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Vague Scélérate: Wyatt
Vague Scélérate: Wyatt
Vague Scélérate: Wyatt
Livre électronique344 pages4 heures

Vague Scélérate: Wyatt

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À propos de ce livre électronique

Wyatt Banks est prêt à ouvrir son cœur à l’âme sœur. Malheureusement, son métier de policier a tendance à interférer avec ses objectifs personnels. Lorsque Wyatt est envoyé en mission pour infiltrer un réseau de trafiquants de femmes, il n’a pas le loisir de se consacrer à autre chose qu’à sa survie dans un monde souterrain glauque et dangereux.

Mais Wyatt n’est pas seul dans sa quête pour sauver les femmes enlevées et vendues comme esclaves sexuelles.

Sa partenaire, l’agent du FBI Andrea Somerville, tout aussi impliquée que lui dans l’opération, va servir d’appât pour attirer les trafiquants au grand jour, en se faisant passer pour une danseuse de strip-tease et piéger l’ennemi. Mais le danger est à la mesure de la flamme naissante entre eux, et Wyatt se retrouve pris entre le travail qu’il aime et la femme qu'il désire.
LangueFrançais
ÉditeurTektime
Date de sortie20 déc. 2022
ISBN9788835447436
Vague Scélérate: Wyatt

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    Aperçu du livre

    Vague Scélérate - Sawyer Bennett

    Prologue

    Wyatt

    Je regarde mes amis, tous rassemblés autour de moi, venus me souhaiter bonne chance et me dire au revoir. Bon sang, qu’est-ce qu’ils vont me manquer, cette bande de joyeux lurons ! Je ne sais pas du tout quand nous pourrons nous revoir.

    L’immense terrasse arrière de la maison côtière de Gavin et Savannah à Duck, en Caroline du Nord, arrive aisément à accommoder notre petit groupe qui n’arrête pas de s’agrandir, ainsi que les quelque deux cents invités. Gavin et Savannah ont eux-mêmes proposé d’organiser une fête pour mon départ dans leur superbe propriété en front de mer. Alors forcément, soyons honnêtes, qui n’aurait pas envie de faire la fête dans une demeure aussi grandiose face à l’océan ?

    En ce début d’avril, la journée a été relativement chaude, du moins avant que la brise ne se lève. Par intermittence, un vent d’ouest en provenance de l’Atlantique invite les femmes à se blottir un peu plus près des hommes pour échapper à la fraîcheur printanière.

    Au sein de notre petite bande, presque tous mes amis ont succombé à ce sentiment miraculeux qu’est l’amour. Il y a d’abord eu Hunter, mon meilleur ami depuis toujours. On se connaît depuis le plus jeune âge, et je savais que lorsqu’il tomberait amoureux, ce serait vraiment pour de bon. Il s’est épris de Gabby, la meilleure amie de sa petite sœur, et honnêtement, je ne m’y attendais pas du tout. Gabby a longtemps ressenti une colère mal placée à son égard, mais à force d’insister, il a fini par l’avoir à l’usure. Maintenant elle porte sa bague de fiançailles en médaillon autour du cou pour ne pas l’abîmer, car elle travaille dans le bâtiment.

    Je ne sais pas pour quand le mariage est prévu, mais ils n’ont pas l’air pressés. Hunter est propriétaire d’un bar de plage, le Dernier Appel, et Gabby est entrepreneure en bâtiment. Ils sont tous les deux tellement absorbés par leurs carrières respectives que je doute fort que les cloches nuptiales retentissent de sitôt. En fait, je ne serais pas étonné qu’ils aillent simplement faire un tour devant le juge du coin à l’heure du déjeuner pour passer à l’acte.

    Tout comme Brody, le frère jumeau de Hunter, l’a d’ailleurs fait quand il a épousé Alyssa.

    Brody et Hunter se sont fiancés en même temps alors qu’ils étaient en vacances avec leurs copines. Ça doit être un truc de jumeaux. Je croyais que nous aurions droit à une double cérémonie nuptiale, mais Alyssa a bouleversé tous les projets en tombant enceinte. Bien qu’imprévu, ce bébé n’en est pas moins très désiré. Brody a emmené Alyssa au tribunal pour l’épouser, en déclarant qu’ils pourraient organiser une cérémonie après la naissance du bébé si elle le souhaitait.

