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Penses-y 2 fois: Récit humoristique sur les risques liés à la chirurgie esthétique
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Penses-y 2 fois: Récit humoristique sur les risques liés à la chirurgie esthétique
Livre électronique313 pages4 heures

Penses-y 2 fois: Récit humoristique sur les risques liés à la chirurgie esthétique

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À propos de ce livre électronique

PENSES-Y2FOIS
Dans la jeune trentaine, neuf ans après avoir allaité mon bébé à fond la caisse de lait, l’élasticité de ma peau, ayant plutôt décidé de foutre son tonus et sa fermeté à la porte, je décide de m’offrir un beau cadeau : une première chirurgie esthétique mammaire. Ce qui me redonne aussitôt ma jeune apparence de pompom girl de vingt-deux ans. Mais hélas, comme tout ce qui monte doit redescendre, quinze ans plus tard, surprise! L’entretien de ma carrosserie était à refaire et je te confirme que ça ne s’est pas du tout passé dans le bonheur!

C’est avec un franc-parler et beaucoup d’humour que je te raconte com- ment ma première chirurgie esthétique s’est déroulée à merveille versus ma deuxième qui se veut on ne peut plus catastrophapocalyptique. En d’autres mots : eh oui, ma chirurgie a été ratée! Avais-je prévu le coup? Hmmm... Je te laisse deviner!

Se faire renipper la poitrine ou corriger deux, trois imperfections sur son physique c'est magique, ça remonte ton estime en criant lapin et ça donne un beau fini lustré. Cependant, la minute où ça se passe mal, sors ta résilience et attache ta tuque avec d'la broche, si ton portefeuille n’avait pas prévu « le coût » : ka-ching $$$!

Mon but n’est pas de te convaincre de ne jamais avoir recours à la chirurgie esthétique, mais plutôt de te partager mon histoire, avec laquelle je souhaite te sensibiliser à propos des risques qu’elle comporte en ce qui a trait à l’importance de bien choisir son chirurgien, les coûts, la convalescence ainsi que les imprévus qui peuvent parfois tourner au cauchemar.
Ce livre parle également d’amour et d’estime de soi. J'ai pris soin d’y ajouter une touche humoristique teintée de pleine conscience, afin de t’inspirer à faire confiance à la vie, à lâcher prise sur ce que tu ne peux contrôler, à te choisir, à toujours te fier à ta petite voix et à t’écouter.

Ton intuition ne ment jamais, alors lorsque tu doutes, penses-y 2 fois!
LangueFrançais
Date de sortie9 nov. 2022
ISBN9782925096160
Penses-y 2 fois: Récit humoristique sur les risques liés à la chirurgie esthétique

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    Aperçu du livre

    Penses-y 2 fois - Geneviève Côté

    Tout ce qui monte doit

    redescendre 1.0

    1

    En 2005, j’étais dans la jeune trentaine, fiancée à David, un gars dans la mi-vingtaine. JUGE-MOI.

    Tsé, quand tu as l’air d’avoir seize ans, tu n’es quand même pas pour te prendre un chum qui semble avoir l’âge et l’apparence du Père Fouras, non ? Et qui dit chum dans la mi-vingtaine, dit amies dans la mi-vingtaine aussi, n’est-ce pas ?

    Étant mère monoparentale d’un beau garçon qui à cette époque avait neuf ans, l’ayant allaité à fond la caisse de lait (lorsqu’il était bébé, évidemment), ma poitrine était… Comment dirais-je… Descendue au niveau de mon sous-sol ! J’étais vraiment complexée, car ma poitrine était très affaissée. Malgré le fait que j’avais le look et la taille de la Fée Clochette, j’étais quand même dans la trentaine. Quand tu as trente ans et que tu fréquentes des filles de vingt-trois ans, c’est d’autant plus difficile pour l’estime de soi d’aller à la plage et de te pavaner en p’tit bikini. Tsé, quand ton haut de maillot t’arrive aux genoux pendant que celui de tes chums de filles arrive à pointer droit dans le regard du lifeguard ? Ça peut être assez douloureux pour l’âme, merci.

