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Le Culte: Le Culte, #1
Le Culte: Le Culte, #1
Le Culte: Le Culte, #1
Livre électronique372 pages4 heuresLe Culte

Le Culte: Le Culte, #1

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À propos de ce livre électronique

L'auteure de best-sellers du New York Times Penelope Sky vous offre un autre chef-d'œuvre de suspense.

Je vois son sourire sinistre au théâtre. Je le vois dans l'appartement en face du mien.

Je le vois partout.

Mais, avant que j'aie pu lui échapper, on m'enlève.

Et, quand je me réveille… je suis au milieu de nulle part.

L'homme qui m'a enlevée affirme être un démon.

Et que je suis son ange.

Qu'arrivera-t-il quand il découvrira que je n'ai pas d'ailes ?

Je ne suis pas la seule prisonnière dans la forêt. Il y a aussi une petite fille. Elle s'appelle Claire. Elle est si jolie, si joyeuse, si merveilleuse. Il me revient de la protéger – et je me sacrifierai pour y arriver.

Elle dit que son père nous sauvera toutes les deux.

Elle dit qu'il est puissant, formidable, qu'il brûlera toute la forêt pour la retrouver.

J'espère qu'elle a raison.

 

*** Claire n'est jamais blessée durant l'histoire. Il n'y a aucune violence quelle qu'elle soit contre des enfants. ***

 

LangueFrançais
ÉditeurHartwick Publishing
Date de sortie29 janv. 2022
ISBN9798201317690
Le Culte: Le Culte, #1
Auteur

Penelope Sky

A New York Times and USA Today bestselling author, Penelope Sky is known for her dark romance that makes you fall for her characters....no matter how dark they seem. Her books are being translated into several languages around the world, and she's sold more than a million books worldwide. She lives in a small town in California with her husband, where she spends most of her time writing on the back porch.

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    Aperçu du livre

    Le Culte - Penelope Sky

    PROLOGUE

    Constance

    J’étais assise devant ma coiffeuse dans les coulisses, en train de retirer les couches de fond de teint qui étouffaient ma peau. Mes yeux me semblaient lourds avec ces faux-cils et tout ce mascara. Trop fatiguée pour me démaquiller convenablement, j’arrachai les faux-cils d’un coup.

    Mes ballerines suivirent ; je les détachai et les retirai soigneusement. Mes pieds meurtris apparurent, leur peau sèche et crevassée. J’enfonçai mes doigts dans la chair mise à mal et la massai.

    La danse classique avait un prix.

    Je continuerais à payer ce prix jusqu’à être fauchée.

    Mes pensées furent interrompues par la voix d’un homme, qui aboya presque à une des autres danseuses :

    — Vous les avez déjà vues ?

    Je levai la tête et regardai dans mon miroir, pour épier la conversation qui se déroulait derrière moi. Un homme de haute taille se tenait devant Alison, son téléphone levé, comme s’il lui montrait une photo. Son tee-shirt à manches longues moulait ses bras et ses avant-bras très musclés. Il avait des cheveux blonds courts et les tendons du cou saillants. Ses épaules larges et sa taille mince dégageaient une impression de force, comme s’il aurait été capable d’arracher un arbre du sol à mains nues.

    Je vis Alison regarder l’écran brièvement avant de relever les yeux vers lui.

    — Désolée, non, balbutia-t-elle, mal à l’aise, en tentant de se dégager. Bon, c’est pas tout ça, mais je dois y aller.

    — Elle dansait ici il n’y a pas longtemps, insista-t-il en la suivant. Vous êtes sûre ?

    Elle regarda à nouveau, mais répondit de la même manière : en secouant la tête.

    Il baissa son téléphone et se retourna, m’exposant son visage aux traits tendus pour la première fois.

    Ses yeux bleu vif balayèrent les coulisses, à la recherche de la personne suivante à interroger. Son corps épais était raide de malaise et, même s’il ne semblait pas ouvertement paniqué, une vague d’inquiétude débordait de ses iris. Il fit le tour de la salle du regard et finit par croiser le mien dans le reflet de la glace.

    Mes mains étaient toujours posées sur mon pied endolori, dont je massais la plante. Mes doigts s’immobilisèrent quand il me regarda, de l’espoir plein les yeux, comme si je possédais l’information qu’il désirait.

    Il s’approcha, le téléphone toujours en main. Lorsqu’il arriva à ma hauteur, il me fourra l’écran sous le nez.

    — Vous les avez déjà vues ?

