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Titania 2.0. - Version bilingue
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Livre électronique266 pages2 heures

Titania 2.0. - Version bilingue

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À propos de ce livre électronique

Paris, XXIIe siècle. Dans une société ultra-libérale où tout se vend, et sur fond de réalités virtuelles, la dernière « mode » est la construction personnelle, ou "self art". Titania est l’un des multiples noms d’une jeune adepte de cet art : tout en elle est artificiel et modifié. La nouvelle raconte la brève histoire d’amour entre un poète en deuil, un peu rétrograde, et cette insaisissable créature.

Paris, 22nd century. In an ultra-liberal society where everything is for sale, against a background of multiple virtual realities, the latest craze is personal creation, or “self art”. Titania is one of the many names of a young woman addicted to this art: everything about her is artificial and modified. The story relates the fleeting love affair between a rather old-fashioned poet in mourning and this elusive creature.
LangueFrançais
Date de sortie22 mars 2016
ISBN9782411000053
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    Aperçu du livre

    Titania 2.0. - Version bilingue - Pauline Pucciano

    cover.jpg

    Titania 2.0.

    Pauline Pucciano

    Titania 2.0.

    Version bilingue – bilingual version
    Nouvelle édition française sous la direction littéraire de Wilfried N’Sondé
    Translated from the French by Mark Harvey
    (Cabinet de traduction Translation Unlimited)

    LEN

    22 rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes

    © LEN, 2016

    ISBN : 978-2-411-00005-3

    Elu Grand Prix de la Journée du Manuscrit Francophone 2015 !

    « A travers une histoire d'amour passionnante, le génie de Titania 2.0 est de poser les questions existentielles de notre temps. Le style de Pauline Pucciano a trouvé là un savant équilibre entre fluidité, poésie et justesse. C'est un texte intelligent, tendre et percutant porté par un art du suspense irrésitible. »

    Wilfried N’Sondé

    « Titania 2.0. traduit la vision d’un futur sans interdit, où l’invraisemblable tutoie une réalité possible, et tout en même temps inimaginable, qui correspond aux attentes d’un public assoiffé de limpidité dans l’écriture, de style abouti, le tout étayé par une imagination décoiffante ! »

    Michel Dansel

    Where pale halos ring the pixel suns

    I seek Her, the invisible, the One

    In whom the heavens’ essence was distilled.

    I see the human monster vaguely curled

    Around Her absence in concentric rings

    My pain, forgotten, stifled, languishes

    Withdrawn in secret places of my soul

    And to the world I wear a smile so wan

    My heart, transparent, merges with the Net.

    Jan deleted the word transparent, put transfixed instead, and read through what he had written again.

    My pain, forgotten, stifled, languishes

    Withdrawn in secret places of my soul

    And to the world I wear a smile so wan

    My heart, transfixed, is merged into the Net

    Personally, I prefer ‘transparent’, said an unexpected voice behind him.

    Jan started. He switched off his Net-Vector and opened his eyes on the real world. He was still in the same place, where he had been for the last three hours. Sitting on the parapet of the Stravinsky Fountain, opposite the Identitemple. The same motley, colorful crowd was always concentrated there, whatever the hour of the day or night. It took him a few seconds to readjust to the real world; he forgot himself a moment too long, watching the crowd; and the voice called him to order.

    Dans les pâles halos de soleils numériques

    Je cherche l’Invisible en qui le ciel s’écoule

    Je vois le monstre humain qui vaguement s’enroule

    Autour de son Absence en anneaux concentriques

    Ma douleur étranglée, oubliée, se morfond

    En un repli de l’âme aux profondeurs internes

    Et je porte au dehors un sourire si terne

    Que mon cœur transparent au Réseau se confond.

    Jan effaça le mot « transparent », qu’il remplaça par « transpercé », et se relut.

    Ma douleur étranglée, oubliée, se morfond


    En un repli de l’âme aux profondeurs internes

    Et je porte au dehors un sourire si terne

    Que mon cœur transpercé au Réseau se confond.