    Je ne me sentais vraiment pas bien dans mon corps et je n’acceptais pas que mes seins puissent servir de machines à détecter de l’or dans le sable à défaut de détecter de l’or dans les yeux du lifeguard !

    Chaque fois que nous allions à la plage, je faisais une crise d’anxiété et je ralentissais le groupe en faisant croire à ma gang que je ne me sentais pas assez bien pour sortir et en virant la Terre à l’envers parce que je me trouvais trop moche. Ma poitrine était tellement molle que parfois, elle se sauvait même de mon soutien-gorge ou de mon haut de bikini ! À la plage, j’avais honte de ma poitrine, peur de me faire juger, peur de faire rire de moi ou encore d’être pointée du doigt. Je gardais toujours mon t-shirt par-dessus mon maillot, même dans l’eau. Ce sentiment de toujours me sentir toute croche intérieurement, d’avoir l’impression d’être le laideron du groupe, c’était vraiment lourd pour moi et parfois aussi pour les autres. Oui, il se peut que certaines femmes acceptent totalement que leur corps change et qu’elles soient capables de vivre avec le fait que leur poitrine tombe ou ramollisse avec le temps, mais moi j’en étais incapable et ça me hantait.

    Tous ces complexes et ce mal-être par rapport à mon corps partaient de loin. À l’école primaire et secondaire, je me faisais intimider à cause de mon gigantesque monosourcil. Il était tellement fourni qu’il ne fallait pas l’arroser, sinon il faisait des racines. À la polyvalente, un groupe d’ados bad-ass avait même apporté des rasoirs jetables à l’école et m’avait menacée de me raser les yeux si je ne faisais pas disparaître mon monosourcil.

    Mon monosourcil et moi avons mis fin à notre relation le jour de mon dix-huitième anniversaire, alors que mon ami Claude m’a suggéré de façon agréable et polie de m’épiler les sourcils. « Tu vas voir, ça ne fera pas mal et tu vas mieux voir devant toi quand tu marches ! »

    C’est ainsi que le vilain petit canard devint un beau cygne !

    Pour ce qui est de mes seins, je ne connaissais même pas l’existence des faux seins avant de fréquenter mon ancien copain de 2001. Appelons-le Connardo DiCapri-Macho, un vrai de vrai macho pure laine. Chaque occasion était bonne pour m’envoyer des flèches comme quoi mes seins étaient rendus mous et qu’ils étaient censés être positionnés plus haut, alors que selon moi, ma poitrine n’avait pas encore atteint sa date de péremption. Connardo faisait une fixation sur les seins, autant les miens que ceux des autres. Il aimait beaucoup fréquenter les clubs de danseuses nues aux seins refaits ou faire des commentaires à voix haute aux filles parfaitement roulées qu’il croisait dans la rue. Ma relation avec Connardo a duré deux ans… de trop.

    Au bout de ces deux ans, la vie m’a fait un magnifique cadeau : tadam ! Connardo m’a trompée et m’a ensuite larguée pour sa maîtresse, une fille plus jeune qui était en fait notre collègue de travail. Parce que, oui, en plus d’être en couple, nous travaillions au même endroit, lui et moi. Ce n’est pas super top quand ton chum te trompe avec une de tes collègues de travail, surtout pendant le party de Noël du bureau et SURTOUT quand c’est toi qui les découvres pendant qu’ils sont en train de forniquer. D’autant plus que j’ai découvert le pot aux roses en compagnie de la plus commère de l’entreprise, qui s’est fait un énorme plaisir d’aller radoter tout ce que nous avions vu dans les moindres détails, et ce, à tous les employés qui étaient présents à la fête. J’étais la cocue de la place. Puis-je te dire que mon estime personnelle en a pris un sévère coup ?

