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Le diable et les démons chez les Pères
Le diable et les démons chez les Pères
Le diable et les démons chez les Pères
Livre électronique150 pages2 heures

Le diable et les démons chez les Pères

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À propos de ce livre électronique

EditorialSi les Pères ont dû lutter à l’extérieur contre les hérésies et les actions du Malin, ils n’en ont pas moins mené un combat spi­rituel en eux-mêmes, en particulier lorsqu’ils ont été face à eux-mêmes dans le désert ; aussi ont-ils personnifié cette lutte avec le mal à travers les figures protéiformes du diable et des démons qui abondent, par exemple, dans la Vie d’Antoine, que présente Jeannine Siat, et qui ont donné lieu à une iconographie multiforme. Mais les Pères n’en sont pas restés à cette lutte. Comme le Christ et avec lui, ils ont triomphé du Malin. Ainsi Antoine apparaît-il comme l’homme accompli, comme un alter Christus, à l’issue de cette lutte. C’est au discernement des esprits que les Pères invitent en des traités qui, par la finesse de leur analyse psychologique, sont toujours d’actualité. Lors des Rencontres nationales de patristique de Carcassonne, dont Patrick Laurence a été le maître d’œuvre, ce thème du diable et des démons a été étudié de diverses manières. Daniel Vigne et Régis Courtray l’ont repris à travers la figure de l’Antichrist chez S. Irénée et celle de Nabuchodonosor, qui s’effondrent avec l’avènement du Christ. Marc Milhau et Patrick Laurence l’ont envisagé à travers des Vies de saints, celle de saint Martin et de sainte Mélanie, où les métamorphoses du démon sont nombreuses et hautes en couleur. Finalement, Marie-Ange Calvet-Sebasti souligne que Grégoire de Nazianze identifie le diable aux ténèbres et elle montre qu’il prend, dans l’œuvre du Cappadocien, diverses expres­sions : celle du païen, de l’hérétique, de l’adversaire…, de celui qui choisit le mal.
Marie- Anne VANNIER
LangueFrançais
Date de sortie11 mars 2022
ISBN9782853131551
Le diable et les démons chez les Pères

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    Le diable et les démons chez les Pères - Collectif

    Éditorial

    Si les Pères ont dû lutter à l’extérieur contre les hérésies et les actions du Malin, ils n’en ont pas moins mené un combat spirituel en eux-mêmes, en particulier lorsqu’ils ont été face à eux-mêmes dans le désert ; aussi ont-ils personnifié cette lutte avec le mal à travers les figures protéiformes du diable et des démons qui abondent, par exemple, dans la Vie d’Antoine, que présente Jeannine Siat, et qui ont donné lieu à une iconographie multiforme. Mais les Pères n’en sont pas restés à cette lutte. Comme le Christ et avec lui, ils ont triomphé du Malin. Ainsi Antoine apparaît-il comme l’homme accompli, comme un alter Christus, à l’issue de cette lutte. C’est au discernement des esprits que les Pères invitent en des traités qui, par la finesse de leur analyse psychologique, sont toujours d’actualité.

    Lors des Rencontres nationales de patristique de Carcassonne, dont Patrick Laurence a été le maître d’oeuvre, ce thème du diable et des démons a été étudié de diverses manières. Daniel Vigne et Régis Courtray l’ont repris à travers la figure de l’Antichrist chez S. Irénée et celle de Nabuchodonosor, qui s’effondrent avec l’avènement du Christ.

    Marc Milhau et Patrick Laurence l’ont envisagé à travers des Vies de saints, celle de saint Martin et de sainte Mélanie, où les métamorphoses du démon sont nombreuses et hautes en couleur.

    Finalement, Marie-Ange Calvet-Sebasti souligne que Grégoire de Nazianze identifie le diable aux ténèbres et elle montre qu’il prend, dans l’oeuvre du Cappadocien, diverses expressions : celle du païen, de l’hérétique, de l’adversaire…, de celui qui choisit le mal.

    Marie-Anne VANNIER

    LE DIABLE, ADVERSAIRE ACHARNÉ DES PÈRES DU DÉSERT

    Qui ne connaît ces terribles attaques et ces luttes épuisantes des Pères du désert contre le diable sous toutes ses formes ! Luttes physiques, luttes spirituelles, elles sont légendaires. Elles sont les plus acharnées au début du mouvement érémitique, alors que les premiers anachorètes s’enfoncent dans le désert pour y trouver la solitude. Ils sont seuls dans l’immensité d’un monde hostile et leur spiritualité repose sur cette lutte contre le démon pour y trouver Dieu, tout comme Jésus lors de sa tentation dans le désert.

