À propos de ce livre électronique
Novembre 1291. Meg et Llywelyn réunissent leur famille au château de Rhuddlan pour célébrer leur septième anniversaire de mariage et les vingt-trois ans de David. Mais la joyeuse réunion tourne rapidement au désastre lorsqu'un ancien ennemi brandit la bannière de la révolte tandis qu'ils doivent faire face aux conséquences encore plus catastrophiques de la trahison d'un vieil ami.
Et c'est à ce moment que David, attaqué de toutes parts et toujours hanté par sa décision d'abandonner Callum et Cassie dans le monde moderne, choisit de suivre une voie particulièrement dangereuse, une voie qui transformera définitivement l'avenir ou qui réduira son monde en cendres.
Sarah Woodbury
With over two million books sold to date, Sarah Woodbury is the author of more than fifty novels, all set in medieval Wales. Although an anthropologist by training, and then a full-time homeschooling mom for twenty years, she began writing fiction when the stories in her head overflowed and demanded that she let them out. While her ancestry is Welsh, she only visited Wales for the first time at university. She has been in love with the country, language, and people ever since. She even convinced her husband to give all four of their children Welsh names. Sarah is a member of the Historical Novelists Fiction Cooperative (HFAC), the Historical Novel Society (HNS), and Novelists, Inc. (NINC). She makes her home in Oregon. Please follow her online at www.sarahwoodbury.com or https://www.facebook.com/sarahwoodburybooks
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Aperçu du livre
Les Cendres du Temps - Sarah Woodbury
Premier Chapitre
Novembre 1291
Meg
––––––––
Rechercher les jumeaux lorsqu’ils n’avaient pas envie qu’on les trouve était une tâche désespérée qui occupait Meg depuis une bonne dizaine de minutes. La cour intérieure du château de Rhuddlan formait un véritable labyrinthe de bâtiments en bois de trois étages adossés à la courtine, dont une chapelle, deux cuisines, des appartements et la grande salle qui leur faisait face de l’autre côté de la cour. La cour extérieure, elle aussi, comptait de nombreux bâtiments, notamment deux écuries et la forge.
Dans la cour intérieure, d’étroits passages couraient entre les bâtiments et la courtine et dans les tours, des escaliers à vis reliaient les étages entre eux. Le cabinet de travail du châtelain, qui servait également à accueillir les visiteurs, se trouvait juste devant. Llywelyn se l’était attribué pour la durée de son séjour. Meg crut entendre des rires d’enfants un peu plus loin dans le passage qu’elle suivait, mais le silence se fit avant qu’elle parvienne à les attraper.
Si quelqu’un, dix ans plus tôt, avait dit à Meg qu’elle donnerait naissance à des jumeaux à l’âge de quarante-deux ans, elle aurait éclaté de rire. Si cette même personne lui avait d’abord dit que Llywelyn serait le père des enfants, elle aurait probablement éclaté en sanglots. A trente-deux ans, elle avait déjà passé dix longues années sans lui. Elle aurait été soulagée de savoir qu’il ne lui en restait plus que cinq.
Meg entra dans la pièce au moment où Lili disait, « tu rumines encore ? » La belle-fille de Meg, perchée sur la table derrière David, avait les mains sur les larges épaules de David qu’elle massait vigoureusement de ses pouces. Arthur, leur fils, jouait à leurs pieds avec un cheval de bois, sa tête blonde penchée sur le jouet qui avait toute son attention.
« As-tu réussi à dormir un peu ? » demanda Meg.
« Quelques heures, » dit David et Meg pensa qu’il disait peut-être même la vérité, mais elle s’était elle aussi réveillée au cours de la nuit et l’avait croisé dans le couloir.
David lui tendit une lettre.