    Cependant, comme je l’ai dit plus haut, le fait que Connardo DiCapri-Macho m’ait littéralement balancée par-dessus bord du navire de façon titanesque pour une Rose plus fraîche, est selon moi un cadeau de la vie, ou mieux encore, une bénédiction déguisée ! Pourquoi ? C’est simple. Voulais-je vraiment d’un homme qui me dénigre et me critique constamment ainsi qu’un coureur de jupons comme chum ? La réponse est non. Est-ce que je méritais mieux ? La réponse est oui. Donc, en guise de cadeau, la vie l’a tout simplement tassé de ma vue. Bon débarras ! Cet iceberg ne m’a plus jamais percuté l’existence et tel un navire échoué au fin fond des abysses, je ne l’ai plus jamais revu. TITANIC-MENT VÔTRE !

    De retour en 2005. À cette époque, je travaillais comme serveuse dans un buffet chinois. J’aspirais à être humoriste et imitatrice à temps plein un jour, mais je n’avais toujours pas fait le grand saut. Tsé, le manque de confiance, la peur de manquer d’argent, peur de ne pas pouvoir subvenir à ses besoins et à ceux de son enfant, quand ça nous tient par les roubignoles… On ne se jette pas à l’eau si facilement et on finit par passer son temps à attendre que toutes les lumières de la ville tombent vertes en même temps pour traverser la ville.

    Deux de mes collègues de travail avaient eu recours à la chirurgie esthétique à la poitrine. Je m’étais donc mise à y penser et à y penser et… à y penser. C’était devenu une mission, un GOAL.

    Ç’a fini par devenir une obsession ainsi qu’une autre occasion de me prendre pour Steven Spielberg et de m’inventer des scénarios de marde inexistants de films catastrophe épouvantables, du genre Maman, j’ai raté l’opération, Chérie, j’ai réduit la patiente ou encore Tout à coup que je meurs avant la fin du film si je me fais opérer !!! J’ai donc fait une détective Columbo de moi-même et, motivée, j’ai noté une très looooonnnnngue liste de questions dans un carnet. Arrivée au travail, je me suis mise à interroger mes deux collègues à propos de leurs chirurgies :

    Ça fait-tu mal ?

    Je peux-tu mourir ?

    Combien de temps dure la convalescence ?

    Combien de CC ?

    Je peux-tu mourir ?

    Combien ça coûte ?

    Ça parait, les cicatrices ?

    Silicone ? Eau saline ?

    Chips ? Popcorn ? Liqueurs ? Souuuuvenirs ?

    Quel médecin t'a opérée ?

    Je peux-tu mourir ?

    Fait-il partie de l'Ordre des chirurgiens du Québec ?

    A-t-il des antécédents de meurtres ? (Je blague.)

    Je peux-tu m... ?

    Plus je posais de questions, plus je demandais l’opinion des unes et des autres, plus je devenais mélangée, très mélangée. D’un côté, il y avait Karine qui m’encourageait et de l’autre côté, Jasmine qui me décourageait : « Ne va pas voir celui qui a opéré Karine. Tu sais, Marcella, la cliente du mercredi midi qui vient dîner et qui lit l’avenir dans les tasses de thé chinois ? Il paraît que le docteur l’a ratée ! Va voir mon docteur, c’est le meilleur ! »

    Karine : « Jasmine, ton docteur est mort ! »

    Tout pour m’aider…

    Bref, Marcella… Comment je t’expliquerais bien ça sans que tu te sauves ?

    Tsé, le genre de madame qui te fout la chienne parce que tu sens déjà sa présence maléfique avant même qu’elle ait terminé de stationner son char dans le parking et, qu’aussitôt qu’elle met les pieds dans la place, la vibe change, des nuages noirs se forment juste au-dessus du restaurant, des éclairs pètent partout, il se met à venter, à tomber des clous pis d’la grêle et on voit apparaître des serpents venimeux qui se dandinent dans les plantes grimpantes qui se forment sur tous les murs du resto ?

