Cœur@Coeur: Ou La preuve
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Aperçu du livre
Cœur@Coeur - Clémentine Séverin
Cœur@Cœur
Clémentine Séverin
Cœur@Cœur
Ou La preuve
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur
Sans visage et sans nom
Atelier de Presse, 2007 (épuisé)
La Convocation
Éditions l’Harmattan, 2009
Sombres miroirs,
Éditions La plume noire, 2010
Le Fauteuil vide,
Éditions Mon Petit Éditeur, 2010
Justin le petit malin,
Éditions Mon Petit Éditeur, 2010
Relais Mortels
Éditions Mon Petit Éditeur, 2011
Paris, un soir de pluie
Éditions du Net, 2011
La photo sur le bureau
Éditions Mon Petit Éditeur, 2013
À Contre-courant
Clémentine Séverin et Béatrice Legendre
Éditions Mon Petit Éditeur, 2014
© Les Éditions du Net, 2017
ISBN : 978-2-312-05008-9
De : camille.arnaud@live.com
À : jacques.adriel-diocese@gmail.com
Date : 15 novembre 22:52
Monsieur le diacre,
Je vous remercie pour votre accueil très chaleureux de mardi dernier.
Par expérience, je sais qu’un effondrement en entraîne un autre. À plus ou moins long terme, peuvent nous guetter la maladie ou le suicide.
Je vous remercie également d’avoir répondu à ma demande de paix en me disant bien sincèrement : « Ici, c’est votre maison ».
Il est évident que se déroule au fond de moi une grande bataille. Pourtant, je n’aspire qu’à la paix. Je suis convaincue que l’Église sera ma dernière solution, ma dernière chance. Je pourrai y découvrir la paix et la réconciliation.
D’ailleurs, une chaleur surnaturelle m’a entourée et réchauffée pendant l’entretien. Je l’ai notamment ressentie tout le long du trajet en rentrant chez moi. Je n’ai plus froid. La neige n’aura pas d’emprise sur moi même si elle a envahi Paris et sa banlieue. Il neige depuis hier soir. L’hiver est précoce.
Peut-être, y a-t-il d’autres raisons à ce temps incertain et neigeux. Je n’aime pas la neige. Et pourtant, je sais que, plus jamais, je n’aurai froid.
Je reviendrai vous voir la semaine prochaine ou dans quinze jours, selon le temps.
Je vous prie d’accepter mes remerciements les plus sincères.
Camille Arnaud.
De : jacques.adriel-diocese@gmail.com
À : camille.arnaud@live.com
Date : 18 novembre 22:15
Chère Madame,
Je vous remercie pour votre courrier : le message qu’il renferme est très positif. N’hésitez pas à revenir à l’église quand vous le souhaitez. Celle-ci a quelque chose de particulier et d’apaisant, comme vous l’avez très bien ressenti.
Moi aussi, j’aimerais que vous découvriez la paix en vous. C’est là un objectif noble, encore plus de nos jours.
Sachez que je serai toujours à votre disposition lors de mes permanences d’écoute.
Elles se déroulent tous les mardis à l’église de 15 heures 30 à 18 heures 30. Je peux vous recevoir notamment sur rendez-vous et répondre aux messages électroniques si cela peut vous permettre de surmonter votre chagrin.
Vous avez, par ailleurs, la possibilité de rendre visite aux autres religieux qu’ils soient prêtres ou diacres comme je le suis. Ils tiennent la permanence en semaine aux mêmes horaires. Le dimanche par contre, comme vous devez vous en douter, personne n’assure de permanence d’écoute.
Croyez en l’assurance de ma considération la plus sincère.
Jack Adriel,
Diacre.
De : camille.arnaud@live.com
À : jacques.adriel-diocese@gmail.com
Date : 2 décembre 21:15
Cher Monsieur,
Je pense qu’écrire à l’intérieur de l’église me permettrait de maintenir un lien avec l’au-delà. Cela éviterait qu’une partie de moi ne soit engloutie dans un puits sans fond par l’effondrement dont je souffre.
Un effondrement provoqué par la colère injustifiée du psychiatre psychanalyste. Cette colère a mis fin définitivement à l’analyse. Je ne reviendrai jamais vers lui. Je préfère mourir que de revenir vers lui. Je me dis parfois que revenir vers lui ce serait mourir, mais ne pas revenir ce sera mourir aussi…
L’église serait le lieu propice pour écrire en dehors de mon domicile. Je cherche ce lieu depuis plus d’un an. J’ai essayé d’écrire à l’institution où je travaille durant les pauses, mais à chaque fois, je suis dérangée, ou bien le matin de bonne heure avant l’ouverture des portes. J’ai trop froid et le marbre me fait penser à une pierre tombale. J’ai réessayé d’écrire au café comme je le faisais autrefois quand j’étais étudiante en service social, mais je ne m’y sens pas à l’aise. Je pourrais retenter l’expérience dans un parc à côté de chez moi comme lors de la dernière analyse. Je ne peux pas prendre le risque de rencontrer ceux qui n’ont pas forcément agi en toute honnêteté à mon égard. La peur est plus forte que la raison. Ce n’est plus un deuxième chez-moi. C’est cela, je cherche un second chez-moi qui aurait une fonction spirituelle. Tous mes essais jusqu’à maintenant ont abouti à un échec.