    – Moi, je préfère « transparent », dit une voix inattendue derrière lui.

    Jan sursauta. Il débrancha son Réseau-Vecteur et ouvrit les yeux sur le monde réel. Il était toujours à la même place, depuis plus de trois heures. Assis sur le rebord de la Fontaine Stravinsky, en face de l’Identitemple. La même foule bariolée et hétéroclite se pressait là, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Il mettait toujours quelques fractions de seconde à réintégrer le monde réel ; il s’oublia un instant de trop à observer la foule, et la voix le rappela à l’ordre.

    You’re getting a bit old, it remarked. You took an age coming back to earth.

    He turned quickly, irritated. The person in front of him looked only about twenty years old – maybe fifteen, maybe fifty? Who could say? Age was still a way of describing people, like hair length or skin color. It could change from one day to the next, but you had to hold on to something. She was extremely ‘art’ as people said – which meant, more or less, that she was a sophisticated, harmonious artistic product. He didn’t pay attention to the details, but the overall impression was pleasant. A cloud of white hair, large mauve eyes, a doll’s mouth, silk.

    How old are you? she asked, pulling a face. Two hundred?

    What business is it of yours? he asked eventually.

    You’re strange, she said, and I like anything that’s strange.

    What d’you find strange about me?

    You haven’t been modified.

    So what?

    It’s strange.

    And anyway, how do you know that?

    – Vous vous faites vieux, remarqua-t-elle. Vous mettez un temps infini à retomber sur terre.

    Il se retourna vivement, avec irritation. La créature qui lui parlait ne paraissait pas avoir plus d’une vingtaine d’années – peut-être quinze, peut-être cinquante ? Qui pouvait le dire ? L’âge restait une manière de décrire les gens, comme la longueur des cheveux ou leur couleur de peau. Cela pouvait changer d’un jour à l’autre, mais il fallait bien se raccrocher à quelque chose. Elle était très « art’ », comme on disait – ce qui signifiait plus ou moins qu’elle était un produit artistique sophistiqué et harmonieux. Il ne prêta pas attention aux détails – mais la vision d’ensemble lui plut. Une vapeur de cheveux blancs, de grands yeux mauves, une bouche de poupée, de la soie.

    – Quel âge avez-vous ? demanda-t-elle avec une moue exagérée. Deux cents ans ?

    – Mais de quoi vous mêlez-vous ? finit-il par demander.

    – Vous êtes bizarre, dit-elle, et j’aime tout ce qui est bizarre.

    – Pourquoi donc me trouvez-vous bizarre ?

    – Vous n’êtes pas modifié.

    – Et alors ?

    – C’est bizarre.

    – Et d’abord comment savez-vous que je ne le suis pas ?

    She took a breath and her expression changed. Suddenly she looked grave, as if this was her favorite subject, in which she was expert.

    It’s like this: people who modify themselves badly, like 99% of the people you see around you, have no unity. They’re just a pathetic collection of ill-assorted elements. They don’t look like anything in particular. People who modify themselves properly manage to give themselves this unity. That’s what we mean by ‘art’. But you’re different: you’re not art and you’re not modified. You possess the unity that nature endowed you with. It’s obvious at first glance.

    And what makes you so sure that I’m not ‘art’ in a natural style?

    You could be.

    But?

    But who would ever have chosen that little hairy mole under your chin? And the very slight asymmetry of your eyes? Who would have opted for that little red patch on the right wing of your nose?

    I wouldn’t know.

    He looked around, searching for a specimen atypical enough to serve as an example. A pretty young woman, endowed with a pair of vibrating, transparent dragonfly wings, was chatting to another, who was entirely covered with tiger-striped fur.

    Elle prit une inspiration et changea d’expression, devenant soudain sérieuse, comme si le sujet était son domaine de prédilection et de compétence.

