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D'où Leurres et minuties
D'où Leurres et minuties
D'où Leurres et minuties
Livre électronique243 pages3 heures

D'où Leurres et minuties

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À propos de ce livre électronique

L'auteur nous livre son histoire autobiographique, depuis ses premières années auprès de sa jumelle jusqu'à sa compromission avec une puissante secte internationale. Il le fait avec une impudeur nuancée par détours et dérisions. "D'où leurres et minuties", c'est surtout un manifeste de comment il semble à l'auteur que l'on se doit de vivre, avec l'amour comme loi suprême pouvant transcender la dégénérescence sociétale contemporaine. Un manifeste qui, comme toute prétention de ce type, se prend rapidement les pieds dans le tapis d'une vie dont le sens nous échappe et qui n'en fera toujours qu'à sa tête.
LangueFrançais
Date de sortie30 mai 2014
ISBN9791029000393
D'où Leurres et minuties

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    D'où Leurres et minuties - Alban Bourdy

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    D’où Leurres et Minuties

    Alban Bourdy

    D’où Leurres et Minuties

    Roman

    Les Éditions Chapitre.com

    123, boulevard de Grenelle 75015 Paris

    À tous ceux qui n’obéissent qu’à la Loi d’Amour.

    Le bonjour chez François Valéry et Didier Barbelivien !

    © Les Éditions Chapitre.com, 2014

    ISBN : 979-10-290-0039-3

    Prologue

    La Méditerranée est en fureur ce soir-là. Une fureur comme il n’en arrive à ce grand lac salé qu’une fois tous les cinq, six ans. Les vagues giclent sur les falaises du cap d’Antibes. Le jour jette ses derniers feux, ne semblant pas disposer à mettre plus longtemps en lumière cette démonstration pourtant rarissime.

    La Lambada se fait entendre au loin. Un transistor abandonné sur la plage et le lot d’intrigues qu’il peut laisser supposer. Le tube de cet été finissant est également relayé par toutes les cannettes d’Orangina gisant sur le littoral, qui, entraînées par le déferlement improbable des vagues, se retrouvent à nager en s’entrechoquant avec leurs consœurs Américaines.

    Le ciel est lourd. La pluie s’abat soudainement, dense, violente. C’est juste à ce moment-là que se pointe une Porsche blanche, filant silencieusement à travers la bruyante averse qui frappe les éléments desséchés par la longue belle saison. Dans cette Porsche se trouve un ministre, lèvres pincées, visage aussi impassible que celui de son chauffeur. Sur la banquette arrière, à droite du membre du gouvernement Rocardien, la vie s’exprime dans toute son innocence. Incongruence dans cet espace feutré déshumanisé.

    Le luxueux cabriolet stoppe au portail d’une demeure fleurie perchée sur les falaises surmontant la mer. Le chauffeur en descend, déleste le véhicule de son double souffle de vie aux pieds d’une femme brune quinquagénaire au chignon strict, qui demeure immobile sur le perron. Le visage ce celle-ci essaye de garder l’aspect le plus inexpressif possible, bien qu’un émoi lui monte à la tête. Émoi qui, puisque refoulé, jaillira de façon encore plus violente une fois la Porsche hors de vue.

