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Les Catacombes: Le Culte, #2
Les Catacombes: Le Culte, #2
Les Catacombes: Le Culte, #2
Livre électronique308 pages3 heuresLe Culte

Les Catacombes: Le Culte, #2

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À propos de ce livre électronique

Cet homme est le seul rempart qui me protège.

Le seul être qui donne un sens à ma vie.

Mais je sais que mon démon reviendra…

Je sais qu'il m'attend quelque part, dehors.

Et à moins que Benton l'élimine, je serai toujours en danger. 

LangueFrançais
ÉditeurHartwick Publishing
Date de sortie25 févr. 2022
ISBN9798201072155
Les Catacombes: Le Culte, #2
Auteur

Penelope Sky

A New York Times and USA Today bestselling author, Penelope Sky is known for her dark romance that makes you fall for her characters....no matter how dark they seem. Her books are being translated into several languages around the world, and she's sold more than a million books worldwide. She lives in a small town in California with her husband, where she spends most of her time writing on the back porch.

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    Aperçu du livre

    Les Catacombes - Penelope Sky

    UN

    Constance

    Le beurre grésillait dans la poêle tandis que je faisais cuire mes crêpes saupoudrées de cannelle – ma petite touche personnelle. Je fis un bond quand des gouttes de pluie de la taille de balles de golf frappèrent soudain contre le carreau de la fenêtre de la cuisine. Je fermai les yeux et poussai un soupir douloureux.

    — Le petit déjeuner est prêt ? demanda Claire de sa douce voix dans mon dos, tel un rayon de soleil dans cette tempête.

    — Presque.

    Je posai les yeux sur l’horloge du micro-ondes, en décomptant les minutes dans l’attente que Benton franchisse la porte.

    Claire se percha sur une chaise, à table, et commença à boire son jus d’orange.

    — Et si on allait à l’école en voiture, ce matin ? demandai-je en faisant glisser les crêpes sur une assiette.

    — J’aime bien la pluie.

    — Naturellement, gloussai-je.

    Au moment où je me retournais avec son assiette, la porte d’entrée s’ouvrit. Je m’arrêtai d’un coup en entendant ce bruit, le cœur dans la gorge, la main tremblante. Le soulagement ne viendrait pas tant que je n’aurais pas entendu sa voix ou vu son visage.

    Ses pas se firent plus lourds à mesure qu’il se rapprochait dans le couloir. Il apparut un instant plus tard, vêtu d’un tee-shirt gris à manches longues et d’un jean noir, ses yeux bleus fatigués après sa longue nuit passée à faire… ce qu’il faisait. Il croisa mon regard et lut mon expression comme s’il lisait des sous-titres sur un écran télévisé.

    Je poussai un soupir, qui dissipa mon anxiété, et tout mon corps se détendit. 

    Il était rentré à la maison.

    Il me dévisagea un long moment, comme s’il pouvait lire chaque pensée qui me traversait l’esprit, comme si j’étais transparente à ses yeux.

    Je repris mon chemin et posai l’assiette sur la table.

    Claire attrapa une crêpe roulée avec les mains et mordit dedans à pleine bouche.

    — Constance et moi, on va aller à l’école à pied, déclara-t-elle à son père, la bouche pleine.

    Il s’approcha pour poser un baiser sur son front.

    — Je ne veux pas que tu tombes malade avec ce temps pourri, chérie.

    — M’en fiche.

    Il lui frotta brièvement le crâne avant de me rejoindre dans la cuisine et de se préparer une tasse de café. Même s’il était fatigué et plus que prêt à se coucher, il ne pouvait résister à l’appel d’une tasse de café chaud avec son petit déjeuner. Il s’installa à côté de Claire et s’attaqua à l’assiette de crêpes, plongé dans ses pensées.

    Chaque fois qu’il s’absentait, le moindre bruit me faisait paniquer. Toute la nuit, je tendais l’oreille pour entendre le grincement de la porte, à attendre son retour, terrorisée à l’idée que ce puisse être un inconnu. À une autre époque, j’avais été très différente. Insouciante. Décontractée. Sans peur. Mais, à mon grand dam, j’étais devenue une véritable poule mouillée. J’avais ça en horreur. Le seul moment où je pouvais respirer normalement, c’était en présence de cet homme.

