Le petit Brusseleir illustré: Un guide amusant pour tous
Par Curtio
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À propos de ce livre électronique
Au cœur de la Belgique de 1900 vit une tribu hybride mi-wallonne, mi-flamande dotée d'une forte personnalité : les Brusseleirs. Situés aux antipodes du politiquement correct, ils parviennent en prose et contre tout, à se moquer d'eux-mêmes comme aucun peuple du globe. Rien ni personne ne leur résiste tant ils font rire ! Même pas vous qui vous reconnaîtrez, en tout ou en partie, dans ces figures de proue du vieux Bruxelles qui inspira tant le grand Jacques.
Un guide plein d’humour qui ravira les esprits !
A PROPOS DES AUTEURS
Curtio alias George Garnir (1868-1939) fut à la fois journaliste, poète, conteur, romancier, dramaturge et académicien.
Georges Lebouc, chroniqueur membre du Cercle d'Histoire de Bruxelles et spécialiste du langage bruxellois a écrit l’introduction, le lexique et les commentaires de l’ouvrage.
A PROPOS DE L’ÉDITEUR
Soliflor est une maison d’édition à l’ambiance familiale où germent des idées à foison, rassemblées en de petits livres carrés et colorés, balayant des thématiques variées centrées sur l’art de vivre, de la cuisine au jardin, en passant par toutes les autres pièces de la maison. Oui, les thèmes sont ceux de la vie quotidienne, que nous aimons appréhender de la façon la plus naturelle et respectueuse possible.
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Avis sur Le petit Brusseleir illustré
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Aperçu du livre
Le petit Brusseleir illustré - Curtio
Préface
Malgré que Curtio eût regretté déjà en 1906 un Bruxelles qui s’en va, malgré l’avènement de l’Europe en notre capitale, malgré le métissage de la population bruxelloise, malgré la gentrification qui s’opère dans les néanmoins indémodables Marolles… malgré tous ces malgrés, il se trouve encore un éditeur bien avisé pour ressusciter un ouvrage à la gloire du Brusseleir.
En toute modestie, j’ose toutefois prétendre que notre magazine communal « Le Brusseleir », que certaines fêtes très populaires à la gloire des joies d’antan et que l’éblouissante Zinneke Parade — pour ne citer que quelques exemples — contribuent également à sauver de l’oubli notre précieux dialecte.
Notre identité est le résultat de nos us et coutumes et des rapports sociaux qui en découlent. Dès lors, nul doute que le Brusseleir fait partie intégrante de notre génome. Madame Chapeau, le succès de Toone, de Bossemans et Coppenolle, du Mariage de Mademoiselle Beulemans, notre folklore dans toute sa splendeur… c’est la réalité du Brusseleir d’aujourd’hui et de son terrain d’expression !
Désormais, grâce à l’initiative de Soliflor, le Brusseleir va à nouveau rejoindre les foyers et alimenter des conversations que je devine hautes en couleur. Merci d’avoir voulu perpétuer cette tradition langagière tellement savoureuse.
Mais je vous sens un peu déçu à la lecture de mes réflexions un peu trop arrondies. Alors c’est entendu, j’arrête de ziverer, sinon vous allez me prendre pour un brommelpot !
Freddy Thielemans
Bourgmestre de la Ville de Bruxelles
Introduction
Si l’on me demandait deux mots pour caractériser Curtio (1868-1939), je n’hésiterais pas à parler d’un polygraphe et d’un maître-zwanzeur.
Mais d’abord, faut-il l’appeler Curtio ou Garnir ? Georges ou George ?
Pour ce livre-ci, pas de doute, c’est Curtio, le pseudonyme qu’il employait pour signer ses Portraits dans Le Petit Bleu, l’ancêtre de notre actuelle Dernière Heure.
Georges était son prénom mais, comme il se voulait dandy, il revendiquait ce prénom sans s, se prétendant (à juste titre) unique en son genre.
Polygraphe donc, comme l’étaient beaucoup de journalistes de son époque (et de la nôtre ?) puisqu’il signa les Portraits auxquels je viens de faire allusion mais aussi des souvenirs (d’un revuiste), des revues, très nombreuses, avec son complice Malpertuis, des romans et même un guide touristique.
Sans oublier qu’il fut aussi, avec Souguenet et Dumont-Wilden, un des trois mousquetaires fondateurs de l’hebdomadaire Pourquoi pas ? qui lui survécut jusqu’en 1988.
De cette énorme production, ce sont manifestement ses Portraits (ici réunis en partie sous le titre Le petit Brusseleir illustré) qui ont subsisté.
