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Démocratie versus populisme: Le Burkina Faso en danger
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Démocratie versus populisme: Le Burkina Faso en danger
Livre électronique267 pages3 heures

Démocratie versus populisme: Le Burkina Faso en danger

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À propos de ce livre électronique

Né en 1972 à Sakbayémé au Cameroun, Franklin Nyamsi est citoyen adoptif des terres de Côte d’Ivoire et de France. Professeur Agrégé dans l’Académie de Rouen et Docteur en philosophie de l’Université Charles de Gaulle-Lille 3, il s’intéresse spécialement, depuis vingt ans, aux sociétés, cultures et politiques africaines. Il connaît bien la politique burkinabé et a souvent visité ce pays. Intellectuel cosmopolitique engagé pour le démantèlement des dogmatismes de tous bords, il livre, dans les vingt et une tribunes publiées dans le présent ouvrage sur la crise burkinabé, une approche originale, qui ne s’offusque ni de la différence, ni du différend. Pour l’auteur la crise burkinabé actuelle, avec sa cascade de procès quasi-staliniens, provient de l’instrumentalisation du jargon démocratique par une faction violente et populiste qui use et abuse de l’exclusion politique pour s’accaparer de la souveraineté populaire. C’est donc dans un retour lucide à l’inclusion démocratique et à la réconciliation effective de l’ensemble des sensibilités républicaines que résideraient les possibilités d’une véritable émergence socioéconomique et politique du Burkina contemporain.
LangueFrançais
Date de sortie28 avr. 2017
ISBN9782312051697
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    Aperçu du livre

    Démocratie versus populisme - Franklin Nyamsi

    l’action.

    Préface

    Homo sum, et humani nihila me alienum puto. C’est à Terence (190-159 av. JC) que l’Histoire attribue la paternité de cette fameuse maxime, qui réfère à l’idée de l’unité morale du genre humain, chère aux philosophes grecs. Je suis homme, et rien de ce qui touche un homme ne m’est étranger. Ou : Je suis homme, et rien de ce qui est humain ne m’est étranger.

    Héritier de Terence, par la poésie et la geste dramatique, mais également par l’arrimage intellectuel dans la philosophie et l’humanisme, Franklin Nyamsi l’est certainement aussi, par les origines. De Terence, esclave vendu à Rome, qui deviendra un poète comique latin, l’on suppute qu’il était d’origine berbère ; c’est-à-dire, issu des populations vivant en Algérie, au Maroc ou en Tunisie, et représentées en Égypte, en Lybie, au Mali, au Niger et au Burkina. En somme, les annales énoncent, davantage avec une forte dose d’accréditation que de réfutation, que Terence était d’origine africaine. Offert au monde, à l’humanité, comme le fils de Kamerun Nyamsi, le bien-nommé, qu’à sa naissance, à Sakbayeme, son père prénommera, Franklin, en hommage à Franklin Delanoë Roosevelt, devenu le 32e Président des États-Unis d’Amérique, en surmontant le handicap initial de la paralysie de ses membres inférieurs.

    Professeur Agrégé et Docteur en Philosophie de l’Université de Lille 3, Franklin Nyamsi partage donc avec Terence, le poète et philosophe antique, une double identité, comme on vient de le voir. Imprégné de cette identité duelle, à laquelle il faudrait naturellement ajouter d’autres éléments éloquents de personnalité, Franklin Nyamsi s’est élevé fort justement dans la conviction que : Homo sum, et humani nihila me alienum pato ! Homme, et Africain, il ne comprend pas qu’on veuille l’éjecter du débat politique public ; a fortiori quand celui-ci intéresse l’Afrique, sa terre mère, et le Burkina Faso, un pays qu’il aime profondément et qu’il connaît.

