Une boule de tendresse: Roman
Par Gérard Cavanna
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À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTEUR
L’auteur a travaillé en société aéronautique durant la première partie de sa vie. Dès ses trente ans, il a été son propre patron et a créé et géré plusieurs entreprises dont une boutique d’informatique et plusieurs restaurants. Actuellement consultant en informatique, il écrit son premier roman Maman s’en est allée en 2017. Son deuxième roman Le Prédateur paraît en 2018. Puis, son troisième opus en début 2019 L’ombre du copy-cat s’inscrit comme la suite du Prédateur. Le quatrième roman, Insurrection sur le Ve république, voit le jour fin 2019. Une boule de tendresse est son cinquième roman.
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Aperçu du livre
Une boule de tendresse - Gérard Cavanna
Du même auteur
Maman s’en est allée
Un fils face à la maladie Alzheimer
Saint Honoré Éditions – 2018
Le Prédateur
Le périple d’un prédateur, de la Syrie à la France
Saint Honoré Éditions – 2018
Le Prédateur II
L’ombre du copy-cat
Règlements de compte sous la marque du prédateur
Saint Honoré Éditions – 2019
Insurrection sur la Ve république
Révolte des Gilets Bonnets Jaunes
Pamphlet libertaire sur le pouvoir en place
Le Lys Bleu Éditions – 2019
Préface
L’affection, l’allégresse ressenties entre un maître et son animal favori sont au cœur de ce Tour de France des régions.
C’est l’amour inconditionnel d’un animal, cet être vivant qui vous jette un regard plein de tendresse malgré tous vos défauts, vos sautes d’humeur, qui fait qu’un jour vous le caressez et une autre fois vous l’envoyez bouler dans un coin.
Néanmoins, votre boule de miel revient vers vous, remuant sa petite queue avec des larmes plein les yeux se demandant ce qui pouvait engendrer cette fureur, et qu’elle pouvait être sa faute !
Mais n’ayez crainte, vous pouvez le martyriser, le cajoler, l’ignorer, c’est votre compagnon, votre ami, il vous pardonnera tout et reviendra vers vous, plein d’amour et de douceur, ne quémandant que des caresses et câlineries.
Chapitre I
Julius, le Jack Russel
Les studios d’Ushuaïa du Quai du point du Jour à Boulogne, commune des Hauts-de-Seine, bourdonnaient comme une ruche, en ce lundi de janvier 2015. Le journaliste Alex Callagan, spécialisé dans les reportages animaliers était convoqué par le grand chef Christophe.
— Voilà Alex, faites-moi une enquête sur les relations entre un animal domestique et son propriétaire, dans les diverses régions en France. La passion que les Français entretiennent avec leurs chiens et leurs chats mérite que nous nous intéressions à eux.
Donnez-moi du concret, de l’amour, de la fidélité, toutes les sensations que nous pouvons éprouver devant nos amis à quatre pattes.
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Alex râlait dans sa barbe, comme d’habitude il devait d’abord chercher un hôtel pas trop cher dans la région où il avait décidé de démarrer ses investigations. Le forfait journalier qui lui était imparti lui imposait certaines restrictions.
Les Hauts-de-France étaient parfaits pour sa première enquête, l’hospitalité des gens du nord était mondialement reconnue, et Alex, de passage dans les environs de Lille et Béthune, voyait souvent des animaux en liberté sans contrainte qui déambulaient dans les rues. Edmée de Xhavée écrivait « qui aime les bêtes, aime les gens » un vieil adage qui convient idéalement à cette population.
Il décida de poser ses pénates dans le Novotel Lens Noyelles situé à trois kilomètres d’Hénin-Beaumont.
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Une pluie fine de janvier trempait le pavé de cette commune du Pas de Calais dans les Haut-de-France. Hénin-Beaumont se réveillait doucement en cette matinée dominicale. Il fut un temps où les cloches de l’hôtel de ville sonnaient tous les quarts d’heure, rappelant une chanson locale écrite durant la Grande Guerre.
Maintenant les dômes de la mairie sont bien silencieux et surplombent la grande place Jean Jaurès, où quelques quidams déambulent le nez au ras du sol, en pressant le pas.
À quelques rues de là, les Héninois engoncés dans leurs manteaux se hâtent en passant devant l’église Sainte-Marie, ignorant le petit drame se déroulant sur le parvis du bâtiment catholique.
Jean, un SDF connu des habitués de la paroisse et couché sur des cartons à même le sol devant la grande porte en chêne et fer forgé, était en train de mettre bas sa petite chienne Jack Russell.
Luc, le prêtre des lieux s’inquiéta des coups répétés sur la grande porte de l’église. Il finissait d’étudier son prochain sermon dominical qu’il allait prêcher devant ses ouailles et, courroucé, il se demandait quel était l’olibrius qui se permettait de le déranger à cette heure matinale.