    En la regardant à présent, un bras passé autour de Brody et l’autre à câliner leur fils Trey, je doute fort qu’il y ait un jour une cérémonie. À mon avis, ils sont déjà tout à fait heureux en l’état.

    Des pleurs de bébé se font entendre, et mes yeux se portent sur Gavin et Savannah. Leur fille Claire est née il y a presque un mois, exactement dix jours avant la naissance de Trey. Apparemment, il est déjà question de les fiancer tous les deux.

    Gavin prend Claire dans les bras de Savannah pour la bercer d’avant en arrière. Elle se calme instantanément et j’espère bien que si je deviens père un jour, je saurai aussi bien m’y prendre avec mon bébé que mes amis avec leur progéniture. Gavin et Savannah ne sont pas mariés, ni même fiancés d’ailleurs, mais on dirait que cela n’a aucune importance à leurs yeux. J’ai demandé à Gavin s’il comptait l’épouser un soir où nous étions sortis entre copains. Il m’a dit que si cela ne tenait qu’à lui, ce serait déjà fait, mais qu’entre une chose et l’autre, sans compter leur bébé nouveau-né, il y avait toujours un contretemps. D’après moi, ça ne saurait tarder, j’en mettrais ma main à couper.

    — Eh ! La marmaille, arrêtez de boire tout ce lait, vous m’empêchez de faire la fête avec vos mamans, se plaint Casey en tendant un doigt pour caresser le petit nez de Claire.

    Mes lèvres forment un sourire en observant Casey Markham. C’est une fille sublime. C’est la sœur cadette de Hunter et de Brody, et quand je dis petite, je ne parle que de son âge : elle a quatre ans de moins que nous, mais du haut de ses vingt-cinq printemps, elle profite pleinement de la vie. Tout comme moi, elle reste résolument célibataire.

    Mais la différence, c’est que dans son cas, c’est un choix personnel : c’est une fervente adepte du célibat. Elle consomme les hommes comme ma grand-mère consommait les pièces dans les machines à sous d’Atlantic City.

    Pour moi, ce n’est pas tout à fait la même chose.

    Je m’installerais volontiers en couple.

    En regardant Hunter et Brody, je vois bien qu’ils n’ont jamais eu l’air aussi sereins et épanouis de toute leur vie. Je ne connais Gavin que depuis un an, mais il a changé du tout au tout. C’était un véritable abruti, mais Savannah l’a transformé en gros nounours.

    Alors moi aussi, je suis tenté par l’expérience.

    Mais a priori, ce n’est pas pour tout de suite. Certainement pas avec mon départ et mon boulot.

    — Ah mon pote, tu vas me manquer soupire Hunter en s’approchant de moi et en s’adossant à la balustrade de la terrasse.

    Je tends ma bouteille de Sam Adams vers lui, et il trinque avec sa bière.

    — Toi aussi, tu vas me manquer.

    — Tu n’as vraiment aucune idée de combien de temps ton affectation va durer ? reprend-il doucement alors que nous fixons l’océan.

    — Non. Mais a priori, on m’a demandé de prévoir plusieurs mois. Je pars de zéro pour tenter d’infiltrer une opération bien établie et il va me falloir un certain temps pour réussir à gagner leur confiance.

    — Et tu ne peux pas du tout me donner une idée de l’endroit où tu vas, ni de ce que tu vas faire ? insiste-t-il encore en souriant.

    Il me donne même un petit coup d’épaule.

    — Allez quoi ! Je suis ton meilleur ami quand même !

    — Mon vieux... Tu sais très bien que ça ne marche pas comme ça. Ce n’est pas la première fois que j’accepte ce genre de mission et tu sais pertinemment que je n’ai pas le droit de t’en parler.

    — Bon, bon, soupire Hunter, en levant les bras d’un air résigné. Tu as juste intérêt à ne pas te faire tirer dessus, et à nous revenir en un seul morceau.

    Il finit le restant de sa bière à grandes goulées.

    Je lui assène un mini coup de poing au creux de l’estomac, ce qui lui fait lâcher un cri étouffé, et je porte le goulot de ma bouteille de bière à mes lèvres pour la finir moi aussi. Il est temps de prendre congé. Je dois me lever tôt demain, et la dernière des choses dont j’ai besoin, c’est d’avoir la gueule de bois.

