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Pour amuser les gens graves
Pour amuser les gens graves
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Livre électronique278 pages2 heures

Pour amuser les gens graves

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À propos de ce livre électronique

Extrait : "La famille Vertalouette s'est amassé de quoi vivre dans le commerce, fort honorable d'ailleurs mais absolument stupide, des visières de casquettes. La famille, M., Mme et Mlle Vertalouette, demeurent avec une vieille sœur du papa, Mlle Irma. Mlle Irma n'a pas pu parvenir à se marier à cause d'un macaron qu'elle a sur l'œil ; ce macaron provient d'un regard que sa mère a eu en faisant une promenade à la foire au pain d'épice."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN :

Les éditions LIGARAN proposent des versions numériques de grands classiques de la littérature ainsi que des livres rares, dans les domaines suivants :

• Fiction : roman, poésie, théâtre, jeunesse, policier, libertin.
• Non fiction : histoire, essais, biographies, pratiques.
LangueFrançais
ÉditeurLigaran
Date de sortie30 août 2016
ISBN9782335166873
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    Pour amuser les gens graves - Ligaran

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    L’horloger

    À Charles Clérice.

    La famille Vertalouette s’est amassée de quoi vivre dans le commerce, fort honorable d’ailleurs mais absolument stupide, des visières de casquettes.

    La famille, M., Mme et Mlle Vertalouette, demeurent avec une vieille sœur du papa. Mlle Irma.

    Mlle Irma n’a pas pu parvenir à se marier à cause d’un macaron qu’elle a sur l’œil ; ce macaron provient d’un regard que sa mère a eu en faisant une promenade à la foire au pain d’épice.

    Adhémar Vertalouette, qui aime à rire, lui a déjà dit souvent en plaisantant : « C’est heureux que maman n’a regardé qu’un macaron, si elle avait regardé un jambon ! »

    Irma trouve cette plaisanterie très déplacée.

    Adhémar ne dit plus rien devant elle, mais, en arrière, il se rattrape en l’appelant ma sœur : la partie en passant !

    Rose, Mlle Vertalouette, commence à soupirer quand elle regarde les petits oiseaux se faire des niches, au moment où

    Tous les nids sont en querelles.

    quand :

    L’air est pur, le ciel léger,

    et que :

    … partout on voit neiger,

    Des plumes de tourterelles.

    et les parents songent à la marier.

    Cela vexe la tante Irma, qui ne se permet cependant que des : « Elle est bien jeune ! On peut mal tomber ! La foire n’est pas sur le pont ! Esclave à son âge ! etc., etc. »

    Comme son opposition ne servirait absolument à rien, elle ronge son frein, selon l’expression d’Adhémar. Mais considérant que ce serait une humiliation pour elle de rester demoiselle plus longtemps, alors qu’on parle de marier sa nièce, elle se décide à recourir aux PETITES AFFICHE.

    La famille Vertalouette n’a eu, dans la casquette, que des relations fort restreintes. Rose est sortie de pension depuis un an à peine, on ne connaît aucun parti ; comment faire ?

    C’est à ce sujet qu’on a causé des Petites Annonces ; la tante a trouvé que c’était très ridicule, et s’en est servi le lendemain ; Adhémar, ayant son idée, a conclu également que ce serait immoral, et a couru en faire autant que sa sœur.

    Deux jours après, un grand garçon, à l’air assez bonasse, se présente dans la maison :

    – Monsieur, je viens au sujet…

    – Très bien ! entrez donc, je vous prie.

    – Comme je…

    – Ça ne fait rien, mais, dame ! nous verrons. D’abord, écoutez-moi bien, ne dites rien à ma femme, je vais vous présenter comme le fils d’un de mes amis, et on verra si l’affaire est possible.

    – Comment ? Mme Vertalouette doit ignorer…

    – Oui, oui, parfaitement.

    – Cependant la clé…

    – Vous l’aurez, plus tard, en attendant, j’inventerai que… je ne vous connais pas, si, c’est-à-dire que… enfin j’arrangerai la chose, venez avec moi, ces dames sont là.

    Vertalouette présente son jeune homme, on l’invite à déjeuner, il refuse, on insiste, il reste. Tout se passe assez bien, lorsque, au café, Irma demande à l’inconnu :

    – Que comptez-vous faire à Paris, monsieur, y êtes-vous pour longtemps ?

    – Tout dépendra des évènements, mademoiselle, si je puis épouser la personne qui…

    Ici un coup de genou d’Ιrma.

    Le garçon, pensant avoir dit une bêtise, s’arrête subitement ; Adhémar, qui craint une indiscrétion, change lestement le sujet de la conversation, tandis qu’Irma, se penchant légèrement vers son voisin, lui dit à mi-voix, en lui prenant la main sous la table : Chut ! c’est moi.