    Il me regardait en mangeant, les coudes sur la table, les cheveux légèrement humides de pluie. Ce regard, qui m’intimidait encore quelques semaines plus tôt, m’apportait à présent un réconfort immense. Il était la seule personne au monde qui pouvait me dévisager comme ça sans recevoir de remarque cinglante de ma part.

    — Tu veux nous accompagner ? demandai-je.

    Il glissa sa fourchette dans sa bouche, mâcha et hocha légèrement la tête.

    Je m’efforçais de ne pas lui donner l’impression que j’étais prête à tout pour avoir sa compagnie, mais c’était plus fort que moi. Je sentis s’échapper lentement la respiration que j’avais retenue.

    — Papa, on peut marcher jusqu’à l’école ?

    Son regard était si concentré sur mon visage qu’il n’entendit même pas la question. Ses pensées le consumaient, le noyaient à tel point qu’il était inconscient de tout ce qui l’entourait.

    Or, Claire était tout ce qui comptait pour lui. Alors… qu’est-ce qui aurait pu lui faire l’oublier, même une fraction de seconde ?

    Il ne me le dirait sans doute jamais, même si je lui posais la question.

    Benton gara son véhicule le long de l’aire de dépôt et fit le tour de la voiture sous l’averse pour ouvrir la portière arrière à Claire. Il déploya son parapluie rose et le tint au-dessus de sa tête pour l’empêcher de se mouiller. Il l’aida à enfiler son sac à dos, lui fit un bisou, puis lui souhaita une bonne journée.

    — Au revoir, papa, dit-elle avant de marcher vers la porte, en sautant délibérément dans les flaques d’eau avec ses bottes roses.

    Benton rentra dans la voiture et démarra avant que les parents derrière lui aient le temps de klaxonner. Nous reprîmes la route, les pneus éclaboussant les trottoirs à notre passage. Peu de piétons marchaient par ce temps, et ceux qui affrontaient les éléments étaient cachés sous de grands parapluies.

    Avant Benton, je n’avais jamais connu personne préférant communiquer en silence. Il parlait rarement, et je ne cherchais jamais à combler le vide, car ce n’était pas gênant avec lui.

    La radio était éteinte. Il roulait avec une main sur le volant. Comme si je n’étais pas là, il était dans sa bulle.

    — C’est bientôt Noël…, dis-je enfin.

    Il me lança un regard en coin.

    — Vous faites quelque chose de spécial pendant les vacances ?

    Il reposa les yeux sur la route et s’arrêta à un feu. Il mit le clignotant et garda une vitesse enclenchée, prêt à tourner à gauche dès que le feu passerait au vert.

    — Non.

    — Vous ne mettez même pas de sapin ?

    — Si, bien sûr, on met un sapin. Et elle demande des cadeaux au père Noël.

    — Elle croit au père Noël ? demandai-je, légèrement surprise qu’il autorise sa fille à croire à un conte de fées.

    — Oui, répondit-il en me regardant, comme s’il me défiait de le critiquer.

    — Très mignon.

    Il reposa les yeux sur la route, et je vis le feu rouge se refléter à leur surface.

    — C’est bientôt les vacances de fin d’année. Tu veux que j’aille chercher un sapin ?

    — Tu ne pourrais pas ramener un sapin de Noël à la maison toute seule.

    — Je suis bien plus capable que tu ne le crois.

    Le feu passa au vert, et il tourna dans notre rue.

    — On peut y aller tous ensemble quand Claire rentrera de l’école. Elle aime bien choisir elle-même le sapin.

    — Oh, très bonne idée !

    Il tourna dans la ruelle menant à l’arrière de l’immeuble et gara son Range Rover dans le garage. Nous entrâmes dans l’appartement pour nous abriter du déluge. Ses parquets chauffés étaient plus que douillets en hiver.

    Sa veste était trempée à cause de la pluie, et ses cheveux s’étaient légèrement aplatis. Mais il ne semblait jamais dérangé par le moindre inconfort physique, que ce soit quand il sortait en jogging et pieds nus dans la nuit froide pour débusquer un intrus ou quand sa fille allait à l’école sous la pluie.

    — Je vais aller dormir, annonça-t-il au moment où je demandais :

    — Comment s’est passée ta nuit ?

