible. Qui l’essaie échoue.

    Le goût est-il tenu d’être d’accord avec la morale ? Non. Ou vous excluez Boccace, Arioste, la reine de Navarre, Brantôme, cent autres.

    (Le goût est-il tenu d’être d’accord) avec la politesse ? Non. Rien n’est moins poli que la comédie grecque.

    Avec la raison ? Non. Pindare est peu « raisonnable ».

    Avec le progrès ? ? Non. Les Nuées outragent Socrate.

    Avec la vérité ? Non. Quel menteur que Virgile aux pieds d’Octave !

    Avec la réalité ? Non. Tout le vaste rêve mythologique est accepté par le goût avec enchantement.

    Avec la pudeur ? Non. Lisez le Cantique des Cantiques.

    Avec la conscience ? Non. Lisez Machiavel.

    Le goût se concilie avec la férocité ; voyez les versets exterminateurs de la Genèse, avec la bestialité, voyez Léda et le cygne, avec la sodomie, voyez Corydon, avec toutes les infamies possibles, voyez Aristophane.

    L’art a une effronterie lumineuse. Fécond sujet d’étonnement, que ces affinités des grossièretés avec les élégances ! Affinités constatées par la Grèce qui offre Lysistrata à côté de l’Anthologie, par la renaissance qui encadre Tasse avec Rabelais, par le siècle d’Auguste et par le siècle de Louis XIV qui ont, l’un Horace et l’autre La Fontaine, esprits exquis et obscènes, combinant dans leur poésie ces deux pôles, la délicatesse et le cynisme.

    Qu’est-ce donc que le goût ? Qu’est-ce donc que cette chose étrange qui, on vient de le voir, peut exister et existe en dehors de la morale, de la raison, de la politesse, du progrès, de la vérité, de la réalité, de la pudeur, de la conscience, se concilie avec la férocité, consent à la bestialité, accepte Sodome, et qui, avec toutes ces facultés d’être le mal, fait partie du beau ?

    Est-il donc possible d’être à la fois le beau et le mal ?

    L’art a-t-il ce don terrible ?

    Hâtons-nous de le dire, non.

    Être le beau et le mal, être tout ensemble obscurité et clarté, c’est le chaos. L’art est prodige, soit ; il n’est pas monstre. Il contient le contraste, non la contradiction. Pas un atome dans l’art n’est à l’état de chaos. Tout obéit à la loi une. Le goût, c’est l’ordre.

    Comment donc expliquer alors ce qui vient d’être dit ? comment concilier avec la formule : le goût, c’est l’ordre, cette acceptation par le goût de toutes les formes du désordre ? comment se rendre compte de ceci que tout ce que nous nommons cynisme, débauche, brutalité, bestialité, dévergondage, puisse entrer dans l’art sans trouble pour l’art et en lui laissant tout entière sa condition suprême, le Beau, tellement que dans Virgile, dans Horace, dans la Bible, dans les bas-reliefs romains et grecs, dans les camées antiques, dans le musée secret de Naples, plusieurs des œuvres les plus impures aux yeux de la morale et de la pudeur sont les plus pures aux yeux du goût ?

    Expliquons ce phénomène.

    Affirmons cette vérité superbe, entrevue seulement sur les sommets de l’art : il n’y a point de mal dans le beau. Être le beau et faire le mal, c’est impossible. Le mal, dès qu’il est entré dans le beau, fait le bien. L’art est un dissolvant transfigurateur

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