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Revue théologique des Bernardins - Tome 30: La trace
Revue théologique des Bernardins - Tome 30: La trace
Revue théologique des Bernardins - Tome 30: La trace
Livre électronique240 pages3 heures

Revue théologique des Bernardins - Tome 30: La trace

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À propos de ce livre électronique

Le tome 30 de la Revue théologique des Bernardins s'intéressent aux différentes traces laissées par la religion. Les membres du Collège des Bernardins s'aventurent dans l'analyse des liens qui unissent le monde matériel et la spiritualité religieuse.

Philippe Sers, David Sendrez, co-directeurs du séminaire de recherche Beauté et Vérité

Dossier « La trace »
L’oeuvre d’art, trace de la rencontre de Dieu et support du témoignage évangélique
Philippe Sers
L’impressionnabilité de la matière – une expérience commune à l’artiste et au théologien
David Sendrez
Sophiologie et art : la pensée du père Serge Boulgakov et l’expérience artistique de soeur Jeanne Reitlinger, 1898-1988
Alexei Kozyrev
Les traces de la vie comme images de la foi
Vincent Fournier
Tracer la croix, traces de la croix. Un itinéraire en images
Sylvie Bethmont
Trace, geste technique et forme symbolique
Pascal Rousse
Table ronde modérée par Denis Hétier

Variations
Le temps que requiert l’Évangélisation. Réflexions sur le style et le langage de la croix en 1 Co
Éric Morin
Allégorie chrétienne et providence divine
Alexis Leproux

À PROPOS DES AUTEURS

La Revue théologique des Bernardins est rédigée par un Comité de réaction composé de Docteurs en théologie, membres du Collège des Bernardins. Ces théologiens et théologiennes réunissent leurs connaissances et leur expertise pour étudier la religion sous tous ses aspects.
LangueFrançais
Date de sortie30 juil. 2021
ISBN9782889593477
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    Aperçu du livre

    Revue théologique des Bernardins - Tome 30 - Collège des Bernardins

    Sommaire

    (septembre-décembre 2020 – 30)

    Dossier « La trace »

    Éditorial

    Philippe SERS, David SENDREZ, co-directeurs du séminaire de recherche « Beauté et Vérité »

    L’œuvre d’art, trace de la rencontre de Dieu et support du témoignage évangélique

    Philippe SERS

    La création artistique offre aux sens un certain type de présence de la réalité à la fois fruitive et vérificatrice. Son mode d’évidence est la vibration de l’âme. Elle est louange et épreuve de vérité, reçue dans l’ouverture spirituelle des sens de la vue et de l’ouïe, grâce à la résonance intérieure des éléments. Aussi la création artistique a-t-elle la vocation de devenir : une participation au geste créateur, un exercice de Sagesse et un acte de beauté fondé sur l’amour.

    Mots-clés : Avant-garde, beauté, cœur (brûlant), cœur-esprit, composition, connaissance, créativité, écoute, expérience, idéologie, image métaphysique, liturgie, mensonge, musique, nécessité intérieure, peinture, poésie, pensée chinoise, présence, représentation, retrait, sagesse, sens spirituels, synthèse des arts, témoignage, temps, totalitarisme, trace, transcendance, valeur (absolue), vérité.

    L’impressionnabilité de la matière – une expérience commune à l’artiste et au théologien

    David SENDREZ

    Peut-on envisager la matière comme un lieu de révélation pour l’artiste et pour le théologien ? Quatre fils se succèdent : le corps du Ressuscité exhibant les traces de la Passion ; l’eucharistie, trace de l’agir actuel du Christ ; le rapport matière-esprit abordé à partir de l’impressionnabilité de la matière ; la catégorie de l’expérience dans la théologie contemporaine. Le nœud vers lequel ces quatre fils convergent se situe à l’endroit où la disponibilité de la matière à enregistrer les traces d’une présence amène à lui reconnaître une qualité pré-sacramentelle. Le rapport de l’artiste à la matière ouvre alors à une analogie hospitalière à ce que la théologie médite avec l’Incarnation et la présence réelle eucharistique.