— Monseigneur, Monseigneur, vite Marie ma petite chienne vient d’avoir deux chiots adorables et il y a beaucoup de sang. Qu’est-ce que je dois faire ? Que va devenir ma petite Marie ?
— Jean, je vous ai déjà dit que nous ne sommes pas au dix-septième siècle, et que l’église ne recueille plus les indigents. Bon, vous allez rentrer prendre un bol de soupe et nous allons voir ce que nous pouvons faire.
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La Clinique Vétérinaire du boulevard Schweitzer venait d’ouvrir ses portes sur une permanence du week-end. Le docteur Maryse Sembor était plongée dans les factures de la semaine quand le téléphone sonna et lui perturba ses calculs :
— Oui, ici le docteur Sembor, puis-je vous aider ? Ah, c’est vous monsieur le curé. Un de vos paroissiens a des soucis avec son animal favori.
— Oui Maryse, vous êtes une belle personne et vous serez remercié de vos bontés envers mes nécessiteux, soyez-en sûr. Mais là, j’ai un miséreux qui s’appelle Jean et à qui je procure parfois une couche dans mon église. Celui-ci possède une chienne, Jack Russell, qui vient de mettre bas deux chiots, pourriez-vous le prendre lui et sa petite famille sous votre aile.
Maryse en bonne catholique convaincue, lui répondu affirmativement :
— Amenez-les-moi !
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Dans une des rues attenantes à la Clinique Vétérinaire s’élevait une petite bâtisse abritant une famille monoparentale, Sandra Nicoll, une mère courage, et son fils handicapé Enzo, bloqué dans son fauteuil roulant.
Les voisins de la rue Mélusine connaissaient bien le petit bonhomme coincé dans sa chaise et sa maman le poussant hardiment sur les trottoirs défoncés de la vieille ville.
Parce que le petit Enzo était dans sa période de révolte, envers sa maman et la société, parce qu’il n’arrivait pas à exprimer ce qu’il ne ressentait ni par la parole, ni par les gestes, parce que son univers était fragmenté de petits besoins insatisfaits, de crises de colère suivies d’apathie, parce que sa maman du plus lointain qu’elle se souvienne, son amour de gamin était différent des autres enfants. Les médecins après s’être penchés sur son cas, lui assénèrent cette terrible révélation : votre garçon est autiste !
Le mari de Sandra ne supporta pas le handicap de son bébé et s’enfuit à l’autre bout du monde, sans un regret, dans une pitoyable attitude.
Enzo savait marcher mais quelques fois, et surtout aujourd’hui, il avait décidé que ses jambes ne le porteraient pas, à charge pour sa maman de s’en préoccuper. La pluie avait cessé et un pâle soleil essayait de percer la couche de cumulo-nimbus se délitant sur la ville d’Hénin. Enzo fêtait ses dix ans en ce premier jour de janvier.
Dix années de privations et d’abnégations pour Sandra, mais aussi dix années de joies et de bonheur à chaque moment de progrès sur la marche, les gestes d’intelligence, les premiers mots non balbutiés, les premières lueurs sensées de compréhension.
Hier, Simone Delfond l’assistante sociale faisait sa visite hebdomadaire et s’interrogeait sur la régression d’Enzo, qui n’avait pas désiré la rencontrer depuis deux semaines. Ils avaient établi une certaine connivence qui s’était brutalement arrêtée, sans aucune raison.
À l’aube de son anniversaire, Enzo était entré dans une effroyable colère. Sandra en avait longuement conversé avec Simone, ils en étaient arrivés à la conclusion qu’il voulait peut-être partager sa fête avec des amis.
Chose plus facile à dire qu’à faire, Enzo piquait souvent des crises terribles qui intimidaient et avaient fait fuir bon nombre de gamins.
— Pourquoi ne lui trouvez-vous pas un compagnon à quatre pattes ? La thérapie assistée par l’animal ou la zoothérapie désigne l’ensemble des méthodes thérapeutiques non conventionnelles qui utilisent la proximité d’un animal domestique ou de compagnie, auprès d’une personne souffrant de troubles occasionnés par sa maladie et pour réduire son stress, préconise Simone.
— C’est une excellente idée, répondit Sandra, je vais m’enquérir d’un chiot ou d’un chaton dès demain.
Deux semaines étaient passées, Sandra et Enzo avaient écumé les chenils des environs sans trouver la perle qui conviendrait au fiston. Les chats étaient trop indépendants et apparaissaient méfiants devant l’autisme d’Enzo, quant aux chiens ils ne trouvaient pas grâce aux yeux du gamin.