    Je ne regardai pas l’écran tout de suite, car j’étais trop absorbée par son regard, et par sa voix grave qui résonna dans mon esprit comme un écho. Inutile qu’il tombe à genoux et éclate en sanglots – sa peine était transparente. Elle s’entendait dans sa voix.

    — Euh…

    — Reconnaissez-vous cette femme ? demanda-t-il en brandissant le téléphone vers moi. Elle dansait ici.

    Il était extrêmement sérieux, comme s’il cherchait désespérément des réponses.

    Sur son écran, je vis une belle brune qui entourait de son bras une petite fille ; celle-ci semblait âgée d’environ sept ans. La femme était très belle, mince, son sourire agréable, son regard chaleureux.

    — Euh… non.

    — Vous êtes sûre ? demanda-t-il en élevant la voix et en me perçant de ses yeux bleus.

    Je lâchai mon pied et me levai pour pouvoir le regarder en face, même s’il me dominait toujours d’une tête, que nos regards n’étaient pas au même niveau. Je lui pris son téléphone pour regarder de plus près.

    — Vous permettez ? Comment s’appelle-t-elle ?

    — Béatrice, aboya-t-il. Elle a disparu. Elle dansait dans un spectacle ici, il y a peu de temps. J’essaie de découvrir si quelqu’un sait quelque chose à son sujet. La police n’est bonne à rien.

    Je scrutai la photo en me remuant les méninges.

    — Je suis désolée… votre femme devait danser dans une autre troupe. On s’est peut-être déjà croisées dans les coulisses, mais je n’arrive pas à la situer.

    — Ce n’est pas ma femme, dit-il en reprenant le téléphone. Vous avez vu la fille ?

    Je regardai la photo, sur laquelle posait une petite fille toute mignonne. Elle avait de longs cheveux blonds et un sourire qui montrait des trous entre ses dents. Ses yeux étaient de la même couleur que ceux de mon interlocuteur.

    — Votre fille a disparu aussi ?

    Il baissa les yeux et regarda le téléphone dans sa main. Son hostilité et son désespoir s’envolèrent, remplacés par une tristesse profonde, qui sembla le secouer jusqu’à l’os. Ses doigts se décrispèrent, et il faillit lâcher le téléphone. Il resta les bras ballants, l’air accablé.

    — Oui. Elle s’appelle Claire.

    J’eus presque du mal à le regarder, à voir le chagrin de ce père, affaibli alors qu’il semblait si fort et en forme. Ses épaules tombèrent, et il détourna le regard, comme s’il revivait un moment douloureux dans sa tête.

    — Je suis vraiment désolée. J’aurais aimé pouvoir vous aider.

    Il leva à nouveau les yeux et me lança un regard vide, comme s’il ne me voyait pas vraiment.

    — Ouais…

    Il tourna les talons et s’approcha de Charlotte, à la coiffeuse suivante, pour lui poser les mêmes questions. Il brandit à nouveau son téléphone avec l’énergie du désespoir et l’interrogea, cherchant des informations comme si sa vie en dépendait.

    De lourdes ailes d’ange couvertes de paillettes étaient cousues à mon body blanc. Leur poids sur mes épaules ne me ralentissait pas. Jamais je n’avais dansé aussi bien. Les danseuses prirent la pose et s’immobilisèrent tandis que je montais vers le devant de la scène pour un solo que j’étais honorée de danser. Je levai une jambe en l’air et tournai dans une volute élégante, les orteils pointés au sol. D’un mouvement gracieux des poignets, je me transformai en ange.

    L’ange que le public vénérait.

    Je tournoyai lentement, puis m’avançai vers l’avant de la scène, les bras écartés pour révéler mes ailes. Le public était plongé dans l’ombre, car les spots étaient braqués sur moi et me cachaient presque toute la salle.

    Néanmoins, je perçus quelque chose d’inhabituel.

    Un homme vêtu tout de noir, debout devant son siège, en plein milieu de la salle, absolument immobile. Je ne le vis pas bouger pour aller aux toilettes. Il resta là, bloquant la vue des spectateurs assis derrière lui, les bras ballants, délibérément figé.

    L’éclairage de la scène se reflétait dans ses yeux sombres. Ils étaient grand ouverts, fixes.

    Il avait une bouche assez grande, complètement étirée et formant le sourire le plus large que j’aie jamais vu, ce qui révélait toutes ses dents. Sa bouche prenait plus de place sur son visage que chez une personne normale. Ce sourire aurait convenu à un fou.

    Et il me regardait droit dans les yeux.