Je vous remercie de votre compréhension.
Bien sincèrement,
Camille Arnaud.
De : jacques.adriel-diocese@gmail.com
À : camille.arnaud@live.com
Date : 10 décembre 16:35
Chère Madame,
Je vous remercie de votre message daté de la semaine du 2 décembre dernier, ainsi que de la confiance que vous m’accordez. J’ai dû partir en province et je n’ai pas eu accès à la messagerie de l’église, contrairement à ce que je pensais. Je m’en excuse auprès de vous.
Les solutions pour surmonter votre peine me paraissent d’une grande sagesse. Comme vous me l’avez dit lors de notre entretien : l’acte d’écrire est relié à l’au-delà.
Je vous confirme que l’église sera toujours votre maison et nous serons heureux de vous y accueillir même pour écrire.
J’ai oublié de vous signaler que j’ai trouvé une écharpe à la permanence d’écoute ; il me semble qu’elle vous appartient. Vous pouvez venir la chercher quand vous le souhaitez.
Il suffira de la demander à l’hôtesse d’accueil qui est de permanence dans le narthex. Elle me préviendra de votre arrivée et je viendrai vous remettre votre bien.
Dans cette attente,
Croyez en ma plus sincère considération.
Jack Adriel.
De : camille.arnaud@live.com
À : jacques.adriel-diocese@gmail.com
Date : 15 décembre 23:10
Cher Monsieur,
Je vous remercie de m’avoir informée que j’avais oublié mon écharpe à la permanence d’écoute. Il paraît que lorsque nous oublions un objet quelque part, c’est parce que nous y étions bien et que nous avions envie d’y revenir. Un acte manqué qui parle de lui-même !
Je passerai, dès que la neige aura cessé ses caprices en s’amoncelant sur Paris et sa banlieue. Dans cette attente, je m’engage à vous écrire régulièrement. De vous écrire me permettra de vous exposer l’évolution de ma relation avec l’au-delà et les découvertes que je ferai en relisant mes journaux.
Je peux analyser des étapes de ma vie selon une approche psychanalytique. Mais je n’ai jamais analysé les faits surnaturels qui ont marqué ma vie à fortiori ces dernières années. J’ai peur de les oublier.
Votre statut de diacre et psychologue psychanalyste m’inspire confiance. Oui, c’est cela, j’ai entièrement confiance en vous, et je vous promets de revenir, dès que le temps me le permettra.
Bien sincèrement,
Camille Arnaud.
De : jacques.adriel-diocese@gmail.com
À : camille.arnaud@live.com
Date : 21 décembre 23:50
Chère Madame,
J’ai été très heureux de vous revoir. Je m’aperçois que vous allez un peu mieux, comme vous me l’avez précisé.
Je suis certain que vous allez obtenir rapidement la consolation dans notre église : votre maison spirituelle. Vous en avez franchi la porte.
C’est le début d’une nouvelle expérience pour vous. Je suis convaincu que vous n’en serez pas déçue. Votre sensibilité sera un atout pour continuer à avancer.
J’ai bien compris que vous souffrez d’un effondrement dû à la violence d’une fin de psychanalyse. Vous avez raison. Il ne faut pas que mon statut de psychologue-psychanalyste soit un obstacle entre vous et moi et que cela perturbe nos échanges. Vous pouvez continuer à m’écrire et à venir à ma permanence d’écoute. Les deux démarches sont conciliables.
Dans l’espoir de vous revoir bientôt,
Croyez en ma considération la plus sincère.
Jack Adriel.
De : camille.arnaud@live.com
À : jacques.adriel-diocese@gmail.com
Date : 21 décembre 21:15
Cher Monsieur,
Je vous remercie de vous être déplacé l’autre soir pour me redonner mon écharpe et me demander de mes nouvelles. Cela m’a énormément fait plaisir. Je suis émue quand vous m’encouragez à vous écrire.
Le fait d’avoir entrepris une démarche envers l’Église me rassure. Puis sur le plan familial, je suis bien entourée, puisque je suis mariée et mère de famille. Il me suffit de rester à la maison pendant quelques jours pour reprendre des forces. J’ai toujours constaté que cette maison avait un pouvoir apaisant !
D’ailleurs, il s’y est déroulé des faits très surprenants. Un matin de juillet, il y a neuf ans, j’étais souffrante. Je ne pouvais plus marcher ou très peu. Je me suis levée vers les 9 heures. J’étais seule à la maison. Il y régnait un grand calme. Et une lumière blanche et dorée est apparue dans la chambre, dans le salon, et sur le jardin. J’étais face à la fenêtre, quand j’ai vu « un Être de lumière ». Les mots ou des guirlandes de lettres descendaient le long de son corps et surtout le long de ses bras. Il me redonnait les mots.