    – Voyez-vous, les gens qui se modifient mal, comme 99 % des gens que vous voyez autour de vous, n’ont aucune unité. Ils sont un assemblage pathétique d’éléments disparates. Ils ne ressemblent à rien. Les gens qui se modifient correctement parviennent à se donner cette unité. C’est ceux qu’on qualifie de « art ». Mais vous, vous n’êtes ni art ni modifié. Vous avez l’unité que vous a donnée la nature. Ca se voit tout de suite.

    – Et qu’est-ce qui vous fait dire que je ne suis pas « art’ » dans le style naturel ?

    – Vous pourriez.

    – Mais ?

    – Mais qui aurait choisi ce petit bouton poilu sous votre menton ? Et la très légère asymétrie de vos yeux ? Qui aurait opté pour cette petite rougeur sur l’aile droite du nez ?

    – Je ne sais pas, moi.

    Il chercha des yeux autour d’eux un spécimen assez atypique pour servir son discours. Une jolie jeune femme, dotée d’une paire d’ailes de libellule vibrantes et transparentes, bavardait avec une autre, entièrement recouverte d’un pelage tigré.

    Who would opt for tiger-skin? asked Jan.

    You didn’t choose all those little details. You received them in the great lottery and just decided to keep them.

    OK, point to you, Miss Art.

    Titania.

    Shakespeare’s fairy queen, huh?

    I’ve been using it for two years. Don’t you like it?

    It suits you, he said.

    What about you?

    Jan.

    Just ‘Jan’??

    Yes. And it wasn’t nature that gave me that. It was my mother.

    Oh.

    Jan’s attention suddenly went back to his poem, and the intrusion of this indiscreet little person.

    You realize it’s very impolite to intrude on something a perfect stranger is doing?

    You realize it’s very imprudent to write songs in a place where the Network is completely open? You might as well write on the wall!

    – Qui opterait pour une peau de tigre ? demanda Jan.

    – Vous n’avez pas choisi tous ces petits détails. Vous les avez reçus à la grande loterie et vous avez juste décidé de les garder.

    – D’accord, vous marquez un point, miss Art’.

    – Titania.

    – La reine des fées de Shakespeare, hein ?

    – Je le porte depuis deux ans. Il ne vous plaît pas ?

    – Il vous va bien, dit-il.

    – Et vous ?

    – Jan.

    – Juste « Jan » ?

    – Oui. Et celui-là, ce n’est pas la nature qui me l’a donné. C’est ma mère.

    – Oh.

    Jan repensa brusquement à son poème, et à l’intrusion de cette indiscrète petite personne.

    – Vous savez qu’il est très malpoli d’intervenir dans les activités d’un inconnu ?

    – Vous savez qu’il est très imprudent d’écrire des chansons dans un lieu où le Réseau est totalement ouvert ? C’est comme si vous l’écriviez au mur !

    It’s not a song.

    Then what is it? A poem? Nobody has written poems in blank verse for the last two hundred years.

    But I’m strange. And natural. I’ve kept the name my mother gave me. And you reckon I’m two hundred years old. It all fits.

    She fell silent for a moment and considered him carefully. He could not help noticing other details – her pearly fingernails, her skin faintly dusted with minute sequins, her smooth, milk-white neck caressed by feathers.

    " Where pale halos ring the pixel suns

    I seek Her, the invisible, the One

    In whom the heavens’ essence was distilled.

    I see the human monster vaguely curled

    Around Her absence in concentric rings...

    It’s beautiful, she said.

    She was going to go on, but her NV, completely personalized and covered partly with scales and partly with a sort of shell, began to emit a low, melodious sound like old Pan pipes.

    I’d like to see you again, Jan, she said. I’ll come back tomorrow.

    – Ce n’est pas une chanson.

    – Alors c’est quoi ? Un poème ? Ca fait deux cents ans qu’on n’écrit plus de poèmes en alexandrins.

