Le Journal du dimanche

Les Goncourt, prix au piège

TRÈS CONNUS MAIS PEU LUS

Un linceul rouge, voilà qui n’est pas banal. Celui des frères Goncourt mesure environ 45 cm sur 10 et enveloppe tous les mois de novembre le roman lauréat du prix qui porte leur nom depuis cent vingt ans.

Leur patronyme s’affiche ainsi en tête de gondole de tous les rayons livres, y compris ceux des hypermarchés. Trivial destin pour ces deux snobs qui vomissaient le mercantilisme ! Vrai, Edmond de Goncourt (1822-1896) et Jules de Goncourt (1830-1870) – figures cruciales et redoutées de la vie littéraire du

XIXe siècle – se rêvaient probablement une autre postérité que celle-là. Le cruel constat ne s’en impose pas moins : hormis quelques coquets érudits et une poignée d’universitaires zélés, plus personne et encore moins leurs dizaines de romans, pièces et essais, négligés même des bibliothécaires. Et dire que ces terribles frangins ont fait et défait les réputations du Tout-Paris plumitif et suscité une cohorte d’admirateurs, parmi lesquels Zola, Maupassant, Huysmans, Thomas Mann, Nietzsche ou Proust ! Sur leur passage, dans les réceptions du Second Empire, certains frémissaient de peur d’être foudroyés d’un de leurs traits assassins pour l’éternité. D’autres – fous, naïfs ? – jouaient des coudes pour se faire valoir, au contraire. Leurs amis n’étaient pas plus tranquilles, à raison., commente l’historien Michel Winock. Comme si Edmond et Jules présageaient que nombre de leurs illustres victimes les abandonneraient dans les ténèbres de l’oubli.

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