    Un instant plus tôt, j’étais complètement absorbée par le spectacle – corps, âme et esprit. À présent, j’avais l’impression que tout s’était figé en moi. La musique s’estompa, car je ne pouvais plus me concentrer dessus. Je ratai mon enchaînement suivant, incapable de quitter des yeux l’homme qui me transperçait du regard.

    L’adrénaline fit palpiter mon cœur. Mon instinct me souffla que j’étais en danger. L’avertissement était impulsif, comme si ma psyché voyait dans cette scène une menace terrifiante. C’était comme un cauchemar qui refusait de disparaître, même après mon réveil.

    Vraiment louche.

    Son sourire ne changea pas. Ses yeux restèrent fixés sur moi. Son corps ne bougea pas d’un poil. Les spectateurs autour de lui devaient ressentir le même malaise que moi, car aucun n’osa lui demander de se rasseoir.

    Le plus effrayant dans tout ça, c’était que son regard était intentionnel.

    Il voulait que je le voie.

    La peur me secouait toujours à la fin du spectacle.

    Après ma performance, je parlai aux gardes de sécurité du type louche dans le public, mais ils n’eurent pas l’air de me prendre au sérieux. Quand je demandai aux autres danseuses si elles l’avaient remarqué, elles me répondirent que non. Quand je leur confiai que j’avais peur, elles me répondirent que je dramatisais, que c’était sûrement un simple admirateur.

    Tout simplement.

    Mais il y avait plus que ça… Je pouvais le sentir.

    Personne ne pourrait me faire changer d’avis là-dessus.

    Personne ne pourrait me faire croire que c’était le fruit de mon imagination.

    Quelques jours passèrent et, à l’approche du spectacle suivant, j’hésitai entre monter sur scène et laisser la place à ma doublure. L’expérience n’avait duré que quelques minutes, mais elle m’avait profondément traumatisée. Je voulais que les autres voient cette cicatrice, mais personne ne me prenait au sérieux quand j’en parlais.

    Je dus rassembler tout mon courage pour monter sur scène.

    Cette fois, le spectacle se passa sans incident.

    J’avais été si convaincue qu’il serait debout en plein milieu de la salle, à la même place, avec le même sourire. Je me mis à douter de ce que j’avais vu. Était-ce une illusion d’optique à cause des spots ? Mon esprit avait-il laissé les ombres manipuler la réalité ?

    Était-ce vraiment arrivé ?

    Je ne l’avais pas rêvé… si ?

    Je retournai à mon appartement, situé à quelques rues du théâtre. La tour Eiffel brillait au loin, telle une lueur d’espoir et de fierté pour tous les Parisiens qui l’admiraient chaque jour.

    Mon sac et mes clés atterrirent sur l’îlot de la cuisine, et je jetai mon écharpe dessus. L’automne était arrivé, et le temps s’était refroidi, même s’il y avait toujours un soupçon de chaleur estivale au milieu de l’après-midi.

    Je m’approchai de la grande fenêtre du salon pour tirer les tentures. Les lumières de la ville étaient si vives qu’elles éclairaient mon appartement même au milieu de la nuit, et il était parfois difficile de dormir. J’aimais faire la grasse matinée après un spectacle, et le soleil matinal éclatant m’en empêchait parfois.

    J’attrapai les tentures pour les fermer.

    Mes yeux se fixèrent sur l’immeuble d’en face, comme s’ils savaient déjà qu’il s’y trouvait quelque chose d’étrange avant que ma conscience s’en soit rendu compte. C’était instinctif, comme si quelqu’un d’autre m’avait ordonné de regarder et que j’avais obéi sans hésiter.

    Et il était là.

    Debout derrière une fenêtre, habillé en noir, il me fixait depuis l’autre côté de la rue. Il avait le même sourire détraqué que la première fois, les lèvres étirées au maximum, dévoilant même ses molaires. Ses yeux noirs étaient grands ouverts et fixes, m’observant comme si j’étais un sujet d’étude plutôt qu’un être humain.

    Mes poings se refermèrent sur les tentures, mes bras pris de tremblements.

    J’étais terrifiée… mais incapable de détourner les yeux.

    Ma poitrine se mit à se soulever et retomber rapidement, mes yeux à brûler. Cet homme n’était pas tout près, mais j’avais l’impression qu’il se tenait juste devant moi, que son haleine me soufflait sur le visage, que ses dents étaient encore plus éclatantes.