    La période qui nous intéresse ici est celle des débuts, celle où les premiers anachorètes ont affronté le démon de manière presque continue, avec une violence inouïe. Les exemples les plus terrifiants viennent de ces périodes héroïques. En affrontant ces démons, ils attendent la purification de leurs péchés, le triomphe contre le mal et la récompense suprême, la vision de Dieu. Aller vers le Christ, la perspective de cette victoire définitive les soutient et les aide à surmonter toutes les embûches et toutes les ruses du démon.

    Antoine et les premiers anachorètes connus, Paul, les deux Macaire, Amoun, forment le creuset d’un mouvement monastique tout à fait nouveau. La renommée de ce mouvement attire des personnages célèbres qui ont laissé leur témoignage : Rufin, Évagre, Basile ou encore Jérôme. Enfin Cassien. Ils sont tous séduits par ce nouveau style de vie spirituelle et leurs fondations monastiques seront marquées par ce mouvement égyptien.

    La source la plus précieuse, celle qui présente de manière intense la densité de la vie de l’anachorète, est bien l’œuvre de S. Athanase. Dans la Vie d’Antoine écrite tout de suite après la mort du fondateur, l’évêque fait toucher du doigt cette lutte de l’homme contre le démon dans tous les instants de sa vie. Œuvre sans doute idéalisée qui voit le jour dans les déchirements de la crise arienne mais qui montre l’attachement de ce mouvement, malgré ses extravagances apparentes, à l’Église du Christ. Très vite traduite en latin, cette œuvre suscite un accueil enthousiaste en Occident. D’autres écrivains suivent les traces d’Athanase : Jérôme avec la Vie de Paul, Palladius avec l’Histoire lausiaque, de la fin du IVe siècle. Les Apophtegmes viendront plus tard. Mais aucun de ces textes ne nous introduit de manière aussi magistrale que la Vie d’Antoine dans la globalité de la vie de ces anachorètes avides de dépassement.

    I. Aller au désert pour y affronter le démon

    Les récits les plus terrifiants de ces luttes nous viennent de ces premiers anachorètes. Antoine est certainement le prototype de ceux qui ont dû affronter le démon avec une telle violence.

    Antoine est né aux environs de 250, en Égypte moyenne, dans une famille d’agriculteurs assez aisés où il a été élevé dans la religion chrétienne. Il perd ses parents à dix-neuf ans et la tradition veut qu’il ait entendu l’appel de se retirer du monde lors d’une prédication à la messe du dimanche au cours de laquelle étaient lues les paroles de Jésus au jeune homme riche : « Va, vends tous tes biens et donne l’argent aux pauvres » (Mt 19, 21). Ce qu’il va faire. Il garde une part pour assurer l’avenir de sa sœur et se retire près d’Élie, un solitaire qui vivait près de son village. Plus tard, à des solitaires qui viendront le consulter il dira : « N’ayons donc aucun désir de rien posséder. Car, quel avantage y a-t-il à posséder des choses que nous ne saurions ensuite emporter avec nous ? Mais efforçons-nous d’en acquérir qui nous suivront dans le tombeau[1]. »

    Durant ce premier séjour de solitaire Antoine lutte contre le démon qui essaie de le détourner de sa voie, sans succès. Et le diable lui apparaît sous une forme toute noire, Antoine lui résiste en fondant sa foi sur les paroles de l’Évangile et de S. Paul.

    Antoine commence alors sa vie d’ascèse : veilles, jeûnes et surtout il décide de se retirer dans un sépulcre loin du bourg, demandant à un ami de lui apporter du pain de temps en temps. Et le diable va l’attaquer :

    Le diable ne le pouvant souffrir et craignant que, dans un peu de temps, le désert ne fût rempli de solitaires, il vint de nuit avec une grande troupe de ses compagnons et le battit de telle sorte qu’il le laissa par terre tout couvert de plaies et sans pouvoir dire une seule parole, à cause de l’excès des douleurs qu’il ressentait et qu’il assurait depuis avoir été telles qu’elles ne peuvent être égalées par tous les tourments que les hommes sauraient nous faire endurer[2].