Deux mois s’étaient écoulés, cependant aucun animal n’était entré dans leur vie, et celle-ci avait repris cahin-caha. En bonne catholique, Sandra interrogea Enzo :
— Depuis la messe de minuit le soir de Noël, nous n’avons plus assisté aux sermons du père Luc, nous irons à l’église ce dimanche, mon chéri, j’espère que ça te convient ?
En arrivant sur le parvis de l’église Sainte-Marie, l’éternel trio de bigotes devisait gaiement sur les derniers potins du quartier, Sandra poussant un Enzo bougonnant et de mauvaise humeur. Jean le SDF était assis sur ses cartons et faisait la manche, au bon vouloir des personnes entrantes. Marie, sa petite chienne Russell, jouait avec ses deux chiots, et sur un signe de Jean, elle revint se lover entre les jambes de son maître, suivi par un de ses chiots. Le deuxième fila comme une flèche en zigzaguant parmi les paroissiens et vint lécher la main d’Enzo qui pendait nonchalamment de son fauteuil.
Sandra, qui venait de bloquer les roues du fauteuil roulant dans la place dédiée aux handicapés, fut surprise dans un premier temps et ravie ensuite de voir son Enzo qui venait de trouver son compagnon.
La petite bouille pleine de malice du chiot et sa petite queue tremblant d’excitation, acheva d’émerveiller le gamin. Le chiot sauta sur ses genoux comme s’il avait compris la complicité naissante entre eux deux.
Jean qui venait d’entrer à la recherche du petit chien, eut les larmes aux yeux de voir la félicité qui émanait de ces deux êtres qui semblaient être nés pour se rencontrer.
— Je ne me souviens pas avoir vu ce genre de rencontre dans ma chienne de vie… Excusez-moi mon Dieu d’avoir blasphémé (et il se signe) mais je ne crois pas que mon Julius ; c’est le nom de mon petit chien, pourrait trouver de meilleur maître !
Chapitre II
Fripouille, le berger Australien
Alex venait de quitter le Novotel d’Hénin-Beaumont et se rappelait les différents personnages qui avaient démarré son enquête, le prêtre Luc l’avait bien aidé à dépoussiérer l’histoire du jeune autiste Enzo.
La Bretagne serait son deuxième point d’ancrage. Il posa ses valises dans un hôtel relais, Le Bigouden à Guilvinec.
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À l’autre bout de la France, dans le département des Pyrénées-Orientales un avis de tempête était diffusé sur les radios locales, France Bleu Roussillon sur le 101,6 MHz. « Vigilance rouge – Vent violent »
Avec ses cent trente-six jours de tramontane dans l’année et des pointes de vents à cent cinquante kilomètre-heure, Perpignan connaît les risques inhérents aux brusques déchaînements du dieu Éole, et sait se protéger, en invitant les Perpignanais à se mettre à l’abri.
Dans les locaux du refuge de la SPA, le personnel calmait les animaux les plus sensibles au changement climatique. C’était un jour de visite, aussi quelques familles découvraient les chats et les chiens dans leur univers carcéral. Les cages étaient très aérées et suffisamment spacieuses pour le bien-être des animaux attendant de trouver une place dans leur future famille.
Un couple de Bretons, Erwan et Gwenaëlle Briec, tentaient de faire plaisir à leur fillette Gaëlle, en l’emmenant voir des « peluches à quatre pattes » comme elle les définissait si bien. Originaire de Guilvinec, une petite ville côtière du Finistère, la famille Briec était des Guilvinistes connus et appréciés de tous. Gwenaëlle faisait fonction de professeure dans l’école maternelle de la rue du Château et Erwan vivait de sa musique, animait les soirées dansantes le week-end dans les bals de la région. Ils ne roulaient pas sur l’or, mais un bébé d’amour était entré dans leur foyer, il y avait un peu plus de onze ans, en cette merveilleuse petite fille, Gaëlle.
Erwan adorait sa fille et commençait toujours son répertoire de chansons par un hommage à Gaëlle :
« Quand tu es arrivée
Tous les anges chantaient
C’est moi qui t’ai donné
Ton tout premier baiser
Toi, tu me donneras
Sans doute le dernier »¹*
Leur vie à tous les trois était réglée comme du papier à musique, jusqu’à cette période délicate où les nuages noirs ont semblé se concentrer sur leurs têtes.
Cela avait commencé par de la pâleur, de la fatigue, une perte de l’appétit, des douleurs abdominales et des vomissements répétés, jusqu’à ce diagnostic effroyable « votre fille a un cancer ».
*
Quand ils mirent un nom sur ce cancer « leucémie », les médecins expliquèrent que les cellules sanguines normales dans la moelle osseuse de leur fille étaient remplacées par des cellules cancéreuses. L’anémie, la baisse des leucocytes et des plaquettes font partie des symptômes de la maladie.
Les époux Briec écumèrent les hôpitaux de la