« Qu’est-ce que c’est ? » Elle la prit et la parcourut d’un œil méfiant. Elle venait de Tudur, le conseiller de Llywelyn, châtelain du château de Chepstow. Meg la rendit à David après avoir lu la première page. « Vraiment ? Madog et Rhys nous défient maintenant ? »
« Ils veulent agrandir leurs domaines – ou, dans le cas de Madog, récupérer les terres autrefois détenues par son père, » dit David. « Rhys reproche à Dad son interférence en Deheubarth et il a l’impression qu’il favorise son cousin Wynod. »
« Bien-sûr que Papa favorise Wynod. » Les yeux bleus de Lili lançaient des éclairs. « Lequel d’entre eux l’a poignardé dans le dos une douzaine de fois ? Et lequel d’entre eux lui a toujours été fidèle ? »
« Tu devrais dire cela à Rhys, » dit David. « Il réclame Carreg Cennan. »
« Il peut réclamer tout ce qu’il veut, » dit Meg. « Ça ne veut pas dire qu’il l’aura. Le fait qu’il détienne encore Dryslwyn est déjà trop. »
« Selon Tudur, Rhys a réussi à se convaincre que l’emprise de Dad sur le Deheubarth n’est plus aussi solide qu’avant, du fait des nouvelles réformes qu’il a engagées, » dit David.
« Sur ton insistance, » observa Lili.
« Sur mon insistance, » acquiesça David. « Cela vient de moi plus que de Dad. »
« N’importe quoi. » Llywelyn leva les yeux de la lettre qu’il était en train d’écrire, intervenant pour la première fois dans la conversation. Il passa une main dans ses cheveux encore bruns, qui grisonnaient moins que les boucles châtain de Meg, et considéra son fils avec un mélange d’amusement et de pitié. « Tu as assez de problèmes comme ça, tu n’as pas en outre à te soucier des petites magouilles politiques du Pays de Galles. »
« Ça va devenir mon problème si Rhys se remet à comploter et entraîne Madog à sa suite, » dit David.
« Ta mère me dit que dans votre autre monde, Rhys a été vendu au roi Edward par ses propres hommes et exécuté pour trahison. »
« A quel moment ? » demanda David, s’adressant à Meg qui avait fait le tour de la table pour venir entourer de ses bras son mari qui contemplait les documents posés devant lui. Cet homme était toujours aussi invraisemblablement séduisant que le premier jour où elle l’avait rencontré.
« Rhys a trahi Edward—longtemps après avoir trahi ton père—en 1287. » Meg se redressa, les mains sur les épaules de Llywelyn. « Edward a fini par le coincer en 1292. »
« Tu veux dire que ce que fait Rhys actuellement est simplement dans sa nature ? » dit David, s’adressant à son père. « Comme le roi Edward est mort, il se rebelle tout naturellement contre toi à sa place ? »
« Ce vieil imbécile m’empoisonne la vie depuis le jour où j’ai accédé au trône du Pays de Galles. » Llywelyn recula sur son siège et fit pivoter son torse, les bras tendus devant lui pour détendre ses muscles après une trop longue période d’immobilité. « A dire vrai, je m’attends à quelque chose comme ça de sa part depuis des années. Tudur le sait. »
« Donc je suppose qu’après tout tu n’as pas besoin de mon aide, » dit David.
« Mon fils... » Llywelyn laisse ses bras retomber.
David agita la main vers lui. « Je suis désolé. Un petit accès de mélancolie. »
Lili frappa légèrement l’épaule de David. « C’est le manque de sommeil. Par ailleurs, ta seule obligation cet après-midi sera de présider la table et de manger ! »
Arthur leva la tête en entendant l’excitation dans la voix de Lili. Abandonnant son cheval, il agrippa la jambe de sa mère pour qu’elle le prenne dans ses bras. Lili le souleva et l’embrassa sur la joue. Puis il tendit les bras vers Meg, ce qui était plutôt rare car il ne daignait pas souvent accepter qu’elle le tienne. Meg le prit dans ses bras.
« Cette question de démocratie n’est pas facile, » dit David. Il prit la place de Meg près de son père et regarda par-dessus son épaule les documents étalés devant lui. « On devrait prévenir nos alliés que nous devrons peut-être agir sans la sanction du Parlement. »
« C’est déjà ce que j’ai fait, » dit Llywelyn.
