Après la mort de son père, Jean-Simon a repris l’exploitation familiale. Un travail de forçat alourdi par le poids du chagrin
Vincent Buzé a laissé un mot à sa femme et à ses enfants pour qu’ils ne se sentent pas coupables
De notre envoyé spécial à Anché (Vienne) Arnaud Bizot
Hormis le bruit du coup de feu, c’est un suicide silencieux. Vincent Buzé, 52 ans, n’a confié à personne ses difficultés accumulées depuis 2013. Pas un mot à sa femme, Cathy, aide-soignante dans un Ehpad, ni à son fils Jean-Simon, 30 ans aujourd’hui, qui travaillait pourtant à ses côtés. Rien non plus à sa fille Claire, 26 ans, installée à une demi-heure de là. Le silence aussi auprès de ses parents, retraités, Jean-François, agriculteur, dont il avait repris les terres, et Monique, employée à l’Insee de Poitiers. Le bruit courait que « ça n’allait pas fort », mais il venait d’agriculteurs voisins, avec qui il partageait des machines et qui voyaient bien son regard égaré. Vincent Buzé faisait comme si. « J’ai plus de 50 balais, je travaille comme un malade et j’ai jamais gagné un sou ! » confiait-il à sa femme, sur un ton badin, ajoutant