    Tsé, le genre de diseuse de bonne aventure freak qui ressemble étrangement à l’itinérante avec les tonnes de pigeons posés sur elle dans le film Maman j’ai raté l’avion 2 ? Marcella était pareille. Elle arrivait toujours avec des chapeaux bizarres et cent cinquante-trois broches d’oiseaux en or sur ses vêtements.

    Si Marcella était un film, le titre serait probablement Les oiseaux se cachent pour mourir… Euh, non ! Ce serait plutôt Les oiseaux se cachent sur un christie de temps pour rester en vie !!!

    Marcella, c’est aussi le genre de personne que tu n’as pas envie de servir parce que tu as l’impression qu’elle connaît tout sur toi. Quand tu la vois préparer son thé, tu sais qu’elle va se mettre en transe, les yeux à l’envers devant tout le monde dans le resto et ÇA, c’est freak en baptême !!!!!@#$%?&. Alors, évidemment, dans ma chasse aux réponses, je m’étais mise à fabuler qu’elle pourrait peut-être m’éclairer sur mon choix de médecin en lisant mon avenir dans une tasse de thé chinois. MISÈRE !

    Psst !? Je t’entends rire, OK ?

    OK. Oui, tu peux rire… Bon… OK. C’est bon, là ! Tu peux arrêter, maintenant.

    Jour J ! C’est mercredi, jour de la visite de Marcella au resto. Comme chaque mercredi, Marcella fait une entrée remarquée, telle une Michèle Richard qui se pavane sur le tapis rouge un soir de gala, avec en prime, un côté machiavélique.

    Je mets donc ma peur de côté et je me prépare à lui poser quelques questions. Marcella était une adepte des chirurgies esthétiques. Son visage était tellement refait qu’elle ressemblait à la bête dans la série La belle et la bête. De plus, elle avait toujours l’air un peu lendemain de veille. D’après moi, elle ne buvait pas seulement du thé, je suppose. (Je ne suppose pas pantoute, je sentais aussi les vapeurs d’alcool qui la suivaient.) Soudainement, elle s’est mise à déblatérer, avec le ressentiment et la rage d’un pitbull, sur le fait qu’elle faisait partie d’un recours collectif contre plusieurs chirurgiens à cause de problèmes de santé apparemment reliés aux implants en silicone qui se seraient percés dans son corps.

    Rendu là, ce n’est peut-être pas la faute du médecin. Un lot d’implants défectueux, ça se peut, tsé. La technologie a évolué depuis les implants disco des années ‘70. De plus, les implants mammaires, qu’ils soient remplis de gel de silicone ou de solution saline, ça reste que ce sont des corps étrangers que l’on introduit dans ton corps, alors oui, il se peut que ce dernier les rejette et que tu aies des pépins de santé par la suite, ça fait partie des risques.

    Ma collègue Karine avait été opérée par un des chirurgiens nommés dans la liste de noms que Marcella a balancés. Ses implants mammaires étaient remplis de solution saline et sa santé se portait très bien. En tout cas, à travers sa chemise qui sentait le buffet chinois, sa poitrine avait l’air très naturelle et bien proportionnée. C’était hyper beau et je voulais ça, exactement comme ça.

    C’est avec un air de « tassez-vous, je suis Satan » que Marcella s’est mise en transe et a commencé à brasser son thé. Ses yeux tournaient de plus en plus à l’envers. C’était vraiment creepy…

    Pendant qu’elle continuait de brasser le thé de mon avenir, je lui ai fait part de mes questions sur son opération. Elle s’est aussitôt mise à me parler du recours collectif contre le fabricant d’implants au silicone : « Le silicone s’est répandu dans tout mon corps. J’ai eu le cancer du poumon à cause de ça. On m’a enlevé les deux seins. On est plusieurs à poursuivre la compagnie d’implants. Je vais gagner et devenir millionnaire. » Ses réponses m’ont laissée perplexe.