« Il aurait été agréable de pouvoir profiter de notre anniversaire de mariage sans entendre parler de guerre... » Meg s’interrompit lorsque Cadell, le fils aîné d’Anna, entra en trombe dans la pièce en brandissant son épée.
« Arthur ! » Il s’aperçut de la présence des adultes devant lui et s’arrêta net. Rengainant son épée, il s’approcha en sautillant avec un sourire insouciant, ses yeux noisette étincelant de malice. « J’ai quelque chose à te montrer ! »
Immédiatement, Arthur se mit à se tortiller pour échapper aux bras de Meg qu’il abandonna pour son grand cousin de six ans.
Une horde de jeunes enfants apparut sur le seuil de la porte derrière Cadell : Catrin, une ravissante jeune personne de trois ans aux yeux verts et aux boucles brunes, Bran, qui était déjà à deux ans le portrait en miniature de Math, cheveux noirs et yeux bleus, et enfin les têtes blondes des jumeaux, Elisa et Padrig, nés peu après Bran. Le niveau de décibels dans la pièce ne tarda pas à atteindre celui d’un avion qui décolle–assourdissant.
« Mon Dieu, Llywelyn, » s’exclama Meg. « Qu’avons-nous fait ? »
Celui-ci se mit à rire. « J’ai prié toute ma vie pour connaître ce bonheur. » Il se leva, entoura d’un bras les épaules de Meg et l’embrassa sur la tempe tandis qu’ils contemplaient les enfants.
Maintenant âgée de neuf ans, Gwenllian, la fille de Llywelyn et de son épouse Elinor, morte en lui donnant naissance, fit son entrée en dernier. Elle adressa un petit sourire à Meg alors que les petits se dispersaient dans la pièce en criant. Meg vit avec plaisir qu’en prévision du repas de fête, Gwenllian avait déjà, sans qu’on le lui demande, revêtu ses plus jolis vêtements et coiffé ses boucles blondes retenues par un bandeau.
Pendant trop longtemps, Gwenllian avait été confiée à des nourrices et des gouvernantes. Cependant, au cours des dernières années, elle avait développé sa vraie personnalité, ce qui voulait parfois dire qu’elle refusait de faire ce qu’on lui demandait. Avec David, elle fit sortir les enfants de la pièce.
« Quand dînons-nous ? » demanda Llywelyn.
Même après toutes ces années, Meg eut le réflexe de vérifier l’heure à son poignet. Qui bien évidemment ne portait pas de montre. « Bientôt. Je vais aller voir. »
David fronça les sourcils. « Marty n’est pas encore arrivé, n’est-ce pas ? »
« Non. » Meg se dirigea vers la porte en faisant signe à Gwenllian de l’accompagner
« Est-ce que tu n’es pas contente de le voir, Maman ? » dit Gwenllian en américain parfait.
Meg réalisa qu’elle paraissait soucieuse. Elle se hâta de changer d’expression. Ce n’était pas du tout à Marty qu’elle pensait, mais à la rébellion de Rhys et de Madog. Son fils et son mari étaient des soldats. Plus encore, ils étaient des meneurs d’hommes. Si elle s’appesantissait trop longtemps sur les risques qu’ils couraient, il lui faudrait une nuit d’insomnie pour parvenir à dominer l’angoisse qui lui serrait l’estomac. Tous les jours, leur vie était en danger. Meg n’avait jamais pu s’y habituer.
« Je ne sais pas, » répondit Meg à Gwenllian en se forçant à répondre à la question comme si tout allait bien. C’était encore un autre aspect du fait d’être la mère d’un guerrier et l’épouse d’un autre : savoir faire bonne figure, prétendre que tout allait bien même quand ce n’était pas le cas. « La dernière fois que j’ai vu Marty, il disparaissait dans son avion en me laissant tomber près du Mur d’Hadrien. »
« Je n’arrive pas à croire qu’il t’ait abandonnée, » dit Gwenllian, prenant fermement le parti de Meg. Marty s’était écrasé avec son avion dans les Highlands en Ecosse et ne s’en était finalement pas sorti aussi bien que Meg. Et tout cela s’était passé il y a si longtemps qu’elle avait eu le temps de lui pardonner.
