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Mécanisme des histoires romanesques: Guide pratique
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Livre électronique206 pages2 heures

Mécanisme des histoires romanesques: Guide pratique

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À propos de ce livre électronique

Écrire avec précision, toucher les sens, le choix des mots, réussir les dialogues...

A travers intrigues, personnages, choix des mots, voix et styles, l'auteur nous démonte pièce par pièce l'architecture d'histoires romanesques. Rien que la lecture de cet ouvrage donne d'emblée l'impression qu'on est déjà un écrivain à succès.

Cet ouvrage vous donnera toutes les ficelles pour bien construire un récit de fiction.

EXTRAIT

Mes quinze commandements de l'écrivain : 1. Ecris tous les jours. 2. Observe et écoute. 3. Utilise tous tes sens. 4. Utilise des verbes forts. 5. Des détails ! 6. Sache que le spécifique battra toujours l'abstraction. 7. Mets de l'action. 8. Abonne-toi à des mots forts. 9. Apprends à dramatiser la fiction. 10. Ecris des dialogues courts. 11. Apprends à traquer les faiblesses dans tes écrits. 12. Attention aux clichés et aux idées vagues. 13. Ne confonds jamais intrigue fouillée et obstacle dans un récit. 14. Dans tes corrections, apprends à suppprimer les adverbes. 15. Inspire-toi des autres, mais reste toi-même.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Oakley Hall (1920 - 2008) est un écrivain américain de roman policier et de western. Il fait des études universitaires à Berkeley, en Californie, et dans l’Iowa, puis sert dans les Marines lors de la Seconde Guerre mondiale. À partir de 1968, il est professeur d’anglais à l’Université de Californie à Irvine et directeur de cours d’écriture.
Son livre le plus célèbre, Warlock, est finaliste du prix Pulitzer en 1958.
LangueFrançais
Date de sortie28 juil. 2017
ISBN9791096918096
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    Aperçu du livre

    Mécanisme des histoires romanesques - Oakley Hall

    PRÉFACES

    CHAPITRE 1

    DE LA PRECISION DANS LES DESCRIPTIONS

    S’il est un point sur lequel ceux qui ont étudié l’art d’écrire sont bien d’accord, c’est sur celui-ci : la meilleure manière de susciter et de maintenir l’intérêt du lecteur consiste à être spécifique, précis et concret.

    LES ÉLÉMENTS DU STYLE

    Concret et non abstrait

    Spécifique et non général

    Précis et non vague

    Individuel et non général.

    Particulier et non générique

    Exact et non incertain

    Des détails, pas un résumé

    Défini et non indéfini

    Clair et non confus.

    Ces oppositions peuvent ne pas être toutes parfaites, mais j’espère que les distinctions sont claires. Le roman existe par le spécifique et la précision. Il meurt de l’abstraction et des généralités, telles que Un habitant du coin nommé à son poste.

    Aristote a écrit que Homère fut le premier à nous apprendre que l’art de rédiger réside dans la bonne manière d’écrire.. Dans ce passage de l’Odyssée, la déesse Athena est venue à Ithaque pour examiner la situation que Télémaque doit réglerr. Notez les détails spécifiques utilisés par Homère dans sa description :

    Elle découvrit les prétendants s’amusant avec désinvolture à lancer les dés devant les portes, se prélassant sur des peaux de bœufs qu’ils avaient tués eux-mêmes. Pendant ce temps-là, hérauts et gardes s’affairaient autour d’eux avec vivacité, les uns faisant chauffer du vin et de l’eau avec des épices dans des jattes spécialement prévues à cet effet, d’autres essuyant les tables avec des éponges humides avant de les mettre en place, tandis que certains d’entre eux découpaient de grands morceaux de viande.

    Parlant de son célèbre roman historique Froide Montagne, l’auteur Charles Frazier a dit : Ce que les lecteurs apprécient et ce sur quoi j’ai travaillé d’arrache-pied, c’est la texture physique d’une autre époque et d’un autre lieu. Dans le passage ci-dessus, extrait du roman historique qu’est l’Odyssée, Homère travaille dur pour restituer la texture physique de l’époque et du lieu.

    Etudions la manière dont Ellen Gilchrist énumère des détails spécifiques au début de son court récit, Ultime Régime.