    – Mais moi je suis bizarre. Et naturel. Et j’ai gardé le prénom que m’a donné ma mère. Et vous m’avez donné deux cents ans ; tout correspond.

    Elle se tut un instant et le considéra avec attention. Il ne put s’empêcher de remarquer d’autres détails – ses ongles de nacre, sa peau légèrement saupoudrée de paillettes infimes, son cou laiteux et velouté, caressé par des plumes…

    Dans les pâles halos de soleils numériques

    Je cherche l’Invisible en qui le ciel s’écoule

    Je vois le monstre humain qui vaguement s’enroule

    Autour de son Absence en anneaux concentriques…

    – C’est beau, dit-elle.

    Elle allait ajouter quelque chose, mais son RV, entièrement personnalisé, et recouvert pour partie d’écailles et pour partie d’une sorte de coquillage, se mit à émettre un son grave, comme celui d’une antique flûte de Pan.

    – J’aimerais vous revoir, Jan, dit-elle. Je reviendrai demain !

    She gave him a hesitant little smile, then put her NV over her ears and moved away into the crowd. He watched her until she disappeared, hesitated whether to connect, and in the end decided he would just let himself be absorbed in the never-ending pageant of the throng.

    Look at the world, his mother always said. Look at the world with fresh eyes every day.

    He took a deep breath, closed his eyes, counted up to three and opened them again slowly, as if his eyelids were the curtain in a theatre. The Stravinsky fountain, although it was in continual movement, was almost the most motionless element in the scene. Its colored automata, looking like papier-mâché marionettes from a distant age of innocence, performed graceful, sweeping gestures, while the esthetibots, in brilliant chrome and copper, rose into the air and spilled their water in perpetually repeated cascades. Their ballet was fascinating, the shape of the water jets changing all the time like a liquid kaleidoscope, and he had to concentrate to tear his eyes away and look up at the old church of Saint-Merri, whose name everyone had forgotten, and whose ancient stained glass had been enlivened for several years with integral holographic projections. The movements of the automatons and the animated stained glass, the perpetually changing crowd – it all gave him a sort of vertigo. So he turned away and headed for the Identitemple on the former site of the Georges Pompidou museum, with its gigantic doors opening into its Babylonian entrails.

    Elle lui adressa un petit sourire incertain, puis brancha son RV sur ses oreilles et s’éloigna dans la foule. Il la suivit des yeux jusqu’à sa disparition, puis hésita un moment à se connecter. Finalement, il décida de se laisser simplement aller au spectacle permanent de la cohue.

    « Regarde le monde », répétait sa mère. « Tous les jours, regarde le monde d’un œil neuf. »

    Il prit une profonde inspiration, ferma les yeux, et les rouvrit lentement, après avoir compté trois coups, comme si ses paupières étaient un rideau de théâtre. La fontaine Stravinsky, pourtant perpétuellement mobile, était presque le point le plus fixe du décor. Ses automates colorés, qui paraissaient des marionnettes de papier-mâché échappées d’un âge lointain d’innocence, accomplissaient des mouvements amples et gracieux, tandis que les esthétibots, aux chromes et aux cuivres rutilants, s’élevaient dans les airs afin de répandre l’eau par des cascades toujours renouvelées. Leur manège était fascinant, car la forme des jets d’eau variait sans cesse comme un kaléidoscope liquide – et il dut se concentrer pour détourner les yeux et les lever vers la vieille église Saint-Merri, dont tout le monde avait oublié le nom, et dont les vitraux anciens s’animaient depuis quelques années de projections holographiques intégrées. Le mouvement des automates, celui des vitraux animés, celui de la foule toujours frissonnante, lui donnait une sorte de vertige. Il se détourna donc et se dirigea vers l’Identitemple qui ouvrait, dans les locaux de l’ancien musée Georges Pompidou, les gigantesques portes de ses entrailles babyloniennes.

    *

    *    *

    It was not a temple in the true sense of the word – all the institutionalized religions had been abandoned long since – but a

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