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Cécile de Rodeck, ou Les regrets: Suivi de Alice ou La sylphide
Cécile de Rodeck, ou Les regrets: Suivi de Alice ou La sylphide
Cécile de Rodeck, ou Les regrets: Suivi de Alice ou La sylphide
Livre électronique178 pages2 heures

Cécile de Rodeck, ou Les regrets: Suivi de Alice ou La sylphide

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À propos de ce livre électronique

DigiCat vous présente cette édition spéciale de «Cécile de Rodeck, ou Les regrets» (Suivi de Alice ou La sylphide), de Isabelle de Montolieu. Pour notre maison d'édition, chaque trace écrite appartient au patrimoine de l'humanité. Tous les livres DigiCat ont été soigneusement reproduits, puis réédités dans un nouveau format moderne. Les ouvrages vous sont proposés sous forme imprimée et sous forme électronique. DigiCat espère que vous accorderez à cette oeuvre la reconnaissance et l'enthousiasme qu'elle mérite en tant que classique de la littérature mondiale.
LangueFrançais
ÉditeurDigiCat
Date de sortie6 déc. 2022
ISBN8596547429654
Cécile de Rodeck, ou Les regrets: Suivi de Alice ou La sylphide

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    Cécile de Rodeck, ou Les regrets - Isabelle de Montolieu

    Isabelle de Montolieu

    Cécile de Rodeck, ou Les regrets

    Suivi de Alice ou La sylphide

    EAN 8596547429654

    DigiCat, 2022

    Contact: DigiCat@okpublishing.info

    Table des matières

    LETTRE PREMIÈRE.

    LETTRE II.

    LETTRE III.

    LETTRE IV.

    LETTRE V.

    LETTRE VI.

    LETTRE VII.

    LETTRE VIII.

    LETTRE IX.

    LETTRE X.

    ALICE, OU LA SYLPHIDE,

    AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR.

    AVERTISSEMENT DE L’AUTEUR.

    A MES ENFANS.

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    LETTRE PREMIÈRE.

    Table des matières

    LA COMTESSE CÉCILE DE RODECK. A Mlle ERNESTINE DE WENDEN.

    LE moment décisif s’approche, chère Ernestine; mon fiancé, qui ne sera jamais mon époux, est attendu d’un moment à l’autre; on fait de grands préparatifs pour la réception d’un homme qui n’a jamais quitté son château, et qui sera en admiration de tout ce qu’il verra. Pour moi, mon amie, quelque positive que soit ma résolution de ne jamais lui donner ma main, je n’en éprouve pas moins beaucoup d’inquiétude à la veille de déclarer à mon père que je veux résister à sa volonté, et ce n’est que dans mon attachement passionné pour Adlan, que je puis trouver le courage et la force dont j’ai besoin pour un moment aussi critique.