    Marcella est ensuite entrée dans un état de transe avancé et a commencé à lire mon avenir dans les feuilles de thé : « Je vois une maison, la vois-tu ? » Je me gratte la tête et je lui réponds : « Euh… Je vois juste un gros motton de feuilles de thé ! » Elle me regarde avec des couteaux dans les yeux et, convaincue, elle me dit : « C’est une maison. La maison représente ton choix et les petites feuilles de thé qui dansent autour représentent les docteurs. Choisis le bon. Ta vie est en danger… » Elle s’est soudain mise à expirer un long souffle laid et bruyant par sa bouche entre-ouverte et, ensuite, les yeux fermés, elle m’a fait signe de partir. Tourelou ! La séance est terminée !

    Tout en me grattant encore la tête, je me suis dit : Des petites feuilles de thé qui dansent autour de la maison ?

    WHAT THE FUCK???

    Dans la vie, il faut en prendre et en laisser ! Je t’avoue que j’en ai pas mal laissé ce jour-là. Je respecte certaines de mes anciennes collègues qui croyaient dur comme fer au talent de Marcella, mais pour moi, c’était juste NON ! Je me suis un peu tannée et j’ai décidé de me fier à mon intuition. Parce qu’à un moment donné… Oui, c’est important d’avoir de bonnes références dans le but de choisir le bon médecin, mais quand ça commence à te mélanger plus qu’autre chose, ce n’est pas bien bien mieux. L’important, c’est d’écouter son intuition.

    Et ça, je te le dis, ÉCOUTE-LA TOUJOURS, car elle ne ment JAMAIS !

    Je me suis donc botté le fion et j’ai pris un rendez-vous à la clinique de chirurgie esthétique où était allée Karine pour une consultation avec le docteur Jacques Papillon. Feu Jacques Papillon, en fait, car il est maintenant décédé. Le docteur Papillon était une sommité en chirurgie plastique au Québec. On le voyait souvent à la télé. Non seulement il était passionné par son métier de chirurgien, mais c’était aussi un grand passionné de vignobles.

    On le surnommait « le sage de la viticulture ». Il a été propriétaire pendant plus de trente ans du premier vignoble de la province, le Domaine des Côtes d’Ardoise, à Dunham. Bref, outre le fait qu’il était un grand chirurgien, son parcours était très intéressant.

    Le docteur Papillon

    2

    Enfin, le grand jour ! Jour de ma première consultation avec le docteur Papillon. Je n’étais pas super fervente à l’idée d’y aller seule alors David, mon fiancé, m’accompagnait. Je n’avais jamais vu le docteur Papillon de ma vie. Je ne savais pas de quoi il avait l’air. J’étais tellement nerveuse, je tremblais comme une feuille !

    À mon arrivée à la clinique, la secrétaire était assise de dos en train de ranger des dossiers, quand soudain (insérer une musique d’épouvante ici) elle s’est retournée.

    « Eh baptême ! Kessé ça ??? »

    La secrétaire devait être dans la soixantaine ou plus. Dur à dire, car il était clair qu’elle venait tout juste de subir un lifting facial. Elle avait comme une espèce de poudre sur le visage, une poudre tellement épaisse qu’on aurait dit qu’elle était embaumée. « Bonjour, est-ce que je peux vous aider ? », m’a-t-elle demandé.

    J’avais plutôt l’impression que c’était elle qui avait besoin d’aide. On aurait dit que la face allait lui fendre en quatre. Chaque fois qu’elle poppait ses P, j’avalais un nuage de poudre.

    « J’ai rendez-vous pour une pose d’implants mammaires avec le docteur Jacques Papillon. »

    La dame me regarde d’un air suspicieux, me demande mon nom et me dit d’aller m’asseoir, que ça ne devrait pas être bien bien long. Dans la salle d’attente, je regarde autour de moi et que vois-je ? Tout plein de petites dames âgées qui venaient faire leur suivi postopératoire de lifting facial. Elles avaient TOUTES l’air embaumées ! Pareil, pareil comme la secrétaire ! On se serait cru dans le vidéoclip Thriller de Michael Jackson. J’étais la seule « pas morte » dans la pièce !