    Quand ainsi, de petits et mesquins esprits, imbus d’un nationalisme rétrograde et obtus, s’irritent de ce qu’il ose s’avancer à donner son avis sur la marche de leur Burkina Faso fétiche, et lui demandent ce qu’il veut, il leur répond sereinement, citant Césaire : « Ce que je veux, c’est pour la faim universelle, c’est pour la soif universelle ». Alors que ceux-là, enfermés dans l’absurdité, lui lancent à la figure, « va ailleurs, dans ton pays, le Cameroun ! », il leur oppose la liberté et le droit universels qu’il revendique, de s’exprimer sur tous les sujets : « en raison de ma pure et simple humanité pensante ».

    Oui. Comment Franklin Nyamsi, intellectuel et philosophe de haut vol, qui, depuis vingt ans, porte son engagement pour l’Afrique à la hauteur d’une mission générationnelle, serait-il disqualifié à prendre part au débat politique public burkinabé, sur la base d’une extranéité de naissance ? Et l’amour, pardi ! Oui, si ses détracteurs font peu de cas des compétences intellectuelles et de l’africanité du Professeur Nyamsi, pour lui dénier la faculté d’émettre une opinion concernant le Burkina Faso, que disent-ils de l’amour profond qu’il nourrit pour ce pays déshérité du Sahel africain ? J’insiste sur le caractère déshérité du Faso, pour bien donner à comprendre que lorsque l’on dit aimer un pays, c’est plus pour ses hommes et ses femmes, pour ses populations disons, que pour sa végétation et sa géographie. Et n’est-ce pas qu’il faut aimer une nation, avec intensité et même passion, pour commettre au quotidien et sur des années, comme l’a fait le Professeur Franklin Nyamsi, des centaines de pages au décryptage, à l’analyse et aux prospectives de sa marche ?

    Ainsi donc, de 2004 à 2016, le Professeur Nyamsi s’est penché sur la vie politique du Burkina Faso, qu’il connaît très bien et qu’il aime passionnément. Au détour de vingt tribunes, dont la longueur varie de cinq à dix pages chacune, il donne aux Burkinabé, aux Africains et aux citoyens du monde, sa vision des affaires publiques de ce pays, à l’heure où celui-ci, dans le tumulte des bottes et des scansions populaires, s’engage dans une impasse. Et cette vision, il la donne sans détour, le verbe franc et sincère ; sa plume trempant, aussi bien, dans la subjectivité que la passion et l’amour génèrent, que dans l’objectivité que la raison et la finesse de jugement autorisent, chez un analyste et debater avisé de sa trempe.

    D’une plume toujours lumineuse, qu’il esquisse un poème, une nouvelle ou un essai, Franklin Nyamsi s’est investi, cœur et raison mêlés, au bout de vingt tribunes savamment élaborées, dans le juste débat ; celui auquel la situation critique du Burkina, depuis ce mois tumultueux d’octobre 2014, convie tous les fils et filles de cette nation. Qu’ils appartiennent au clan des « locaux » ou à celui des « diaspos » ; qu’ils soient des enfants légitimes ou des enfants adoptifs. Il a dit sa part de vérité. Et cela a construit le présent ouvrage, titré : Démocratie et populisme. Et, portant un sous-titre, en forme de mise en garde : Le Burkina Faso en danger.

    Ne varietur, à ceux qui saluent son engagement dans le débat politique burkinabé comme à ceux qui le lui contestent, le Professeur Franklin Nyamsi répète ce qu’il sait ; c’est-à-dire ce que l’évidence offre à tous de noter. À savoir que : 1. Aucune clause constitutionnelle ne lui en interdisant la faculté, le Président Blaise Compaoré était fondé à demander la modification référendaire de l’article 37 (relatif à la limitation des mandats présidentiels), par le peuple burkinabé. 2. L’installation du Sénat a été actée, en 2012, à l’Assemblée Nationale ; et la Constitution autorisant le pouvoir à le mettre en œuvre, l’opposition était malvenue à en dénoncer la légalité. 3. Or, c’est en décriant ces occurrences que l’opposition s’est braquée, contre le pouvoir ; manigançant, en complicité avec des organisations de la société civile financées depuis l’Occident, et des officiers félons, pour obtenir la chute du Président Compaoré. 4. Pour ce faire, trois coups et contrecoups d’État ont été nécessaires. 5. On a, sciemment, invoqué la colère du peuple contre le Président Blaise Compaoré, alors qu’on n’avait mis en branle qu’une foule disparate, de gueux et d’affamés, intentionnellement guidée pour brûler la représentation nationale et piller les biens des dignitaires du régime.