    Le 24 août 1985, Jean-Anne Lori Mayfield, troisième enfant et unique fille de Monsieur et Madame Johnny Wayne Mayfield demeurant à Fayetteville, dans l’Arkansas, termina sa vie en percutant une boutique de beignets avec sa Toyota bleu marine. Elle aurait pu faire une embardée ailleurs et rentrer de plein fouet dans l’entrée d’urgence de l’Hôpital principal du Comté de Washington, mais non, elle défonça la vitrine de la boutique de Beignets du jour, numéro trois, tuant en même temps qu’elle une serveuse et un professeur ventripotent qui enseignait l’anglais à l’université.

    Barbara Kingsolver donne les détails suivants au début de son récit Les îles sur la lune :

    "Magda, la mère d’Anne-Marie, est spéciale. Elle porte des sandales et des vêtements cent pour cent coton ; elle marche comme si elle labourait le sol. Elle fait des colliers en vernissant des vertèbres d’espèces en voie de non disparition. Ses cheveux grisonnants sont ondulés. Elle a quarante-quatre ans.

    Kingsolver déclare de manière abstraite que Magda est spéciale, puis elle donne toutes les informations spécifiques possibles pour le prouver.

    Notez le premier paragraphe très spécifique de La Foire aux vanités de Thackeray :

    "Dans les premières décennies du siècle actuel, par une matinée ensoleillée du mois de juin, ils arrivèrent à la grande grille de fer de l’académie de Mademoiselle Pinkerton, établissement situé à Chiswick Mail et destiné aux jeunes filles ; c’était un grand véhicule familial tiré par deux chevaux gras aux harnais flamboyants, conduits à la vitesse de six kilomètres heure par un cocher replet portant tricorne et perruque.

    Tom Morrison est lui aussi très spécifique dans la description ci-dessous tirée de son roman Paradis. Mavis a pris une auto-stoppeuse. L’histoire se passe durant la guerre du Vietnam :

    La fille se présenta, Je m’appelle Sandra, mais appelez-moi Dusty, puis elle bavarda sans répit durant une trentaine de kilomètres. Pas du tout intéressée par Mavis, Dusty mangea deux Mallomars et parla surtout des propriétaires des six pendentifs en forme de chien suspendus à son nez. Des garçons de son lycée ou qu’elle avait connus à l’université. Deux des pendeloques lui avaient été données lors de rendez-vous galants ; elle avait sollicité les autres auprès des familles. Tous morts ou disparus.

    Le lecteur est constamment conscient de la présence de Dusty par le tintement des pendeloques.

    Remarquez l’efficacité des détails spécifiques : la distance d’une trentaine de kilomètres, les deux Mallomars, les six pendentifs en forme de chiens, dont deux ont été donnés au cours de rendez-vous. Comprendre que Dusty a sollicité les autres pendeloques auprès des parents des garçons morts ou disparus au Vietnam ajoute à l’horreur du climat lentement construit par Morrison dans ce chapitre.

    Le passage suivant provient d’une nouvelle écrite par Alice Adams : La plage hantée

    "Ce soir, elle va dîner en ville avec Ben et ils découvrent la ville exactement comme elle était : des rues miteuses, pleines d’ornières, chichement éclairées, conduisant au centre, avec des vieux hommes attardés et prudents, s’arrêtant parfois pour se reposer sous la véranda d’une maison obscure, afin de fumer une cigarette ou admirer la nuit. Au début, les boutiques étaient petites et minables, modestes épiceries, drugstores mal équipés avec des souvenirs timides, des cartes postales fanées, des cosmétiques bon marché. Et puis elles devenaient de plus en plus grandes, éclairées et voyantes. Avec plus de monde. Le même vieux mélange de touristes, toujours identifiables comme non-mexicains. Et des mexicains, la plupart pauvres, quelques-uns misérables, des mendiants, des femmes noires, maigres et pitoyables, portant des enfants.

    De mon point de vue, Alice Adams, écrivain accompli et d’une grande élégance, n’a pas accordé assez d’attention à cette description. Il n’y a pas un seul détail spécifique pour colorer son récit ; les adjectifs sont généraux, abstraits (des drugstores mal équipés, des souvenirs timides, des cosmétiques bon marché). Aucun d’eux n’a un impact visuel sauf peut-être les cartes postales fanées, qui, cependant ne doivent pas être très visibles dans l’obscurité. Les gens qui hantent les rues sont tous décrits par généralités, aucun d’eux ne l’est avec une touche particulière. On se rappelle le conseil de Tchekov à un jeune écrivain qui avait décrit une poche pleine de monnaie : Montrez-nous une seule et unique pièce mais faites entendre son tintement.

