Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

Seulement $11.99/mois après la période d'essai. Annulez à tout moment.

Police, au secours !: Tome II : Face à l'Humain
Police, au secours !: Tome II : Face à l'Humain
Police, au secours !: Tome II : Face à l'Humain
Livre électronique304 pages4 heures

Police, au secours !: Tome II : Face à l'Humain

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Marc Niño, né en 1965 à Paris, est journaliste, formateur en communication et intervenant à l’Ecole Nationale Supérieure de la Police. Après un premier livre « Si vous saviez… » …Paroles de Pieds-Noirs, il publie Police, au secours ! Face au métier et Face à l’Humain, deux Tomes qui ont nécessité plus de deux ans d’enquête et de rencontres avec des dizaines de policier.ère.s. Un document passionnant au cœur de l’actualité.

« J’ai pris le parti d’afficher des convictions humaines. »

« Nous sommes confrontés à la noirceur de l’âme humaine. »

« Je fais le métier que j’aime et je m’éclate. »

« Dans la police, on apprend à être lucide et pas à rêver. »

« Oui, je sacrifie ma vie sociale et ma vie privée est perturbée. »

« Mes parents sont Algériens et je suis une femme commissaire. »

« L’image du policier alcoolique, dépressif, ça me saoule. »

« Si un collègue gay avait témoigné, ça m’aurait aidé… »

« La police n’est jamais qu’un reflet de la société. »
Police, au secours ! Face à l’Humain propose à travers les témoignages de 44 policier. ère. s, un regard moins institutionnel et plus humaniste sur l’engagement, la vocation, la vision du métier, les cycles horaires et l’équilibre nécessaire, la diversité, les rapports avec la population, l’image de la police dans la fiction, les expériences marquantes, la force du témoignage.
LangueFrançais
Date de sortie22 nov. 2019
ISBN9782312070742
Police, au secours !: Tome II : Face à l'Humain

En savoir plus sur Marc Niño

Auteurs associés

Lié à Police, au secours !

Livres électroniques liés

Mémoires personnels pour vous

Voir plus

Articles associés

Catégories liées

Avis sur Police, au secours !

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Police, au secours ! - Marc Niño

    cover.jpg

    Police, au secours !

    Marc Niño

    Police, au secours !

    Tome II : Face à l’Humain

    Entretiens avec 44 policier.ère.s de tous grades

    LES ÉDITIONS DU NET

    126, rue du Landy 93400 St Ouen

    Paru aux Éditions du Net

    « Si vous saviez… » Paroles de Pieds-noir (2016)

    Police, au secours ! Tome I : Face au métier (2020)

    Police, au secours ! Tome II : Face à l’Humain (2020)

    Contact auteur : ninopolice2@gmail.com

    © Les Éditions du Net, 2019

    ISBN : 978-2-312-07074-2

    Avant-propos

    Ce Tome II de Police, au secours ! est axé sur l’Humain et propose un autre regard, plus intérieur, sur les sujets importants qui affectent la vie des policier.ère.s.

    Le monde change et certaines règles aussi : nous subirons des agressions terroristes plus fréquentes et nous devrons modifier nos comportements, la pression migratoire augmente, le grand banditisme explose, les missions d’ordre public – mouvement des Gilets jaunes, violences urbaines récurrentes{1} – sont complexes.

    Le désordre social ressenti modifie le rapport police-population. Cette dernière a, avec sa Police nationale, un rapport ambivalent mêlant attente et rejet. Il n’est pas aisé de comprendre ce mécanisme intellectuel complexe : les sondages donnent régulièrement l’avantage à l’Institution lorsqu’il s’agit de confiance et d’utilité alors qu’une incompréhension s’insinue entre les forces de l’ordre et une partie de la population. Le lien semble rompu. Pourtant, d’autres, espèrent des gestes permettant de rétablir la confiance nécessaire.