    – Moi, quoi ? se demandait l’inconnu, ahuri.

    Cependant, la causerie reprend de plus belle. Irma fait la bouche en cul de poule et soupire d’un air langoureux.

    Vertalouette lutte d’amabilité ; sa sœur et lui cherchent l’un et l’autre à rester seuls avec le garçon : n’y pouvant parvenir sans brusquerie, on temporise de part et d’autre. L’inconnu qui ne comprend rien à toutes ces façons, se laisse faire, en attendant le mot de la situation.

    – Le temps est mauvais, impossible de sortir, dit Vertalouette, organisons une petite partie !

    On joue, l’inconnu perd cent sous, il fait la mine ; aussitôt Irma met dans son jeu, il regagne, il est en pleine veine. Par délicatesse la vieille demoiselle retire sa mise, et le garçon gagne soixante francs au papa, qui laisse sa place.

    Irma, qui ne veut pas perdre le jeune homme de vue, succède à son frère, elle prend les cartes et perd quatre-vingt francs.

    Enfin, las du jeu, vers quatre heures, on prend le thé, en compagnie de deux anciens chapeliers en visite. C’est Rose qui fait le service, sous l’œil de maman Vertalouette.

    Au beau milieu de la cérémonie on entend retentir la sonnette :

    – Tiens ! monsieur Molsurot ! vous désirez ? Entrez donc un instant.

    MOLSUROT, à l’inconnu. – Comment, vous ici encore !

    L’INCONNU.– M. Vertalouette m’a retenu et j’ai cru…

    VERTALOUETTE.– Tiens, vous vous connaissez, ah ! c’est assez bizarre !

    MOLSUROT.– Parfaitement ! monsieur est mon commis.

    VERTALOUETTE, vexé. – Pas possible ! Eh bien ! alors, monsieur, que demandez-vous donc, au sujet de quoi êtes-vous venu ?

    L’INCONNU.– Mais, monsieur, je vous l’ai dit, pour avoir la clé de la pendule que mon patron avait oubliée ce matin en faisant son remontage.

    VERTALOUETTE, pincé. – Vous auriez bien pu dire : « Je suis l’horloger !… »

    L’INCONNU.– Mais, monsieur, je n’ai pas osé, vous m’avez dit que j’aurais la clé plus tard, et de ne rien dire devant madame !

    VERTALOUETTE, bas. – Vous ne veniez donc pas des PETITES AFFICHES.

    L’INCONNU, de même. – Du tout.

    MOLSUROT.– Depuis ce matin je me disais : « Mais où est-il passé ? Qu’est-il devenu ? » Je venais voir si vous pouviez m’en donner des nouvelles.

    IRMA.– D’excellentes, monsieur Molsurot, comme vous le voyez. (Bas au commis) : Cette discrétion vous honore, merci. Demain, à huit heures, j’irai faire mettre un verre, tâchez d’être seul.

    MOLSUROT.– Eh bien ! partons, avez-vous la clé ?

    VERTALOUETTE.– La voici.

    L’INCONNU.– Je suis prêt. (À part.) Mais qu’à cette vieille folle après moi ?

    Et Vertalouette seul se disait : « J’ai été trop vite aussi, moi : c’est égal, il nous a attrapé cent quarante francs, cet animal-là. »

    L’amour des bêtes

    À Aurélien Scholl.

    Lorsqu’on dit : j’aime le lapin… sauté, ou le poulet… rôti, je le comprends, mais ce qui a toujours eu le don de m’énerver, c’est lorsque j’entends les gens dire : Oh ! moi, je suis fou des bêtes !

    Quand on a une âme naïve, on est disposé à croire qu’ils les adorent réellement, mais si on réfléchit seulement une demi-seconde, on est bien vite désabusé.

    Ainsi, vous avez les gens qui adorent les chevaux.

    S’ils ont les moyens, ils en achètent, ils les font, bien astiquer, nourrir et brosser ; mais ils les font ensuite accrocher à un meuble appelé voiture, et se font traîner dedans. Comme ils adorent les pauvres bêtes, ils prennent le soin de mettre sur le siège de la voiture, un individu armé d’un fouet, pour qu’il lape dessus.

    S’ils ne les accrochent pas à une boîte perchée sur quatre roues, ils les montent et se font porter tout le temps. Et, si le cheval ne va pas à leur idée, on lui donne des coups de cravache sur l’épaule ou on lui enfonce des éperons dans le ventre.

    Tout cela parce qu’on l’aime bien ce pauvre cheval.

    Le jour, la nuit, le soir, le matin qu’il vente ou qu’il pleuve, qu’il fasse chaud ou qu’il fasse froid, on le sort de sa maisonnette et on le fait trotter ; s’il n’est pas content, c’est son affaire.

