L’espoir trahi de Tonio
Al’heure de la débauche, Tonio aimait longer les marais. D’un côté les sables jaunes et de l’autre les étangs bordés de roseaux. Il contemplait les flamants roses. Il souriait parce qu’un vieux Camarguais lui avait dit que le plumage de l’oiseau possédait cette belle couleur à cause des crevettes dont il se nourrissait. Le jeune Piémontais se promettait de raconter cette anecdote à sa mère. Riche de l’argent gagné dans les marais salants, il espérait racheter le maigre lopin de terre qu’un créancier leur avait confisqué à la mort de son père. Le malheureux avait laissé beaucoup trop de dettes.
Ici, au pied de la cité fortifiée, il travaillait dur dix heures par jour, une cadence infernale pour celle qui disait de son mari disparu : « Il n’a pas voulu nous laisser dans la misère. Seulement, le vin avait mangé sa raison depuis longtemps. »
Riche de l’argent gagné dans les marais salants, il espérait racheter le maigre lopin de terre qu’un créancier leur avait confisqué à la mort de son père.
D’ordinaire, Tonio était cueilleur, et même porteur pour les grands propriétaires de la vallée d’Asti. Il avait commencé à 13 ans à peine parce que son ivrogne de père pensait plus à dépenser de l’argent qu’à en ramener.
A sa mort, Tonio n’avait pas pleuré. Son cœur était plein de colère. Des hommes étaient venus chercher leur âne et leurs chèvres. C’était au milieu des vignes qu’il avait entendu parler des marais salants. La société des Salins du Midi embauchait. Une aubaine pour les journaliers italiens qui ne trouvaient plus de travail dans leur pays plongé dans la misère. Tonio s’était empressé de postuler. – Je reviendrai assez riche pour que tu ne sois plus jamais obligée de t’épuiser à laver chez les autres.
Sa mère avait préparé son sac et mis dans un mouchoir un peu de la terre de chez eux. – Pour que tu n’oublies pas d’où tu viens. Il était parti au
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