Cassie et Callum avaient rapporté que Marty s’était bien adapté au treizième siècle et les armes qu’il avait fabriquées à partir des restes de son avion leur avaient sauvé la vie en Ecosse, mais si Meg lui avait pardonné, elle n’avait pas oublié ce qu’il avait fait. Elle ignorait si elle pouvait vraiment le considérer comme un ami et si elle avait vraiment envie de le revoir après toutes ces années.
D’un côté, Meg avait espéré que Marty leur rendrait visite plus tôt. Mais malgré des invitations répétées, non seulement de la part de Callum mais aussi de David et de Meg elle-même, il avait toujours refusé, prétextant ses responsabilités vis-à-vis de sa femme et de son jeune enfant. Dans son for intérieur, Meg pensait qu’il redoutait de se retrouver face à elle. Avec de bonnes raisons. Il l’avait abandonnée à son sort. C’était difficile de faire confiance à un homme capable de se conduire ainsi.
« C’était il y a longtemps, ma douce. » Meg posa la main sur l’épaule de Gwenllian, faisant de son mieux pour écarter de son esprit ses sombres pensées.
Un an auparavant, Meg et Llywelyn avaient eu avec Gwenllian une vraie conversation au cours de laquelle ils lui avaient révélé tout ce qu’ils estimaient qu’elle pouvait entendre et comprendre sur les origines de Meg, David et Anna. Le calme avec lequel elle avait pris ces révélations n’aurait pas dû les surprendre. Une enfant de huit ans à l’imagination débordante était plus aisément capable d’accepter ce que la plupart des adultes refusait farouchement de croire.
En fait, elle avait été heureuse d’apprendre que David et Anna étaient nés dans un autre monde, vers lequel Meg et Llywelyn eux-mêmes avaient voyagé et dont ils étaient revenus. Cette explication n’avait fait que clarifier des choses qu’elle avait entendues au cours des années à l’insu des adultes.
Gwenllian et Meg trouvèrent Anna et Bronwen ensemble dans la plus petite des salles de banquets, près de la tour sud-ouest, en train de mettre en place la table du dîner. Des quartiers d’habitation se trouvaient au-dessus et au-dessous de cette salle, dénommée la salle de la reine, qui disposait de sa propre cuisine. Quatre portes permettaient d’y accéder : l’une par l’escalier de la tour sud-ouest, deux par les couloirs du sud et de l’ouest qui longeaient la courtine, et une dernière qui donnait directement sur la cour d’honneur par un escalier extérieur.
Tous les habitants de Rhuddlan allaient faire ce soir un bon repas, ce qui en fait était toujours le cas, mais ce diner particulier était réservé aux membres de la famille et ressemblerait davantage, en réalité, à un élégant diner dans un manoir du dix-huitième siècle qu’à un bruyant festin typique du Moyen-Âge. Ici, dans la salle de la reine, ils seraient à l’écart du reste du château et pourraient jouir d’un moment de paix loin de leurs obligations. David était parvenu à laisser à Chester le plus gros de sa suite, les conseillers, les ministres, et les divers courtisans, même s’il était arrivé escorté tout de même de bon nombre de ses hommes et de ses serviteurs. Tout comme Llywelyn.
Ils célébraient à la fois, à une date approximative, l’anniversaire de mariage de Meg et Llywelyn et l’anniversaire de David. Que leur entourage médiéval comprenne ou non leur besoin d’intimité, Meg avait fait en sorte que ce jour soit réservé à la famille.