J’ai ressenti une grande chaleur au fond de moi quand j’ai eu le sentiment qu’un cordon me reliait à cet être. Il a réchauffé mon corps et l’enfant en moi. Il m’a donné un coup sur la nuque. J’ai eu le sentiment qu’il me redonnait la science. Une force prodigieuse m’a poussé dehors. J’ai ouvert la petite cabane et j’ai retiré instinctivement tous mes cahiers intimes que j’avais écrits quand je fréquentais l’école d’assistante sociale. Ils relataient toute la période pendant laquelle j’étais en analyse, des années plus tôt.
J’ai lu les cahiers jusqu’au lendemain matin. La lumière blanche et dorée se répandait à l’infini dans la maison, sur le jardin. Partout.
Puis je suis sortie dans le jardin. Je ne pensais à rien. Je me suis assise sur un banc. Et là, il s’est produit l’impensable. L’impossible. La lumière n’était plus qu’un immense brasier. L’inconscient a franchi les barrières du conscient. C’était un arrachement, ou plutôt une explosion d’une partie de moi. Je ne pouvais plus parler. Je ne pouvais plus avaler. J’avais mal dans la poitrine, dans la gorge, dans la bouche qui n’était plus qu’un feu. Et je n’étais plus qu’un tourment dans le brasier du jardin et de la ville. Mais j’étais guérie physiquement. Je savais que plus jamais je ne souffrirais d’une grave maladie. Je n’avais plus d’épée de Damoclès sur la tête. Elle avait explosé dans le brasier qui s’élevait dans cette journée peu ordinaire.
Un an après cet événement, un soir, dévastée par une crise de tourment, après que le psychanalyste m’ait dit, par téléphone, que les deux analystes rencontrés dans les années antérieures avaient provoqué effondrement sur effondrement, puis conduite à la maladie, et que je n’aurais jamais dû échapper à la mort, je suis entrée à la maison, accablée. J’ai regardé par la fenêtre de ma chambre : un grand soleil noir arrivait vers moi. Il s’est blotti contre mon corps et a pénétré dans mon cœur.
Plus jamais, je n’ai souffert du tourment, du désespoir et de l’attente provoquée par ce remords qui ne cessait de grossir en moi et qui me tuait à petits feux. À la place du remords, une chose étrange est née qui ne cesse de croître. Cette chose très étrange me guérit, dès que j’ai de la peine. Je sens son action bénéfique au plus profond de moi.
Je vous souhaite un joyeux Noël.
Bien sincèrement,
Camille Arnaud.
De : jacques.adriel-diocese@gmail.com
À : camille.arnaud@live.com
Date : 23 décembre 16:35
Chère Madame,
Je vous remercie de votre message très émouvant. Ce sont là de grandes confidences. Je les reçois comme un précieux cadeau que je respecterai toute ma vie.
Dans l’attente d’une nouvelle rencontre,
Je vous souhaite un joyeux Noël et vous prie de croire en ma plus grande sincérité.
Jack Adriel.
P.J. :
Le processus biblique de la nouvelle naissance, fondement biblique :
Il faut être né de Dieu, (Jn 1:13).
C’est Dieu qui t’a engendré, (Deut 32:18).
Ils sont nés : d’eau = par la Parole, d’Esprit = par le Saint-Esprit, (Jn 3:5).
Ils sont nés de leur confession de foi à Christ. Quiconque croit que Jésus est le Christ est né de Dieu, (1Jn 5:1).
Note : La nouvelle naissance reste un miracle que seuls :
Jésus
Le Saint-Esprit
La Parole
Peuvent accomplir en nous. Il nous a été donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, (Jn 1:12).
De : camille.arnaud@live.com
À : jacques.adriel-diocese@gmail.com
Date : 4 janvier 02:51
Cher Monsieur,
Je vous présente tous mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année et vous remercie de vos réponses, qui me font toujours très plaisir. Elles m’encouragent à relire la Bible. Dans le passé, j’ai beaucoup lu d’œuvres religieuses, surtout quand j’ai découvert la religion.
Ma sœur jumelle et moi, nous étions employées chez des religieuses en région parisienne à partir de 19 ans. Auparavant, nous étions aides familiales sur l’exploitation agricole de nos parents et nous avions quitté l’école à 14 ans.
Une fois chez les religieuses, j’avais repris des études par correspondance et je suivais des cours dans un collège tout en travaillant. Ma sœur jumelle avait un parcours différent, mais elle avait la ferme intention d’apprendre un métier qui lui plairait.
Je m’étais convertie et j’avais été baptisée à l’église la plus proche du couvent. C’était une grande fête au couvent et à l’église. Les religieuses avaient préparé un repas spécialement pour cette occasion. Elles avaient invité nos amies et beaucoup d’autres personnes. C’était vraiment une grande fête.
Je voyais, chaque lundi, un prêtre à sa permanence dans l’église. Je m’arrêtais quand je revenais du collège où je me perfectionnais en mathématiques et français pour mieux suivre mes cours par correspondance. C’était un prêtre d’un certain âge, très maigre. Il était d’une très grande bienveillance et courtoisie. Je n’aurais pas voulu que ce soit un autre prêtre qui me baptise. Il avait beaucoup d’estime pour ma famille et moi. Dès que mes sœurs venaient nous voir au couvent, nous allions à l’église pour le rencontrer.