    Son corps ne bougea pas d’un centimètre. Il ne clignait même pas des yeux. Il ne faisait aucun mouvement… comme s’il n’était pas vraiment réel.

    D’un coup, je refermai les tentures, aussi vite que possible, pour bloquer les lumières et la ville, mettre une barrière entre nous, pour ne plus avoir à contempler ce psychopathe qui me transperçait et me déshabillait des yeux.

    Je restai plantée devant la fenêtre, à hyperventiler, le sentant me fixer des yeux à travers la vitre et les rideaux. On m’avait déjà agressée dans la rue et je m’étais débattue pour garder mon sac à main. On m’avait déjà pelotée dans un bus, et j’avais donné au type un coup de genou dans les boules. J’avais toujours vécu ma vie seule et sans peur. Mais… ceci était différent. Cette situation me dépassait. Ce qui m’arrivait était si louche et tordu que je savais déjà que je ne m’en sortirais pas simplement en me défendant.

    Je courus jusqu’à mon sac et en sortis mon téléphone avec les mains tremblantes. Je tapai le numéro et écoutai sonner une fois avant que l’opérateur ne décroche.

    — Police. Quelle est la nature de votre urgence ?

    La police envoya aussitôt deux agents pour enquêter.

    Quand ils ouvrirent les tentures pour regarder, ils ne virent qu’une fenêtre normale dans l’immeuble d’en face.

    — Il était là. Il était debout derrière la fenêtre et il me fixait des yeux. Il était aussi au ballet, et maintenant il sait où je vis. Il me souriait… c’était vraiment effrayant, expliquai-je, les bras croisés sur ma poitrine, toujours secouée malgré la présence des policiers armés.

    Le premier agent prit son temps avant de se retourner vers moi.

    — Vous dites qu’il vous souriait. En quoi était-ce effrayant ? Ce n’est pas un signe amical ?

    — Oh, croyez-moi, c’était complètement effrayant, rétorquai-je. Je l’ai vu au théâtre il y a trois soirs d’ici, et maintenant, il se trouve juste en face de chez moi. J’ai déjà vu les gens qui vivent dans cet appartement. C’est un jeune couple, et ce type ne leur ressemblait en rien.

    L’agent regarda de nouveau avant de se tourner vers son partenaire.

    — On va aller voir en face, au cas où quelqu’un aurait signalé une effraction.

    L’autre hocha la tête, et ils se dirigèrent vers la porte.

    — Je viens avec vous, dis-je en leur emboîtant le pas.

    — Vous devriez vraiment rester ici, dit le premier agent. Au cas…

    — Je ne veux pas rester dans cet appartement toute seule tant qu’on n’aura pas chopé ce taré.

    Ils durent décider de me faire plaisir, tant j’étais secouée. Nous traversâmes la rue et entrâmes dans l’immeuble. Après avoir monté plusieurs volées d’escaliers, nous nous approchâmes de la porte de l’appartement d’en face.

    Je restai en arrière pour les laisser faire leur travail.

    L’un d’eux frappa, l’arme au poing.

    Il n’y eut pas de réponse.

    — Police. Ouvrez, dit-il en frappant à nouveau.

    Il attrapa la poignée et vérifia que la porte était verrouillée avant de se tourner vers moi.

    — Qu’est-ce que vous attendez pour entrer ? dis-je en baissant les bras. Je vous dis qu’il est là-dedans !

    Il échangea un regard avec son partenaire avant de se retourner vers moi.

    — On ne peut pas entrer chez les gens sans motif…

    La porte s’ouvrit soudain. C’était un homme… mais pas celui que je venais de voir. C’était l’autre, celui que j’avais déjà vu dans cet appartement, qui regardait à présent les agents avec circonspection.

    — Je peux vous aider ?

    — Mais… Vous venez juste de rentrer ? lançai-je, perdue.

    L’agent se retourna vers moi d’un air irrité.

    — Non…, répondit-il en nous regardant tour à tour, les agents et moi. Je sors juste de sous la douche.

    Je me tournai vers le premier agent.

    — Ça veut dire qu’il pourrait être encore là. Il aurait pu entrer pendant que monsieur prenait sa douche.

    Je savais ce que j’avais vu. Je n’avais pas inventé ça de toutes pièces. Je n’étais pas folle. J’étais même prête à jurer sur la bible ou mes parents décédés.

    — De qui vous parlez ? demanda le type. De quoi elle parle ?

    — Ce n’est rien, répondit le premier agent. On est désolés de vous avoir dérangé.