Anna comptait les chaises. « Je vais séparer les enfants pour éviter trop de chahut. »
Bronwen eut un sourire ironique. « Je te souhaite bonne chance. Ils resteront tranquilles si Cadell ou Gwenllian le leur demandent. Je ne sais pas ce qui arrive à Catrin. Elle m’écoute à la maison, mais ici il n’y a rien à faire. »
« Elle a trois ans, » dit Anna. « Tu ne peux pas t’étonner qu’elle pique quelques colères. J’espère éviter cela de la part de Bran, mais je ne promets rien. »
Cela paraissait bizarre, mais typiquement médiéval, d’être la grand-mère d’enfants plus âgés que les siens. « Elisa et Padrig peuvent s’asseoir à côté d’Arthur, » dit Meg. « Il ne parle pas encore, et ils ne se parlent qu’entre eux, donc ils devraient bien s’entendre. »
« Ce qui laisse Cadell, Bran et Catrin ensemble, » dit Bronwen.
« Gwenllian, puis-je vous placer, Catrin et toi, entre les garçons ? » demanda Anna. « Ça devrait les empêcher de se battre. Je vous jure, ils se disputent toute la journée. Et c’est la faute de Cadell, la plupart du temps. »
« Chaque fois que tu te disputais avec David, je vous demandais de me payer un dollar, » dit Meg.
Le visage d’Anna s’éclaira. « Je m’en souviens ! Mais quelquefois, David et moi nous battions quand même, et puis on se mettait d’accord pour ne pas te le dire. »
Meg éclata de rire. « Je préfère n’en avoir rien su, mais ça me fait plaisir de l’entendre. Mieux vaut être uni pour faire des bêtises que ne pas être uni du tout. » Elle ajouta avec une petite grimace, « mais Bran est un peu trop jeune pour ça, et ça ne te ressemble pas de donner des pièces d’or comme argent de poche à tes enfants. »
« Je vais devoir avoir une conversation sérieuse avec Cadell, » dit Anna. « Mais il faut que je trouve de quelle punition je peux le menacer. »
« Les voilà, » dit Bronwen en entendant les cris des enfants résonner dans le couloir. La petite troupe envahit la salle.
Anna tendit la main devant Cadell. « Stop ! »
Cadell s’arrêta net. Immédiatement, les autres enfants s’arrêtèrent aussi.
Anna se pencha, les mains sur les genoux, pour regarder son fils dans les yeux. « Pendant le repas, tu vas rester assis tranquillement, sinon je vais te prendre ton épée et tu ne l’auras plus jusqu’à ce que nous quittions Rhuddlan. Est-ce clair ? »
Cadell hocha la tête, réduit pour une fois au silence, moins peut-être par le ton de sa mère que par la vue de la décoration de la salle. Les jeunes femmes n’avaient pas ménagé leurs efforts et la pièce évoquait davantage Noël qu’une fête d’anniversaire, avec des branches de sapin et des bougies partout. Mais le plus important, c’était que pour une fois ils se retrouvent tous ensemble.
Et une heure plus tard, ils étaient enfin réunis autour de la table couverte de mets appétissants et variés, les portes closes. Tous gardèrent le silence pendant que Llywelyn récitait une prière. Meg sentit les larmes lui monter aux yeux avant qu’il n’en soit à la moitié, le cœur débordant d’amour pour tous ceux qui l’entouraient.
Bronwen, Ieuan et Catrin ; David, Lili et Arthur ; Anna, Math, Cadell et Bran ; Llywelyn, Gwenllian, Elisa, Padrig et Meg. Seuls Cassie et Callum, qui auraient dû se trouver avec eux, manquaient à l’appel. Tandis que Llywelyn terminait sa prière, Meg croisa le regard de David qui faisait le tour de la table. Il se pencha vers elle au-dessus des trois petits assis entre eux. « Nous les ferons revenir."
« Je les connaissais à peine et pourtant ils me manquent, » dit Meg sans s’étonner qu’il ait lu dans ses pensées. Elle savait que souvent, David pensait tout particulièrement à Callum. Pendant son absence, il s’était chargé personnellement de superviser le comté de Shrewsbury. « Je n’arrive pas à croire qu’il y a déjà deux ans que tu as dû les laisser là-bas. J’espère bien les revoir un jour, mais je ne peux pas dire que je souhaite être celle qui ira les chercher. »
« Cassie et Callum sont tous deux des survivants, » dit David.