    Mots-clés : matière, esprit, expérience, eucharistie, résurrection, Cyprien Vagaggini, Lumen gentium, Pierre Teilhard de Chardin, Jean Mouroux, Hans-Urs von Balthasar, Karl Rahner, Michel Deneken, François Durand

    Sophiologie et art : la pensée du père Serge Boulgakov et l’expérience artistique de sœur Jeanne Reitlinger, 1898-1988

    Alexei KOZYREV

    L’article examine les relations personnelles et le dialogue spirituel entre le théologien et philosophe orthodoxe, le Père Serge Boulgakov (1871-1944) et l’iconographe Julia Reitlinger (Sœur Jeanne) (1898-1988). Depuis leur rencontre en Crimée en 1918, et jusqu’à la mort du Père Serge à Paris en 1944, Julia Reitlinger fut spirituellement proche de Boulgakov, qui considérait son œuvre comme l’une des réalisations sommitales de l’art religieux moderne. Influencée par le modernisme artistique français (disciple de Maurice Denis), elle peignit des iconostases et des fresques dans des églises en France et en Grande-Bretagne en utilisant les techniques de l’art moderne (la décorativité, le minimalisme des formes, une symphonie de couleurs, des matériaux inhabituels). Julia Reitlinger a contribué à la vie spirituelle de l’émigration russe de la première moitié du XXe siècle et elle a influencé la peinture contemporaine des icônes. L’article exploite les journaux intimes de Serge Boulgakov et de Julia Reitlinger, ainsi que leur correspondance et des témoignages de leurs contemporains.

    Mots-clés : Serge Boulgakov, Jeanne Reitlinger, Maurice Denis, Georges Desvallières, Pavel Florensky, Vladimir Soloviev, Alexandre Men, John Pordage, Franz Xaver von Baader, sophiologie, mystique, art moderne, icône, art sacré

    « Transition »

    Denis Hétier

    Les traces de la vie comme images de la foi

    Vincent FOURNIER

    L’artiste cherche dans la matière la trace d’une présence

    Mots-clés : art contemporain, spiritualité chrétienne, suaire, matière, intuition, pauvreté, art et prière

    « Transition »

    Denis Hétier

    Tracer la croix, traces de la croix. Un itinéraire en images

    Sylvie BETHMONT

    Pour les chrétiens, le supplice de la croix, ce scandale et cette folie pour la sagesse des nations, est le lieu même de la gloire, le signe de l’amour salvateur de Dieu. Les images de la croix, lentement cristallisées dans l’art chrétien, sont d’abord des traces du mystère pascal, mais vidées de l’image du Christ. Cette étude s’arrête au bord de la figuration du Christ en croix (le crucifix) – qui se développera à partir de la fin du Moyen-Age – pour s’attacher aux traces de la croix, sous forme de signes plastiques ou linguistiques. La simple croix, tracée sur le corps, (de la signation baptismale à l’attitude de prière – orants) est incorporation et porte d’entrée à la vie en Dieu. La croix modèle également les édifices chrétiens comme l’assemblée des croyants. Signe de la permanence du Verbe au sein de la création, l’image de la croix cosmique, qui unit les extrêmes et possède un cœur, informe les mappemondes médiévales et les images-signes des manuscrits (Raban Maur). Cette divine géométrie de l’amour est reprise par l’art contemporain, dégagé de la narration, dont Sacré-cœur, l’œuvre de Vincent Fournier qui a initié ce parcours iconographique, témoigne magistralement.