    Ma question sembla le surprendre, et ses yeux me percèrent comme des petites dagues.

    — Je ne veux pas fourrer mon nez dans tes affaires. Je veux juste… savoir comment tu vas.

    Il se tourna vers le couloir sans répondre à ma question.

    — Benton ?

    Il s’arrêta sans faire volte-face, son corps massif bloquant tout le couloir. Il tourna légèrement la tête, me montrant son profil, sa mâchoire carrée et les tendons dans son cou.

    — Je n’ai pas bien dormi cette nuit…

    Il me fit face et me déshabilla du regard, puis hocha subtilement la tête en direction de l’escalier.

    La pluie ne se calma pas.

    Je dormis pendant des heures à ses côtés et, lorsque je me réveillai, la pluie battait toujours aux fenêtres et rebondissait bruyamment sur les toits. Mes vêtements étaient éparpillés par terre, et je dormais en culotte et débardeur à côté de lui. Nous n’avions rien fait de sexuel, car il avait surtout voulu dormir.

    J’étais complètement réveillée à présent et je n’avais rien à faire pour m’occuper dans la maison. J’avais prévu des restes pour le dîner de ce soir, et la lessive était faite. Je n’avais pas de courses à faire, aussi je décidai de rester là, au chaud et en sécurité sous les draps confortables, à côté de cet homme.

    Quand il dormait, son visage était différent. Sa mâchoire n’était plus aussi rigide. Ses épaules n’étaient pas aussi raides, comme s’il se préparait à réagir à la moindre provocation. Il paraissait presque gentil.

    Deux heures plus tard, il commença à gigoter dans son sommeil et à changer de position. Il se tourna sur le flanc et se rapprocha de moi. Son bras s’accrocha instinctivement autour de ma taille.

    Je le laissai faire.

    Nos têtes étaient maintenant tout proches, sur le même oreiller, et je pouvais sentir son odeur musquée.

    J’observai ses pommettes hautes, sa mâchoire ciselée, ses épaules larges sous la couverture.

    J’avais du mal à croire que c’était là le même homme que celui que j’avais rencontré au théâtre, que notre relation était passée de cet interrogatoire à son lit. Nous étions tous deux affectés par l’épisode du campement, mais de manières différentes.

    Ses yeux s’ouvrirent et se concentrèrent immédiatement sur mon visage. Il lui fallut quelques secondes pour intégrer ce qu’il voyait. Il inspira profondément, ce qui dilata sa poitrine, et recula légèrement le bras pour poser la main sur ma hanche.

    La pluie continuait à tomber, encore plus forte qu’avant. Le tonnerre gronda dans le lointain, avant de se rapprocher, de plus en plus assourdissant. Les sons naturels de l’appartement ne me dérangeaient plus, soudain. Je ne bondis pas quand le chauffe-eau s’alluma, quand le changement de température fit grincer le parquet, quand la porte de la chambre de Claire se referma à cause d’un courant d’air. Cet homme m’apportait la paix – et j’étais accro.

    Au bout d’un long regard, il se retourna et glissa une main dans le tiroir de sa table de nuit.

    Je me débarrassai de ma culotte et l’abandonnai sur le lit, à mes pieds.

    Lorsqu’il fut prêt, il roula vers moi et hissa son corps massif au-dessus du mien, un bras passé derrière mon genou. Il n’y eut aucun préliminaire, pas même un baiser. Il plongea sa queue dans ma fente d’un seul coup de reins et gémit, puis se mit à aller et venir en moi, jusqu’à ce que le matelas rebondisse et que la tête de lit cogne contre le mur, à l’allure d’un cheval au galop.

    Je me raccrochai à lui et pris mon pied, les ongles enfoncés dans sa chair ferme, en gémissant de plaisir. L’union entre nos deux corps était délicieuse, ainsi que la sensation de sécurité qu’elle m’apportait. Je pouvais m’élever, mais avec bonheur cette fois.

    Je savais qu’il se fichait de tout et de tous à part de sa fille, mais il s’assurait toujours que je jouisse avant d’éjaculer. Chaque fois, mes orteils se recourbaient de plaisir, jusqu’à me donner des crampes, et mes parois se comprimaient autour de son membre au point de l’étrangler. Il me donnait toutes les raisons de griffer son dos jusqu’au sang, comme s’il appréciait la douleur.