    Celles et ceux qui assurent les forces de l’ordre ont, souvent, la vocation chevillée au corps et ne demandent qu’à faire leur travail dans de bonnes conditions. Quotidiennement partagé.e.s entre le désir d’être et ce qu’ils doivent paraître, tiraillé.e.s entre la volonté de réaliser les objectifs légitimes de leurs missions et la réalité de l’exécution, les policier.ère.s doivent aussi composer avec des injonctions contradictoires. Un ensemble qui brouille leur image auprès de la population. Leur donner la parole permet d’essayer de comprendre la difficulté de leur métier. Et pourquoi pas, voir la part d’humanité que leur fonction ne permet pas toujours de cerner ?…

    img1.png La féminisation des titres et fonctions n’est quasiment pas utilisée par les fonctionnaires concerné.e.s, aussi le choix de chaque personne a été respecté.

    img1.png L’anonymat n’était pas un postulat de départ et lorsque des initiales ont été mises, il s’agit d’une demande se rapportant à des choix de carrière ou de sécurité.

    img1.png La fonction inscrite en face du nom est celle du moment où l’entretien principal s’est tenu, éventuellement suivie de la nouvelle affectation lorsque des réponses ont été apportées plus récemment.

    L’engagement

    La signification de l’engagement exprime beaucoup sur la personne et sa faculté à être à sa place. À quel moment de votre vie avez-vous réalisé que vous vouliez devenir policier.ère ?

    Marc Alcaïde (Major RULP retraité) Dès mon plus jeune âge, j’ai voulu être motard dans la police. Mon parrain affectif, pied-noir espagnol et voisin de paliers de mes parents eux aussi d’origines espagnoles, était déjà dans la police et avait un fils de mon âge. À l’adolescence, il m’a parlé des moniteurs de sport et comme j’étais très sportif, c’était l’occasion de réaliser mon envie de devenir policier et/ou motard.

    Marc Almonte (Major – Adjoint au chef CRS Alpes section Nice) Passionné de montagne et de spéléologie je m’orientais plutôt vers des études de philosophie, mais j’avais, avant tout, envie d’être montagnard. Après mon service militaire au 27e bataillon des chasseurs alpins à Annecy, en 1980, j’ai pris une année ½ sabbatique et, un jour, alors que je pratiquais la montagne, un membre de la cordée a eu le bras cassé et les CRS du secours en montagne sont venus nous chercher. Trois jours après, alors que nous avions changé de vallée et que nous étions bloqués avec une cordée, le gars qui avait fait le précédent secours m’a dit Toi, prends un abonnement ou alors viens chez nous ! (rire) Alors, j’ai réfléchi en me disant que si je pouvais allier ma passion de la montagne avec le secours ce ne serait pas plus mal. On dit que « c’est l’occasion qui fait le larron », alors c’était vraiment le bon moment. Et puis, j’ai eu comme références des entités comme le RAID ou le GIPN qui font rêver. Et puis Broussard{2}… Alors, Broussard ou Mesrine ? Flic ou voyou ? Bon, la question ne devrait pas se poser (rire) mais cette histoire du bandit au grand cœur qui dérape à la fin a tellement été romancée…

    Maria-Julia Aranda (Commissaire divisionnaire retraitée) Ce n’est pas du tout une vocation parce que je ne connaissais personne dans la police. J’ai fait quatre années de droit après mon Bac mais comme je n’aimais pas trop l’éthique du métier d’avocat et l’idée de défendre des coupables, une fois en maîtrise j’ai réfléchi à la branche judiciaire. J’avais le choix entre l’École nationale de la magistrature, ou le concours de commissaire de police d’un niveau licence à l’époque. Donc, je suis allé « grenouiller » dans les palais de justice et les commissariats et je me suis aperçue que je ne voulais pas travailler uniquement sur des dossiers et que j’avais envie de terrain et de contact avec les gens.