    — Attendez, intervins-je en avançant vers la porte. On ne pourrait pas vérifier l’appartement rapidement ? S’il vous plaît ?

    — Mademoiselle Constance, la porte était verrouillée, répondit l’agent en posant une main sur mon épaule.

    — Et alors ?

    — Il serait entré par effraction et aurait verrouillé derrière lui en sortant ? demanda-t-il d’un ton incrédule.

    Il était là. Je savais qu’il était là. Il était dans ce maudit appartement et me narguait.

    — Il pourrait être encore à l’intérieur. Ou il aurait pu sortir par la fenêtre…

    — Constance, dit l’agent en serrant mon épaule pour essayer de me calmer. Il n’y a pas de sortie de secours. Alors, à moins qu’il n’ait sauté par la fenêtre et atterri trois étages plus bas, il n’aurait pas pu sortir de cet appartement. Et monsieur l’aurait remarqué, si quelqu’un se trouvait chez lui.

    — Je l’ai vu ! Il était là ! dis-je en repoussant son bras. Il m’a suivie au théâtre et puis jusqu’ici.

    Les larmes se mirent à bouillonner dans mes yeux, tant j’étais frustrée. J’avais l’air d’une folle alors que je pensais être la femme la plus sensée au monde.

    L’agent remercia le locataire de l’appartement, puis me guida vers la cage d’escalier en me faisant la morale.

    — Parfois, le stress nous fait voir des choses qui ne sont pas réelles. Si vous avez des difficultés financières ou…

    — Je n’ai pas inventé cet homme ! sifflai-je, m’efforçant de rester calme pour ne pas crier sur les agents qui ne faisaient que leur boulot – j’avais beau être frustrée qu’ils ne me croient pas, je comprenais aussi pour quelle raison : je n’avais aucune preuve. Je vous en prie, vous devez me croire !

    Je joignis les mains et les posai contre mes lèvres dans un geste de prière silencieuse.

    Les deux agents échangèrent un regard.

    — Écoutez, je vais vous donner mon numéro privé. Appelez-moi si ça vous arrive à nouveau. Mais si vous m’appelez pour rien… je ne répondrai plus.

    Je ne dormis pas pendant deux jours.

    J’installai des caméras dans mon appartement et dans la rue. Comme ça, si ce fou furieux revenait me voir, j’aurais des preuves.

    Je n’avais pas rêvé.

    Je m’achetai un couteau, que j’emportai partout avec moi. Hors de question que j’utilise un spray anti-agression si ce connard s’approchait de moi.

    J’étais prête à lui planter mon couteau dans le cœur, même si ça devait m’envoyer en prison.

    Je préférais passer ma vie derrière les barreaux pour meurtre que laisser ce tordu me toucher.

    Je devais me produire sur scène vendredi soir, alors il fallait que j’arrive à dormir. Sinon, je risquais d’oublier les pas ou de rater mes enchaînements. J’envisageai de me faire remplacer mais, si je ne dansais pas, je ne serais pas payée. Et j’avais déjà dilapidé une bonne partie de mes économies pour acheter le système de surveillance.

    J’avais cependant le sentiment qu’il se passerait quelque chose ce soir.

    Je pouvais le sentir.

    Si je le revoyais, j’appellerais la police.

    Assise à ma coiffeuse, j’attendais que le spectacle commence. Dans le miroir, je vis mon visage cave et pâle. J’avais des cernes sous les yeux et mon apparence semblait avoir terni. Mes nuits d’insomnie étaient remplies d’angoisses et mes rares heures de sommeil pleines de cauchemars.

    Soudain, l’homme qui était venu poser des questions la semaine dernière me revint en mémoire.

    Il m’avait interrogée à propos d’une femme… et de sa fille.

    C’était une danseuse… Moi aussi, j’étais une danseuse.

    Cette femme avait disparu, et la police n’arrivait à rien.

    Je levai les yeux pour me contempler dans le miroir. L’incrédulité marquait mes traits. J’avais l’air chagriné et troublé, et chaque émotion sur mon visage témoignait d’une horrible histoire… était-ce une coïncidence ?

    Je devais retrouver l’homme à la photo.

    Qui était-il ?

    Comment s’appelait-il ? M’avait-il donné son nom ?

    Pourquoi n’avais-je pas posé plus de questions ?

    Je m’éloignai de ma coiffeuse pour aller trouver mon régisseur de spectacle.

    — Marc, tu te souviens du gars qui est venu poser des questions sur une femme et une fille disparues ?

    Marc dit quelque chose dans son casque, puis leva son micro.