    Il jouit à son tour, son regard dur braqué sur moi, son beau visage légèrement rougi de plaisir. Les muscles tendus se relâchèrent peu à peu, et il se retira avant d’aller se rincer. Il revint ensuite se coucher à côté de moi, un bras derrière la tête, les yeux posés sur la fenêtre, contre laquelle la pluie martelait toujours, derrière les rideaux.

    Je roulai sur le côté, si détendue que je ne voulais pas que ce moment se termine. Le stress s’était évacué de tous mes muscles, des parois de mes organes, de chaque cellule de mon corps.

    C’était comme si je n’avais jamais connu l’enfer.

    Il attrapa son téléphone sur la table de nuit et parcourut ses messages, avant de l’éteindre à nouveau. Il était nu, la couverture au niveau de sa taille, son poitrail aussi dur qu’une sculpture taillée au couteau. Il resta couché là, les yeux tournés vers le plafond.

    — Je pensais que la pluie se serait arrêtée, soupira-t-il.

    — On peut acheter le sapin demain. Je peux m’occuper de tes courses de Noël, si tu me donnes une liste.

    — Ce n’est pas facile de faire les courses avec Claire. Je finis toujours par lui acheter tout ce qu’elle veut.

    — J’avais remarqué, dis-je, tout sourire, en me couvrant l’épaule avec la couverture. Je n’avais jamais vu une petite fille avec autant de poneys en peluche… et de vrais poneys.

    — Avant sa naissance, je me suis juré de ne pas trop la gâter, me confia-t-il en posant les yeux sur la vitre avec nostalgie. Je voulais lui inculquer la discipline. Je ne voulais pas lui laisser croire aux princesses, au prince charmant et à toutes ces conneries qui n’existent pas.

    — J’y crois, moi, à ces conneries…

    — Comment peux-tu ? demanda-t-il d’un air sévère en reposant les yeux sur moi. Tu as vu comment était le monde réel. Les cauchemars. Les monstres. Le mal.

    — Eh bien, Claire me fait penser à une vraie princesse.

    Un éclair de tendresse traversa son regard.

    — Et tu es son prince charmant, qui est venu la sauver. Alors, oui, je crois à ces choses.

    Il se ferma à nouveau, dressant des murs invisibles autour de son esprit et de son corps.

    — Est-ce que tu as toujours tes parents ? demandai-je.

    — Non.

    — Navrée de l’entendre.

    Il garda les yeux braqués sur le plafond, comme s’il voyait autre chose qu’un simple mur.

    — Comment s’est passée ta nuit ?

    — Tu m’as déjà posé cette question.

    — Je pensais que tu étais trop crevé pour répondre.

    — Non.

    — Je ne veux pas me mêler…

    — Je n’aime pas les confidences sur l’oreiller, me coupa-t-il en se hissant sur un coude pour se tourner vers moi, le regard féroce. Tu veux que je te baise pour que tu te sentes mieux ? Ça ne me pose aucun problème. Mais je ne veux pas de toutes les autres choses, compris ?

    Je me figeai face à son emportement, et le voile de calme se brisa en moi.

    Il repoussa la couverture et se redressa, les jambes au bord du matelas, son dos puissant tourné vers moi. Il inspira lentement et profondément, ses yeux braqués sur les rideaux. Sur sa table de nuit se trouvait un verre de scotch presque vide, ainsi qu’un pistolet, qu’il avait tiré de l’arrière de son jean avant de se coucher.

    — Ce ne sont pas des confidences sur l’oreiller, Benton, dis-je en m’asseyant à mon tour contre la tête de lit, complètement refroidie par son humeur. Ça s’appelle être amical… même s’il est clair que tu ne sais pas ce que c’est.

    DEUX

    Benton

    — J’aime bien celui-là, papa, dit Claire.

    L’horrible pluie s’était enfin calmée, mais les rues et les lampadaires se reflétaient sur les trottoirs détrempés comme sur des miroirs. Les bottes roses de Claire atterrirent dans une flaque, et elle éclaboussa le sol jusqu’au sapin qui avait retenu son attention.