    En mettant à nu ces perverses collusions, Franklin Nyamsi fustige, par ailleurs, le populisme et ses tares. On doit lui reconnaître, comme des éclairs de prémonition ou de prophétie, au moment où il avertit du complot des extrémistes burkinabé et ivoiriens, contre les Présidents Compaoré et Alassane Ouattara. Mais, surtout, il a le don de dessiller, très tôt, les yeux, à tout le monde, en écrivant, à propos du Lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida, qui, après la chute de Blaise Compaoré, s’était pris à camper la figure de « l’homme fort du Faso » : « Cet homme n’est pas seulement dangereux ; il est essentiellement en danger. » Le sort peu enviable de cet officier, aujourd’hui rayé des effectifs de l’armée burkinabé, sous le coup d’un mandat d’arrêt international et en fuite au Canada, ne donne que trop raison à l’auteur de « Démocratie versus populisme ».

    Au total, on peut dire qu’avec ce livre, Franklin Nyamsi, natif du Cameroun, intellectuel africain conscient et engagé, fils adoptif de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso, et citoyen par adoption de la France, a joué sa partition, dans la réflexion sur le devenir du « Pays des hommes intègres ». Et sa réflexion à lui, d’ordre intellectuel, citoyen et humain, résonne d’un sens et d’une hauteur qu’il est bon de connaître et d’apprécier. Sereinement, hors de tout dogmatisme.

    Ernest FOUA De Saint Sauveur,

    Écrivain, Journaliste et Éditeur, Ancien Président de l’Association des Écrivains de Côte d’Ivoire, Fondateur et Directeur de Publication de ZAOULI, le Magazine des Arts et Lettres, Officier dans l’Ordre du Mérite Ivoirien

    Avant-propos

    L’année 2014 qui s’achève, m’a vu m’engager à bras-le-corps, dans un combat politico-intellectuel, pour une compréhension autre que celle répandue par la vulgate des anticolonialistes dogmatiques africains et autres ethno-nationalistes, sur la scène médiatico-politique burkinabé. Je suis fier de l’avoir mené, et j’en assume toutes les conséquences, y compris envers les faux amis que la crise burkinabé m’a permis de démasquer. Le Président Blaise Compaoré, bâtisseur, médiateur et pratiquant exemplaire du consensus politique, a donné, j’en suis convaincu, le meilleur de lui-même pour le Faso, et voulait transmettre son legs en de bonnes mains, pour la sauvegarde du progrès multisectoriel de son pays. L’impatience et la haine en ont décidé autrement, les 30 et 31 octobre 2014. Une autre paire de manches a commencé. Le conflit oppose désormais, au Faso, ceux qui confondent foule (vulgus) et peuple (populi), d’une part, et ceux pour qui les progrès éthiques, politiques et économiques de la République doivent se poursuivre, avec endurance et circonspection, d’autre part. En somme, d’un côté le populisme, de l’autre la démocratie.

    En rassemblant, ici, vingt tribunes qui ont servi d’articulation publique de cet engagement pour le respect des avancées démocratiques et socioéconomiques indéniables, impulsées, ces trente dernières années, au Burkina Faso, par le Président Blaise Compaoré, je voudrais donc pleinement assumer mes distances envers les bien-pensants de l’heure, drapés dans leur superbe de moralistes à deux sous. Penser la politique, aujourd’hui, en Afrique, ce n’est pas simplement proclamer son adhésion spirituelle aux principes universels du droit et de la morale. C’est aussi et avant tout, d’ailleurs, articuler ses convictions humanistes dans une prise en charge des situations humaines réelles, de la pluralité humaine effective dont la seule gestion concrète atteste ou non de la capacité de faire l’Histoire.