D’abord publiés dans Le Petit Bleu, ils connurent un tel succès (amplement mérité) que George Garnir les rassembla en un album puis deux, puis trois et que cela donna, en 1906, un des titres les plus longs de la littérature bruxelloise : Zievereer, Krott et Cie, Architek ! Baedeker de psysiologie (sic !) bruxelloise. Pour ceux qui l’auraient oublié, le Baedeker était, à l’époque, ce que le Guide du Routard est à la nôtre.
Le seul reproche qu’on pourrait lui adresser serait celui d’employer force insultes et autres mots malsonnants (en Brusseleir) qu’il ne se donne pas la peine de traduire. Si c’était logique à son époque, ce ne l’est plus du tout à la nôtre. C’est la raison pour laquelle vous trouverez un lexique à la fin de cet ouvrage.
L’autre reproche — mais il ne tient pas à l’auteur — c’est que son ouvrage était bien difficile à trouver aujourd’hui. C’est donc là le grand mérite des éditions Soliflor d’avoir ressuscité des textes plus joyeux les uns que les autres, agrémentés des merveilleux dessins de l’édition originale, délicatement coloriés par l’éditrice.
Curtio était un témoin de son temps, d’une époque où Bruxelles était devenue la capitale d’un pays qui s’enrichissait et, parallèlement peut-être, perdait quelque peu son âme, faite de gouaille, de rires et de sourires propres à des gens pauvres mais qui aimaient leur vie et leur ville.
Curtio avait des antennes assez sensibles pour s’en rendre compte, lui qui écrivit… en 1906 : « Bruxelles s’en va […]. Il y a à sa place, déjà, une grande cité cosmopolite, la capitale policée et confortable d’un royaume prospère, lequel s’est annexé un Empire fantastique… »
Cette bouffée de nostalgie ne dura qu’un instant, aussitôt chassée par sa deuxième nature (à moins qu’elle ne fût la première) : son côté zwanzeur.
On croit aujourd’hui que le zwanzeur n’est qu’un blagueur. C’est vrai, bien sûr, et Curtio adorait faire des blagues. Dans une de ses pièces, deux acteurs qui voulaient se battre en duel ouvraient une boîte où devaient se trouver deux pistolets… au jambon au lieu de deux armes à feu ! La blague ne s’arrêta pas là car, le soir de la générale, des figurants affamés dévorèrent les pistolets au jambon, ce qui laissa les deux acteurs tout à fait désemparés devant une boîte vide.
Cependant, vers 1900, la zwanze était plus que cela : c’était la mise en boîte de benêts à l’aide de canulars. C’est ainsi que Garnir adorait promener ses visiteurs parisiens dans la rue de Mérode, leur disant que les Belges vénéraient tellement la danseuse Cléo de Mérode qu’ils lui avaient consacré une rue !
Cette joie de vivre, vous allez la retrouver dans ces portraits qui comportent souvent insultes et affronts. En les lisant, songez qu’un autre Belge célèbre s’est probablement inspiré de ceux-ci pour buriner le caractère d’un certain capitaine Haddock.
Georges Lebouc
L’Architek
Architek ! c’est la fin de « l’échange de vues » oral, c’est le mot suprême, celui après lequel il n’y a plus qu’à mettre jasse bas, à retrousser ses manches de chemise dans la posture du pugiliste, à donner la parole à la tarte !
Architek ! c’est l’injure irréparable, unique, inimitable, définitive. C’est l’élite de l’élite. C’est l’empyrée !
Architek !… Des analystes dignes de foi et dont vingt ans d’expérience répondent, ont vu ceci — oui Monsieur, Madame et les enfants ! — : deux autochtones de la rue Haute s’enguirlandent sur la voie publique… les mots : Jan-menpute, muuge vet, rotte boustring, longchamp-fleuri, wallebak, lomperik, kreetzak, smaus ont été échangés sans résultat… Tout à coup l’un des deux adversaires lance : « Architek ! »… Le second pâlit, considère que son insulteur est physiquement plus fort que lui, qu’essayer un combat singulier c’est courir au-devant d’une rameling certaine, d’une inévitable Vive l’amour !… Alors tout frémissant, le faible fait le geste par lequel on s’incline devant le sort ; son attitude rétractile est celle d’un lutteur à qui l’on vient de faire le coup défendu de la fourchette. Il prend la galerie à témoin de la déloyauté de son ennemi et il l’apostrophe avec dignité en ces termes :
- Si vous prendez tout de suite tout qu’est-ce qu’il y a de plus meilleur, grand lâche que vous êtes là, je sais pas autre chose faire que de s’en aller !
Architek !… Ainsi que sous le ventre arrondi d’une frégate, les canots légers se rangent et s’abritent ainsi l’on peut ranger et abriter sous la protection de ce mot monstre, l’escadrille des esquifs fleuris de l’Invective Marollienne ! Architek !… C’est par-dessus la cohue tumultueuse, grimaçante, grondante, grouillante, cauchemarante,