    Mots-clés : Croix glorieuse, croix cosmique, sceau du baptême, orant.e, poèmes figurés, Raban Maur, Fra Angelico, architecture, « Art sacré »

    « Discussion »

    Trace, geste technique et forme symbolique

    Pascal ROUSSE

    La pensée de la trace nous ramène à son principe, au dynamisme originaire du vivant et de la nature dont elle nous fait connaître le passage et le devenir. Mais, par-delà la loi de causalité, elle nous conduit à interroger, à travers les techniques de capture, de déchiffrement et d’aménagement, à travers l’écriture, la détermination d’un monde. Nous rencontrons alors l’indéterminé à l’origine de l’acte créateur, dans l’angoisse, source de tout affect, qui pousse à agir, à faire, qui commande au geste et aux moments discontinus de l’invention technique, dont l’art est le supplément et le lieu de réflexion. La mètis, l’intelligence matérielle de l’art dévoile le sens à même la matérialité dans le geste et la facture, l’écho de l’archi-trace dans et par la trace. Toute forme symbolique exprime une part de cette dynamique qui la constitue et dont elle instaure dans la durée la possibilité de la reprise.

    Mots-clés : affect, angoisse, archi-trace, art, création, écriture, esthétique fonctionnelle, facture, forme symbolique, geste, indéterminé, mètis, reprise, technique

    « Discussion »

    « Table ronde »

    Modérée par Denis Hétier

    Variations

    Le temps que requiert l’Évangélisation. Réflexions sur le style et le langage de la croix en 1 Co

    Éric MORIN

    En partant de l’analyse des arguments et du style de 1 Co, cet article tente de mettre en avant certains enjeux pour l’annonce de l’Évangile tels qu’ils se manifestent dans la crise qui opposa Paul et la communauté de Corinthe. L’accueil de l’Évangile requiert du temps et la parole de Dieu s’expose au risque de sa réduction à l’état de slogan. L’écriture de Paul sut trouver les moyens pour extirper de l’Évangile ce piège. Émerge, pour l’étude du texte paulinien, la nécessite de prendre aussi en compte les petites unités du discours

    Mots-clés : évangélisation, style, figure de style, Paul, Corinthiens, langage de La Croix.

    Allégorie chrétienne et providence divine

    Alexis LEPROUX

    L’allégorie chrétienne explicite l’action providentielle de l’Esprit Saint dans l’Histoire et dans les âmes. Comprendre spirituellement les événements ne consiste pas d’abord à trouver un sens, aussi théologique soit-il, mais à vivre le lien de l’Ancienne et de la Nouvelle Alliance que Dieu lui-même établit à travers les âges. L’exercice du sacerdoce royal des baptisés en est l’actualité providentielle et l’expression ordinaire.

    Mots-clés : allégorie, sacerdoce, providence, esprit saint, histoire

    Recensions

    Dossier « La trace »

    Éditorial

    Philippe SERS, David SENDREZ

    Il y a une redondance. Elle est, nous l’espérons, nous le pensons, heureuse. La présente livraison de la revue est consacrée au colloque qui, à l’initiative du séminaire de recherche Beauté et Vérité, s’est tenu le 9 février 2019 au Collège des Bernardins. Le thème tenait en un mot : « trace ». Il y a une redondance dont nous nous réjouissons, avec cette trace imprimée des contributions et échanges qui firent de cette journée une étape importante sur une trajectoire commencée auparavant.

    Le séminaire de recherche Beauté et Vérité a été fondé en 2016, par Isabelle Moulin et Philippe Sers, dans le prolongement du colloque consacré à Kandinsky¹. Il s’agissait de vérifier les intuitions déjà émergentes, en creusant un sillon ainsi décrit dans la présentation du projet de recherche : « La beauté, présence du Vrai sous la forme éminemment qualitative, et la composition artistique recèlent en elles les germes propres à répondre aux interrogations de notre post-modernité. Le Beau est en effet le lieu d’une certaine forme de présence de la transcendance manifestée et prend le relais d’une métaphysique discursive oublieuse de l’Être. »

    Cette intention, ambitieuse sans doute, puisqu’elle comprend l’histoire de l’art, l’esthétique, la métaphysique et la théologie, s’est rapidement muée en un essai fondamental au sens propre. Poser les fondements, donc. Mais lesquels ? Où creuser ? C’est vers le lexique que se sont tournés les efforts. Trois mots ont fait irruption et se sont imposés, trois mots perçus comme également relatifs aux fondements du geste artistique comme de l’expérience de la transcendance : trace, signe, manifestation. Ils semblaient offrir un possible au projet du séminaire « Beauté et Vérité ».