    Depuis que je suis policier, c’est la deuxième fois que je suis affecté sous couverture. À mes débuts dans la police de Nags Head, j’ai travaillé pour la brigade des stupéfiants et j’ai fait une première mission d’infiltration pour démanteler un réseau de trafiquants d’héroïne, ici sur l’île. L’opération a été assez courte parce que le réseau était petit. Cela témoigne de la taille modeste de notre communauté.

    Mais cette fois, c’est différent.

    J’ai été affecté dans un groupe de travail conjoint qui réunit la police de Raleigh et le FBI. Mon rôle est nettement plus important. On ne m’a pas donné beaucoup de détails, mais je sais qu’il s’agit d’un réseau présumé de trafiquants de femmes. Elles sont enlevées et vendues comme esclaves sexuelles, et le trafic couvre toute la région Sud-Est des États-Unis et opère depuis Raleigh. Le FBI est impliqué parce que l’affaire a franchi les frontières de la Caroline. L’une des victimes, qui a réussi à s’échapper, a été retrouvée à Denver, alors qu’elle avait été enlevée à Raleigh.

    À partir de demain, ma nouvelle vie commence. On va me briefer pendant quelques jours, puis je vais devoir endosser ma nouvelle identité. Après, tout le travail d’infiltration pour prendre ma place au sein du réseau va commencer.

    Il va me falloir des mois, voire peut-être l’année, qui sait, pour mettre au point ma couverture. Il s’agit de gagner la confiance des trafiquants et de réunir des preuves depuis l’intérieur.

    Je vais mettre ma vie entre parenthèses, et le désir et la chaleur qui m’envahissent quand je regarde mes amis si amoureux va devoir rester au frais pendant un certain temps. Je me suis porté volontaire, conscient qu’une arrestation réussie serait déterminante pour le restant de ma carrière. L’occasion était trop belle pour ne pas la saisir, alors pour l’instant, il faudra bien que l’amour attende.

    Chapitre 1

    Wyatt

    — Gil... On a un connard bourré dans le salon VIP numéro 2 qui n’a pas l’air de capter le sens du mot « non ». Je ne sais pas pourquoi Misty n’est pas d’accord, mais va t’occuper de lui, m’ordonne Lance Portman en me prenant par l’épaule pour attirer mon attention par-dessus la musique.

    Heureusement, mon nouveau surnom de Gil me vient très naturellement maintenant, et je crois même que si on m’appelait Wyatt, je ne réagirais pas tout de suite.

    C’est simplement le résultat de trois mois d’infiltration sous le nom de Charles « Gillette » Hawkins... ou « Gil » pour mes amis, connaissances criminelles, et collègues de travail. J’assume entièrement ma nouvelle identité et, mis à part mon dégoût profond de travailler au Platinum Club, cette boîte de strip-tease sordide, l’opération se déroule bien.

    Je fais un signe de tête vers Lance, le sous-directeur des lieux, et je me tourne vers l’escalier. Du coin de l’œil, je vois Leisha en train de ramper sur scène en balançant d’avant en arrière ses énormes bonnets D en direction d’un client qui agite un billet de cinquante dollars. Je capte le regard de Leon pour lui demander de garder un œil sur la scène, et je lève la tête en lui indiquant que je vais à l’étage. La bagarre a déjà éclaté plus d’une fois quand Leisha agite ses roberts devant les clients, et Leon est l’un de nos videurs les plus fiables ici. Je n’hésite pas à m’éloigner du niveau principal quand il est là. Ses énormes biceps de la taille de deux jambons suffisent à calmer les clients les plus turbulents en mon absence.

    Mon travail de manager ici comporte de multiples facettes. Officiellement, je supervise toutes les danseuses et le personnel d’appoint (barmans et videurs) ; je gère l’inventaire, j’encaisse la recette tous les soirs, et je la dépose à la banque. J’organise les plannings pour tout le monde et je suis de service tous les soirs pour m’assurer que tout se passe bien. En gros, je fais des tâches quotidiennes de gestion d’entreprise. Plus officieusement, et moins légalement, je supervise aussi pas mal de choses. Après avoir gagné la confiance de la direction, l’un de mes premiers gestes criminels a été d’identifier les clients intéressés par plus qu’une simple danse sur les genoux.

    Oui, dans la pratique, je suis devenu le proxénète de la maison. Je m’assure que les types excités qui ont le budget adéquat peuvent se faire sucer par les danseuses, ou même les baiser s’ils réussissent mon test.