    Florian Austruy (Élève commissaire – Commissaire central adjoint à Antibes) C’est venu au moment du service national à la CRS des Alpes à Grenoble. À l’époque, je devais être en section rugby à l’armée et le commandant de la compagnie m’a proposé de me recruter comme policier auxiliaire à l’unité pour faire un contrôle qualité des procédures de la section. Il faut préciser que j’avais fait un DESS de droit de la montagne, et j’ai réfléchi à cette possibilité avant de passer le concours d’officier de police. À ce moment-là, j’étais prof stagiaire d’histoire-géo et même si j’aimais la matière, je ne me serais pas vu l’enseigner pendant des années. En tant que fils d’enseignante c’était plus une continuité, donc, ça n’a pas été un sacrifice de quitter l’enseignement. En 2001, je me suis inscrit au concours et j’ai intégré le 2 janvier 2017 la 7e promotion de ce qui était à l’époque l’École Nationale Supérieure des Officiers de Police (ENSOP){3} à Cannes-Écluse. Mon frère était déjà fonctionnaire de police, en PJ aux stups, mais moi je rentrais surtout dans la police pour faire du secours en montagne.

    Jean-Paul Bachet (Inspecteur général retraité) Je suis un cas unique dans la police parce que mon corps d’origine est le corps préfectoral et je suis venu faire ma mobilité fonctionnelle à la direction générale de la Police nationale en étant nommé chef du bureau des officiers, commandants et des gradés et gardiens de la paix, en 1988. Après 20 ans de carrière dans un autre corps je me suis vraiment passionné pour la gestion des ressources humaines tout d’abord au ministère de l’Intérieur, puis à la chancellerie avant de revenir à la préfecture de police. J’ai été sous-directeur des ressources humaines de la Police nationale, avant d’être le conseiller social du directeur général, de 1999 à 2012 jusqu’à ma retraite. Quand il s’est agi de repartir dans le corps préfectoral, j’ai évoqué un poste statutaire d’inspecteur général des services actifs de la Police nationale, puisque j’en étais arrivé à ce niveau-là, poste réservé à un administrateur civil. On m’a alors répondu que le syndicat des commissaires allait dire qu’on leur piquait un poste, mais j’ai expliqué qu’eux-mêmes ont cette possibilité d’intégrer le corps préfectoral. J’ai donc été nommé inspecteur général en 2005, ce qui me paraissait assez logique vu mes fonctions qui m’avaient fait côtoyer aussi bien les gardiens de la paix que les hauts fonctionnaires.

    Hanane Bakioui (Commissaire – Cheffe du bureau de l’IGPN à Nice) Au départ ce n’était pas du tout ce à quoi je m’étais destinée. Je n’avais jamais mis un pied dans un commissariat ou même été contrôlée, donc c’est vraiment quelque chose qui est arrivé par hasard. Je suis née à Meknès au Maroc, j’ai deux sœurs et un frère nés en France et mes parents d’origines Berbères sont venus en France où papa était ouvrier agricole et maman mère au foyer. J’ai été élevée, jusqu’à l’âge de 7 ans, par mes grands-parents au Maroc en ne parlant que l’arabe et le berbère. Quand je suis arrivée en France, je ne parlais donc pas un mot de français et j’ai été scolarisée à Vallabrègues à côté de Tarascon. Au CP, le soir après l’école, j’avais des cours particuliers de français avec une institutrice. Mon engagement pour la police n’est venu que plus tard, grâce à une connaissance qui m’a parlé des adjoints de sécurité (ADS).