    Puisse donc ce recueil de tribunes, attester de la constance, de la persévérance et sans doute aussi, de la lucidité des positions que j’ai défendues à propos de la crise burkinabé en cours. Car, contrairement aux euphoriques de l’heure, je suis de ceux qui ont vu venir le pire, mais, qui, quoi qu’on dise dans l’enthousiasme des récents événements burkinabé, sont convaincus que le plus dur, après le départ précipité du Président Compaoré, le 31 octobre 2014, vient de commencer pour le Burkina Faso. L’avenir demeure ouvert.

    Franklin Nyamsi

    Hôtel du Golf, Abidjan, le 1er novembre 2014

    Introduction à la problématique politique du Burkina Faso contemporain : démocratie versus populisme

    Juin 2016

    Le débat politique burkinabé s’est cristallisé, à compter notamment de l’année 2013, sur la question de la succession du Président du Faso, Blaise Compaoré. Beaucoup se sont, dès lors, empressés de réduire la crise politique du pays à une querelle de personnes. C’était la bataille des héritiers, et le plus rusé gagnerait au duel, croyait-on. Comment se contenter d’une telle conception chiffonnière des différends politiques africains ? N’est-ce pas prendre le risque de rester tributaire des clichés habituels sur la politique africaine, que l’on veut volontiers réduire à la querelle tribale, aux rivalités narcissiques et autres fatuités d’une humanité grossière et arriérée dans l’Histoire ?

    Il faut prendre la politique africaine au sérieux, comme n’importe quelle autre scène politique du monde, si l’on ne veut pas en manquer la signification et la portée anthropologiques. Je suis loin d’avoir partagé l’opinion commune qui n’y voyait que l’expression d’une nègrerie de plus, car dans cette crise, il y avait davantage, croyais-je très tôt, qu’une querelle de personnes, un combat de coqs de la basse-cour ouagalaise. Cette crise, comme d’autres crises politiques africaines comparables, en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Sénégal, au Bénin, au Mali et même en Afrique du Sud, relève plutôt d’une crise du sens de l’expérience démocratique en Afrique contemporaine. Pour le dire autrement, c’est parce que les Africains sont loin d’être au clair avec l’idée démocratique, que nous nous retrouvons çà et là, dans de terribles convulsions hautement dommageables pour les peuples, et en ceux-ci, pour les plus vulnérables que sont les femmes, les jeunes, les vieillards, les malades, les étrangers et les pauvres. De fait, c’est en remontant dans l’archive des conceptions africaines de la démocratie, qu’on pourrait comprendre ce qui a coincé et coince encore, à Ouaga comme ailleurs. L’intellectuel qui s’intéresse au Burkina Faso, doit mobiliser sérieusement une « archéologie du savoir »{1}, au sens foucaldien du terme. C’est-à-dire, retrouver les formations discursives cachées derrière les prétentions des protagonistes de la crise, afin d’en évaluer la pertinence.

    Du coup, on ne saurait commencer cette série de lectures, sans se confronter à des questions définitionnelles, sans l’entente desquelles la suite de nos analyses conforterait un dialogue de sourds entre mes lecteurs et moi. Qu’est-ce au fond que la démocratie ? Que peut-elle signifier pour les peuples africains, dans leur particularité générale et dans leurs singularités spécifiques ? Le mode de gouvernement démocratique est apparu dans l’histoire humaine, quand les hommes ont pris acte de l’échec récurrent des autres types de régimes politiques qu’ils avaient longtemps testés : monarchie, autocratie, aristocratie, théocratie, gérontocratie, phallocratie, gynécocratie, ploutocratie, etc., se sont révélés être incapables d’héberger le flot, sans cesse montant, des revendications politiques de l’espèce humaine. Les sages athéniens du VIe siècle avant Jésus-Christ, Solon et Clisthène, auront joué en ce sens un rôle de pionniers de la pensée démocratique.

