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J'ai aimé: Confidences d’un curé libéré
J'ai aimé: Confidences d’un curé libéré
J'ai aimé: Confidences d’un curé libéré
Livre électronique85 pages1 heure

J'ai aimé: Confidences d’un curé libéré

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À propos de ce livre électronique

« Il ne s’agit pas de choquer, ce n’est pas mon genre, juste témoigner calmement : le corps est notre ami, tout le corps, sans exclusion du sexe, pauvre ingénu ! L’Amour est compatible avec la Foi, j’en ai fait l’expérience sans vouloir me vanter ni me justifier, le même absolu s’incarne joyeusement au quotidien, hors carcan, hors frontières, toujours par-delà le bien et le mal. Donc, à toi de voir et de l’exprimer au mieux. »
L’auteur de ces mots était prêtre catholique. À son ancien amant devenu son meilleur ami, il a confié un sulfureux recueil en lui demandant d’en écrire un livre et de le publier à titre posthume.
Ce témoignage raconte quelques-unes de ses rencontres hors-normes : Damien, Joan, Philippe, Warren et les autres…
Face à une sincérité aussi désarmante et à un tel débondage de pulsions ingénues, ce livre est à réserver à un lectorat averti et hors jugement moral.
LangueFrançais
Date de sortie4 avr. 2018
ISBN9782411000473
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    Aperçu du livre

    J'ai aimé - Michel Bellin

    cover.jpg

    J’ai aimé

    Michel Bellin

    J’ai aimé

    Confidences d’un curé libéré

    LEN

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    J’AI AIMÉ est paru en novembre 2009 aux Éditions GAP (Édition privée tirée à 200 exemplaires numérotés).

    Pour cette nouvelle publication aux Éditions LEN, le manuscrit a été entièrement revu par l’auteur et complété par une postface poétique.

    Direction Littéraire : Wilfried N'Sondé.

    Conception graphique : Marine Poulain Pacoret

    © LEN, 2018
    ISBN : 978-2-411-00047-3

    Pour l’Ami

    qui m’a confié ces pages,

    à amender et à magnifier

    afin que soient célébrées noir sur blanc

    ses merveilleuses amours illicites.

    Telle fut sa volonté ;

    tel est mon hommage.

    Leur désir est sans tragédie ;

    leur sexe, fraîcheur et intégrité.

    Pier Paolo Pasolini

    L’homme est un corps muni d’un sexe et il se fait une idée de Dieu. Qu’est-ce qui tourmente les hommes ? Dieu tourmente les hommes. Et le sexe aussi tourmente les hommes. Et qu’est-ce qui les transporte ? Dieu, plus que tout. Et plus que tout, le sexe. Dieu est le cœur et l’origine de tout. Le sexe est le cœur et l’origine de la vie. Seuls le sexe et la vie sont capables d’occulter l’être et de faire oublier Dieu.

    Jean d’Ormesson, Presque rien sur presque tout

    Aimer, c’est n’avoir plus droit au soleil de tout le monde.

    On a le sien.

    Marcel Jouhandeau

    Prélude épistolaire

    Ce 13 novembre 2006

    Carissimo,

    Ce petit mot te rejoindra à Paris. Je pense souvent à toi et attends avec impatience de te revoir au pays. Cet après-midi, la neige est tombée et a l’air de tenir. Déjà une pellicule blanche sur le paysage autour du presbytère. J’ai renoncé à ma balade quotidienne avec Thorgal car la pauvre bête marche de plus en plus difficilement. J’ai donc appelé les amis du Chablais pour leur dire de ne pas compter sur moi. Depuis quelques jours, je me traîne un mal de ventre supportable mais lancinant. Grippe intestinale ? Prémices d’une tumeur ? Qui sait… Demain sera un autre jour.

    Je rassemble mes forces pour te griffonner ces quelques lignes. Parviendras-tu à les déchiffrer ? Tu sais combien notre amitié est réciproque. Je ne le dis peut-être pas avec le lyrisme un peu fou qui te caractérise mais ton dernier courrier rejoint parfaitement tout ce que j’éprouve pour toi.