    Il ne me reste qu’un souvenir bien vague de l’homme à qui je fus promise dès mon enfance, et que je n’ai pas revu depuis. Je me vois quelquefois en idée, et comme on se rappelle un songe, dans un des grands salons gothiques de son vieux châtel, perché sur une haute montagne, et n’ayant cependant d’autre vue que les épaisses forêts de noirs sapins qui l’entourent, jouant avec lui sur un des énormes fauteuils centenaires où reposaient ses aïeux, et qui nous servaient de théâtre. Ernest de Blankenwerth était, autant qu’il m’en souvient, un joli et bon enfant, avec qui je me disputais sans cesse, pour nous raccommoder l’instant d’après; maintenant c’est un campagnard dans toute la force du terme, bien rustre, bien lourd, qui n’a d’autre état que de soigner ses domaines, qui ne trouve de plaisir qu’à la chasse, ou dans le ridicule cérémonial qu’il exige de ses paysans. On le dit fort entiché de sa longue généalogie, très-vain de ses richesses, et bien décidé à passer toute sa vie dans son manoir à demi écroulé, où ses nobles aïeux ont vécu et sont enterrés.... Quelle perspective pour ta Cécile! Mais la volonté de tes parens! mais un engagement aussi fort, aussi ancien! vas-tu me dire. Mais la volonté de ton amie, mais un engagement que son cœur repousse, et qui ferait le malheur de sa vie! te répondrai-je. Je sais bien que je dois à mon père de l’amour filial, de la reconnaissance, que je n’oserais ni ne devrais contracter un mariage contre son gré ; mais je suis tout aussi convaincue qu’il n’a pas le droit d’exiger de moi que je me sacrifie à un arrangement de famille, sur lequel je ne fus point consultée, formé il y a près de quinze ans, lorsque Ernest et moi nous ne savions pas encore ce que c’était qu’un engagement, et fondé sur la supposition bien hasardée qu’un jour nos caractères se conviendraient, ou plutôt sans avoir aucun égard à nos caractères, à nos goûts, à nos sentimens futurs, et seulement parce que cette alliance convenait à nos familles; non, Ernestine, un tel engagement ne peut pas être regardé comme obligatoire. On m’assure cependant que le comte de Blankenwerth ne le voit pas du même œil que moi, qu’il se croit lié pour la vie, et qu’il me regarde comme sa propriété : j’en suis fâchée pour lui, mais il est plus que probable que sa confiance sera déçue. Si du moins en nous fiançant presque au berceau, on avait cherché à nous élever l’un pour l’autre, à nous donner les mêmes goûts, la même éducation, à nous former de manière à pouvoir réaliser un jour des rêves de bonheur et d’union; mais on se borna à la cérémonie ridicule à notre âge de joindre ensemble nos mains enfantines, d’attacher à de petites chaînes d’or autour de nos cous les anneaux nuptiaux que nous ne pouvions porter au doigt, de nous apprendre à nous appeler mon petit mari et ma petite femme, à me nommer souvent même comtesse de Blankenwerth; et tout à coup, au lieu de m’élever comme les comtesses de Blankenwerth l’ont été de temps immémorial pour la vie de la campagne et des vieux châteaux, dès que j’eus dix ans, mon père quitta le sien et le voisinage de son ami, le père d’Ernest, pour venir habiter la ville et me faire donner une belle éducation qui m’était bien inutile pour le genre de vie auquel on me destinait; au moins devait-on en faire autant pour mon futur époux; mais on le laissa dans ses forêts, tandis qu’on me conduisait dans le grand monde, sans songer quelle différence de goûts et de caractère on allait établir entre nous.

    Au reste mon plan est formé ; tout dépend de savoir si je plairai ou non au comte de Blankenwerth; dans le dernier cas, notre lien se dissoudra facilement et de bonne amitié, il s’en retournera comme il sera venu, et me laissera libre d’écouter mon cœur et mon goût; mais si par malheur, ou par son attachement opiniâtre pour tout ce qui tient au temps passé, il persiste à vouloir m’épouser, nous avons déjà pris nos mesures. J’aurais préféré y mettre plus de franchise, et dire tout uniment au comte que je ne pourrai jamais l’aimer, ni lui promettre de le rendre heureux; il faudrait que ce fût un homme bien peu délicat, bien méprisable, si malgré cette déclaration il eût insisté ; mais Adlan m’a dissuadée de cette démarche, par de très — bonnes raisons; il craindrait que mon père ou Blankenwerth ne cherchât à connaître les motifs de mon éloignement pour cette union, et qu’ils ne vinssent à découvrir la vérité, ce qui pourrait nuire à mon mariage avec Adlan. Il faut donc que la rupture soit amenée comme par hasard, et sans qu’on puisse soupçonner que nous y ayons donné lieu; c’est pourquoi nous ne laissons pénétrer à personne le secret de notre amour, et je suis bien sûre que pas un de ceux qui m’entourent ne s’en doute. Dès qu’une fois le dangereux rival sera reparti, alors Adlan s’avancera; et mon père pourra-t-il refuser ma main au plus aimable des hommes, si avantageusement distingué par sa naissance, par ses talens, par la faveur de son prince? O mon ami, mon instituteur que j’aime si tendrement, à qui je dois ce que je suis, ce que je me glorifie d’être, qui formas mon esprit, et m’appris à connaître mon cœur, cher Adlan, toi pour qui seul je veux vivre, toi dont l’âme a conduit la mienne dans des régions plus élevées, qui m’ouvris la route de la vérité, tandis que le charme de ta conversation, ton esprit, ta séduisante figure, ton attachement passionné, liaient mon cœur au tien pour jamais; oh! quand viendra-t-il l’heureux moment où je pourrai avouer au monde entier que le meilleur des hommes m’aime, et que je le chéris!