    C’est la raison pour laquelle je suis en ce moment même en route vers le salon VIP numéro deux. Misty a deux gentlemen (et j'utilise ce terme plus que libéralement) en sa compagnie. Ce sont des clients réguliers qui dépensent beaucoup d’argent, et Simon veut qu'ils soient bien traités. Malgré le sentiment de malaise que cela génère en moi, je dois faire en sorte que Misty honore la promesse qu’elle leur a faite, sinon c'est moi qui vais avoir le feu aux fesses si jamais Simon a le moindre soupçon. C’est grâce à cette petite activité de prostitution que j’ai réussi à gagner sa confiance, et à être admis dans son noyau proche.

    Simon Keyes est ma cible principale. C’est lui que j’essaie de faire tomber dans cette opération.

    C’est le propriétaire du Platinum Club et en parallèle, il a aussi d’autres petites affaires qui frôlent plus ou moins les limites de la légalité, notamment : un commerce de prêteur à gages qui masque une activité de recel et de revente de biens volés ; une franchise de la Western Union, qui encaisse des chèques d'aide sociale bidon en échange d'une partie des recettes ; et une boulangerie qui sert de façade à un trafic de méthamphétamine. Aucune de ces activités ne nous intéresse, ni moi, ni la police de Raleigh, ni le FBI.

    Non, l’activité que nous voulons démanteler est très secrète et il m’a fallu pas mal de temps pour m’en rapprocher. Parce que si Simon se fait prendre pour ce qui nous intéresse vraiment, il sera mis hors d’état de nuire une bonne fois pour toutes. Il se montre donc extrêmement pointilleux sur les gens à qui il accepte d’accorder sa confiance.

    Simon Keyes opère dans le trafic humain : il vend des esclaves du sexe. Il est apparu sur le radar du FBI il y a environ deux ans, lors d’une enquête ouverte suite à la plainte de Laney Tellar, une jeune femme de Denver. Elle s'est présentée au poste de police en racontant qu'elle avait été enlevée et vendue comme esclave sexuelle. Elle n'avait aucune idée de l'endroit où elle avait été détenue, mis à part qu’il s’agissait d’une propriété privée dans un quartier inconnu. Elle avait été enchaînée pendant toute la durée de sa captivité, et elle n'avait donc jamais su dans quel État elle se trouvait. Cependant, son propriétaire, « le maître », comme on lui avait dit de l'appeler, ne pouvait apparemment pas se séparer d'elle et avait insisté pour qu'elle l'accompagne en voyage d'affaires à Denver. Là aussi, il l'avait enchaînée dans l’élégante chambre d'hôtel qu'il avait réservée pour trois jours.

    Il avait commis l'erreur de laisser la clé des menottes sur la table de nuit en allant prendre une douche et elle s'était libérée puis avait pris la fuite le plus vite possible. Le temps que la police obtienne sa déposition et envoie des unités à l'hôtel, l'homme avait déjà filé depuis belle lurette. Bien sûr, il avait réservé la chambre sous un pseudonyme et s’était envolé sans laisser aucune trace. Laney avait mentionné dans sa déposition qu'il leur avait fallu environ six heures pour rejoindre Denver en voiture depuis l'endroit où elle était détenue, de sorte qu’on avait pu déterminer le rayon géographique approximatif de sa prison, mais sans plus de détail.

    La seule certitude, c’est que Laney avait été enlevée à Raleigh, en Caroline du Nord, où elle vivait depuis qu'elle avait laissé tomber l'université à l'âge de dix-neuf ans. À vingt ans, elle dansait au Platinum Club et était accro à la cocaïne. Ses derniers souvenirs précis de la Caroline du Nord remontaient au moment où elle s'était couchée dans son petit appartement miteux de Cowell Street en centre-ville.

    Elle s'était réveillée bâillonnée, pieds et mains ligotés, ballotée à l'arrière d'un fourgon.

    Elle avait rencontré son « maître » deux jours plus tard et avait enduré près de deux mois de viols quasi quotidiens avant de pouvoir s'échapper.