    Le passage suivant est tiré d’un livre de Jon Krakauer, Volatilisé. Il s’agit du récit des escalades désastreuses sur le Mont Everest en 1996. C’est une liste des amis alpinistes de l’auteur. Notons qu’il s’agit d’une œuvre non romancée dans laquelle l’auteur n’est pas soumis aux exigences du roman. Cette liste est spécifique mais d’une manière très différente de celle qu’aurait exigé un roman :

    ... il y avait Helène Wilsobn, vingt-neuf ans, mère de quatre enfants, qui revenait pour sa troisième saison comme directeur du camp de base. Caroline Mackenzie, médecin approchant la trentaine et alpiniste accomplie, docteur de l’expédition qui comme Hélène, n’irait pas plus haut que le camp de base. Lou Kasischke, l’avocat bien élevé que j’avais rencontré à l’aéroport, et qui avait grimpé six des sept sommets comme Yasuko Namba, quarante-sept ans, directeur du personnel taciturne qui travaillait pour Federal Express à la succursale de Tokyo. Beck Weathers, quarante neuf ans était un pathologiste volubile de Dallas. Stuart Hutchison, trente quatre ans, vêtu d’un T-shirt Ren et Stimpy, était un canadien cérébral, plus ou moins cardiologue en congé d’une association de recherche. Les cinquante-six ans de John Taske en faisaient le vétéran du groupe ; c’était un anesthésiste de Brisbane qui avait commencé l’alpinisme après sa retraite de l’armée australienne. Frank Fischbeck, cinquante trois ans, un éditeur de Hong Kong distingué et à l’apparence soignée... Doug Hansen, quarante-six ans, était un américain employé des postes.

    Il peut sembler y avoir ici beaucoup de détails spécifiques, noms, âges, professions, nationalité; mais ce sont des abstractions. Aucune de ces personnes n’est vivante pour nous. Il n’y a pas d’image. Joseph Conrad a souligné la responsabilité qu’a un écrivain de nous faire voir. Il n’y a rien à voir ici, sauf peut-être le T-shirt du Canadien.

    ABSTRAIT ET NON SPÉCIFIQUE

    Quelques personnes entrèrent dans la pièce.

    Trois femmes et un minuscule jockey habillé de soie orange entrèrent par la barrière.

    C’était un gros homme avec une barbe.

    Il emplit l’encadrement de la porte, sa barbe scintillante de boucles.

    Il faisait froid dans la cuisine.

    Elle voûta ses épaules et frotta ses mains l’une contre l’autre pour affronter le froid de la cuisine.

    La foule passa dans la rue.

    La rue déborda de bousculades d’hommes en casquettes de toile et de femmes en babouches.

    Le bébé est couché dans son berceau

    Dans son berceau bleu, un enfant rose et gazouillant agitait en tous sens ses poignets grassouillets.

    L’homme marchait sur le sol

    Un solide gaillard chargé de la surveillance, se précipita sur les carreaux noirs et blancs.

    Voici la description d’un personnage dans Mort d’un témoin de P.D James :

    Le regard d’Angela Foley était fixe et terne. L’aspect de cette fille était inhabituel : un visage en forme de cœur, un large front excessivement haut, ses cheveux, couleur de blé et fins comme ceux d’un bébé, tirés en arrière et tressés en un chignon serré au sommet de sa tête... Ses yeux étroits et bridés étaient si profondément enfoncés dans leurs orbites que Dalgliesh devinait leur couleur avec difficulté. Sa bouche était petite, pincée et renfermée au dessus d’un menton pointu. Elle portait une robe en jolie laine fauve, un tabard à manches courtes d’un modèle compliqué, et de petites bottes lacées.

    Les descriptions de PKD James sont toujours remplies d’informations vivantes et faisant appel à l’imagination. Peut-être y-a-t-il plus ici que nécessaire, mais ces détails sont donnés du point de vue de l’inspecteur chef Dalgliesh, et il étudie les témoins en vue d’obtenir des révélations, des indices, des informations. La description ci-dessus aurait été plus efficace encore si elle avait été transposée en action. Une image en mouvement est plus frappante qu’une image statique.