    Tu souris peut-être, Ernestine, en lisant ce que mon cœur me dicte! Peut-on avoir trop d’enthousiasme pour ce qui- est vraiment beau, vraiment vertueux! tu es la seule confidente de mon sentiment, et mon cœur en est si plein... Si tu le connaissais, Ernestine, si tu l’entendais parler, si tu pouvais le voir au milieu des autres jeunes hommes, tu conviendrais qu’il les éclipse tous, qu’il doit l’emporter sur tous, tu ne sourirais plus de pitié de mon exaltation, tu n’exigerais plus, comme dans ta dernière lettre, que je combatte une inclination fondée sur la reconnaissance, sur tout ce qui est respectable aux âmes bien nées, pour me soumettre au joug d’une ancienne convenance de famille, pour conclure un mariage mal assorti, et traîner toute ma vie une chaîne insupportable, à côté d’un homme avec qui je ne puis avoir aucun rapport d’esprit ni de goûts. En général, ma chère Ernestine, tu tiens trop encore à tous les préjugés gothiques, à tout ce qui est ancien, et qui par cela seul te paraît respectable: que ce soit sage ou non, peu importe; tu te sens toujours un penchant à le défendre: c’est une maladie de ton esprit, d’ailleurs si clairvoyant. Cela est-il juste et raisonnable ne devons-nous pas avant tout examiner si une chose ancienne est bonne en elle-même, et s’il est utile qu’elle subsiste encore? crois-tu que les arrangemens des familles de Rodeck et de Blankenwerth puissent soutenir un pareil examen? Pardonne, mon amie, je sais que tu m’aimes, que dans tout ce que tu me dis, tout ce que tu blâmes en moi (comme par exemple ce que tu appelles mon incrédulité, et qui n’est qu’un doute raisonné sur certains sujets), je sais, dis-je, que c’est toujours l’amitié qui t’inspire; je ne l’oublierai jamais, et mon plus grand bonheur serait de pouvoir te prouver ma reconnaissance et suivre tes conseils; si je ne le puis pas cette fois, n’en aime pas moins ta Cécile.

    LETTRE II.

    Table des matières

    LA MÊME A LA MÊME.

    Du 26 janvier.