    Laura Bastien (Gardien de la paix – Opérateur Radio/vidéo protection à la préfecture de police de Paris) Si on m’avait dit, il y a dix ans, que je serais policier, j’aurais ri. Mon père était policier mais j’étais en complète opposition. C’était un père absent, distant et de « l’ancienne police », un peu zélé. C’est la curiosité qui a fait que j’ai quand même voulu voir par moi-même en me renseignant sur des forums, et en rencontrant des collègues de mon père. L’esprit de défi m’a fait aller plus loin dans la police et m’anime encore aujourd’hui. Les métiers de l’uniforme m’attiraient de manière générale, et ayant fait plein de petits boulots je savais que j’avais l’esprit d’équipe et que je cherchais à être encadrée. Je n’étais pas un « leader » mais plutôt quelqu’un d’assez libre avec son propre jugement ayant besoin d’être accompagnée et de retransmettre. Je me suis donc dit que dans un service public j’aurai moi aussi mon mot à dire en apportant ma pierre à l’édifice. Quand j’ai dit à mon père que je voulais être policier, il a ri et m’a dit que jamais je n’arriverais à pratiquer ce métier trop difficile pour moi et que je n’avais pas les épaules suffisamment solides pour cela. Il n’a pas du tout cherché à savoir pourquoi je suivais ses traces. Ma mère n’est pas policière mais a évolué dans ce milieu et a suivi mon père en mutation dans la région de Troyes en Champagne-Ardennes, bon gré mal gré, et moi j’ai très mal vécu mon enfance de fille de policier. Si jusqu’à six ans on est plutôt fière d’avoir un papa « superhéros », après on est montrée du doigt et jugée. Très vite, on peut rencontrer des difficultés de socialisation dans le milieu scolaire ou périscolaire et être souvent prise à partie. Durant ma scolarité, j’ai sans cesse été l’objet d’attaques verbales ou physiques. Avec le recul et l’expérience, je me dis que pour rentrer dans la police il faut vraiment en avoir envie et aussi un « pet au casque » (rire) même si on sait à quoi on s’expose.

    Myriam Benrahla (Commissaire – État-major place Beauvau à Paris – Adjointe au chef du renseignement territorial chargé de la lutte contre la radicalisation en Nouvelle-Aquitaine) Je m’en souviens de manière précise : à 16-17 ans j’étais au lycée et l’idée a émergé. Au départ, je me voyais plus comme officier que commissaire d’ailleurs. Par la suite, j’ai envisagé un peu tous les métiers mais c’est arrivé comme une évidence. Je voulais être utile, ne pas m’ennuyer et ne surtout pas avoir de routine. Je savais que la police avait certains leviers d’action par rapport à d’autres corps de métiers comme un pouvoir coercitif notamment. Et puis, il y avait eu des séries américaines mythiques des années 80 que je regardais quand j’étais petite comme Starsky et Hutch, Profiler, Buffy contre les vampires, Alias, par exemple. Je ne sais pas si ça a pu m’influencer mais en tous cas, moi, ça m’a donné une image positive du métier de policier. Et je m’en rends compte aujourd’hui : c’est quand même avec des femmes assez fortes ayant le sens de la justice et qui combattent. Il y avait cette notion de force permettant de faire des choses concrètes et efficaces que je ne retrouvais pas dans les autres métiers. Ma famille a très bien accueilli ma décision. Mon père, un Harki qui a fait la guerre et très à-cheval sur les principes, était très content que je choisisse cette voie-là. Ma mère avait plus peur qu’il m’arrive quelque chose. Du côté des amis, il n’y a pas eu de rejet mais ils étaient interpellés durant mes premières années de fac quand je disais que je voulais être policier. On voit bien que ce n’est pas un métier anodin, et qu’il suscite des réactions. Je viens d’un milieu social simple, mes parents sont arrivés d’Algérie en métropole en 1962. Ils ont été placés dans les camps de Harkis de Rivesaltes puis de Bias, où Dalila Kerchouche{4} et Chimène Badi{5} sont aussi passées et où j’ai grandi jusqu’à l’âge de cinq ans. Dans ce camp, on mettait notamment les invalides de guerre comme mon père. Je suis très contente d’en être partie quand nous avons pu acheter une maison dans le village, parce que grandir au milieu de gens souffrant de handicaps physiques et mentaux n’est pas un environnement propice à l’épanouissement d’une enfant. Par la suite, je n’ai pas été confrontée au rejet, on ne m’a jamais dit « sale arabe », et je n’ai jamais connu de violences racistes directes. Je me suis faite toute seule mais je ne suis pas dans la revendication parce que c’est ma vie, mon destin. Et quand je dis que je me suis faite toute seule c’est parce que personne ne m’aidait à la maison pour faire mes devoirs. Il fallait que je comprenne les choses par moi-même et je lisais beaucoup. Mon père nous avait inscrit à la bibliothèque municipale et nous achetait des livres à mes frères, ma sœur et moi. Après, j’ai logé en cité Universitaire dans une chambre de 10 m² et j’ai fait mon parcours avec toujours une forte volonté de réussir et de gravir l’échelle sociale, c’était comme une seconde nature et c’est ma personnalité. Déjà petite, je me suis dit que je ne voulais pas être dans la même condition sociale que mes parents, que je voulais travailler, être indépendante et faire quelque chose d’utile et d’intéressant de ma vie. J’ai toujours aimé apprendre des choses, c’est pour ça que j’aimais bien les études. Et je dois beaucoup à la France. Pour moi le patriotisme est comme la foi, c’est une question intime. Je n’en parle que parce que vous m’interrogez, mais je suis très contente d’être en France, vraiment. Je ne pense pas que j’aurais été plus heureuse dans un autre pays. Je suis un pur produit de l’État Français car ce sont les allocations et les bourses d’études qui m’ont élevé, l’école publique française qui m’a construite, et je vois mon engagement, non pas comme une dette mais une reconnaissance plutôt. Même si j’essaie d’être objective, aussi, en me disant que ce même État a une part dans le traitement injuste des Harkis et des Pieds-Noirs. Je pense à ma grand-mère qui a été maltraitée en camp, mais le sentiment de vouloir servir la France l’emporte et la devise « Liberté, égalité, fraternité » veut dire quelque chose pour moi. Je ne connais pas un seul pays qui n’a pas ses côtés obscurs. Soit on prend tout, soit on ne prend rien.