    Ce possible, expérience faite, ils l’ont effectivement ouvert. Les travaux du séminaire, conduits patiemment et discrètement, ont finalement abouti au souhait de rendre publique la réflexion en cours autour de la notion de trace². Pourquoi cette notion-là de préférence aux deux autres ? Sans doute parce qu’elle est la moins assurée des trois. Ou bien peut-être parce qu’elle offre le plus grand éventail de considérations. En effet – le lecteur s’en rendra compte –, elle embrasse le très concret, l’abstraction et l’évanescence d’une transcendance qui se dévoile (Philippe Sers ; David Sendrez) ; elle désigne le geste du calligraphe et la nécessité éprouvée par l’artiste (Vincent Fournier et Alexei Kozyrev) ; elle permet de saisir des correspondances entre les opérations techniques primitives, les réalisations artistiques savantes et l’ordre symbolique (Pascal Rousse) ; elle est une clé ouvrant l’histoire de l’art chrétien en direction de la sotériologie, bien sûr, mais en direction aussi de la théologie de la création (Sylvie Bethmont-Gallerand).

    On ne trouvera pas tant ici des résultats que des comptes rendus d’une démarche de recherche ouverte. Néanmoins, on l’a déjà dit, les échanges et les convergences que ce colloque a permis en ont fait, nonobstant son caractère inabouti, un événement suffisamment marquant pour que ceux qui en furent les témoins veuillent en garder et surtout en offrir une trace.


    1. « Expérience artistique et culture du spirituel dans l’œuvre et la pensée de Kandinsky », Collège des Bernardins, 11-13 février 2016. Ce colloque international était assorti d’une exposition de gravures de Kandinsky (album Klänge) et d’une représentation théâtrale écrite par Brigitte Hermann, « Kandinsky, une vie bariolée : ‘‘Un art vraiment pur au service du divin’’. »

    2. Cette journée de colloque s’est inscrite dans le cadre d’une exposition d’œuvres de Vincent Fournier, intitulée « Trace et témoignage », qui s’est tenue au Collège des Bernardins du 18 janvier au 2 mars 2019.

    L’œuvre d’art, trace de la rencontre de Dieu et support du témoignage évangélique

    Philippe SERS

    Permettez-moi de dire ma joie toute particulière de voir se tenir ce colloque et d’y participer. C’est en travaillant sur les sources de la pensée de Kandinsky pour mon livre Kandinsky, Philosophie de l’art abstrait, dont la première édition date déjà de 1995, que j’ai pris conscience, grâce à la pensée chinoise et à la théologie de l’icône, de l’importance de la notion de trace dans la pratique artistique, ce qui me conduisait à écrire : « Toute œuvre d’art est trace de l’événement, témoignage de la rencontre¹ », en précisant : « L’image [est] comme une sorte de reste, de trace, de témoignage visuel, reliquat de la participation [à l’Être]. Dans un autre sens, elle en est le support. Pour parler clairement, la relation participative de l’image à l’Être est (du point de vue de la composition) la trace de ma participation en même temps que le support (en tant que spectacle et projet pour le regardeur). L’image métaphysique présente donc un double visage. Elle est le témoignage de l’existence d’une expérience qui a eu lieu une fois et peut sans cesse être ré-invoquée. En même temps, dans ce temps qui n’en est pas un, puisqu’il lui manque le caractère de l’irréversibilité, l’image est un appel à vivre cette expérience (participative), accessible potentiellement à tout regardeur² ».

    J’ai proposé ainsi la notion double de la trace-témoignage. Une notion double de cette sorte est requise dans le domaine de l’expérience esthétique et spirituelle, dans la mesure où la rencontre de deux concepts hétérogènes et disparates, voire même contradictoires, est productrice d’une réalité vitale nouvelle. Cela devient ainsi une expérience trine, paradigme de la créativité³.