    Je le détaillai du regard. Il était trapu et à moitié brun, ses branches mortes ayant déjà perdu des aiguilles. Il était offert à moitié prix, ce qui était encore bien trop cher pour un sapin si misérable.

    Constance s’approcha, vêtue d’un caban gris, qu’elle avait rehaussé d’un collier en or et de gants en cuir noir.

    — Il est… sympa, gloussa-t-elle en observant Claire, les bras pliés sur la poitrine.

    — Choisis-en un autre, Claire, dis-je en fusillant du regard cet arbre mort et trop cher.

    — Mais c’est celui que je veux…

    — J’ai dit non.

    Je lui adressai un regard noir, lui intimant de ne pas me défier en public. J’avais rarement dû la punir quand elle était enfant, et il ne m’était arrivé de lui donner la fessée qu’une fois ou deux, pour lui inculquer l’obéissance. Elle était trop grande pour ça à présent, même si je n’aurais pas hésité à la mettre au coin.

    Elle donna un coup de pied dans un caillou et passa au sapin suivant.

    Constance la regarda s’éloigner avant de poser ses yeux verts, emplis d’intelligence, sur moi, me transperçant tel un glaive. Jamais elle ne me regardait en se pâmant comme les autres femmes, comme si elle voulait planter ses griffes dans ma chair et ne jamais plus me lâcher. Elle me réservait un regard très différent des autres. Je ne pouvais l’expliquer.

    Au bout d’un long moment, elle emboîta le pas de Claire.

    — J’aime bien celui-là, lui dit-elle. J’adore l’odeur des aiguilles à cette époque de l’année.

    — Ouais…, murmura Claire, qui tira sur une branche et la regarda rebondir, en projetant des gouttes dans toutes les directions.

    — On peut prendre celui-là, si tu veux, insista Constance.

    — Ouais, bof…

    Constance glissa les mains dans les poches de sa veste en se tournant vers ma fille.

    — Pourquoi voulais-tu prendre le premier sapin ?

    — Parce que personne d’autre ne va l’acheter.

    Ma fille avait un grand cœur ; elle aurait accueilli à bras ouverts tous les cas sociaux qui se seraient présentés à notre porte. Chaque fois qu’elle voyait un animal à la rue, elle voulait le garder, mais je n’étais pas en mesure d’élever ma fille et de m’occuper de bestioles en plus, alors je m’échinais à leur trouver un foyer et je l’écoutais pleurer chaque fois que je les cédais.

    — Mais si on ne prend pas celui-ci, peut-être que personne d’autre ne le choisira non plus, dit Constance en observant Claire.

    — Il me fait de la peine, dit celle-ci en haussant une épaule.

    Constance sourit avant de passer les bras autour des épaules de ma fille et de lui adresser un regard d’affection sincère. Son amour était incontestable. Je ne me souvenais pas d’une seule fois où j’avais vu Béatrice regarder sa propre fille avec tant d’émotion.

    — Oh ma puce, c’est si adorable, dit-elle en frottant ses bras tout en l’enlaçant. Qu’est-ce que tu dis de ça ? On peut prendre ce beau sapin de Douglas pour le mettre à côté de la cheminée dans le salon et mettre l’autre dans ta chambre ?

    Quand Claire leva les yeux vers elle, je vis un véritable feu d’artifice en jaillir.

    — On peut vraiment ?

    — Ce sera mon cadeau de Noël pour toi, répondit Constance en lui faisant un bisou sur le front.

    — Merci, Constance, dit Claire en la serrant, avant de courir vers l’arbre pitoyable qui aurait eu davantage sa place dans un broyeur.

    Constance la regarda partir en souriant avant de se retourner vers moi. Son sourire se dissipa. Son regard s’affermit, comme si elle s’attendait à ce que je la défie.

    Je n’en fis rien.

    Je portai le grand sapin à l’intérieur et le plaçai à gauche de la cheminée. Il restait à peine quinze centimètres sous le plafond, juste assez de place pour que Claire y place un ange quand nous mettrions les décorations.

    L’autre sapin trouva sa place près de la porte de la chambre de Claire, laissant dans son sillage une traînée d’aiguilles défraîchies. Il ne passerait pas la semaine avant de devenir un squelette de branches mortes.

    Mais

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