    Charles Bolf (Commissaire – Chef adjoint du service zonal du renseignement territorial des Bouches-du-Rhône) Devenir policier n’a jamais été une vocation. C’est à l’occasion du passage du concours de la magistrature que j’ai passé le concours de commissaire. C’est le contact avec un juge d’instruction qui suivait des affaires politico-financières qui m’a éclairé. Il avait pris beaucoup de recul sur sa mission et avait le sentiment que rien n’avançait vraiment en la matière. Il souffrait aussi du conformisme de son corps. Même si je pense que les choses ont bien changé depuis, j’ai compris qu’un juge dirigerait des dossiers et un commissaire de police des hommes. J’ai donc opté pour l’aventure humaine, c’est-à-dire l’humanisme, plutôt que pour le juridique.

    Mickaël Bucheron (Brigadier-Chef – Président Flag ! – Officier de liaison LGBT de la direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne) J’ai découvert le métier en 1994, en faisant mon service national dans la Police nationale alors que j’avais une formation de comptable J’ai alors réalisé à quel point le métier de policier s’inscrivait autant au service du public, loin de l’image parfois dégradée que nous pouvions tous en avoir. Les gens ne voient que les mauvais côtés du métier en oubliant notamment la prévention de la délinquance, la sécurité routière et le soutien aux victimes à travers le traitement de leurs plaintes. Nous sommes au service du public et c’est ce qui m’a semblé le plus intéressant et très parlant parce que j’avais le sentiment que mon action pouvait vraiment être concrète. Mon père m’a demandé si j’étais sûr, ce qui est amusant quand on sait qu’il avait fait l’école de police, sans poursuivre cependant. Mais, je pense qu’il était surtout inquiet des risques du métier et voulait s’assurer que c’était vraiment ma vocation. Le reste de la famille l’a accueilli plutôt positivement et avec fierté, je suppose. Pour d’autres, entre les aigris dénonçant un PV injuste et ceux intéressé par mon travail, la perception était partagée. Mais, l’âge aide à prendre du recul, et à 43 ans, je ne réagis plus comme à 20 ans…