    À ce stade, rien ne permet d’établir avec certitude un lien entre le Platinum Club ou Simon Keyes et son enlèvement. Keyes est connu des services de police pour avoir fait plusieurs séjours en prison suite à des crimes mineurs, mais mis à part son passé douteux, il n’existe aucune piste tangible sur laquelle s’appuyer et qui permette de faire le lien entre Simon et l'enlèvement. La seule chose ayant retenu l'attention du FBI, c’est la disparition mystérieuse de plusieurs danseuses de son club sur les deux dernières années. Du jour au lendemain, elles arrêtent de se présenter au travail, et le taux de roulement de ses danseuses est anormalement élevé pour cette industrie. En règle générale, ces femmes se voient offrir bien plus d'argent qu'elles ne peuvent rêver d’en gagner. C’est le genre de somme dont elles pourraient difficilement se passer.

    La police et le FBI savent que le taux de rotation des danseuses est élevé pour le milieu grâce à la taupe qu’ils ont sur les lieux. Ce n'est qu'un videur et il n'a aucune chance de pouvoir gagner la confiance de la direction, d’autant plus que ce n’est pas son travail. Mais on lui a demandé de garder un œil sur ce qui se passait et de signaler toute anomalie, et c'est ce qu'il a fait pendant près de dix-huit mois, en alertant les enquêteurs sur le nombre anormalement élevé de femmes qui arrêtaient de venir au travail comme prévu. La police s’était subrepticement déplacée pour assurer un suivi d’enquête, et pour tenter de retrouver la trace de ces femmes, mais en vain. Toutes étaient restées introuvables. À chaque fois, leur appartement avait l’air normal en apparence, comme si elles étaient juste sorties faire des courses. Leurs vêtements et leurs effets personnels étaient encore sur place, y compris leur portefeuille et leur pièce d'identité. Elles avaient de toute évidence été enlevées. Depuis trois mois que je suis ici, encore deux danseuses ont disparu. Le plus triste, c'est que leur disparition n'est jamais signalée par personne. Elles n’ont aucune famille, pas d'amis. Les victimes sont clairement ciblées et identifiées comme des filles qui ne manqueront jamais à qui que ce soit.

    Entre la moyenne de l'industrie (il faut dire que le FBI a des statistiques sur tout, ou presque), et la disparition pure et simple de ces filles, le FBI a la conviction que le club de strip-tease, et surtout Simon Keyes, sont impliqués jusqu’à la moelle dans une activité extrêmement vile.

    L'hypothèse étant le commerce d'esclaves du sexe. Mais il faut des preuves solides pour établir un lien avec Simon Keyes dans cette affaire et réussir à démanteler le réseau.

    Je n’ai pas eu de mal à obtenir un poste au club, mais il m’a été beaucoup plus difficile de gagner la confiance de Simon. Le FBI m'a fourni un pseudo d'emprunt très solide, Charles « Gillette » Hawkins. J'ai soi-disant fait de la prison pour trafic de drogue, et on m'a surnommé « Gillette ». Comme vous l'aurez compris, ce surnom est un rappel de mes compétences expertes dans le maniement des cutters et des lames de rasoir. Je suis arrivé chez Simon Keyes hautement recommandé par un informateur du FBI encore actif dans le milieu criminel, qui rend service au gouvernement en échange de certaines faveurs. Cet informateur connaît bien Simon Keyes et a même des liens avec la mafia, sa parole a donc énormément joué en ma faveur auprès de Simon.

    Simon m'a embauché sur le champ après un entretien improvisé alors que nous étions assis au bord de la scène principale une après-midi, à regarder des seins et des fesses tournoyer dans tous les sens.

    J'ai commencé comme videur et j'ai rapidement fait mes preuves. J'ai accepté chacune des petites « missions » que Simon me confiait, qui, j'en suis convaincu, étaient illégales. Mais malgré cela, il ne me faisait pas assez confiance pour m’en révéler le détail. Il pouvait s'agir de « récupérer un paquet » chez un associé ou de « livrer une mallette avec du liquide » à un autre associé. Je n'ai jamais posé de question, je me suis concentré sur mon travail, et j'ai prouvé à Simon que j'étais loyal et que je savais tenir ma langue. Au bout de deux mois, il m’a promu au poste de manager.