Puis il se tut. Chacun commença à se servir, déposant la nourriture sur les tranchoirs, mais David leva sa coupe à l’intention de son père, assis à l’autre extrémité de la table. Llywelyn lui répondit silencieusement en levant sa coupe à son tour. David se leva. « J’ai quelque chose à vous dire. » Il fit un geste de la main. « Mais que cela ne vous empêche pas de continuer à manger. »
« On n’avait pas l’intention de s’arrêter, » dit Ieuan, faisant rire toute la tablée.
Meg leva les yeux vers David et comprit qu’il était sérieux. Au bout d’un moment, les autres adultes présents le comprirent aussi. David jeta un coup d’œil à Lili qui hocha la tête en signe d’encouragement.
David s’éclaircit la gorge. « Employer les mots I have a dream, j’ai un rêve, me semble étrange, mais j’ai un rêve. Depuis un moment maintenant, je réfléchis à la raison pour laquelle nous sommes ici et pour laquelle nous faisons tout cela. »
Il fit une nouvelle pause. Il avait à présent toute l’attention des convives, y compris celle des enfants. Arthur, son petit cheval de bois serré dans la main, rampa sur les genoux de sa mère et s’y blottit, les yeux levés vers son père.
« Je vous en prie, ne riez pas, mais je voudrais vous parler–il prit une profonde inspiration–de la possibilité de constituer les Etats Unis Britanniques. »
« Dieu merci ! » Bronwen posa sa coupe. « Il est grand temps. »
« Je me demandais quand tu allais en arriver là, » dit Anna.
Bronwen tendit le bras et Anna se leva à moitié pour lui taper dans la paume de la main à travers la table avant de reprendre place sur son siège.
David les regarda toutes les deux, bouche bée. « Mais... »
« Je n’ai rien dit plus tôt parce que je savais que tu avais déjà assez à faire, » dit Anna. « Toute la question des droits des femmes s’est révélée suffisamment compliquée pour que je ne vienne pas en plus te harceler à propos d’une déclaration des droits applicable à tous. »
« Eh bien... » David se laissa tomber sur sa chaise. « J’avais peur d’en parler parce que je craignais que cela paraisse une idée romantique et naïve, même à mes yeux, mais je suppose que ce n’est pas le cas. »
Bronwen se pencha en avant, une expression intense sur le visage. « Je comprends que cela prendra du temps, beaucoup de temps, mais le seul fait d’en parler et d’avoir cet ultime objectif est très important. »
Anna se mit à rire. « Je croyais que son ultime objectif était la domination du monde ? »
Bronwen adressa un sourire à Anna mais écarta la plaisanterie d’un geste. De la main, elle désigna les convives autour de la table. « Personne ici n’est là uniquement pour survivre. Ceci ne nous concerne pas seulement. Plus maintenant, si cela a jamais été le cas. »
Anna acquiesça. « Changer le monde, c’est notre raison d’être. »
« Vous avez déjà commencé en mettant en œuvre les piliers d’une véritable démocratie : l’éducation pour tous, l’indépendance économique–Bronwen énonçait chaque sujet en comptant sur ses doigts–un gouvernement impartial avec des tribunaux et un système judiciaire. En Angleterre et au Pays de Galles, les trois sont en place, même s’ils sont encore naissants. »
Ieuan donna un coup de coude à Math, assis à côté de lui, et lui dit fièrement à mi-voix, « je reconnais bien là ma femme. »
Pendant que les femmes parlaient, Llywelyn s’était contenté de dévisager David, le visage neutre. Puis il hocha la tête. « Tu m’as déjà parlé de ça, mon fils. Une constitution et ce–il imita le geste de Bronwen–cette déclaration de droits. Nous avons déjà quelque chose comme ça au Pays de Galles, depuis le temps de Rhodri Mawr. »