    J’ai regardé mon fiancé. « Est-ce qu’on devrait s’en aller ? » Il m’a regardée à son tour, crampé de rire parce qu’il connaissait tellement ma face d’anxieuse de « Je pense qu’il y a de quoi de weird qui se trame ici !!! ». Il m’a pris la main et m’a dit à la blague : « Là, tes seins, fais-les gros !!! Dis-lui de t’en faire des gros !!! »

    Je le regarde en disant : « T’es cave ! Rassure-moi don’ à la place ! » Mes seins avaient juste fondu avec les années, car ma peau avait une élasticité de marde. Donc, le galbe de ma poitrine avait disparu dans la pénombre de mes genoux. Mais bon, je ne voulais pas me faire faire des seins de la taille de deux montgolfières pour autant. Je ne me faisais pas faire une augmentation mammaire pour satisfaire mon fiancé non plus.

    Je le faisais uniquement pour moi, parce que je n’aimais pas ma poitrine dans l’état où elle était. Ça me rendait très inconfortable et je n’étais pas à l’aise dans mon corps. Ça jouait beaucoup sur ma confiance et mon estime. Oui, il est important de s’aimer et de s’accepter comme on est, car nos seins ne définissent en aucun cas la personne merveilleuse que nous sommes, sauf que, si tu n’es pas bien dans ta peau, les cliniques de chirurgie esthétique existent pour apporter une solution à tes souffrances. Alors, pourquoi s’en priver ?

    Quand tu peux changer des trucs dans le but d’améliorer ce qui te rend malheureuse, bien fonce et fais-le ! Mais fais-le pour toi ! Fais-le dans le but de t’aimer, toi, et non pas pour faire plaisir à qui que ce soit. Et si tu trouves que ta poitrine ou toute autre partie de ton corps a besoin d’une petite séance de home staging, quand ben même que l’pape te dirait « Ben voyons ! Y sont corrects tes seins !!! T’es belle de même, accepte-toi donc comme tu es ! », eh bien, si tu n’es pas bien dans ta peau, je t’annonce en primeur que tu ne le seras pas plus avec les louanges du pape ! Si ça te cause du tort à l’intérieur de ton être et que ça te rend inconfortable au point de te priver de faire des activités super le fun ou de ne pas dormir la nuit parce que ça te cause de l’anxiété, arrête d’écouter le pape et fonce ! Écoute-toi, vas-y pis fais-le ! Ensuite, tu vas te sentir beaucoup mieux. AMEN !

    Toutefois, prends bien soin de choisir ton chirurgien. Je te le dis, ÉCOUTE-MOI : prends ton temps, ce n’est pas une course. Un bon chirurgien pour moi est quelqu’un qui va prendre le temps de t’écouter, de répondre à tes questions, qui va te rassurer sur tes inquiétudes et qui va refuser catégoriquement de te faire tout ce qui n’est pas proportionnel à ton anatomie, ce qui pourrait être très nocif pour ta santé à court, moyen et long terme. Bref, en ce qui concerne ma poitrine, j’étais au bon endroit pour remédier à la situation. Confiante et fébrile, bientôt l’affaissement de ma poitrine allait être chose du passé, car j’allais me faire poser des implants mammaires et ça ferait remonter mes seins ainsi que changer ma vie comme par magie.

    Pendant que je continuais de me faire lessiver le cerveau par mon fiancé, qui n’arrêtait pas de me dire « Fais-les gros, là !!! Awèye !!! Fais-en des plus gros !! », j’ai entendu une grosse voix de monsieur qui m’appelait : « Geneviève Côté ? »

    Je me retourne et dans ma tête je me dis : Kessé ça, baptême !!!?????

    C’est là que je l’ai vu pour la première fois. Les cheveux tout blancs, une stature imposante, très imposante. Il faisait tout le cadre de porte au complet. Je me sentais comme une petite fourmi à côté

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