    Une brève histoire du concept de démocratie nous ramène aux nuances suivantes : démocratie antique, démocratie moderne représentative, démocratie moderne populaire{2}. La première est née à Athènes, dans l’Antiquité et consistait en la participation de tous les hommes « libres », au gouvernement de la cité (polis). Le peuple, ici, ce sont les habitants des « démos » (dèmes ou quartiers de la cité), et le pouvoir politique, en grec « cratos », est l’agir ensemble coordonné par une organisation consensuelle. Seulement, la démocratie antique se caractérise par une singularité et deux exclusions. Sa singularité, c’est le mode de désignation des dirigeants : le tirage au sort et la rotation du pouvoir. Ceux qui exercent le pouvoir sont triés au hasard, dans un échantillon composé de l’ensemble des citoyens aptes à exercer le pouvoir. De telle sorte que le magistrat choisi par le peuple, ne peut se dire détenteur d’un mandat du peuple, à titre personnel, mais d’une charge échue par le hasard du tirage. Le peuple ne lui doit rien et il ne doit rien au peuple. Il exerce simplement les charges que le sort lui a attribuées et se retire, à la suite de son mandat, pour laisser la chance à d’autres citoyens de servir le peuple, par le choix du sort. Le sort règle l’accès au pouvoir, la rotation permet, par le retrait des noms de ceux qui ont déjà exercé le pouvoir, des prochains tirages, de donner à l’ensemble des citoyens la chance d’exercer les charges publiques. Les lois et les déclarations de guerre, sont cependant votées à main levée par l’Ecclésia, Assemblée Populaire qui est l’ancêtre de nos parlements contemporains. Il y a pourtant trois grandes exclusions dans la démocratie antique : les femmes, les esclaves et les étrangers sont exclus du processus du pouvoir politique. L’homme « libre » de l’Antiquité est celui qui ne travaille pas pour vivre, puisqu’il possède esclaves et femmes à cet effet. Mais son exercice du pouvoir politique est, par définition, provisoire, et il passe au cours d’une vie, sans cesse d’une vie de commandant à celle de commandé, et vice-versa. De fait, la démocratie antique demeure par cet aspect restrictif, une aristocratie qui ne dit pas son nom.

    La démocratie moderne représentative, à partir des XVIe et XVIIe siècles occidentaux, s’inspire de l’expérience antique. Elle inclut cependant une plus large frange de citoyens, et intègre plus amplement les femmes, les jeunes et les étrangers, dans l’exercice de la citoyenneté. C’est elle qui sert de référence à la plupart des régimes démocratiques du monde contemporain. Ses principes sont : la délégation du pouvoir, la séparation des pouvoirs, la publicité au sens de transparence du pouvoir, et la force de l’État de droit, par opposition à celle de la raison d’État. Sa spécificité, comme l’a si bien souligné cependant Bernard Manin{3}, est dans le triomphe du phénomène électoral et la consécration d’une catégorie spéciale de citoyens, les hommes et les femmes de la classe politique, qu’on nomme politiciens. On comprend dès lors, que la question de l’alternance politique prenne une importance décisive, dans le giron de la démocratie représentative contemporaine. L’élection fonde la démocratie moderne sur le principe de représentation, c’est-à-dire que les dirigeants sont supposés recevoir un mandat du peuple, par délégation de pouvoir. Les pouvoirs de l’État démocratique représentatif sont séparés, en exécutif, législatif et judiciaire, afin de minimiser les risques de concentration du pouvoir. Au bout d’un mandat, les élus remettent le pouvoir au peuple sous forme d’élections qui, soit les reconduisent au pouvoir, soit les en éloignent. Mieux encore, les textes électoraux en démocratie, prévoient souvent des clauses de limitation de mandats, qui servent précisément à assouvir le besoin d’alternance, dans les fonctions politiques. La mobilité du personnel politique favorisée par l’alternance, ne répond cependant pas seulement à l’exigence d’égalité démocratique. Elle révèle aussi que, la fonction politique est prometteuse d’avantages matériels, sociaux, économiques et symboliques qui attisent les convoitises et nourrissent inévitablement les rivalités interpersonnelles. On peut définir dès lors, la démocratie représentative moderne comme un système politique dans lequel la concurrence des citoyens pour la conquête, la conservation ou la transmission du pouvoir politique, se déroule dans le cadre de la loi constitutionnelle, règle de jeu non-violente admise à

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