    On l’adore tant, qu’on s’en moque pas mal.

    Les gens qui aiment bien les chevaux, mais qui n’ont pas le sou pour en acheter, vont voir courir.

    Ils sont enchantés de voir éreinter les malheureuses bêtes ; et quand un cheval arrive premier, on crie : « Vive chose ! »

    Il a les lianes en sang, il sue, il souffle, il est épuisé, ça ne fait rien.

    S’il s’est cassé une patte à la banquette irlandaise, c’est lui qui a eu tort.

    De bons bourgeois qui ne feraient pas de mal à une mouche, tant ils aiment les bêtes, grimpent sans remords dans un fiacre usé, s’assoient tranquillement, et recommandent au cocher d’aller bon train. On lui donnera dix sous de plus.

    Pour gagner ses dix sous, le cocher roue de coups le malheureux cheval étique, vieux et malade, qui traîne le véhicule ; et, pendant ce temps-là, les bourgeois, bien bons, rient comme des bienheureux d’une farce qu’ils viennent de voir jouer.

    Nous avons aussi les gens qui sont fous des oiseaux. Les oiseaux n’étant bien que dans les airs, leur véritable élément, les gens qui les aiment bien, commencent par les fourrer dans une cage ornée de petits bâtons, et ils les accrochent à une fenêtre.

    Pour les rendre bien heureux, on leur secoue de temps en temps sur la tête, un peu de mouron rempli de terre et de poussière, qui sèche et pue tranquillement au soleil ; on leur met du grain dans une boîte, de l’eau dans un petit vase, et allez-y !

    L’oiseau, très vexé, essaie de voler, il casse ses plumes partout : aux barreaux, aux petits bâtons ; et de guerre las, éreinté, il sautille tant bien que mal d’un bâton sur l’autre, tout en faisant des yeux ronds et effarés.

    Il finit par en prendre son parti, et tels les malheureux prisonniers qui murmurent un refrain appris jadis, pour oublier l’horreur de sa situation, le pauvre oiseau chante, piaille, roucoule ce qu’il sait.

    L’idiot qui les a mis dans son panier à salade, vous dit alors avec un air joyeusement stupide : Hein ! comme il est content ! Certaines gens, pour que ce soit plus gentil à l’œil, en mettent de différentes races dans la même cage, et leur donnent la même nourriture, les exposent à la même température.

    S’ils ne s’entendent pas, eh bien, ils se battront, voilà tout. Souvent les pauvres bêtes sont dans des cours sans air, sans soleil, empestées ; les voisins secouent des tapis au-dessus de leur eau ; on oublie de les rentrer le soir, il pleut sur eux ; le bruit de la maison les effraye, ils dorment et on les secoue ; ils ont envie de chanter, une amie vient leur dire bonjour, tant pis ! parce qu’on envie de sortir, on les rentre, et de ce qu’ils salissent tout avec l’écorce de leur graine, on les met sur le fourneau de la cuisine.

    On les aime tant ces petites bêtes !

    D’autres gens non moins tendres, leur coupent une aile pour les priver.

    Absolument comme si de gros oiseaux nous coupaient une jambe parce qu’ils nous aimeraient bien, et qu’ils voudraient nous attacher à eux.

    D’autres encore adorent les perroquets et les attachent par la patte avec une chaînette en fer, fixée à un gros piton.

    Les vieilles demoiselles aiment volontiers les chats.

    Seulement, pour qu’ils ne donnent pas le désolant spectacle de… la débauche, on leur fait enlever… ce qui pouvait les engager à batifoler avec la minette du voisin.

    Soyez donc aimés des vieilles demoiselles, pauvres chats… !

    On aime aussi les petits poissons. Alors on les fourre dans un bocal où ils remuent à peine.

    On aime aussi les chiens, mais on leur met un collier, et on leur défend de crier : ils se soulagent quand on pense à les descendre, autrement on les bat comme plâtre.

    On les enferme dans des chambres, on les laisse tout seuls parce qu’on ne peut les emmener partout ; ou encore on prend l’omnibus, et on les fait courir derrière pendant une heure.

    Si le chien ramasse un os en route, on lui allonge un coup de pied ; s’il vient vous caresser avec des pattes crottées, on lui flanque un coup de parapluie.

    Quand c’est une chienne et qu’elle a des petits, on les jette à l’eau parce que c’est gênant et qu’on ne sait à qui les donner.

    La pauvre chienne est désolée, furieuse ; mais si elle a l’air de se fâcher, on lui administre une volée.

    C’est charmant.

    Voilà ce que font les gens qui aiment les bêtes.

    Oh ! comme je voudrais voir un jour les bêtes se

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