« En Angleterre aussi. » David se leva de nouveau et quitta la table pour aller faire les cent pas devant la cheminée, comme il avait l’habitude de le faire. Depuis qu’il avait appris à marcher, à neuf mois, son cerveau avait toujours fonctionné en coordination avec ses pieds. « Mais en Angleterre, c’est encore très rudimentaire et tout comme les premières idées des pères fondateurs aux Etats-Unis, les femmes et les hommes qui ne sont pas propriétaires terriens ne sont pas inclus. »
Meg, bien-sûr, avait approuvé son idée avant même qu’il finisse sa première phrase, mais lui demanda, « Avant d’aller plus avant, que veux-tu dire par Etats-Unis britanniques ? »
David marqua le pas. « Une confédération d’états, probablement assez lâche au début, fondée sur des principes démocratiques. Quelque chose comme une démocratie parlementaire plutôt que la division tripartite du gouvernement des Etats-Unis. Je n’en suis même pas à proposer l’élimination de la monarchie, mais c’est également une question qu’il faudra aborder. »
« Quel est le plus grand défi qui nous est posé pour créer une telle entité ? »
David répéta à voix basse le mot ‘nous’ et secoua la tête. « J’ai vraiment été idiot de ne pas vous en parler plus tôt. »
« Tu n’es pas seul dans cette aventure, » dit Anna. « Tu ne l’as jamais été. »
Gagné par l’émotion, David dut s’éclaircir la voix. « C’est ce que je vois. »
« L’Eglise sera sûrement l’un de nos principaux obstacles, » dit Bronwen, remettant la discussion sur les rails. « David mène un combat d’arrière-garde en essayant de ne pas saper l’autorité de l’Eglise mais en n’en tenant par ailleurs pas grand compte. Tant que Peckham sera l’archevêque de Canterbury, tout ira bien, mais si David ne bénéficiait pas de son autorité personnelle, il aurait été excommunié depuis longtemps. Vous savez que c’est vrai. Imaginez que l’on apprenne qu’il n’a même jamais été baptisé ? La seule chose qui le sauve, c’est que l’économie de l’Angleterre est florissante, ce qui veut dire que les revenus provenant des taxes sont plus élevés, pour lui comme pour le pape. »
« L’Eglise veut que David la laisse poursuivre les hérétiques. Mais en dehors de ça, réaliser la séparation de l’Eglise et de l’Etat en Angleterre serait peut-être plus facile maintenant qu’après la Réforme, » dit Meg. « Peckham a soutenu l’accueil que tu as réservé aux Juifs. »
« C’est uniquement parce que nous sommes devenus la capitale bancaire du monde, » dit Anna. « Difficile de contester ce qui s’avère une réussite. »
« C’est peut-être vrai, » dit David, « mais cela n’empêche pas Aaron de rester sur ses gardes. Il se murmure des choses alarmantes au sein de sa communauté depuis quelques mois. »
Aaron, un médecin juif, s’était lié d’amitié avec Meg lors de sa deuxième arrivée au Moyen-Âge et l’avait aidée à retourner auprès de Llywelyn. Par son intermédiaire et son influence parmi ses coreligionnaires, le Pays de Galles, puis l’Angleterre, étaient devenus un havre de paix pour les Juifs qui souhaitaient pratiquer leur religion sans être inquiétés.
« Je dirais qu’à ce jour, mes plus gros problèmes sont, pas nécessairement dans cet ordre, les troubles incessants en Irlande, dont mes barons normands sont essentiellement responsables, ces barons eux-mêmes, qui possèdent une grande partie des terres et des ressources en Angleterre, et l’inquisition, » dit David.