    GINOU, LANGUE DE CAOUTCHOUC

    À l’aube de l’année 2014, à l’heure où il est devenu un sport national de cracher dans la soupe tout en bottant systématiquement en touche au sujet des responsabilités qu’il nous incombe, apparaît dans le très sérieux magazine mensuel « La Virgule » une bien drôle de chronique, « La Chronique de Ginou, la langue de caoutchouc ». Une chronique qui défraie la… chronique (celle-ci avait-elle donc une note de frais ?). Une rubrique bien mystérieuse puisque son auteur se livre assez intimement mais que personne ne dispose d’aucune information sur celui-ci. D’après ce qu’il dit, il semble être un homme plutôt jeune, mais beaucoup pensent que c’est un leurre, un personnage composé à vocation satirique. Certains paranoïaques s’accordent même à y voir un ou une auteur (e) d’un âge avancé au profil totalement opposé à celui qu’il décrit pour mieux s’en gausser. Les journalistes ont beau se livrer à de minutieuses enquêtes, rien n’a filtré, à tel point que certains en ont émis l’hypothèse qu’il s’agisse d’un édito en réalité écrit par le rédacteur en chef de « La Virgule » lui-même. On a aussi évoqué un auteur qui vivrait de façon totalement anonyme et dont personne, même son employeur, n’aurait connaissance de l’identité. La chronique de Ginou a dopé les ventes du mensuel qui, comme toute la presse écrite à l’heure qu’il est, s’inquiétait de sa survie. « Ginou » doit sûrement plus son extraordinaire popularité à ceux qui lui témoignent de l’hostilité qu’à ceux qui assument apprécier ses écrits. Les commentaires indignés ou méprisants et les critiques à son endroit occupent l’espace médiatique. Outre les psychanalystes et tous ceux qui se nourrissent des mystères et des enquêtes à sensation, ce sont les polémistes de tous bords qui en font leurs choux gras. Qu’on aime les aimer ou qu’on aime les détester, ces quelques lignes mensuelles laissent peu indifférent. Et comme il en va de soi, le secret et le caché excitent le désir.

    Ces chroniques sont toujours précédées de cette présentation : « En antidote à l’omniprésente et épuisante langue de bois, testez la langue de caoutchouc de Ginou. »

    1

    Récréation

    Dolores se retrouve enfin seule, enfin à l’air libre. Elle n’en peut plus. Elle aimerait se mettre à courir dans la rue en hurlant et en bondissant. Elle sait pourtant qu’elle n’est pas encore tout à fait libérée, il se peut que quelqu’un la regarde. À cette pensée, elle aimerait adresser des doigts, des bras d’honneur et des tirages de langue dans toutes les directions. Et puis ce tailleur serré, ces chaussures à talons, elle en a marre. Le rouge lui monte aux joues, elle se sent étouffée, elle aimerait se mettre topless et surtout courir nu-pieds sur cette asphalte chaude sans être bouillante en cette belle journée d’octobre aux accents d’été indien. Elle sait qu’il lui faut faire quelque chose incarnant une entorse aux conventions pour y canaliser sa rage et son ras-le-bol. Elle fouille dans son sac à main Gucci dernier modèle, y trouve un paquet de clopes. Non, c’est trop « politiquement incorrect », peut-être même encore plus moralement préjudiciable que le striptease sur voie publique. Elle cherche encore et trouve sous son ipad un Snickers. Pour une jeune femme de la haute société exemplaire sous tous rapports, ce type de nourriture est tout à fait inconvenante. Elle sort donc de son sac la barre chocolatée aux cacahuètes par laquelle les gens de sa génération ont découvert le mythique (I Can’t Get No) Satisfaction des Rolling Stones. L’afflux à ses papilles de la saveur affectionnée depuis l’enfance la requinque et la reconnecte à des perceptions réconfortantes profondément ancrées en elle. La petite fille qu’elle n’a jamais cessé d’être se réanime, loin de cette demoiselle modèle, glaciale quoique sexy, qu’elle était il y a quelques instants dans cette réunion de puissants. La bouche pleine, elle fredonne le refrain des pierres qui roulent puis se met à hurler à pleine voix un guttural « Radastakakaya ! ».