    IL est ici, tout à fait tel que je me l’étais représenté, peut-être même encore plus ridicule, et je m’empresse de te parler de mes espérances. Il y a quelques jours que nous avions du monde rassemblé chez nous pour la soirée; on était au jeu, lorsqu’on entendit tout à coup un vacarme effroyable dans l’antichambre: un homme parlait haut, des chiens aboyaient; la porte s’ouvrit avec fracas, et l’on vit entrer gauchement et lourdement un grand jeune homme vêtu d’un uniforme de chasse, autour duquel sautaient deux grands chiens couchans, suivis des nôtres, qui sont ordinairement auprès du chasseur dans l’antichambre; il entra donc en riant aux éclats de sa bruyante escorte. Tous les yeux se tournèrent du côté de cette singulière apparition; je devinai d’abord qui c’était, quoique sans le reconnaître du tout; l’enfant que j’avais quitté il y a dix ans était devenu un homme, et un grand homme. Mon père le reconnut à sa ressemblance avec le sien, et s’avança vers lui avec beaucoup de joie, mais cependant avec une nuance d’embarras. Il se passa un moment avant qu’il pût se débarrasser de ses amis quadrupèdes, il y eut de grands éclats de rire et de bruyans accès de joie; ce ne fut qu’après être parvenu à les éloigner qu’on put tirer de lui une parole raisonnable. J’eus le temps de l’examiner avec attention pendant qu’il parlait à mon père. Ses formes sont presque colossales; mais sa taille ni ses traits n’ont rien de désagréable, ni de commun, c’est un vrai enfant de cette antique et noble Germanie, ou c’est encore ainsi que je me représente les anciens paladins de France, les Roland, les Renaud. Ses yeux sont bleus, et ses cheveux, d’un beau blond doré, retombant en désordre sur son front, et réunis derrière en une tresse épaisse comme le bras: du reste gauche, maladroit, et sans aucun usage du monde; enfin, un vrai campagnard dans toute l’étendue du terme. Mon père le conduisit près de moi pour me le présenter; il me salua à peine, mais me regarda beaucoup, avec un air très-déconcerté ; il bégaya quelques mots, d’un plaisir long-temps attendu, d’attente surpassée, de souvenirs d’enfance: tout ce qu’il me dit avait l’air d’un beau compliment fait à l’avance par le maître d’étole de son village, appris par cœur, et dont sa timidité lui faisait oublier la moitié. J’eus de la peine à garder mon sérieux; mes yeux cherchaient Adlan; je le vis appuyé dans l’embrasure d’une fenêtre, je m’attendais à un sourire moqueur, il avait au contraire l’air triste et préoccupé ; cela me troubla complètement. Le danger qui menaçait notre amour, la funeste idée que je pourrais être forcée de le sacrifier à ce jeune rustre, se présentèrent à moi dans toute leur horreur, et dans ce moment j’éprouvai un repoussement invincible pour Ernest. Je pus cependant me contraindre assez pour répondre poliment, mais avec une froideur qui le déconcerta; il rougit jusqu’au blanc des yeux, et il les fixait sur moi d’un air étonné. On riait, on causait dans le salon; peu à peu je pris part à la gaîté générale; Blankenwerth resta toujours à côté de moi sans me dire un seul mot, je ne pris pas la peine de le mêler de la conversation, ni même de lui adresser la parole. Deux jeunes demoiselles un peu malignes l’entreprirent enfin, elles se moquèrent de lui sans qu’il s’en aperçût, et s’en amusèrent infiniment: pour moi, depuis que j’avais remarqué l’air triste d’Adlan, je n’avais nulle envie de rire. Quelqu’un proposa de danser; un des hommes prit un violon, et Amélie de M... se mit au piano. Mon campagnard poussa un grand cri de joie et fit un saut, comme j’ai vu faire au village, puis me présenta son immense main, en me priant de danser avec lui; je n’osai pas le refuser, mais, ô ciel! Ernestine, quelle manière, quelle danse, quel ton! Il chercha d’abord pendant long-temps à se mettre en cadence, en trépignant des deux pieds, et sautant gauchement sur l’un ou sur l’autre; enfin il passa rudement un de ses bras autour de ma taille, m’entraîna avec violence et comme un fou au travers de la salle, me fit tourner, puis me quitta pour danser seul devant moi, en frappant ses mains l’une contre l’autre, et faisant des sauts et des pas baroques: il ressemblait parfaitement à un beau jeune paysan à moitié ivre, dansant sous l’ormeau à la fête du village; il ne me lâcha pas tant que la musique dura: Amélie, rieuse de son naturel, pouvait à peine toucher le piano à force de rire. Tous les jeunes gens firent cercle autour de nous, louant avec ironie son adresse et sa légèreté. Amélie vint lui demander de vouloir bien aussi danser avec elle; il trouva cela très-naturel; la musique recommença, et ce fut moi qui me mis au piano à la place d’Amélie: comme elle a long-temps habité la campagne, elle connaissait à fond cette manière de danser, et imitait toutes ses figures bisarres; ils nous donnèrent un spectacle qui fit mourir de rire tout le monde, excepté celle qui avait la triste perspective d’être sacrifiée à l’être ridicule qui était l’objet de la moquerie générale.

    Lorsqu’il eut fini de danser, il vint se placer à mes côtés, et me suivit partout comme mon ombre à chaque pas que je faisais, sans oser cependant me dire un mot: enfin il s’avisa de me montrer, avec un sourire qu’il croyait bien fin, un anneau d’or qu’il portait à sa main gauche: je lui demandai ce que cela voulait dire; il sourit de nouveau, et me dit de deviner. Enfin, lorsqu’il vit que

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