    Laurent Duchatel (Commandant divisionnaire fonctionnel – Chef de la brigade des stupéfiants à Versailles) Mon père étant gardien de la paix, j’ai donc toujours baigné dans l’ambiance des flics, et quand il rentrait à la maison il nous faisait partager ses journées. Ce n’était pas un héros pour moi, mais ce qui me plaisait, c’était l’idée de courir après les méchants. Je n’ai jamais porté mon père aux nues parce qu’il était flic, c’est le milieu des bandits que j’aimais bien. Je me souviens super bien de l’époque où Jacques Mesrine a été abattu Porte de Clignancourt. Mon père bossait le soir et dormait l’après-midi, et ma mère a grimpé les escaliers comme une hystérique en le réveillant et en disant : ils ont eu Jacques Mesrine ! Au départ, je ne rêvais pas d’être gardien de la paix mais de faire des enquêtes, et puis en Seconde je me disais que j’allais « courir après les méchants » quand je serai grand. Je disais toujours à mes parents que je serai préfet de police, ensuite ça a été commissaire. Mais pour payer mes études, j’ai dû faire un prêt étudiant, et donc je n’ai pas eu le temps de le devenir.

    Stéfanie Duchatel (Commandant fonctionnel – Adjoint au chef de la brigade criminelle à Versailles) Toute petite, j’ai d’abord voulu être archéologue puis bouchère. Et vers 10 ans je rêvais d’être inspecteur de police mais à la brigade criminelle, ça ne m’intéressait pas d’être autre part (rire). J’ai d’ailleurs fait toute ma carrière ici. Alors ce ne sont pas les films qui m’ont influencée, ni le milieu familial parce qu’il n’y a pas de flics dans ma famille. Ca s’est imposé à moi et je trouvais que c’était sympa comme boulot. Quand j’en ai parlé à mes parents, ils m’ont dit Banco vas-y ! Et du coup, à partir de 10 ans c’est devenu un objectif et tout le reste est passé à la trappe. Toutes mes études ont été faites dans la perspective d’être inspecteur de police, donc c’était hyper motivant parce que j’avais ma route toute tracée dès le départ. Mes copines d’enfance se marrent en se rappelant que j’ai toujours voulu faire ça. Aujourd’hui on dit lieutenant de police mais à l’époque, dans la formation de policiers, nous étions inspecteur de police et faisions de la procédure, de l’enquête, ou alors officier de paix et c’était du maintien de l’ordre. Moi, je voulais vraiment faire de l’investigation parce qu’il n’y a rien de plus important et de plus intéressant que de mener et de résoudre des énigmes criminelles, c’est vraiment passionnant.

    Mehdi Duflos (Gardien de la paix – Police-secours à Roubaix) Au départ, l’objectif pour moi était de rentrer chez les pompiers. Après avoir passé, sans succès, le concours pro je m’étais renseigné sur les métiers d’assistance aux personnes, d’aide ou de protection, sur les sites de la police. Et finalement, ma mère m’a poussé en me disant que si ça me plaisait pourquoi ne pas aller dans la police ? Je n’avais pas du tout vocation à y rentrer parce que j’ai vécu en banlieue lilloise où l’on en avait une très mauvaise image. J’ai grandi en quartiers où les copains étaient « en conflit » avec l’autorité, et mon père avait eu des antécédents avec la police pour des contrôles qui se sont peut-être mal passés. Donc, j’avais des mauvais retours mais ce métier m’intriguait tout de même parce qu’il y avait plein de choses à faire, cependant je n’osais pas franchir le pas.