    Elle songe aux années 80-90 dont elle était issue : l’enthousiasme d’une gauche enfin au pouvoir, la découverte de la culture hip-hop, la consécration d’un phénomène artistique aussi euphorisant et universel que Michael Jackson… Est-ce qu’en ce temps-là, on se faisait autant chier dans le gratin de la société ? Il semblerait que oui et même plus, on se serait déridés depuis lors…  Mon Dieu, elle n’ose même pas songer à ce que cela devait être. Mais ces années-là devaient encore avoir du rêve en leur sève, de l’espace restait à découvrir. Ok, on est moins austères maintenant, mais plus désespérés. Et puis, c’est aussi peut-être l’effet de la victoire de François Hollande qui a mis une chape de plomb. La victoire de l’absence de fantaisie, du mollisme, du mi-figue mi-raisin, du gris, de l’ennui. Elle se met à sourire en enfournant la dernière bouchée de sa gourmandise. Hollande cache quand même bien son jeu, il réussit à faire naître des sentiments forts : Valérie et Ségolène s’étripent, une grande artiste comme Julie Gayet s’éprend peut-être et une grande frange de la population le hait. Des sentiments bien passionnels pour un homme qui, à première vue, ne semble pas disposé à susciter la moindre passion pour sa personne. Il faut se méfier de l’eau qui dort, de l’attraction des contraires et de la loi d’absurdité qui est souvent à l’œuvre dans le monde. La jeune femme s’assoit sur un banc en maudissant la jupe beige trop serrée de son tailleur Yves Saint-Laurent. Elle qui aime les vêtements amples pour sentir sa peau respirer et être libre de sa gestuelle. Elle qui bannit au maximum toute couture trop près de la peau, tout ce qui resserre, tout ce qui tient prisonnier. C’est une femme qui pense n’avoir jamais rien rencontré dans sa vie qu’elle n’ait déformé à sa guise. Elle n’entend pas s’adapter au monde, mais que celui-ci s’adapte à elle. Et pour l’heure, tout fonctionne selon ses plans.

    Dolores vient d’avoir trente-trois ans (l’âge christique, lui avait dit une amie chanteuse le jour de son anniversaire). Elle est bien brune, les cheveux mi-longs, un nez de fouine, des yeux à la fois très noirs et très lumineux, des formes généreuses, deux grosses quenottes de lapin lui mangeant une bouche pulpeuse, la peau cuivrée. Elle sait glisser avec excellence différents masques sur son visage. Pour l’heure, assise sur son banc, elle incarne le danger à la manière d’un personnage féminin de polar. Le genre qui fait se détourner le regard de tous les hommes trop sages (et la hardiesse n’est pas masculine, c’est bien connu), quand ceux qui osent lui faire face deviennent vite de stupides pantins. Elle a l’air trop belle et trop intelligente pour être honnête. Le monde semble à sa botte.

    GINOU, LANGUE DE CAOUTCHOUC : CHRONIQUE N°1

    Pour une première chronique, il me semble de bon ton d’utiliser un regard neuf, de poser un regard émerveillé sur la vie qui prend forme, d’avoir la pureté et l’acuité de qui n’est pas encore corrompu et donc si légitime de parler comme le sont seuls ceux qui n’ont jamais rien appris.