    Il est sauvé par son ami qui le porte à l’église. À son retour dans son tombeau, à nouveau les démons le guettent et l’attaquent :

    « Préparons-nous à l’attaquer d’une autre manière, puisqu’il ne nous est pas difficile d’inventer diverses sortes de méchancetés pour nuire aux hommes. » Ensuite à ces paroles cette troupe infernale excita un si grand bruit que toute la demeure d’Antoine en fut ébranlée et, les quatre murailles de sa cellule étant entrouvertes, les démons y entrèrent en foule et, prenant la forme de toutes sortes de bêtes farouches et de serpents, remplirent incontinent ce lieu de diverses figures de lions, d’ours, de léopards, de taureaux, de loups, d’aspics, de scorpions et d’autres serpents, chacun desquels jetait des cris conformes à sa nature […] et il n’y avait un seul de ces animaux dont le regard ne fût aussi cruel que farouche, et dont le sifflement ou les cris ne fussent horribles à entendre. Antoine, étant ainsi par eux accablé et percé de coups, sentait bien augmenter en son corps le nombre de ses blessures, mais son esprit, incapable d’étonnement, résistait à tous ces efforts avec une constance invincible[3].

    Pourtant Antoine, ainsi accablé et dans une douleur excessive, se moque de tous ces démons et invoque le Seigneur et : « Les démons, ayant tenté en vain toutes sortes de moyens, grinçaient des dents[4]. » L’épreuve est achevée, les démons disparaissent, la lumière du jour apparaît et le tombeau retrouve son aspect primitif. Antoine prie : « Où étiez-vous mon Seigneur et mon maître, et pourquoi n’êtes-vous pas venu dès le commencement afin d’adoucir mes douleurs ? » Une voix lui répondit : « Antoine, j’étais ici, mais je voulais être spectateur de ton combat. Et maintenant que je vois que tu as résisté courageusement sans céder aux efforts de tes ennemis, je t’assisterai toujours et rendrai ton âme célèbre par toute la terre[5]. »

    La grande épreuve d’Antoine est enfin achevée. En quoi a-t-elle consisté ? Fièvre, délire, fantasmes, tentations violentes résumées ici dans l’attaque des animaux sauvages ? Les réponses d’Antoine sont lucides, sensées, fondées sur les Écritures : est-ce une manière de présenter l’importance de la lutte contre soi-même lorsque l’on veut vivre dans le désert comme solitaire ? Antoine est le prototype, le père des autres solitaires : pour un anachorète il est indispensable de lutter contre le démon.

    Après cette épreuve, Antoine se retire encore plus avant dans le désert vers la mer Rouge, dans les montagnes de Pispir où des disciples viendront écouter son enseignement et finalement il achève sa vie dans le désert de Thébaïde orientale où il aura la satisfaction de rencontre le premier ermite, Paul, qu’il enterrera.

    Si Antoine continue à rencontrer le démon sous des formes animales ou monstrueuses, les violences qu’il a vécues sont achevées. Il est conscient que la voie qu’il a choisie est un combat sans répit pour triompher du mal. Imprégné de l’enseignement de S. Paul aux Éphésiens, il l’applique au sens littéral : il a revêtu l’armure de la foi, le casque du salut et la gloire de l’Esprit pour résister aux embûches du démon.

    D’autres anachorètes sont poursuivis par le démon, ils sont affrontés à des visions, à des animaux fantastiques et à des fantasmes. Ainsi, Nathanaël raconte :

    Je voulus une fois tenir mon esprit, pendant cinq jours, concentré sur Dieu. Cette décision arrêtée, je ferme ma cellule et ma cour, pour n’avoir à m’occuper de personne, et je commence, debout, à partir de lundi. Je donne donc cette consigne à mon esprit : « Ne descends pas des cieux ! Tu as des anges, des archanges, les puissances d’en haut, le Seigneur de l’Univers, ne descends pas au-dessous du ciel. » J’avais tenu bon deux jours et deux nuits ; mais je mis tellement le démon en furie qu’il se fit flamme de feu et brûla tout ce que j’avais dans ma cellule ; même la natte sur laquelle je me tenais fut consumée par le feu, et je pensai être moi-même complètement rôti. Finalement, prenant peur, j’abandonnai le troisième jour : je n’avais pas pu tenir concentré mon esprit[6]

    Heureusement pour lui !

    Certains Pères, à cause de leur piété et de leurs aptitudes à lutter contre le Malin, ont obtenu la grâce de pouvoir chasser les démons chez les possédés. Le Père Antoine bien sûr, Macaire, mais aussi le frère Paul le Simple. Ce Père, dont nous verrons comment il est devenu moine, avait une confiance très grande en Jésus et au Père Antoine ; à cause de sa foi et de sa grande simplicité, il avait eu ce charisme de chasser les démons. Un jour, on amena à Antoine un démoniaque possédé d’un esprit terrible, Antoine l’amena à Paul, lui demandant de le délivrer. Paul fait une prière et interpelle le démoniaque : « Le Père Antoine le dit, sors de cet homme. » Le diable l’injurie. Paul tape dans le dos du possédé et redit la même formule ; même

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