    — Quoi ?

    — Le gars qui posait des questions sur sa fille disparue. Il était grand, blond, séduisant… est-ce que tu connais son nom ?

    Ma question parut le prendre de court.

    — Constance, tu réalises que le spectacle commence dans moins de deux minutes ? Est-ce qu’on peut en parler plus tard ?

    — Est-ce que tu connais son nom ou pas ? m’énervai-je. Réponds à la question, c’est tout.

    Il semblait que je l’avais vraiment agacé avec mon interrogatoire.

    — Constance, tu te sens d’attaque ou pas ? Dis-le-moi tout de suite, parce que je dois prévenir Lily d’enfiler ses ailes si elle doit prendre ta place. Les filles m’ont dit que tu étais un peu à côté de la plaque dernièrement.

    — Il y a un type qui me harcèle. Je ne suis pas à côté de la plaque, je suis juste terrifiée.

    Pourquoi ne me prenait-on pas au sérieux ? J’étais quelqu’un d’intelligent et de pragmatique, une personne respectée, mais, dès que j’exprimais de l’inquiétude, les gens me prenaient pour une détraquée.

    — Un type est venu poser des questions sur une femme disparue. Tu ne crois pas que c’est gros, comme coïncidence ?

    Il rabaissa son micro pour parler à l’équipe technique.

    — Jim, j’arrive dans une seconde, dit-il. Constance, on en parle plus tard, d’accord ? On a moins de trente secondes avant le début du spectacle. On pourra chercher ce gars et faire tout ce que tu veux mais, là, j’ai besoin de toi sur scène. Tu es d’attaque ?

    J’avais enfin ce que je voulais, alors je lâchai prise.

    — Je suis d’attaque, oui.

    Personne n’apparut pendant mon solo.

    Maintenant que Marc avait accepté de m’aider à retrouver cet homme, je me sentais moins terrifiée. Il me suffirait d’aller le voir, puis nous irions trouver la police, et alors, ils me prendraient au sérieux. Une danseuse de ballet et sa fille s’étaient volatilisées, et je risquais d’être la suivante si nous ne trouvions pas de solution.

    La musique s’interrompit à la fin du spectacle, et nous prîmes la pose en attendant les applaudissements. Je contemplai la foule de spectateurs avec un grand sourire, figée, ma poitrine comprimée à chaque fois que j’inspirais dans mon justaucorps serré.

    Juste avant la salve d’applaudissements, plusieurs hommes se levèrent au niveau des allées.

    Ils étaient tous habillés en noir.

    Ils se démarquaient du reste du public, qui était resté assis.

    En particulier parce qu’ils étaient coiffés de crânes de vache.

    Mon sourire s’évapora en même temps que ma pose.

    Ils avaient les bras le long des flancs, rigides et immobiles. Le public, concentré sur la scène, n’avait même pas remarqué la scène terrifiante qui se jouait parmi eux.

    Et l’homme au sourire malveillant se trouvait là aussi – en plein milieu de la salle.

    Le public se leva enfin et commença à applaudir et à siffler.

    Les hommes coiffés de crânes s’éloignèrent vers les sorties et disparurent avant que quiconque ne les remarque.

    L’homme du milieu resta à sa place, tout sourire, entouré du public qui applaudissait.

    Ses yeux fixés sur moi.

    Son sourire encore plus dément qu’avant.

    — Regardez ! Juste là ! m’écriai-je en pointant l’écran dans la salle de surveillance du théâtre. Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Venir au théâtre avec des crânes de vache avant de sortir en douce ? Vous voulez me faire croire que ce n’est pas complètement fou ?

    L’agent visionna l’enregistrement plusieurs fois d’affilée sans rien dire.

    — Vous me croyez, maintenant ? J’appelle ça des preuves, moi.

    Il regarda en silence les différents angles des caméras. Il n’y avait apparemment aucune vue satisfaisante montrant le visage du type au milieu de la salle.

    — J’aime pas avoir à vous dire ça, mais des types qui portent des crânes, ça ne nous avance pas beaucoup. Et celui du milieu… on ne peut malheureusement pas l’identifier.

    Il passa à un autre écran.

    — On n’a pas trouvé d’enregistrement de leur sortie du théâtre. Ils ont dû se glisser par l’arrière… où il n’y a pas de caméras.

    — Mais au moins, on me croit, maintenant.

    Je ne dramatisais pas. Je n’inventais pas des choses. Ce qui se passait était vraiment pétochant. Et j’étais clairement la

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