    Quand j’avais cinq-six ans, toutes les paroles et les activités des adultes me semblaient horriblement ennuyantes, sombres et incompréhensibles. Je n’y voyais aucune trace de toute cette intelligence cérébrale dont je me gavais avec boulimie. Je n’y voyais rien d’amusant, rien qui ne se justifiait, rien qui ne retenait l’attention, c’était comme un livre tellement sans intérêt qu’il tombait des mains à la première page. Je ne voyais également nullement la sagesse qu’ils prétendaient avoir dans leur comportement, rien que de la soumission, de la cupidité. Des êtres mornes, écrasés par des considérations absurdes. Mais je dois préciser que si j’avais cette vue-là sur le monde des adultes, j’avais au préalable une vision bien plus abasourdie de celui des enfants : des jeux idiots, des chamailleries débiles, aucune marque d’esprit. Surtout chez les garçons, les filles arrivaient à me fasciner même si elles étaient décevantes quand on creusait. Mais je sentais de tels sentiments en moi pour elles, de telles passions pour leur être que j’étais sûr que, si je savais bien m’y prendre, je pourrais initier un monde meilleur, un monde digne d’intérêt. Je ne sais pas à l’heure d’aujourd’hui de déchanter sur ce point ou non. Des fois, je me surprends à voir encore le monde avec ces yeux-là, des gens qui ont des préoccupations et des jugements que je ne comprends pas, des gens qui vivent sous entraves et qui s’emmerdent et qui passent à côté de la vie. Les discours me semblent inaudibles, dépourvus d’âme et de sens, on se fait chier. Mais putain, de quoi vous parlez ? Où sont vos sentiments, où est votre plaisir, où est votre joie, où est votre désir, où est votre créativité ? Si l’on passe son temps à protéger ce que l’on croit posséder, alors on le perd, on n’est plus que le défenseur d’un coffre vide. Le phénomène est très curieux lorsqu’observé selon le baromètre du phénomène érectile. Le monde tel qu’il est est fondamentalement débandant, et les gens semblent s’exciter justement de mettre à mal à la faveur de fenêtres thérapeutiques cette construction austère qu’est la société. Tout est peut-être basé sur les règles d’un jeu sexuel que je ne serais pas assez pervers pour comprendre. Un goût du morbide qui se nourrit d’entretenir quelque chose à haïr et à violenter quand l’occasion se présente, le plaisir devient issu d’une pulsion destructrice quand il devrait être issu d’un élan généreux et fertile. Vouloir préparer l’avenir, c’est tuer le présent pour une chimère. Vous pouvez toujours vous assurer, préparer vos arrières, votre vie est fragile, celle de la planète sur laquelle vous vivez est menacée et votre futur n’est qu’une probabilité. Et même cette probabilité ne verra sans doute pas le jour sous les critères du présent, alors… ce qui fera votre bonheur alors, vous ne pouvez le prétendre.

    2

    Fleurs sous cloche

    Les soirées d’André Zimbeller sont parmi les plus prisées et les plus sélects de Paris. Zimbeller est un artiste lugubre et morbide qui officie en littérature, en peinture, en art plastique, en théâtre ou encore en cinéma. Une sorte de Nick Cave français, en plus populaire mais dépourvu du talent et de la sublime voix de crooner de l’Australien, ce qui ne l’empêche pas d’avoir fait des disques en tant que chanteur à la manière d’un Michel Houellebecq. André est un homme frêle et décharné aux cheveux noir corbeau et à la peau diaphane, ridée avant l’heure, à travers laquelle on voit ses veines saillantes. Dire qu’il ne respire pas la bonne santé serait un doux euphémisme. Alignant cigarettes sur cigarettes, il tremble comme une feuille et fait facilement une quinzaine d’années de plus que son âge (tout juste une petite quarantaine). Cet aspect de mort-vivant, Zimbeller en joue encore plus que le couple mythique Hardy-Dutronc. On l’appelle fréquemment dans la presse ou dans les conversations mondaines le « pape du dépressionisme ». Personne ne saurait dire si ce titre est autoproclamé ou bien s’il s’agissait à la base d’un mot journalistique que l’on pourrait penser ironiquement satirique. André est en tout cas fier d’être pape de quelque chose, et particulièrement de ce mot qui revêt une impression de véritable courant philosophique et culturel dont il serait l’initiateur. Ce mot qui serait le nom de baptême de sa création et qui l’intronise comme égal de son illustre aîné homonyme de titre et de prénom (André Breton). Une supercherie dans le sens où Zimbeller n’a jamais rien fait d’inédit, il pousse tout au mieux juste un petit peu plus le bouchon qu’un autre. Cela fait longtemps que l’on glorifie les cyniques, les torturés, les névrosés, les maniaco-dépressifs. Depuis le hard-rock et le mouvement punk, on a réussi à faire adopter à la population internationale cette échelle de valeurs inversée qui réussit inexplicablement à coexister avec l’autre sans trop de heurts.

    Comme d’autres le feraient de l’épicurisme ou de la méthode Coué, André prône fièrement et avec un aplomb étayé la dépression amère comme l’art de vivre suprême.