    J’ai réussi une première grande percée pour gagner sa confiance en lui apportant la preuve de mes compétences criminelles. La prostitution sévit activement au Platinum, et on m’avait expliqué lors de mon briefing de préparation que le club avait déjà été obligé de fermer une ou deux fois par le passé à cause de ça. Ce n'était pas grand-chose, rien de suffisant pour pouvoir coincer Simon Keyes. Néanmoins, cela m’a suffi à m’engouffrer dans la brèche. Il ne m'a pas fallu longtemps pour comprendre que la prostitution était omniprésente au club, et que la plupart des filles étaient dans le coup. Les images des caméras installées dans les salons VIP me l'ont confirmé.

    Je suis donc passé à l’action. Je suis allé frapper à la porte de son bureau une nuit après la fermeture.

    — Simon... tu aurais une minute ?  

    Ce type est une véritable ordure, mais à s’en fier aux apparences, on ne s’en douterait absolument pas. C'est un bel homme de quarante-deux ans avec d’élégants cheveux bruns, qui porte des costards à mille dollars la pièce et qui arbore une civilité bien cultivée.

    — Bien sûr... Entre, Gil.

    Il a refermé un registre comptable sur son bureau et s’est levé de sa chaise.

    Je suis entré, j'ai fermé la porte et je l'ai regardé ouvrir le coffre-fort derrière son bureau. Après y avoir rangé l’épais registre et l’avoir refermé, il s'est retourné et s'est rassis, en me faisant signe de prendre place sur une chaise en face de lui, de l’autre côté du bureau.

    — De quoi s’agit-il ? a-t-il demandé en posant ses coudes sur le bureau et en appuyant son menton sur ses mains croisées.

    — Écoute... Je suis de très près tout ce qui se passe au club, et à mon avis, tu as un problème. Je suis presque certain que les filles se tapent des clients dans les salons VIP et qu’elles empochent le fric.

    Je l'ai observé attentivement pour noter sa réaction, mais cela n’a pas été nécessaire pour me confirmer ce que je savais déjà. Simon Keyes est parfaitement au courant de ce qui se passe dans son club. Rien ne lui échappe, et comme il touche une partie des pourboires des filles tous les soirs, il sait exactement par quels moyens elles se font ce genre de blé.

    — Vraiment ? Ce n’est pas bien du tout, a-t-il commenté d’un ton neutre.

    — Ce qui n'est pas bien du tout, c’est la façon dont ça se passe, ai-je rétorqué.

    En le voyant froncer un sourcil curieux vers moi, j’ai continué sur ma lancée.

    — Il n'y a aucune raison pour qu’un pourcentage de ce business ne te revienne pas. C’est toi qui mènes la danse ici, et c’est aux filles de te suivre. Tout cet argent qu'elles gagnent, elles le gagnent uniquement parce qu’elles ont l'opportunité de danser ici. Grâce à toi.

    J'ai marqué une pause dans l’attente de sa réaction, qui ne m’a pas échappé. Un soulèvement à peine perceptible du coin de la bouche et un profond intérêt dans son regard.

    Malgré cela, il est resté sur ses gardes ; je ne faisais pas encore partie des proches dignes de sa confiance.  

    — Sauf que la prostitution est illégale.

    J'ai reniflé un grand coup, pour accentuer l’effet dramatique, en me penchant plus en avant sur ma chaise.

    — Aucune importance, du moment que tu ne te fais pas prendre, ai-je lancé avec suffisance. J'espère juste que j’aurai droit à une part équitable si je règle ça pour toi.

    Simon a froncé les sourcils un instant, et il m’a jugé digne de sa confiance. Et c’est là que j’ai eu un premier aperçu de deux de ses collaborateurs les plus proches : Simon Keyes et son bras droit, Lance Portman.

    — Je le sais, que les filles baisent pour se faire du fric. Je reçois déjà une part du gâteau, s’est-il écrié, en chassant une poussière imaginaire du coin de sa veste.

    D’un regard insistant, il m’a scruté de près, pour me jauger, à l’affût de la moindre faille.

    C’était exactement la réaction que j’attendais, et j’avais déjà ma réponse toute prête, pour lui prouver que j'étais digne de sa confiance. Je l’ai félicité, histoire de flatter son ego déjà démesuré.

    — Ça ne m’étonne pas, évidemment. Après tout, tu es un homme d'affaires avisé. Mais moi, je peux te faire gagner encore plus d'argent.

    Il m'a regardé intensément en se pendant par-dessus son bureau.

    — Qu’est-ce que tu veux dire ?

    — J'ai pas mal d'expérience dans

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