Pris à la gorge par la hausse des coûts, les artisans les plus symboliques de la France ne veulent pas mourir
À l’Élysée, personne ne s’y trompe : en 1789, la Révolution a commencé par l’explosion du prix du pain
Par Caroline Fontaine
Avec douceur, il aplatit sa pâte feuilletée, l’étale, la farine, la plie, et recommence. Encore et encore. Consciencieusement, Julien Pedussel fabrique ses galettes. Deux ans déjà qu’il a repris Le Fournil de Rieux dans ce petit bourg de 1 500 habitants au cœur de l’Oise. Deux ans à trimer de 1 h 30 du matin jusqu’à 20 h 30 avec deux heures de pause à midi. Il a quitté sa Normandie natale, vit au-dessus de son commerce, n’entreprend que trop rarement les deux heures de route pour rentrer chez lui – pas l’énergie d’un tel périple sur son unique jour de repos. Voilà une petite année qu’il doit faire face, comme tous ceux de sa profession, à une forte hausse des matières premières. « Elle est exponentielle, les prix changent chaque semaine, dénonce Nathalie Demachy, boulangère à Feucherolles, dans