    Je vais d’abord considérer le lien indissoluble souligné par la révélation néotestamentaire entre vérité et témoignage, puis examiner la fonction spécifique de la création artistique dans l’exercice du témoignage.

    L’élément focal de la culture monothéiste chrétienne et même juive est un double tombeau vide. Celui du Jardin de Joseph d’Arimathie après le Golgotha et celui de Yad Vashem, après les camps d’extermination. Le mal est avant tout mensonge. C’est le mensonge de Satan, qui agit en haine de Dieu qu’il ne veut pas servir. Au jardin de Joseph, le tombeau du Christ est vide, car la mort est vaincue dans la Résurrection de l’homme-Dieu. L’autre tombeau vide est celui de la Shoah, car les bourreaux se sont acharnés à dissimuler les corps des Juifs, témoins du Dieu unique.

    Depuis ce double Tombeau vide, la transmission de la vérité repose sur le témoignage, le récit de ce qui a été vu et entendu. La Vérité est attestée. C’est la vraie fin de l’histoire, la fin du régime de la preuve. Désormais la Vérité est mise à l’épreuve, parce qu’elle est Vie, et donc se dresse contre une culture de mort. Elle est attestée, parce qu’elle s’oppose non pas à l’erreur, mais au mensonge, à l’idéologie. Elle est attestée parce qu’elle passe par la vie du témoin, parce qu’elle est sa vie. C’est un aspect de la kénose divine. Dieu remet Sa Vérité entre les mains des hommes. La place du témoin est essentielle. Dès lors que l’absolu S’est manifesté en tant que Verbe de Dieu, celui qui accueille Sa parole se charge de la transmettre.

    Le lien entre la vérité et le témoignage est donc indissoluble, comme celui qui existe entre le témoignage et le sacrifice. « Amour et vérité se rencontrent », dit le psaume 84. Sans le témoin, la vérité n’est pas amour. Sans le sacrifice, l’amour n’est pas vérité. La perfection de l’amour est le sacrifice de soi⁴. Sans amour il n’y a pas de sacrifice et c’est le sacrifice qui répond au mensonge et répare ses dégâts. C’est la lumière de la Croix qui rouvre le chemin du Royaume. Ce que l’orgueil, la haine, le mensonge, la débauche et la désobéissance ont détruit sera reconstruit par l’humilité, l’amour, le sacrifice, la pureté et l’obéissance.

    Ainsi, la vérité est entre les mains du Témoin, qui en vit. Il en vit jusqu’au supplice, car tandis que le droit humain œuvre pour traquer et parfois punir le mensonge, dans le domaine spirituel, c’est toujours la vérité qui est punie. Le Témoin est le marturos, le Martyr qui, comme Socrate, parce qu’il vit de la Vérité, est prêt à donner sa vie pour elle. Car la relation à la Vérité a deux modes : tandis que le docteur énonce ce qu’il sait, le témoin transmet ce qu’il est. Le témoin n’énonce pas des résultats, mais indique un chemin de vie. La spécificité du martyre chrétien est d’être un martyre d’amour : le martyr meurt pour l’amour et dans l’amour, comme Étienne, comme le Christ : « Père pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23,34).

    Le témoin construit alors le rempart contre la culture de la mort et son idéologie. L’idéologie ne relève pas de la connaissance. Elle est un corps de représentations, d’images, de mythes, d’idées ou de concepts, amalgamés en vue de projets douteux⁵.

    Devant le double tombeau vide de l’histoire, l’idéologie déploie tous ses artifices. Devant le tombeau vide d’Auschwitz, on fait disparaître les témoins et les corps des victimes et l’on organise le système du déni. Devant le tombeau vide du Christ, un mensonge s’établit pour cacher la Résurrection qui est attestée par cette « si grande nuée de témoins autour de nous » (He 12,1). Le Sanhedrin corrompt les

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