Anna hocha la tête. « L’Eglise, comme je le disais. Les hérétiques et les Juifs ne sont pas ici les bienvenus. »
« Eh bien, » dit David en s’arrêtant devant Anna, « ils sont les bienvenus ici. »
« Ce qui va te causer plus de problèmes que tu n’en as déjà si tes ennemis se servent des préjugés religieux pour fomenter des troubles, » dit Meg. « Regarde ce qu’il se passe en Allemagne. »
En 1287, une vague d’antisémitisme avait balayé l’Allemagne, provoquant le meurtre de centaines de Juifs dans plus de cent cinquante villes. Dans cet autre monde où David n’était pas roi d’Angleterre, le roi Edward avait expulsé les Juifs d’Angleterre en 1290. David espérait que, parce que cette expulsion n’avait pas eu lieu, elle ne se produirait pas non plus dans les autres pays d’Europe. Il s’inquiétait en particulier de la France où l’inquisition de la période médiévale était la plus active.
L’inquisition de ce temps, cependant, s’intéressait moins aux Juifs qu’aux hérétiques–à tous ceux qui n’adhéraient pas aux doctrines officielles de l’Eglise. David et Llywelyn avaient accueilli des gens de toutes religions et de toutes croyances au Pays de Galles et en Angleterre et le refus de David d’autoriser les sbires du pape à les arrêter rendait celui-ci fou de rage.
Donne-moi tes pauvres, tes exténués, tes masses innombrables aspirant à vivre libres, récita Bronwen, citant le poème d’Emma Lazarus gravé sur la statue de la Liberté.
Les Américains autour de la table hochèrent la tête. Cette citation définissait les principes de leur vie. Bien que l’Amérique n’ait pas encore été colonisée, et si dans les faits il reviendrait à leurs descendants de le faire plutôt qu’à leurs ancêtres, ils ne pouvaient se permettre d’oublier d’où ils venaient.
Même si, d’un point de vue économique et technologique, l’Angleterre n’était pas aussi avancée que l’Amérique du dix-neuvième siècle, le pays qui comptait alors trois millions d’habitants disposait de toute la place nécessaire pour accueillir ceux qui voulaient travailler. Et l’on pouvait y travailler tout aussi bien qu’en France, en Espagne ou en Allemagne. Sous le regard bienveillant de David, l’immigration récente avait fait de Londres une capitale tentaculaire dans laquelle la libre entreprise était en constant développement.
Llywelyn leva la main. « Il est possible, finalement, que cette rébellion à laquelle nous sommes confrontés soit en réalité une bénédiction. »
« Comment cela ? » Meg ne voyait pas comment une guerre pouvait être considérée comme une bénédiction.
David répondit à la place de son père, « Si mon rêve est de créer une Grande-Bretagne unie et pacifiée, contrer maintenant une rébellion limitée, peut-être avant même qu’elle soit vraiment organisée, pourrait nous servir à envoyer un message clair à tous les barons qui joueraient avec l’idée de fomenter leur propre révolte. »
Llywelyn acquiesça. « Tu as fait un exemple avec Valence. Il nous faudra peut-être faire de même avec Rhys et Madog. »
Avant que l’on puisse ajouter quoi que ce soit à son commentaire ou, dans le cas de Meg, protester qu’il n’y avait pas de ‘petite guerre’, on frappa à la porte qui donnait sur la cour. Comme Anna venait de se lever pour rattraper Bran et le remettre à sa place sur le banc, elle alla ouvrir la porte.
Meg tourna la tête pour voir qui demandait à entrer, mais elle ne voyait rien derrière Anna. Sa fille resta un instant sur le seuil, une main sur l’encadrement de la porte et l’autre sur la porte elle-même, immobile...
« Qui-qui êtes-vous ? » Tous se levèrent d’un bond en entendant la panique dans la voix d’Anna.
« Un vieil ami. » On entendait clairement la voix derrière Anna.
Elle recula, les mains tendues devant elle, le corps rigide. Quelque chose n’allait pas. Meg ne parvenait toujours pas à voir quel était le problème, mais elle avança avec tous les autres pour le découvrir.
Lorsqu’Anna fit un nouveau pas en arrière, elle heurta de la hanche la porte qui s’ouvrit plus largement, ce qui permit à Meg de voir, derrière elle, l’intendant de Rhuddlan, Alan, tombé à genoux sur le seuil. Le souffle coupé, elle vit un second homme, Marty, que l’on n’attendait plus, agripper Alan par son manteau, le