    Ce soir-là, dans son fort spacieux loft du Marais, on trouve beaucoup d’inconnus et parmi eux d’inattendus jeunes à casquettes qui donneraient des boutons à Éric Zemmour ou Laurent Gerra et des sueurs froides à Alain Finkielkraut. Comme d’habitude, l’éclairage n’est pas suffisant pour toujours bien distinguer ce que l’on mange ou la tête de son interlocuteur même lorsque celui-ci a sa langue dans notre palais. Le ténébreux dandy destroy n’éclaire le théâtre de ses réunions cosmopolites que de bougies noires en nombre limité. Il va jusqu’à couper le disjoncteur pour que personne ne puisse avoir l’idée blasphématoire d’allumer la lumière, le disc-jockey doit venir avec son groupe électrogène. Zimbeller est ce soir, comme à l’accoutumée, débraillé, mal rasé et tout de noir vêtu.

    La « fête » a débuté il y a bientôt deux heures quand on sonne à la porte. La majorité des convives se retourne, perplexe, dans l’expectative. Qui cela peut-il bien être ? Il ne peut pas s’agir d’invités, personne n’aurait l’impolitesse de débarquer chez Zimbeller avec pratiquement deux heures de retard. Le malaise est palpable, certains sont vraiment agités comme si se profilait un danger, qu’ils allaient être pris la main dans le sac…  Il faut dire que le dépressionnisme érigé par l’hôte du soir n’est pas exempt de paranoïa. André quitte vivement ses divagations éthérées et se dirige vers l’entrée du loft. Il fait discrètement au passage une chose insolite, écraser sa cigarette dans une coupe sale, puis demande à une comédienne se tenant près de la porte de décrocher l’interphone et d’actionner le bouton d’ouverture de la grille extérieure. Celle-ci, ne portant en plus pas de lunettes par coquetterie, a bien du mal à trouver le bouton en question dans la pénombre. Honteuse, elle n’ose avouer sa problématique. Apparaître comme miraude, gauche ou cruche devant Zimbeller, c’est le suicide mondain. Elle commence à trembler et transpirer, ce qui ne l’aide pas, elle maudit ces nouveaux designs où tout est si petit, autrefois il y aurait eu un gros bouton clair et net en évidence à côté du combiné…  Un des rares footballeurs Français du Paris-Saint-Germain lui vient en aide et trouve le bouton en s’écriant :

    – Ils devraient y mettre une lumière rouge. Il est tellement petit qu’il est presque indécelable.

    Zimbeller se racle la gorge :

    – Heureusement que vous ne travaillez pas dans cette branche, mon vieux. Parce que coller une lumière rouge qu’on ne peut arrêter et qui nous pollue l’espace…  Bien merci !

    Embarrassée, la star du ballon rond enchaîne en baissant quelque peu le regard (en son for intérieur, galant, il est heureux que l’embarras ait été détourné de la comédienne à sa personne) :

    – J’ai dit rouge comme ça, sans réfléchir. C’est sûr qu’elle pourrait être verte, c’est moins agressif.

    – Un footballeur qui dit ça ! Alors que vous chialez tout le temps d’être pointés par les supporters adverses avec des rayons lasers de couleur verte… 

    – Ah oui ! Mais une lumière dans l’œil, peu importe la couleur, c’est gênant et dangereux.

    – Je ne vous le fais pas dire. Et il semble évident que s’il y avait une lumière verte ici, il y aurait des endroits où je pourrais me retrouver placé où, précisément, cette lumière serait pointé dans mon œil.

    La porte s’ouvre et met fin, à point nommé pour le joueur de Nasser El-Khelaïfi, au calvaire de ce délicat échange sans issue. Toutes les têtes sont tournées vers l’arrivant, les nuques de ceux qui ne sont pas idéalement placés menacent de se briser tellement elles sont fébrilement penchées. L’arrivant est un homme d’une trentaine d’années qui donne l’impression improbable de pénétrer en terrain conquis. Les convives sont bouche-bée, d’autant que ce n’est pas un visage connu, ou alors de très peu d’entre eux. L’homme se paye même le luxe impensable de donner son manteau à Zimbeller en personne pour qu’il aille le porter au vestiaire. Le dandy apocalyptique souffre de l’humiliation publique mais ne témoigne aucune protestation et

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