    Ces heures passées ensemble au début du mois furent d’une totale plénitude ! Communion charnelle se cherchant un Au-delà qui ne se construira que peu à peu, à mesure que nous nous découvrirons mieux. Vers quel horizon ? Pour quelle aventure ? Mais faut-il vraiment se poser ce genre de questions… Restons disponibles l’un à l’autre, à l’écoute de nos cœurs et de nos corps, à l’affût de leurs appels, toutes ces attentes que secrètent nos échanges, nos caresses, nos confidences, nos questions aussi. Se sentir proches, même et surtout lorsque les exigences du quotidien nous tiennent éloignés dans le silence. Souvent je pense à toi, à nous deux, mais je le fais sans impatience, sans tristesse de te savoir ailleurs, avec cette certitude joyeuse que quelque chose nous réunit qui n’a qu’un nom : l’amitié – pourquoi ne pas oser le mot « amour » ?

    Tu m’as paru tourmenté par la facilité apparente – pour toi déconcertante – avec laquelle je concilie ce que nous vivons, ce que j’ai longtemps vécu, plus jeune et déjà prêtre. Oui, je concilie, j’ai toujours concilié mon vécu homosexuel avec ma vocation. Que puis-je dire d’autre ? Franchement, je ne sais. C’est vrai, j’assume, aujourd’hui comme hier, cette apparente contradiction, sans tourments ni questions. Voilà tout ! Hypocrisie, mensonge, abus d’autorité, prédation, manipulation, immoralité… on pourrait certes enrichir le catalogue. Personnellement, je m’y refuse au risque de te paraître un peu odieux et terriblement inconséquent. Pardonne-moi si mon originalité décomplexée te blesse. Mais tu m’as dit un jour que ma liberté t’épatait ! Rappelle-toi seulement que je t’aime, toi, mon Michel, avec tes propres contradictions et tes inconséquences, je t’aime tel que tu es. J’ai toujours procédé ainsi. Acceptons-nous donc tels que nous sommes avec nos richesses, nos limites, nos échecs et surtout nos espoirs. Le mien est de n’attendre que le moment de te serrer dans mes bras.

    Mais Dieu, me diras-tu ? La morale ? Les commandements ? Mon vœu sacerdotal ? Je vis mes amours dans une sorte d’intégrité et de sacralité allègre qui me stupéfient chaque fois : cela est, un point c’est tout ! Antinature, contrenature, perversion, péché… ces mots ne signifient rien pour moi. Ils n’ont jamais rien signifié, jamais rien contrecarré ni offusqué, pas même mon idéal de prêtre. J’ai toujours vécu et célébré mes attachements aux garçons à l’excès, dans la surabondance du Don, comme je les revivrais, s’il le fallait, sans remords, sans apaisement, sans regrets, sinon celui de ne pas savoir atteindre le cœur d’un seul, cet inaccessible et chaste intimior intimo meo que je n’ai hélas jamais rencontré ici-bas. Voilà mon hymne à la vie, le plus beau que je connaisse, le plus saint. Et Dieu est bien trop bon pour être jaloux, trop grand pour n’être que d’une seule Église ! Tu sais à quel point je hais ces théologiens, exégètes et moralistes qui enflent dans leur bulle et finissent par s’asphyxier et par émasculer les autres à force de certitudes. Qu’ils explosent, qu’ils crèvent ! Assez de guides et de gourous : qu’on nous laisse la griserie de nos errances !

    Basta, veux-tu, laissons les morts enterrer leurs morts. Nous deux, vivons ! À ce propos, je te remercie d’avoir accepté de lire mon recueil secret (ces saintes amours illicites comme j’aime à les appeler) ; de les retravailler car plusieurs portraits sont à peine esquissés et je suis franchement plus doué pour mes sermons que pour la romance ! Ce que j’aime, c’est improviser à l’ambon, pas rédiger mes textes. À la différence de toi, du temps où tu officiais, mes admiratrices repartent toujours bredouilles à la fin de la messe.

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