    Cyrille Felten (Capitaine – Groupe d’appui judiciaire à Nancy) J’ai toujours eu cette envie depuis tout gamin (rire). Ca tournait toujours autour de la police dans mes dessins ou quand on me demandait ce que je voulais faire quand je serai plus grand. À l’époque, il y avait des séries américaines comme Starsky&Hutch ou les séries françaises Hôtel de police, Navarro et Van Loc avec un policier{6} marseillais qui a vraiment existé et qui jouait son propre rôle. J’avais eu la chance de pouvoir le rencontrer lors d’une dédicace de son livre quand j’étais ado, et du coup, ça avait conforté l’idée que je me faisais du métier de policier.

    Pierre Fournier (Gardien de la paix – Enquêteur OPJ en commissariat à Paris) Je n’ai pas une date précise, mais c’était à l’époque où j’étais technicien du spectacle. Après le Bac, j’avais trempé dans le milieu musical à Reims et après avoir eu l’occasion d’être bénévole sur un festival de musique ça m’avait plu. Du coup, alors que j’étais à l’université pour devenir prof d’anglais, je m’étais de plus en plus engagé dans cette direction. Il faut dire que je m’étais rendu compte au fil du temps, que le métier de prof n’était vraiment pas fait pour moi. Je voulais que ça change tous les jours, qu’il y ait un peu de dépense physique, d’intellect aussi, et le milieu du spectacle correspondait à ces critères. Et puis, un soir, en sortant de boîte de nuit, j’ai vu des policiers intervenir dans le cadre d’un différend sur la voie publique dans lequel je n’étais pas impliqué, et j’ai eu une sorte de déclic, alors que je n’étais même pas ivre (rire). Je me suis dit que ça pourrait me plaire, avec en plus l’idée de rendre service, ce qui est important pour moi. En tant que technicien du spectacle, ma vie était un peu instable avec des journées très alambiquées et ultra chargées et je n’ai pas eu peur de m’engager dans une autre voie. À ce moment-là, je traînais dans un pub où j’avais mes habitudes et où il y avait pas mal de policiers et j’avais déjà eu des contacts avec eux, sans pour autant me dire que je pourrais exercer ce métier. Il n’y a eu aucune réticence de mon entourage et même au contraire plutôt des encouragements.

    Éric H. (Commandant – Contrôle de gestion et évaluation des formations à l’École Nationale Supérieure de la Police) Depuis tout petit, j’ai voulu être policier. Il faut dire que j’étais à l’école à côté du commissariat où mon père était commissaire à Metz. Quand je sortais de classe, j’allais le rejoindre et je voyais l’ambiance sur place et qu’il était content. Et je pense que ça a dû conditionner le passage au concours. Donc, dès que j’ai su formuler ce que je voulais faire, c’était très clair pour moi et je n’ai pas eu de freins, si ce n’est mon père qui avait attiré mon attention sur le fait que j’étais susceptible d’avoir un certain problème avec l’autorité, ce qui ne s’est pas encore vérifié (rire).

    Christophe H. (Major exceptionnel – Chef adjoint du centre départemental de la formation de l’Hérault) C’est venu très jeune, vers 12-13 ans environs. J’ai eu l’honneur d’être le fils d’un « grand » policier{7}, qui a œuvré toute sa carrière en police secours au service des autres. Pour lui, être policier consistait à défendre les plus faibles contre les plus forts, et neutraliser les personnes dangereuses menaçant la société et notre démocratie. C’est lui qui m’a transmis le virus et ces valeurs. J’ai eu la chance de pouvoir l’accompagner sur certains de ses entraînements et c’est à partir de cette période que j’ai envisagé une carrière dans la Police nationale. À cette époque, je jouais beaucoup au football et comme tous les gamins de cet âge-là, je rêvais de briller et d’embrasser une carrière professionnelle. J’ai joué jusqu’en troisième division, la Nationale aujourd’hui, puis malheureusement, je n’ai pas percé parce que c’est très compliqué, très dur, et que je n’avais peut-être pas le niveau non plus. Vers 18 ans, alors que je faisais aussi pas mal de sports de combat, je me suis dit que c’était peut-être

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1