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Le spectre de la honte: Recueil de nouvelles
Le spectre de la honte: Recueil de nouvelles
Le spectre de la honte: Recueil de nouvelles
Livre électronique83 pages1 heure

Le spectre de la honte: Recueil de nouvelles

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À propos de ce livre électronique

Un ouvrage aux dialogues savoureux, cocasses et graves à la fois.

Stanislas Bakissy nous propose deux nouvelles.
Le Spectre de la Honte est une parodie qui se joue à huis clos dans laquelle les dialogues frisent le grotesque et l'absurde. Le désarroi du malade atteint du sida - dominé par la honte et le déni - est comparable à celui du médecin, impuissant à soigner dans un système où les usages sont un frein à l'exercice de la médecine.
Dans Seule est ma colombe, Stanislas Bakissy se sert de l'amour pour dénoncer une forme d'esclavage qui subsiste en Afrique...

Avec humour et une certaine dose d'absurde, l'auteur décrypte les maux persistants du continent africain.

EXTRAIT DE LE SPECTRE DE LA HONTE

-Vous pensez que je suis séropositif ?
-Je ne suis ni devin, ni charlatan. Attendez donc vos résultats.
-Vous voyez bien comme je suis gros et bien portant. Pensez-vous qu’avec un tel embonpoint, je...
-Que votre embonpoint ne vous trompe pas. Ce n’est pas un signe que vous êtes sain. Mais... s’étonna le docteur, vous avez déjà passé trois tests et ça s’est révélé positif !

À PROPOS DE L'AUTEUR

Stanislas Bakissy est né à Pointe-Noire. Auteur de plusieurs pièces de théâtre, il a été primé en 1993 pour la mise en scène de Sa Majesté Sidacytose au Festival du Théâtre (F.I.T.E.S) à Brazzaville et reçu le prix Tchikounda à Pointe-Noire pour la mise en scène d’Un pou a épousé une princesse.
LangueFrançais
Date de sortie21 nov. 2017
ISBN9791095999232
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    Aperçu du livre

    Le spectre de la honte - Stanislas Bassiky

    MAKANI

    Stanislas BAKISSY

    LE SPECTRE DE LA HONTE

    Les Lettres Mouchetées

    Aux anciens acteurs du Théâtre de la Mer :

    Julien NGOYO, Rodrigue WANGHOS, Rock DIANZINGA, Hertel NKEYI, Wilfrid PEMBA, Helena BAKISSY,

    Estelle NZALAKANDA, Cyr MAKOSSO, Nathalie PEMBA,

    Laure NDOKI, Allen Stève GOMEZ, Vanessa TSOUMA,

    Modeste et Jocelyne TCHICAYA, Maryse Arlette BAKISSY,

    Arnaud MAKOSSO, Sosthène CODJA,

    Hervé Fleury FERNANDEZ, Stève BOUITY,

    Rommel KIMINOU,

    Roland ONDELI, Fortuné NIAMBI MAVOUNGOU,

    Christian DOUKAGA, Gyr MALANDA,

    Stalgar TOUZI, Le Saint SOLO, Sydney NGAPA,

    Mike NDEBEKA.

    Habituellement, Monsieur Boutel-Lianou était du genre introverti, habitué à tout garder pour lui. Je me souviens même qu’on l’appelait dans sa jeunesse, « le rêveur », parce qu’il avait l’art d’être absent partout où il était présent. Bien souvent, il ne se souvenait plus, une fois chez l’épicier de son quartier, ce qu’on lui avait recommandé d’acheter, ou pire, d’y acheter ce qu’on ne lui avait pas demandé. Son père, ancien ambassadeur à Genève ne misait pas gros sur lui lorsqu’il présageait de la future carrière de l’ensemble de sa progéniture, engendrée avec plusieurs femmes. « Il n’ira pas loin ce petit, c’est sûr qu’il n’est pas mon fils ! criait-il souvent lorsqu’il sortait d’une réunion avec le Directeur de son collège qui le convoquait bien souvent pour se plaindre de son manque de concentration. Il est différent de ses frères. Dans ma famille, personne n’est comme lui. Cette nature vient de tes parents. » disait-il à sa mère.

