Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Anita
Anita
Anita
Livre électronique87 pages1 heure

Anita

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Anita et Tony sont frère et soeur. Même si cela ne sevoit pas au premier abord, il s'aiment, en tout cas, ils se supportent.
LangueFrançais
Date de sortie24 oct. 2013
ISBN9782312013831
Anita

Lié à Anita

Livres électroniques liés

Fiction générale pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Anita

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Anita - Nathalie Elbot

    cover.jpg

    Anita

    Nathalie Elbot

    Anita

    LES ÉDITIONS DU NET

    22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © Les Éditions du Net, 2013

    ISBN : 978-2-312-01383-1

    Chapitre I

    TONY

    Anita pleure, renifle, essuie ses larmes ; rimmel, fond de teint, rouge à lèvres, tout coule, tout se mélange, ça déborde, ça dégouline, elle en a partout. C’est sûr, son maquillage est foutu et ses yeux piquent, ils doivent être tout rouges, son nez aussi, elle doit être affreuse. En plus, elle n’a plus de mouchoirs pour réparer les dégâts et elle est toute décoiffée, affreuse, elle est affreuse ! C’est pas normal, c’est pas juste : tout lui tombe dessus en même temps, et l’autre crétin qui n’arrive pas, ça fait au moins un quart d’heure qu’elle sonne. Anita resonne, repleurniche, elle se met sur la pointe des pieds, essaie de voir quelque chose par le judas. Rien. Personne. Pas un bruit. Rien. Et cette entrée glaciale, grise, sinistre. Moche, c’est moche. Elle renifle encore une fois, soupire.

    – Ah, non ! Pas ça, pas sur mon tailleur tout neuf, pas celui-là, pas le rose fus chia.

    Anita se penche, gratte avec son ongle pour enlever la larme et ne fait qu’agrandir la tâche.

    – M… !

    Et la porte s’ouvre.

    – Oui ?

    Honteuse et confuse, définitivement rouge, Anita relève la tête :

    – Heu… Je… Est-ce que Tony est là ? Je suis sa sœur, Anita.

    La jeune femme, rousse, appuyée contre la porte, belle dans son jean et un pull, sans maquillage, la dévisage sans répondre.

    – Mmm. Il est là.

    Du fond de l’appartement, quelqu’un hurle :

    – Qui c’est ?

    Celui qui a posé la question finit par apparaître : torse nu, bronzé, avec un pyjama bleu pâle, sa poitrine et ses bras sont couverts de poils hirsutes et de dragons tatoués, rouges et noirs. Mais c’est surtout sa figure qui lui donne un sale air de vrai dur : sa lèvre supérieure pisse le sang frais qui dégouline du menton jusqu’à la poitrine, se mélange au dessin des dragons. En voyant sa sœur, Tony, puisque c’est lui, sourit tout en recouvrant le bas de sa figure avec sa main

    – Anita, sororina ! Entre, viens. Il lui fait signe avec sa main libre.

    Anita hésite, jette un œil sur la jeune femme, se faufile entre eux, s’engouffre dans l’appartement. La jeune femme, qui avait observé la scène sans un mot, toujours appuyée contre la porte, prend la parole.

    – Bon. En tout cas, moi, je pars.

    Tony, sans plus s’occuper de sa sœur, se tourne vers elle.

    – On se revoit quand ?

    Elle grimace, évasive :

    – Je ne sais pas. Je suis occupée toute la semaine.

    – Sans blague ! Et moi alors ? Je le suis pas ?

    Elle s’approche de lui, sourit, avance la main et essuie le sang sur ses lèvres en disant doucement :

    – Au revoir.

    Et elle part. Tony la regarde, sans comprendre :

    – Et c’est tout ? Tu pars ! Sans savoir quand on se revoit ?

    – Oui.

    Elle ne se retourne pas, commence à descendre les escaliers.

    – T’as raison, après tout, fous le camp ! Je n’ai pas besoin de toi !

    Il claque la porte, Anita sursaute. Le bruit des pas de la jeune femme décroît lentement. Ils restent là, sans se regarder, tendus, écoutant jusqu’au silence et plus longtemps encore. Tony se secoue enfin, se met à bouger et repart vers l’intérieur de l’appartement. Anita, qui n’a rien dit, qui s’est fondue dans un coin, s’affole, se remue, suit finalement son frère tout en retrouvant l’usage de la parole. Comme si elle n’avait pas parlé depuis trois jours, elle s’excuse, bafouille, raconte sa vie :

    – Je suis désolée, je ne voulais pas te déranger. Mais je ne pouvais pas savoir, tu ne me dis jamais rien. Et puis si je suis venue, c’est parce que c’est grave. Tu comprends, sinon, si j’avais juste voulu te voir, je t’aurais téléphoné, j’aurais pris mes précautions, je t’aurais prévenu. Enfin, je ne suis…

    Elle court, s’essouffle derrière lui tout s’excusant, en bafouillant. Il ne la voit pas, ne l’entend pas vraiment, il jure entre ses dents contre les femmes et manque de lui envoyer la porte de la salle de bains dans la figure. Elle s’arrête, se tait deux secondes, et aussitôt ouvre, entre, parle. Il grogne, fouille dans l’armoire à pharmacie à la recherche de coton, de pansements, d’alcool, etc. Tout le nécessaire pour se soigner quoi, et puis aussi une serviette, des ciseaux… En fait, il tourne en rond dans la salle de bains (si c’est possible dans une pièce carrée) en jurant pour passer sa colère. Anita, elle, le suit et continue à parler :

    – Ecoute, vraiment, je suis désolée, je sais, je n’aurais pas dû venir, pas sans te prévenir, mais, tu sais, il faut que tu m’aides.

    Tony finit par lui rentrer dedans. Ils s’arrêtent tous les deux, interrompus dans leur course. Tony souffle un grand coup et se met à hurler :

    – Ahaaaa ! Arrête ! Tais ! Mets-toi dans un coin, fous-moi la paix ! Tu m’énerves, tu me casses les oreilles ! Oh et puis tu l’auras voulu…

    Il la soulève, la pose sur le lave-linge et reprend sa course… Anita, complètement affolée, muette enfin, se tait en oubliant de fermer la bouche. Elle le suit des yeux. Soudain, les larmes se remettent à couler ; cette fois, Anita ne fait aucun effort pour les essuyer, elle les laisse descendre le long de ses joues. Tony a enfin terminé ses allers et retours. Il s’arrête devant la glace et soupire. Il l’entend pleurer même si elle essaie de ne pas faire de bruit. Il aspire une grande bouffée d’air, se baisse, glisse contre la baignoire, s’assied, la tête dans les genoux, en jurant tout bas. Anita en le voyant, arrête de pleurnicher. Elle sort une cigarette de son sac et s’énerve sur son briquet en reniflant

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1