    Voyez comment E.L Doctorow incorpore cette donnée fondamentale de l’écriture dans son roman The Waterworks. Le narrateur donne la description suivante :

    Un personnage imposant, pas grand mais de svelte stature, avec la tranquillité que donne une totale confiance en soi.... Portant la redingote habituelle légèrement boursouflée aux coutures des épaules, le gilet avec des boutons en tissu, et la cravate négligemment nouée avec son épingle. L’impression générale est de netteté et de satisfaction personnelle. Des cheveux noirs et épais coupés court. Des joues, la lèvre supérieure et le menton bien rasés mais un collier encadrait sa mâchoire, continuait sous son menton et bouclait autour de sa gorge comme une écharpe de laine enfoncée dans son col. Des yeux noirs, au regard implacable, étonnamment opaques avec une sorte de désolation, une intense froideur me rappelant Sherman, William Tecumseh Sherman. Un front bien arrondi, légèrement en dôme, un nez mince et droit, une bouche aux lèvres minces. Je l’animerai avec une action. Il tient une montre à gousset, la regarde et la glisse dans la poche de son gilet. (Italiques ajoutées).

    Doctorow a mis son personnage en mouvement. Il aurait pu être plus efficace de le mettre en marche avant de donner toute l’abondance de détails, car le regard du lecteur aurait été plus sollicité que par la description statique. Cependant l’action dans laquelle cette description est intégrée est emblématique du personnage et cadre aussi avec le thème du roman qui est la mortalité.

    Les deux morceaux ci-dessus sont denses, riches détails. Combien en faut-il ? Le roman dépend de la sélection des détails, et non de leur amoncellement ; quand le travail de l’écrivain est terminé comme observateur, son travail de sélection commence. Quels sont les détails dont il a doté son personnage qui sont les plus frappants, les plus efficaces ?

    LA RÈGLE DE TROIS

    Henri James donne le conseil suivant : Sélectionnez, examinez et choisissez : Sélectionnez le détail, regardez comment l’utiliser au mieux et rendez-le, puis adaptez-le en mouvement ou en signification.

    Un détail, s’il est bien choisi, peut suffire à donner le souffle de la vie. Ou bien deux. A partir de quatre, on peut presque toujours déduire que l’auteur n’a pas suffisamment bien fait son travail de sélection.

    Robert Jordan a reçu l’ordre de faire sauter un pont et il le regarde dans Pour qui sonne le glas de Hemingway (la numérotation est de moi) :

    Il était assez large pour que deux autos puissent y passer (1) et franchissait, de son jet métallique élégant mais robuste (2) une gorge profonde du tréfonds de laquelle jaillissait un ruisseau d’eau blanche qui bouillonnait à travers les rochers et courait rejoindre le torrent qui descendait du col (3).

    Herbert Gold introduit son principal personnage féminin dans son roman : Elle me prit par le bras, comme si elle m’aimait :

    Un enrobage de chair en excès qui devrait bientôt fondre puisqu’il n’était pas nécessaire à un athlète ; des dents carrées jaunâtres qui apportaient un éclat par l’intensité de leur usage dans le sourire ; une avidité très amusée - des yeux bleus dévorants ; un aspect de santé tapageuse pour laquelle la jeunesse était à blâmer en partie seulement.

    Priscilla a toujours été montrée en action avant cette description. Il y a ici quelques descriptions abstraites mais les trois détails essentiels sont un enrobage de chair en excès des dents carrées jaunâtres et des yeux bleus dévorants" : ces trois détails donnent le souffle de la vie à cette énervante jeune femme.

    Dans le passage suivant, extrait de Fini la Californie, de Louis B. Jones, le héros vient de rencontrer son fils de vingt-quatre ans, qu’il a perdu de vue depuis longtemps et qu’en fait il ne connaît pas.

    Il est grand, plus grand que moi. Ses cheveux coupés très courts, à la mode actuelle de San Francisco, le font ressembler à un malade mental et son corps est mutilé, au goût du jour également : un drain métallique posé sur le lobe de son oreille et un autre enfoncé dans la peau d’un de ses sourcils. Suspendus à ces drains, des morceaux de papiers, des hameçons, des cartes flash représentant des détails anatomiques humains, un pied de lapin, des tampons paraissant déjà utilisés, tout ce qui lui paraît spirituel ce matin. C’est un artiste.

    De nouveau, trois détails sont très vivants : sa taille, sa coupe de cheveux, les drains posés à plusieurs endroits avec l’attirail qui y est suspendu. Si le garçon était juste grand, cela ne nous aiderait pas beaucoup pour le visualiser, mais plus grand que moi ajoute un point de comparaison spécifique. Les cheveux ne sont pas seulement coupés ras, mais coupés ras comme ceux d’un malade mental et l’étalage des drains destiné à choquer est efficace et dramatique.

    Voici le commencement du récit de Alice Walker D’Utilisation courante :

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