    Dame Tchivêfi, sa mère, écoutait en silence ces provocations et soutenait son fils sans répit en l’encourageant. En lui chuchotant aux oreilles qu’il était le meilleur, le plus grand des hommes. Monsieur Boutel-Lianou grandit avec ces paroles dans son cœur ; entre le rejet de son père et l’amour de sa mère. Un homme peu sûr de lui quand même, parce qu’il lui manquait quelque chose qu’il estimait important pour sa vie d’homme, quelque chose qui devait venir de son père : son regard, son jugement affectueux, son soutien. Même après plusieurs années, pendant lesquelles l’histoire avait donné un écho favorable aux rêves de sa mère, en faisant de lui un Haut fonctionnaire, jamais son père ne l’avait jamais félicité de sa vie. Personne ne saura si c’est pour cette raison qu’il n’avait assisté à aucune des veillées mortuaires organisées durant trois semaines en l’honneur de ce dernier. Il ne fut pas plus présent à la messe de requiem qu’au cimetière familial de Ndjéno. Il en voulait à son père. Mais il habita longtemps au quartier Mpita, dans l’une de ses nombreuses villas, avant la liquidation de sa succession. Et là, il se surprenait souvent à l’imiter en prenant son thé sur la terrasse de cette maison où il avait grandi près de lui, avec ses frères et sœurs, en se promenant pieds nus sur le gazon et en écoutant les mêmes musiques qu’il affectionnait. En bref, il l’admirait. Mais ça, plutôt mourir que de l’avouer.

    Depuis quelques mois, Monsieur Boutel-Lianou jouissait d’une nouvelle promotion dans sa carrière lorsque son ministère de tutelle lui demanda de passer un test de VIH avant d’aller assister à une conférence internationale devant se tenir à Paris. Les résultats de ce test étaient nécessaires pour valider son dossier. Alors là, ce qui pouvait être pour n’importe qui une simple formalité, apparut chez lui comme une difficulté majeure. Le sommeil l’avait quitté, ainsi que l’appétit. Mais la pression de sa hiérarchie le poussa un jour à se diriger, sans sa voiture de marque Française qu’il affectionnait tant, hors du centre des affaires pour se rendre au Centre national de dépistage du sida.

    Le chauffeur de taxi qui le conduisait maudissait sans arrêt l’état de délabrement de la route, il se plaignait des charges, qui, selon lui, étaient trop excessives. Il parlait d’une femme qui s’était permis de manger du poisson braisé dans sa voiture en laissant traîner les arêtes sur le siège, du prix du carburant qui ne faisait qu’augmenter… Il parlait de tout comme pour vouloir provoquer un débat. Mais Monsieur Boutel-Lianou restait muet comme une carpe. Et dire que j’allais venir ici avec ma Peugeot 607, pensa-t-il, satisfait de ce que sa voiture était bien garée dans un parking.

    — Ça fait 3000 FCFA Monsieur ! dit le chauffeur, lorsque qu’ils arrivèrent à destination.

    — 3000 FCFA ? Je rêve ou quoi ! 3000 FCFA pour un si petit trajet ?

    — Qui a parlé du trajet ? Vous avez vu ces trous grossiers sur la voie, et les dégâts qu’ils ont causés sur la tôle de ma voiture ? Vous avez vu ces embouteillages et les mares d’eau. Vous avez vu ça, le vieux ? Vous savez bien qu’ici, avec les grandes pluies, il y a des rivières partout, même sur la voie…

    — Vous voulez me faire payer le mauvais état de la route et la prolifération des tacots fumants qui ne devraient plus rouler ici en temps normal ? C’est à moi d’en payer le prix ?

    Et la discussion s’enchaîna. Monsieur Boutel-Lianou s’engagea dans un raisonnement sur la gestion de la cité, ce que le jeune chauffeur, visiblement inculte, ne pouvait comprendre et finit par payer en descendant nerveusement devant l’entrée du Centre. Le taxi démarra en trombe, pressé de quitter le secteur à la quête d’autres clients.

    La salle de réception du centre de dépistage était vide. On n’y voyait que de vieux meubles. Dans les placards, des dossiers entassés dans l’indifférence de la poussière.

    Monsieur Boutel-Lianou martela bruyamment le sol avec ses chaussures de marque anglaise pour faire remarquer sa présence. Au lieu d’attendre, il longea le couloir en suivant la voix d’un homme qui parlait au téléphone.

    — Docteur Koutoub-Kouvich, à qui ai-je l’honneur ? … Oh, Monsieur le Directeur Général, mon grand frère…, je suis heureux de vous avoir au téléphone… Tout va bien ici, tout va bien, sauf les difficultés habituelles qui alimentent notre quotidien, et qui malheureusement sont devenues

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